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EAN : 9782204149068
404 pages
Le Cerf (03/03/2022)
4.02/5   27 notes
Résumé :
Qui est ce meneur d'hommes devant lequel Iohanan, un garçon de Jérusalem, s'enfuit un soir, dans la vallée du Cédron? Pourquoi faut-il trente années d'un périple sans concession à Iohanan qui reçoit le nom romain de Marc pour sonder cette énigme? Comment, parvenu à Rome, écrit-il la vie de cet homme mystérieux et compose-t-il le premier des quatre évangiles? Où Marc peut-il s'en retourner si ce n'est dans la ville de son cœur, la splendide Alexandrie, là où, par sa ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Cette biographie romancée sur Saint Marc, l'un des quatre évangélistes, est aussi instructive que passionnante.

C'est un voyage inouï autour de la Méditerranée qui débute à Jérusalem, où Jean nait dans une famille juive possédant à Gethsémani une maison qui accueille les disciples de Jésus, au pied Du Mont des Oliviers. C'est là que Jean adolescent croise inopinément Jésus. C'est ici, au coeur d'une oliveraie qu'il se forme au commerce des olives et développe un réseau avec des ramifications à Chypre, en Egypte et en Syrie. C'est dans cette exploitation que Pierre se réfugie en fuyant la persécution de Hérode Agrippa.

Devenu adulte, Jean s'interroge sur ce Jésus qu'il n'a pas oublié et part sur ses traces en Judée, en Galilée et Samarie rencontrer Pierre et ses compagnons galiléens. Au fil des échanges il observe les débats qui opposent les diverses communautés attentives à la vie et au message de Jésus et qui se focalisent sur la circoncision. Pierre et Paul ont deux approches différentes, le premier oriente son apostolat vers les juifs et ceux qui sont prêts à accepter les rites du judaïsme ; le second oriente son apostolat vers les non juifs et estime qu'on ne peut leur imposer la circoncision. Pierre essaye de fédérer, de donner du temps au temps ; Paul est entier, clivant et impatient.

Jean est baptisé et latinise son prénom en Marc. Il est alors dépêché en l'an 45 avec Barnabé vers Chypre, Antioche puis Alexandrie où son apostolat auprès des plus pauvres le conduit à fréquenter le port, les marins et les prostituées … ce qui suscite des rumeurs et le contraint à s'éloigner … médisance et diffamation qui le rapprochent ainsi de Jésus.

Jean-Marc, après une escale à Salamine sur l'ile de Chypre, atteint Troas, sur les rives de l'Hellespont, à la lisière de l'Europe, et retrouve Paul qui lui suggère de consigner par écrit les témoignages recueillis sur Jésus. Jean-Marc décide alors d'aller à Ephèse et à Jérusalem afin d'y retrouver d'autres témoins puis de rejoindre Pierre à Rome. Il arrive dans la capitale de l'empire à l'automne 59, rédige son évangile en secondant Pierre qu'il quitte à l'été 64, peu avant l'incendie de Rome, la persécution de Néron et le martyre du premier Pape, pour terminer son apostolat à Alexandrie.

Ce voyage avec ses multiples étapes sur les rives de « mare nostrum » est illustré de cartes et de dessins qui mettent en perspective les villes où Jean-Marc vit, écoute et enseigne. C'est un parcours fascinant dans l'empire romain alors au sommet de sa puissance. Ce sont de multiples rencontres avec les populations bigarrées et métissées qui bordent la méditerranée, font commerce et transmettent ainsi cultes et cultures.

Mais c'est aussi un voyage initiatique qui permet à Jean-Marc de confronter son aisance et sa judéité aux misères et aux questionnements des esclaves, des grecs, des égyptiens, des romains et des syriens que Jean-Philippe Fabre met en scène avec talent.

C'est enfin une exploration qui permet progressivement à Jean-Marc de découvrir le Christ, son message, ses épreuves et lui révèle sa mission : composer le premier des quatre évangiles.

