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3,53

sur 243 notes
La Sibérie, et qui plus est la ville la plus polluée et la plus froide de la planète, telle est l'alternative à un voyage en Colombie que l'on propose à Caryl Férey...ça donne envie... comme un ancien goulag.

Dans ce récit, point de fiction mais une réelle aventure en terre inconnue. J'ai attendu le thriller à chaque chapitre, mais non, peut-être sont-ce les repérages du roman évoqué : celui d'une femme retrouvée congelée?...à suivre, peut-être.

Si vous avez le choix, lisez un thriller de cet auteur. (voir "condor").
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Un livre de commande sur un coin du monde totalement inconnu de l'auteur. Et finalement surtout un livre sur les cuites de Caryl Férey et de son acolyte, la Bête. Cela laisse peu de place au reportage sur Norilsk. Heureusement que l'auteur y a aussi trouvé l'inspiration d'un roman policier, et la comparaison entre les deux ouvrages est fort intéressante : le lecteur retrouve les personnages qui ont inspiré les héros du roman, et bien sûr les lieux, et une partie de l'ambiance. Côté information sur Norilsk quasiment tout ce que l'auteur a appris sur la ville est présent dans le roman, souvent mot pour mot (c'est frappant, il faut dire que j'ai emprunté Norilsk juste après avoir lu Lëd !). Et ce qui est curieux, c'est que c'est plutôt mieux intégré ici que dans le roman, bien moins didactique. Paradoxal ! Se retrouver à la source de ce qui a inspiré les personnages de Lëd est curieux, on peut reprocher ici à l'auteur de n'avoir que survolé son sujet alors qu'il avait eu l'occasion, inestimable, de séjourner à Norilsk. Mais il faut bien croire qu'il n'a pas fait que boire et qu'il a potassé son sujet. Sur une page il croque la trame d'un roman qu'à cet instant il pense ne jamais écrire et qui donnera Lëd une fois ses personnages dotés d'un passé, d'une histoire familiale pour certains, et en ajoutant à l'intrigue des éleveurs nomades Nenets, un trafic, de la corruption, les effets de la pollution ambiante et le climat général de la Russie poutinienne. Cette lecture m'a donc un peu déçu comme témoignage sur Norilsk et passionné comme témoignage du processus créatif.
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Attention, ce livre n'est pas un roman policier, mais un récit de voyage !

Les éléments qui m'ont personnellement induite en erreur lors de ma sélection :
- Caryl Férey est connu pour ses romans policiers,
- La couverture est avec beaucoup de gris/noir,
- Elle ne mentionne pas un récit, essai, reportage,
- Une citation, sur la version poche, du journal Les Echos précise “Blade Runner version sibérienne”, ce qui fait penser tout de même à un roman entre policier et science-fiction,
- Dans les étiquettes Babelio, apparaît celle de “romans policiers et polars”, de même taille que “reportage”, même si c'est dans une police plus petite que “récit de voyage”.

Une fois passée la phase déconcertante où on s'aperçoit du problème d'aiguillage, c'est un récit sur un séjour court, d'une dizaine de jours uniquement, avec une volonté très marquée de croiser des personnes dans des lieux festifs, pour aller à la rencontre de la population, sans se consacrer uniquement à l'architecture et au problème écologique.

Déstabilisant à nouveau de faire ce choix dans une des villes les plus polluées de la planète, ancien goulag, avec des bâtiments emblématiques de l'ancien régime soviétique, au nord de la Sibérie, avec un des sous-sols les plus riches qui soit, une autorisation nécessaire du FSB qui a remplacé le KGB pour s'y rendre et des habitants tous en lien avec la mine avec des espérances de vie très limitées.

Mais finalement, ça fonctionne bien. C'est intéressant dans le questionnement sur l'humanité, dans l'importance pour chacun du lieu où l'on vit, de la nécessité de l'art sous toute ses formes, avec un développement particulier sur la photographie.

