AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,69

sur 4441 notes
J'ai connu Annie Ernaux avec ce livre et depuis, je n'arrive pas à décrocher. L'écriture est sèche, directe et franche. le thème particulièrement sensible
Commenter  J’apprécie          50
Marie ernaux nous raconte dans La place la mémoire de son père.
Depuis toujours, elle s'est sentie étrangère à ce monde rural, de son esprit, de sa manière de vivre, de parler, de penser.
Mais c'est à travers ce sentiment de différence, d'indifférence, qu'elle a su se construire. Elle exprime avec singularité ses souvenirs, sans porter de jugement sur les comportements extérieurs, mais sur ses réactions et sur ce qu'elle a pu penser.
L'image de son père était à la fois pour elle l'image d'un homme simple d'esprit, d'un homme de la campagne qu'elle traitait autrefois avec mépris ; mais aussi celle de quelqu'un de sincère, de gentil qui s'est laissé manger par la vie.
Elle ne porte aujourd'hui plus aucun mauvais jugement sur lui: il était quelqu'un de différent d'elle, ils ne vivaient pas dans le même monde et elle n'a pas su l'accepter en temps voulu. Mais à sa manière, il lui a apporté ce dont elle avait besoin.

J'interprète le titre "La Place" pour l'espace ambigüe qu'occupe son père en elle. le roman d'Annie Ernaux, rédigé après la mort de son père, tente d'éclairer la place qu'occupe son père dans son coeur.
Commenter  J’apprécie          20
A la mort de son père, la narratrice se remémore la vie qui a été la sienne, et surtout l'évolution sociale qui a marquée son enfance et sa vie familiale. Dès le début, elle annonce son intention: décrire la vie de son père de la manière la plus froide possible, la plus neutre, la plus blanche. D'ouvrier, ses parents sont devenus commerçants, une première réussite sociale. Pour autant, ils n'ont jamais cessé de "faire attention", au cas où l'argent manquerait. Et très vite, l'écart va se creuser entre ceux qui ont tout fait pour ne pas "faire ouvrier" et celle qui peut aller au lycée, fréquenter la bourgeoisie et abandonner peu à peu son patois natal.
Difficile de résumer ce court roman. Il y a peu à en dire, sinon que cette histoire familiale est très émouvante par sa neutralité même. Bien écrit et facile à lire, il confronte en permanence la vie simple et presque archaïque aujourd'hui des parents, et la point de vue de leur fille, tantôt l'adolescente plongée dans ses livres de l'époque, tantôt la professeure de lettres qui rédige. C'est cette volonté de rester simple à la manière des parents eux-mêmes qui rend l'entreprise autobiographique si touchante: il s'agit moins de se raconter soi-même que de raconter ceux grâce à qui on est devenu ce que l'on est, jusque dans leurs faiblesses contre lesquelles on s'est construit. Ce roman a obtenu le prix Renaudot en 1984, et pour une fois, j'approuve.
Commenter  J’apprécie          80
Ecrit avant "Une femme" ce livre décrit cette fois non pas la vie de sa mère jusqu'à sa mort, mais celui du père jusqu'à sa mort. On y retrouve l'opposition ville campagne et cette quête de réussite sociale pour leur fille.

Le style est simple, la structure entrecoupée de paragraphe.
C'est à nouveau un beau témoignage d'amour envers son père et j'ai un peu plus apprécié la lecture cette fois.
"Une femme" est presque en tout points identique à ce livre et donc si un jour vous lisez l'un des deux vous serez probablement intéressé par l'autre. D'un point de vue sociologique l'étude de se livre sera sûrement très intéressante.

En ce qui me concerne je n'arrive pas à être touché par cette lutte des classes sociales et le fait d'avoir honte de ce que l'on est.
Le regard des autres est-il une chose si importante ?
Commenter  J’apprécie          110
J'avoue avoir eu quelques préjugés au départ, dans la mesure où, dans les manuels scolaires, on nous donne toujours les deux mêmes passages (celui où elle décrit sa rébellion lorsqu'elle était adolescente et celui où elle parle de la peur de ses parents face aux croix de feu). Par ailleurs, je trouve absurde de donner ces deux extraits car ils sont tirés de leur contexte et on leur fait dire n'importe quoi.


J'ai vraiment aimé ce livre à caractère autobiographique. le point de départ est la mort du père. Annie Ernaux va ainsi retracer la vie de ses parents à travers ses souvenirs. Il n'y a rien de larmoyant (ce que j'appréhendais). L'auteur décrit tout ceci avec une pudeur touchante. L'écriture est fluide.