Ce livre remarquable est étayé par un dossier intégrant une chronologie hypothétique de la vie de Saint Marc, un précis de données historiques sur Marc et son évangile, une bibliographie, les textes bibliques croisant le roman et un index des mots techniques ou étrangers. Son auteur est prêtre, bibliste, professeur d'écritures saintes au collège des Bernardins.

Un livre que je recommande en étant conscient qu'il n'aura probablement pas la publicité scandaleuse et les ventes de «L'évangile selon Marie-Madeleine » commis par Christina Fallaras … mais chacun sait, hélas, que le bien fait peu de bruit et le bruit peu de bien !

PS : https://www.babelio.com/livres/Fallaras-Levangile-selon-Marie-Madeleine/1379716/critiques/2925232
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Marc se savait appelé à voyager loin d'Israël et des Juifs, pour porter la bonne parole aux goyim des Nations, convaincu qu'il était que l'Evangile devait déborder les frontières de son pays. Aussi se lança-t-il dans un long périple de plus de trente ans, afin de comprendre Jésus, cet homme énigmatique entrevu dans sa jeunesse, dont il écrit la vie parvenu à Rome, composant ainsi le premier des quatre évangiles. Après quoi Marc s'en retourna dans sa ville tant aimée, Alexandrie.
Raconté par Jean-Philippe Fabre, prêtre, bibliste, professeur d'Écritures saintes au collège des Bernardins, un périple initiatique, aux allures d'aventure épique, d'un homme à travers la Méditerranée dominée par l'Empire romain au 1er siècle de notre ère. Un homme à la vie hypothétique dont l'auteur, en s'appuyant sur les textes bibliques et sur la réalité historique, a écrit une autobiographie romancée cohérente qui éclaire autant sur les motivations d'un témoin de la vie de Jésus à répandre la bonne parole, que de l'organisation primitive des communautés chrétiennes et du fonctionnement politique, économique et social de l'Empire romain.

Challenge MULTI-DEFIS 2023
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Quel livre !!! Un immense coup de coeur
Quand le roman et la biographie se confondent,
Quand la biographie et roman ne font plus qu'un,
Ce livre, quelque soit la manière dont on le considère, est une réussite magistrale : la frontière entre les 2 styles disparaît dès les premières lignes lues.

L'auteur a réussi ce tour de force que peu réussissent faire oublier que nous avons entre les mains un roman. C'est extrêmement bien documenté, l'écriture est d'une fluidité et d'une richesse, l'érudition est sans faille. C'est le fruit d'un travail admirable....

Dans son avant-propos, l'auteur explique
"Ce récit est l'histoire d'un autre récit. Ou plutôt de son auteur. Un soir, dans la vallée du Cédron, un garçon de Jérusalem, Iohanan, croise un meneur d'hommes mais s'enfuit aussitôt. Trente ans plus tard, celui qui a pris le nom romain de « Marc » décide de raconter la vie de cet homme exceptionnel et mystérieux. Il compose à Rome, le premier, l'archétype des quatre évangiles."
Marc est évangéliste parce qu'il est explorateur. Un triple explorateur :
Celui qui explore avec passion le monde moderne qui l'entoure, la civilisation méditerranéenne du Ier siècle. Son périple l'entraîne de Jérusalem à Césarée Maritime, Antioche de Syrie, Alexandrie, Chypre, Troas, Éphèse. Il s'achève à Rome. Et quel voyage celui que nous faisons avec lui...
Celui qui explore une humanité qui fait craquer son nationalisme judéen.
Celui qui explore enfin sa propre blessure, son incapacité à être à la hauteur de celui dont il veut pourtant rédiger la Vie. Marc, écorché dans sa jeunesse, cicatrise par l'écriture. Il se considère lui-même comme un lion blessé.

Ces trois explorations n'en font qu'une. C'est ainsi que son Évangile, bien plus qu'une chronique, devient une invitation à la rencontre et au voyage.