Caryl Férey sait rendre cette expérience vivante et montrer que chaque voyage est formateur. Il faut partir sans a priori pour profiter au maximum de découvertes toujours plus enrichissantes !
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Etonnant !
Ni un polar, ni un roman ; un récit, écrit avec la brutalité dont sait faire preuve Caryl Férey dans ses polars.
Ca ne donne pas franchement envie d'aller faire une balade dans le grand nord sibérien, mais C. Férey sait nous rendre ses habitants très touchants et attachants.
Etonnant...
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C'est le souvenir d'une exposition photo de Elena Chernyshova ( jours de nuit, nuits de jour) sur Norilsk qui m'a donné envie de lire ce livre de Careyl Férey sur le même sujet, en attendant la sortie en poche de Lëd. Allez voir ses photos et textes sur https://www.lensculture.com/articles/elena-chernyshova-days-of-night-nights-of-day#slideshow , vous aurez une superbe illustration du texte de Férey . Pour revenir au livre, c'est un carnet de voyage très intéressant, tant par le sujet qui fait se sentir comparativement bien où l'on est, que comme illustration du travail documentaire de l'écrivain. Et puis, la chaleur humaine dans ce milieu si hostile est réconfortante.
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Caryl Férey dissèque les sociétés post dictatoriales à la poursuite des fantômes du passé, des bourreaux échappés aux griffes de la Justice. Sérieusement documenté et peut-être même nourri de témoignages directes, de longs séjours sur le terrain, il scrute les cicatrices laissées dans les mémoires par les régimes sanguinaires, les traumatismes des accidentés de l'Histoire.

Article complet sur le blog.
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Caryl Férey, pour moi l'un des tout meilleurs auteurs d'ethno-polar, travaille environ quatre ans sur un projet. Une première étape, celle du repérage, consiste en un voyage dans le pays qui sera le théâtre de son futur roman (Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, Argentine, Chili ou Colombie…). Puis, vient l'étape de la documentation, qui dure deux ans environ. La troisième étape va consister en un nouveau voyage, pour affiner la matière, avant de passer à la quatrième et dernière étape, celle de l'écriture proprement dite.
Quatre ans avant la parution de Lëd (2021), excellent polar sibérien dont l'action se déroule intégralement à Norilsk, ville considérée comme « la plus pourrie au monde », Caryl Férey était donc parti une semaine en repérage dans cet enfer sur terre. Il en a tiré toute la matière nécessaire ainsi, au passage, que ce petit récit de voyage sobrement intitulé Norilsk. Il n'y a bien que le titre qui soit sobre, d'ailleurs, lorsque l'on voit que Férey et « La Bête », son fidèle acolyte (un peu alcoolo, un peu macho, un peu bras cassé), vont donner des leçons de boissons à leurs camarades de jeu russes, qui ont même du mal à les suivre... C'est dire le professionnalisme des deux lascars, qui excellent aussi bien en vin rouge qu'en bière ou vodka !
Récit autobiographique, reportage gonzo, journalisme subjectif, Norilsk est en quelque sorte le « making of » réaliste du roman Lëd à suivre. On s'amuse à y retrouver quelques personnages (Shakir, le chauffeur de taxi ouzbek, notamment), quelques lieux (le toit des immeubles, la colline qui surplombe la ville, mais aussi et surtout le Szaboy, élément central de la vie sociale, excellent bar punk-hard-rock dont je n'ai malheureusement jamais trouvé l'équivalent, que ce soit en France ou dans le monde). Et, bien entendu, la ville elle-même, personnage central de ce récit et du roman. Une ville de 200 000 habitants perdue au fin fond de la Sibérie, avec une amplitude thermique de 90°C (de - 60°C à + 30°C), deux-cent-soixante jours de neige par an, dont cent-trente de tempêtes, des numéros d'immeuble écrits en gros pour s'orienter en plein blizzard, une horloge unique au monde comportant non pas douze mais vingt-quatre chiffres pour se repérer lors des trois mois de nuit permanente puis des trois autres de jour total (bonjour, le métabolisme !)... À ces phénomènes naturels pour le moins hostiles, il faut ajouter des données liées à la folie humaine : Norilsk est une ville minière, une des plus polluée du monde (elle pollue autant que l'ensemble de la France), où l'espérance de vie ne dépasse pas soixante ans. Et, cerise sur le gâteau, elle y a abrité Norillag, le goulag, à l'époque stalinienne. Maladies pulmonaires, vieillissement prématuré, dépressions, suicides… Peu d'endroits dans le monde peuvent se vanter d'être aussi peu attractifs, pour ne pas dire repoussants. Comme si cela ne suffisait pas, et histoire de décourager les derniers intrépides, l'entrée sur ce territoire est toujours subordonnée à autorisation du FSB (service de sécurité de Russie, ancêtre du KGB).
Férey et son pote La Bête étaient partis avec un objectif clairement défini : faire des rencontres et discuter avec des autochtones, pour obtenir de la matière. Objectif atteint ! Ils auront dragué (un peu), bu (beaucoup), déconné (tout le temps). Bref, noué quantité de relations qui, bien qu'apparemment superficielles eu égard au barrage de la langue (des « Poutine no good ! » ou des « you're my friend ! », scandés jusqu'à plus soif), ne s'en sont pas moins révélées très profondes. Il suffisait de voir la popularité des deux hommes au bout de quelques jours et, surtout, l'émotion palpable lors de leur soirée d'adieu. C'est d'ailleurs lors de cette mémorable dernière soirée (à l'occasion de laquelle le Szaboy a été exceptionnellement ouvert un dimanche soir) que se déroule la scène la plus poignante, à mon sens. Lorsque les deux français prennent brutalement conscience du vieillissement prématuré des gens de Norilsk, soumis à des conditions de vie dantesques. Tous deux la cinquantaine, ils se rendent compte avec stupéfaction que leurs nouveaux camarades, à qui ils donnaient entre trente et quarante ans, n'en avaient tout juste qu'une vingtaine...
Magnifique complément, surprenant et tendre, à la lecture de Lëd. Et qui permet de découvrir Caryl Férey dans son activité favorite lorsqu'il n'écrit pas : boire des coups avec des potes.
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J'ai lu « Lëd » et me suis rendu compte que j'avais omis de lire « Norilsk » qui est le voyage à l'origine de ce roman…
En effet les éditrices de Caryl Ferey lui proposent ce voyage improbable dans la ville la plus au nord de Sibérie, la plus froide, la plus polluée, ancien goulag…
Et Caryl Ferey va la découvrir avec son ami dit « la bête », rocker borgne, que nous avons déjà croisé dans d'autres livres…
Bien sûr rien de touristique au sens habituel dans ce voyage mais une formidable rencontre avec les habitants de Norilsk, grâce à leur charmante guide dite « Bambi ».
Peu de perspectives professionnelles pour eux, la mine est le seul employeur, mais ils vont montrer aux Français que les artistes (musiciens, photographes, peintres) essaient de s'exprimer et aussi bien sûr de faire la fête ensemble pour rester bien vivants dans cette ville très sombre.