Lorsqu'on commence ce livre (peu épais, certes, mais à quoi bon s'étaler lorsque tout est dit?), on ne s'arrête plus. On le lit d'un trait.

La Place a obtenu le Prix Renaudot en 1984.
Lien : http://promenades-culture.fo..
Commenter  J’apprécie          412
Un livre tout en pudeur où Annie Ernaux parle de son père. Après son décès, elle a voulu relater sa vie sans chercher à provoquer chez le lecteur de la pitié ou un autre sentiment. Juste raconter les faits, les événements et dire que oui, elle a eu honte de son père.
Son père travaillait aux champs puis il est devenu ouvrier. Une rencontre et le mariage mais toujours faire attention à l'argent, économiser « au cas où ». Ses parents ont pu ouvrir un café-épicerie comme il en florissait à l'époque. Ce n'est pas pour autant qu'ils ont changé leurs habitudes. Toujours la peur au ventre de perdre le commerce et de se retrouver sur la paille. A l'âge de l'adolescence, Annie Ernaux a commencé à fréquenter des amies issues de milieux sociaux plus aisés. Poussée par ses parents à réussir dans ses études, le sentiment de honte a germé vis-à-vis de ce père qui n'avait pas d'instruction. C'était un français modeste qui faisait partie de cette classe des « braves gens ». On ne se mélangeait pas ou très peu, chacun à sa place …
Avec les années, le respect remplacera la honte. Comme dans « la femme gelée », j'ai retrouvé ce style épuré sans fioritures inutiles et où les sentiments apparaissent en toute simplicité. Un livre intemporel où elle rend hommage à son père en toute franchise. Accepter ses origines et ses parents tels qu'ils sont permet de se construire.

Lien : http://fibromaman.blogspot.c..
Commenter  J’apprécie          80
Annie Ernaux décide de rédiger "La place", juste après le décès de son père, comme pour combler un manque, un vide, celui de n'avoir pas été assez proche de lui qui faisait partie de la catégorie des gens modestes, alors qu'elle avait accédé à un monde plus fermé, plus feutré - celui de la bourgeoisie - par sa profession, par son mariage.

Sa gêne de la situation simple et frustre de son père, à cette époque, l'oblige à visiter seule ses parents, comme pour cacher un mari brillant, spirituel, issu d'un monde à l'opposé du sien. Heureux, son père l'était déjà enfant. Gai, joueur, blagueur, qui racontait toujours des histoires. C'était sans doute pour oublier la dureté, la bêtise, la rudesse de son propre père - inculte et illettré - qui ne supportait que quelqu'un ne lise, symbole de la paresse. le père d'Annie Ernaux aimait apprendre. Mais, il ne fallait pas de bouches inutiles à nourrir à la maison. Il sera placé dans une ferme comme ouvrier agricole, l'année de son certificat.

http://dunlivrelautre.over-blog.org/article-12151253.html
Commenter  J’apprécie          80
Dès les premières pages, la narratrice perd son père. Sa mort lui permet d'évoquer dans ce livre la vie de celui-ci : comment il a voulu échappé à sa condition de paysan piuis d'ouvrier en accédant au statut de commerçant, comment elle a vécu son adolescence, tiraillée entre l'amour qu'elle a pour ses parents et les milieux bourgeois qu'elle côtoie. Car pour elle, il est très difficile de concilier les deux, et ce fossé est difficilement surmontable. Les conventions, les habitudes de ses compagnons sont en effet très différents de celles de la cellule familiale.

Mais dans ce livre, Annie Ernaux évoque sa propre histoire : comment, fille de commerçant, elle accède au monde de la culture et du savoir à travers l'école. Et ce passage d'un monde à l'autre, cette évolution n'est pas sans tourment : elle peine à écrire son roman, en fait part au cours du récit.

La suite ici : http://livres-et-cin.over-blog.com/article-16501952.html
Commenter  J’apprécie          110




Lecteurs (11589) Voir plus



Quiz Voir plus

La place (Annie Ernaux)

De quel roman la narratrice doit-elle expliquer un passage pour les épreuves pratiques du Capes ?

Le Père Goriot
Madame Bovary

15 questions
170 lecteurs ont répondu
Thème : La place de Annie ErnauxCréer un quiz sur ce livre

{* *}