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EAN : 9782918597124
157 pages
Les liens qui libèrent (13/03/2010)
3.71/5   7 notes
Résumé :
Durant une semaine, Armand Farrachi a tenu le journal de sa promenade dans la forêt slovène, à la recherche de l'ours brun qui, là-bas, n'est pas l'objet d'autant de menaces et de polémiques que dans les Pyrénées. Une flânerie pleine de patience et de fureur qui mêle librement les descriptions du milieu - le chant d'une grive à la pointe du jour, le cours joyeux de la rivière Hiska, la rosalie des Alpes -, le récit des affûts, les réflexions sur l'état de la nature,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Chouette, du Nature Writing à la française ! Etant toujours à l'affût d'histoires d'ours ou de loups, je ne pouvais manquer un titre pareil. Farrachi est écrivain et militant écolo également. Il a passé une semaine en Slovénie au pays des grands prédateurs, et en rapporté un journal de bord, court mais dense.
Un mélange de réflexions personnelles, de témoignages, de descriptions, le tout centré autour de l'ours brun. C'est dans les pays de l'Est que l'amoureux de la nature a le plus de chance d'apercevoir le plantigrade. L'auteur en profite d'ailleurs pour tirer une salve nourrie contre cette mentalité franco-française qui veut que tout animal sauvage pose un problème insurmontable au brave citoyen.

Par delà les critères écologiques, et la responsabilité des hommes envers les autres créatures, je crois que la faune sauvage et libre, et surtout les grands prédateurs, sont également une part de notre imaginaire. L'homme civilisé a besoin de savoir que le monde sauvage existe (même si la plupart du temps il n'a aucune intention de s'y immerger), pour son propre salut. Edward Abbey ne dit pas autre chose, et c'est ce que Jim Harrison dit en substance, dans sa magnifique nouvelle "Légendes d'automne". (On peut difficilement faire mieux dans les références...).
Je n'oublie pas non plus le parcours étonnant de ce jeune homme que Sean Penn s'est attaché à recomposer dans l'un de ses plus beaux films, into the wild.

Armand Farrachi n'échappe donc pas à cette envie, à ce besoin. Il existe quantité de livres qui célèbrent la nature, mais presque essentiellement une nature jardinée : on célèbre la beauté des fleurs, d'un massif bien ordonné, d'un chemin de campagne bien sage entre ses deux rangées de haies, noyé sous la brume ou de la forêt en automne lorsque résonnent les aboiements mélancoliques des meutes de chasse (la chasse étant souvent envisagée sous l'angle romantique, alors qu'il ne s'agit jamais que de tuer des créatures à plumes et à poil, permettez-moi de ne voir nulle beauté là-dedans...).
Point de tout ce fatras ici. L'auteur célèbre une nature encore sauvage et des hôtes libres et potentiellement dangereux. La forêt sauvage, la vraie, se mérite et n'a rien de romantique : les marches y sont harassantes et les obstacles nombreux, les moustiques omniprésents et au bout parfois, la récompense, apercevoir l'ours.
C'est finalement au sein de la Nature que l'on réapprend à voir, respirer, entendre. A aiguiser ses sens, à apprendre l'humilité et la patience. Et cette immersion change indubitablement le point de vue de celui qui a accepté de partager son monde avec d'autres créatures. A lire toutes ces expériences, et pas seulement celle de Farrachi, j'ai le sentiment que chacun de ces témoins revient changé, plus éveillé, plus persuadé de la nécessité de protéger la nature.
Lien : http://lectures-au-coin-du-f..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Il semble que le monde sauvage ne soit déjà plus peuplé que de fantômes qui se retournent une dernière fois avant de se dissoudre tout à fait dans un élément qui ne ressemble à rien pour abandonner à notre rapacité des lieux dont ils sont bannis, où nous n'avons su ni les voir ni les entendre, pour faire place au monde factice qu'ils ne connaîtront pas et que nous construisons en hâte, dans le bruit et dans la fureur d'un chantier sans limites, même malgré nous, et moi tout autant que les autres, qui me donne les gants de fustiger des coupables pour m'en exclure, comme si je n'avais ma part, même minime, au saccage universel. Il est plus commode de le nier ou de le pourfendre que de l'admettre. Tout est passé comme un rêve, qui ne laisse que la tristesse d'y avoir cru.
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Nous partons aussitôt et c'est tant mieux, car la proximité de la forêt, après tant de vitres teintées, de marbre ciré et de métal brossé, augmente l'impatience du poil et de l'écorce, de la boue qui colle aux semelles, et du vent sans obstacles. On éprouve ce sentiment de libération lorsque, dans les westerns, après le premier tiers du film, les héros quittent la ville à cheval pour s'enfoncer enfin en territoire indien.
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Ainsi, comme l'eau qui coule ou le temps qui passe, chacun avançait à chaque instant vers celui qu'il est aujourd'hui et ne sera plus demain. On s'efforce de ressembler un peu, si peu, à celui qu'on voudrait être, disons: l'homme qui a vu l'ours, ambition toute personnelle, mais qui en vaut bien d'autres.
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Ce en quoi le loup plaît particulièrement aux misanthropes de mon espèce, c'est qu'il est probablement l'animal le plus détesté par les crétins. Et qui terrorise les crétins sera toujours cher à mon cœur.
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Je me couche avec la satisfaction d'avoir vu le premier jour mon premier ours qui, je l'espère, ne sera pas le dernier -le dernier ours, bien sûr, pas le dernier jour.
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Video de Armand Farrachi (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Armand Farrachi
Le Cercle littéraire de la BnF - Entretien du 14 déc. 2010 .Le Cercle littéraire de la BnF, avec Armand Farrachi, Nadine Satiat, Olivia Rosenthal. Entretien du 14 décembre 2010, présenté par Laure Adler et Bruno Racine.
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