Traditionnellement, les quatre évangélistes sont représentés sous formes allégoriques du tétramorphe, ou les « quatre vivants », ou encore les « quatre êtres vivants », représente les quatre animaux ailés qui tirent le char de la vision d'Ézéchiel (Ez 1 ; 1-14).
D'abord décrit dans le Livre d'Ézéchiel, il est repris dans l'Apocalypse attribuée à Saint-Jean (Apoc 4; 7-8). Plus tard, les Pères de l'Église y ont vu l'emblème des quatre Évangélistes.
L'homme est Matthieu : son évangile débute par la généalogie humaine de Jésus.
Le taureau est Luc : aux premiers versets de son évangile, il fait allusion à Zacharie qui offre un sacrifice à Dieu, or dans le bestiaire traditionnel, le taureau est signe de sacrifice.
L'aigle est Jean : son évangile commence par le mystère céleste.
Le lion est Marc : dans les premières lignes de son évangile, Jean-Baptiste crie dans le désert (« un cri surgit dans le désert »).

Pour l'auteur, Marc devient le lion blessé pour toujours, le lionceau traqué par la peur,le lion meurtri, le lionceau enragé devenu lion, un lion qui tourne en cage, un lion noble dont la crinière et les cicatrices imposent le respect, etc...

D'ailleurs chaque chapitre porte un titre se rapportant de près ou de loin avec le félin : rugissement, la patte, la proie, l'affût ou la blessure. Chapitres ponctués de croquis qui embellissent subtilement le texte.

Mais ce qui fait le charme de ce roman c'est le Voyage qui revêt plusieurs visages, mais c'est Marc qui l'explique le mieux : "Certes, notre voyage était modeste. Mais dans les Écritures, et surtout dans les Psaumes, le passage au-delà des mers est un thème exaltant. Il représente simultanément la victoire sur la mort et la conquête des Nations. Tandis que j'essayais de me remémorer les passages où la Torah et les Prophètes évoquent les flots, une idée me traversa l'esprit. Il faudrait que les chrétiens disposent aussi de leurs propres récits."

Voyage qui conduira Marc jusqu'à son but ultime Rome, où l'Évangile rejoindra le monde entier : " Je compris à cet instant que toute mon existence depuis Jérusalem avait été orientée, aimantée vers la ville éternelle. À Jérusalem, tout avait commencé, à Rome tout se devait se déployer : Gerasa, Césarée, Antioche, Alexandrie, Troas, cet itinéraire n'était qu'une vaste anticipation d'un voyage dans le coeur battant de l'Empire, du monde grec et des Nations. Certes, il fallait que j'aie parcouru toutes ces villes où se diffracte Rome, pour en saisir mieux l'universalité. Mais mon parcours me mènerait dans cette cité où les extrémités du monde se concentrent. La providence m'avait donné le nom le plus romain qui soit, celui de Mars, le dieu guerrier protecteur de la capitale italique. C'est là-bas qu'il me faudrait un jour m'installer pour prendre le calame et écrire. Sans son ancrage romain, mon récit resterait hermétique pour ceux qui viennent des Nations. Il leur serait exogène, jamais familier. "
Marc comprit que l'achèvement du récit inscrit ne pourra être que le fruit de sa longue circumnavigation menant à la capitale de l'Empire.
" le voyage est indispensable à celui qui veut raconter. Les excursions du conteur burinent sa narration, cisèlent ses personnages..."

Voyage au plus profond de lui-même, pour tenter de trouver l'apaisement

Voyage du calame sur le papyrus et c'est ainsi que le récit était né… "C'est ainsi que j'avais été l'instrument choisi pour devenir, au sens propre du terme, l'inventeur de l'Évangile. Une nouvelle forme de littérature était née. Elle s'achèverait sans doute à la mort des témoins oculaires… Un genre littéraire provisoire qui inscrirait le définitif de Dieu au coeur de l'histoire des hommes."