C'est un récit un peu foutraque mais sa lecture après « Lëd » éclaire vraiment les impressions profondes de l'auteur et ce qui l'a conduit à écrire ce roman très noir, un de ses meilleurs, qui donne de la chair à cette ville et à ses habitants.
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Fan de Caryl Férey, j'ai savouré avec beaucoup de plaisir ce court récit de la quinzaine de jours qu'il a passés à Norilsk, aux confins de la Sibérie, ville dite la plus pourrie du monde. C'est un ancien goulag où sont encore exploitées aujourd'hui des mines de nickel dans des conditions extrêmes où le froid intense et la pollution sont les ennemis de l'humain.

Et c'est précisément l'humain qui tient une grande place dans le texte de Caryl, à travers les différentes rencontres qui vont émailler son court séjour. Alcool, amitiés immédiates, partage de vies, tous ces thèmes sont évoqués par l'auteur. le régime stalinien, à l'origine de tant de massacres inhumains, est brièvement cité, avec tout l'effroi qu'il porte dans ses actes.

De l'humour également puisque Férey voyage en compagnie d'un pote, dit La Bête, qui égare beaucoup d'objets, en casse pas mal d'autres, convoite tout ce qui pointe trop sous un corsage au risque de confusion de sexe, et porte en lui une sensibilité aussi poignante que celle de son partenaire.

J'aurais aimé quelques pages de plus pour approfondir davantage cette trop courte immersion dans un monde que les gâtés de l'Occident de soupçonnent même pas.

De toutes ces rencontres, Caryl Férey imagine sur une page la trame d'un polar noir qu'il dit qu'il n'écrira pas... J'espère qu'il changera d'avis.
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J'ai bien aimé cette balade en Sibérie en compagnie de Caryl Férey. Cette intrusion dans son intimité, si éloignée de la violence noire de ses romans m'a permis de mieux comprendre d'où lui venait malgré tout les images, souvent d'une extrême cruauté, qui peuplent ses fictions. "Mapuche" m'avait tourmentée pendant des mois...
Ici, c'est un récit de voyage autobiographique.
A Norilsk, il fait très froid, l'air est pollué et les gens ne parlent pas d'autre langue que le russe. Autrement dit, le voyage est loin d'être alléchant!
Mais Caryl va relever le défi, accompagné de la Bête, son fidèle ami depuis l'adolescence.
A deux, ils vont découvrir une ville industrielle délabrée, au passé peu enviable d'ancien goulag où ont péri des milliers de prisonniers, mais aussi des hommes au coeur grand et généreux. Les week-ends festifs de trois jours à Norilsk m'ont fait pensé aux Trois Joyeuses durant le Carnaval de Dunkerque: on boit et on s'étreigne, tout le monde est heureux, tout le monde s'aime!
C'est sûr, le coeur de Caryl Férey a eu chaud à Norilsk; beaucoup plus qu'en Argentine ou en Colombie...
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