L'an dernier, je vous ai fait découvrir Le procès de
Spinoza de
Jacques Schecroun et cette année, l'auteur revient avec son nouveau roman,
le procès de Jésus. Ce titre fait partie des livres que je vous ai recommandés dans ma PAL du printemps et que je viens de dévorer. Un tout grande merci à l'auteur et à son éditeur, Albin Michel pour avoir reconduit leur confiance.
Bien avant de d'ouvrir le livre, on est interpellé par le titre. On pense irrémédiablement à la confrontation entre les trois hommes, le préfet de Judée, Ponce Pilate, le grand-prête Caïphe et Jésus de Nazareth. On est amené à croire que l'action se passe quelques heures, voire quelques jours avant la crucifixion comme le montre la première de couverture avec ce détail du tableau d'Antonio Ciseri, « Ecce homo » (1891). Les lecteurs qui sont également cinéphiles feront le parallèle avec les péplums des années 50 et 60 avec le « Barabbas » de
Richard Fleischer avec
Anthony Quinn, « La Tunique » d'Henry Koster avec
Richard Burton, le « Ponce Pilate » de Gian Paolo Callegari et Irving Rapper avec
Jean Marais. D'autres feront le parallèle avec des films plus récents comme avec « La dernière tentation du Christ » de
Martin Scorsese avec Willem Dafoe et avec « La passion du Christ » de
Mel Gibson. Inutile de citer tous les péplums qui font référence à l'épisode de la crucifixion mais au fil de la lecture, cela aide à visualiser les évènements et les personnages. Revenons-en au roman.
Direction le premier siècle de notre ère et les faits se situent quatre ans après la crucifixion du galiléen. On suit en chassé-croisé les parcours du magistrat romain et du grand-prêtre, responsable du temple de Salomon. le premier sera confronté à son Empereur et le second face à sa famille et à ses pairs. le christianisme en est à ses balbutiements, bouleverse toutes les strates de la société juive et de l'Empire romain, mais l'ensemble met à le préfet de Judée et le souverain sacrificateur. Alors qui est coupable de la mort de celui qu'on appelle le Roi des Juifs ? Les Juifs ? Les Romains ? Les deux ?
Caïphe n'a pas le pouvoir de faire exécuter la sentence, Ponce Pilate ne mesure pas les conséquences d'un tel acte et condamne à mort Jésus. En tournant les pages du roman, je découvre quelque chose à laquelle je n'ai jamais pensé, ce sont les conséquences de la résurrection sur l'autorité romaine. C'est après son passage à Rome que le préfet s'en lavera les mains et fera porter le chapeau aux juifs. On sait que cette accusation vis-à-vis des Juifs fera le tour de la Méditerranée et aura des répercussions à travers les siècles.
Le roman de
Jacques Schecroun est sans conteste le meilleur roman historique que j'ai lu en 2022. L'immersion est totale et le tour de force de l'auteur est d'arriver à mélange la fiction à la réalité. On est au sommet de la vulgarisation historique et on a envie de croire que tout ce qu'il raconte. Les dernières pages du roman sont consacrées à une analyse chapitre après chapitre des faits. Il est logique de laisser parler le délire créatif de l'auteur. Notez également la présence d'un petit index indispensable avec la traduction des noms juifs et quelques locutions latines qui vous seront indispensables en particulier en début de lecture.
Pourquoi faut-il absolument lire ce roman ? Nous sommes en période des fêtes de Pâques, pour les Catholiques et de Pessa'h pour les Juifs. Les références et les citations aux textes sacrés sont bien distillées. L'utilisation des noms latins et hébraïques renforce l'authenticité du récit. La plume de
Jacques Schecroun est efficace, le mélange entre est subtil et le lecteur est emporté dans un tourbillon littéraire. On en redemande.
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