En dernier lieu un message plus personnel @migdal, qui m'a souhaité un bon voyage après avoir lu sa critique qui m'a poussée à remonter l'ouvrage dans ma PAL, et bien une fois le livre refermé j'étais tel Ulysse, heureux d'avoir fait un beau voyage...
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Même si la Bible classe l'évangile de Marc après celui de Matthieu, il est couramment admis que l'évangile de Marc est bien le premier à avoir été écrit. le lion d'Alexandrie mêle l'histoire de la genèse de cette oeuvre pionnière et celle de son auteur : le Père Jean-Philippe Fabre nous offre en effet, non seulement une biographie romancée de Saint-Marc, mais encore un récit de la façon dont l'idée est venue à ce dernier d'écrire et de structurer son témoignage. A cet effet, il a repris les indices des faits et gestes de Marc qui, tels les cailloux blancs du Petit Poucet, jalonnent le Nouveau Testament. A partir de ces traits en pointillé, il a tracé une ligne continue, se servant de la trame fournie par les Écritures pour produire un travail de haute couture.

La première source est celle de l'évangile de Marc lui-même, dont le Père Fabre nous rappelle qu'il raconte plus qu'il n'explique. Les spécificités de l'évangile de Marc, ce qu'il est le seul des quatre évangélistes à relater, servent à l'auteur à fixer le cadre de son récit. Ainsi, le jeune homme qu'on tente d'attraper au Jardin des Oliviers et qui s'enfuit nu, est identifié comme Marc lui-même (14 ; 51-52) ; la fuite, peu glorieuse, est qualifiée de " blessure" ; Alexandre et Rufus, cités comme les fils de Simon de Cyrène, sont considérés comme de proches amis de Marc (15 ; 21) ; la fille de Jaïre (que Jésus rappela à la vie par les mots "Talita koum" (5 ; 41) devient sa fiancée, mais meurt prématurément. La deuxième source réside dans les Actes des Apôtres. On sait grâce à (12 ; 12) que les apôtres se réunissaient dans un domaine attenant au Jardin des Oliviers de Gethsémani, chez la mère d'un certain Jean, surnommé Marc, et que c'est là que Pierre est venu se réfugier après sa sortie miraculeuse de prison. La dernière source est celle des lettres De Saint-Paul, qui, à l'inverse des évangiles, expliquent plus qu'elles ne racontent. Celle adressée aux Colossiens (4; 10) indique que Marc est le cousin de Barnabé, qui sera le compagnon d'évangélisation De Saint-Paul.

On redécouvre avec ce bel ouvrage les dissensions qui ont traversé et tiraillé la jeune église naissante : quand Pierre veut apporter la bonne nouvelle aux Juifs, Paul veut l'apporter "à toutes les nations", selon l'expression du Christ en Marc, 13 ; 10. Finalement, les deux ne sont pas incompatibles, mais se complètent, tels deux cercles concentriques. Ainsi, Marc sera proche de Pierre : "Marc, mon fils" (1ère lettre de St-Pierre, 5 ; 13) et proche de Paul : "Marc, qui m'est très utile pour le ministère" (2ème lettre à Timothée, 4 ; 11).

Écrit à la première personne, le récit met en scène les déplacements de Marc, comme on peut les imaginer : Jérusalem, Césarée maritime, Antioche, Chypre, Alexandrie, Troas, Éphèse, Rome, jusqu'au deuxième départ de Marc pour Alexandrie, qui coïncide avec l'incendie de Rome en juillet 64 après J.-C. et l'exécution de Pierre, certaines traditions rendant en effet les chrétiens responsables de ce drame...

Quand Marc arrive à Rome, Paul est prisonnier ; libéré, il quitte la ville éternelle pour la péninsule ibérique, et laisse la place à Pierre. C'est le témoignage de ce dernier que Marc va alors recueillir pour le mettre par écrit. "Pas seulement par désir d'annoncer l'Évangile, mais aussi par souci de garantir une solidité de la mémoire face à l'éparpillement des théories qui se répandaient sur Jésus" (page 349). Car, entre-temps, les apôtres et autres témoins du Christ commencent à disparaître (notamment Jacques, fils de Zébédée, page 140). Marc recueille ainsi les témoignages d'André, de Pierre et de Jaïre. Reprenant peu de prophéties de l'Ancien Testament, il fait commencer son évangile par l'épisode du baptême par Jean le Baptiste. Il retient comme fil conducteur (pages 346-348) une montée -unique- à Jérusalem. Deux grandes phases structurent donc le texte : d'abord, jusqu'à l'épisode de Césarée de Philippe, avec la question de Jésus à ses apôtres "Et vous, qui dites-vous que je suis ? ; et ensuite, après la réponse de Pierre, le questionnement des apôtres "Sommes-nous prêts à le suivre ?" le chapitre "La patte" explique très bien la logique qui a prévalu aux choix posés par Marc -et Pierre- dans la construction de cet évangile et l'ordonnancement de ses récits.

Le lion d'Alexandrie est un récit très instructif : de belles pages (pages 343-344) sur le sens des deux multiplications de pains ; outre le récit-roman, on y trouve aussi plusieurs cartes, et en annexes, un glossaire des termes d'origine étrangère, une chronologie supposée de la vie de Saint-Marc, et les extraits des textes bibliques qui servent de fondations à l'ouvrage. A recommander.

Lu dans le cadre de l'opération Masse critique.
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Un très grand merci à Babelio et aux @éditions les cerfs pour cette masse critique. J'ai découvert une maison d'édition incroyable.
Ce livre est, pour moi, tout simplement merveilleux.
Biographie, biographie historique, biographie romancée, la frontière entre le vrai et le "romanesque " est mince.
Remarquablement bien écrit, mais qui pourrait en rebuter certains tant le style est pointu.
Tant de souvenirs de mes cours de religion étant enfant et de mes lectures de la Bible me sont revenus en mémoire.
On sent que le père Fabre est un homme passionné et passionnant.
Cette plongée dans la vie de Marc, m'a confirmé que ma foi n'était pas totalement ensevelie et m'a également apporté une grande sérénité. Je me suis sentie comme Iohanan lors de sa première rencontre avec Pierre et André.
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critiques presse (1)
LaCroix
29 avril 2022
Grand roman d?aventures, cette vie de Marc l'évangéliste est aussi une histoire documentée du Ier siècle autour du bassin méditerranéen, à la suite mouvementée des premiers chrétiens.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Ce fut soudain l'illumination. Je tenais ma pièce manquante. Moi aussi, il fallait que j'aille à Rome. Pour écrire. Ce qui manquait à mon projet de récit, c'était son destinataire. Comment publier une Vie de Jésus qui ne s'adresse pas à tous ?

À Rome, l'Évangile rejoindra le monde entier. Je compris à cet instant que toute mon existence depuis Jérusalem avait été orientée, aimantée vers la ville éternelle. A Jérusalem, tout avait commencé, à Rome tout se devait se déployer : Gerasa, Césarée, Antioche, Alexandrie, Troas, cet itinéraire n'était qu'une vaste anticipation d’un voyage dans le cœur battant de l'Empire, du monde grec et des Nations. Certes, il fallait que j'aie parcouru toutes ces villes où se diffracte Rome, pour en saisir mieux l'universalité. Mais mon parcours me mènerait dans cette cité où les extrémités du monde se concentrent.

La providence m'avait donné le nom le plus romain qui soit, celui de Mars, le dieu guerrier protecteur de la capitale italique. C'est là-bas qu'il me faudrait un jour m'installer pour prendre le calame et écrire. Sans son ancrage romain, mon récit resterait hermétique pour ceux qui viennent des Nations. Il leur serait exogène, jamais familier.
Commenter  J’apprécie          400
Je compris alors que, même si Jésus était venu plusieurs fois dans la Cité sainte, sa vie n'avait été qu’une montée unique vers cette ville où se scella sa destinée : avec lui, tout homme monte à Jérusalem, le Judéen qui a refusé de le reconnaître comme le non-circoncis qui l’a mis à mort.

De ces deux réalités, il a voulu faire un seul peuple, en détruisant la barrière qui les séparait. C'est pourquoi, en ce lieu même, il s'est livré à la croix. Ici, jamais on ne pourrait détacher le mystère de l'endurcissement des hommes et celui de leur réconciliation.

Je songeais à nouveau qu’il faudrait écrire un récit sur Jésus. En prologue à ses derniers jours, il serait bon de raconter le chemin qui l'avait mené jusqu'ici. Si quelqu'un déroulait sa vie, il faudrait mettre en scène de manière singulière la dernière montée du Maître à Jérusalem. Je m'endormis en mesurant le privilège d'avoir moi-même approché ces événements cruciaux...
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Tout ce que Pierre et André nous ont raconté avait réellement eu lieu ! Je le ressentais particulièrement ici, au bord du lac. Sur ces rives, le Maître avait vécu de longs mois. Il avait fallu cette vie ordinaire pour préparer ce qui s'était joué au Golgotha. À l'inverse, je pressentais que les événements du Golgotha éclairaient a posteriori le sens des trois années passées ici. Comment concilier l’inouï et l'ordinaire ? Les premiers disciples eux-mêmes disaient que de son vivant, ils n'avaient rien compris. Mais maintenant, que pouvaient-ils déchiffrer de plus ? L’énigme restait entière. Les événements de la vie de cet homme s'agençaient mal, rien ne concordait, rien ne semblait emprunter la voie logique de la conquête.
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À quoi sert de voyager si tu t’emmènes avec toi ?
C’est d’âme qu’il faut changer, non de climat.

Sénèque (4 av. J.C. — 65 apr. J.C.)
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Je me sentais si bien à Alexandrie. Je goûtais la grandeur de cette civilisation. La cité égyptienne intégrait aussi bien des philosophes issus de la religion d’Israël qu’elle rassemblait les œuvres du plus grand des géographes. Tout bouillonnait ici, dans une atmosphère savoureuse. On y recueillait les odeurs montant d’Afrique autant qu’on mesurait le génie du fondateur macédonien. La ville était vaste comme les confins de l’Empire et douce comme les ocres de l’Orient. Elle était urbaine dans les couches mélangées de sa population, marine sous la garde de son phare, agricole dans les convois transbordant blé et orge sur le Lac Maréotis. Grenier de l’Empire, joyau du delta, porte du Nil… Sur sa bande de terre à l’image de la carte de Strabon, serrée entre les flots intérieurs et la grande mer, Alexandrie c’était le monde en miniature.
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Videos de Jean-Philippe Fabre (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Philippe Fabre
Qui est ce meneur d'hommes devant lequel Iohanan, un garçon de Jérusalem, s'enfuit un soir, dans la vallée du Cédron? Pourquoi faut-il trente années d'un périple sans concession à Iohanan qui reçoit le nom romain de Marc pour sonder cette énigme? Comment, parvenu à Rome, écrit-il la vie de cet homme mystérieux et compose-t-il le premier des quatre évangiles? Où Marc peut-il s'en retourner si ce n'est dans la ville de son coeur, la splendide Alexandrie, là où, par sa fougue et par son cran, il restera à jamais l'évangéliste au lion?
C'est en conteur, fort de l'immense succès de ses podcasts sur les débuts du christianisme, que Jean-Philippe Fabre nous relate cette aventure épique qui court sur le Ier siècle à travers la Méditerranée. C'est en historien qu'il nous dévoile, par-delà les mystères d'une destinée humaine, les secrets de l'Empire romain ainsi que les arcanes de l'Église primitive.
C'est en écrivain qu'il nous entraîne dans ce récit palpitant et nous donne à vivre, en prise avec les éternelles passions humaines, un périple initiatique se muant en mission d'annonce universelle.
Un roman vrai, une plongée captivante dans le grand passé, une exploration prodigieuse au coeur de la rédaction du premier récit chrétien.
Prêtre, bibliste, professeur d'Écritures saintes au collège des Bernardins, Jean-Philippe Fabre est l'une des grandes voix bibliques françaises sur les réseaux sociaux.
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