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EAN : 9782070142408
1632 pages
Gallimard (17/10/2013)
4.57/5   7 notes
Résumé :
Ecrire sur Léo est pour moi difficile, je ne suis pas un intellectuel, mais plutôt un paysan, c'est vous dire. Je laisse le soin aux biographes et autres acolytes la tâche d'écrire sa vie, ou tout du moins ce qu'ils pensent en savoir ou en avoir compris. Mon père est pour moi comme un de ces chênes centenaires, majestueux et rares. Lorsqu'on l'aperçoit de loin on ne voit que son imposante présence, on se dit : J'aimerais bien m'abriter en dessous, à l'ombre et au fr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Après les intégrales des écrits de Brassens, Brel et Gainsbourg, je me suis offert celle de Léo Ferré. Une conséquence heureuse de la mort malheureuse de Marc Ogeret ; c'est en ré-écoutant "Ogeret chante Aragon", que me prit l'envie de découvrir plus avant Léo Ferret (qui en plus d'écrire des vers et de la prose, a composé de nombreuses musiques, dont une partie de celles accompagnant les poèmes d'Aragon).
Autant dire tout de suite que je ne regrette pas cette initiative :
- Je connaissais un peu le Ferré poète. J'étais loin de soupçonner l'étendu de son talent, où l'humour et la tendresse, les élans politiques et philosophiques, se rejoignent souvent. Des dizaines de milliers de vers, inspirés et inspirants, qui se laissent découvrir avec un énorme plaisir.
- j'ignorais totalement les talents du poète pour l'écriture en prose : de nombreux textes courts, lettres ou projets de lettre, enjoués ou percutants, rédigés avec les mêmes qualités que les poèmes, et dont la lecture enchante. Un régal.
Plus de 1500 pages à dévorer avec passion !
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Ferré est avant tout un poète qui fouette inlassablement sa verve pour nous décrire des sensations et des états d'âmes presque inaccessibles au pouvoir des vocables. La mélancolie signée Ferré est, sans doute, un poème miraculeux qui nous fait aussitôt oublier le fameux "bonheur d'être triste" de Hugo…
avec cet air de ne pas faire exprès, de ne vouloir importuner personne que Léo Ferré nous fait redécouvrir la solitude, l'amour, la poésie, le combat idéologique et l'infirme condition de l'Homme.
La poésie jaillit chez-lui d'un éternel besoin de s'expliquer, de défendre ses idées, de donner des alternatives sans pour cela se prétendre prophète ou visionnaire. Il nous exhorte à effacer toutes les limites nous séparant de l'autre et de l'impossible. Usant des oxymores qu'il adore, il nous démontre avec une aisance inouïe que le Mal et le Bien, la Foi et l'athéisme, le Paradis et l'Enfer, la tristesse et la joie, la paix et l'inquiétude… ne sont au bout du compte que des classifications arbitraires que Dieu ou l'Homme a cru bon de tracer pour empêcher les Humains de se libérer et d'atteindre l'impossible. Léo nous invite donc à prendre une gomme et à effacer toutes ces lignes, à nous affranchir du despotisme de la machine pensante et à créer notre propre dictionnaire. A cet aspect de rébellion bien fondée s'ajoute le charme irrésistible d'une vieillisse toujours capable de savourer la vie et d'en croquer la part du lion. Ces cheveux blancs, cette bouche édentée, cette difficulté à courir et à sauter comme au bon vieux temps perdent, chez l'artiste, toute signification morbide car un Vieux Poète peut toujours crier, créer et noyer le monde de son art. La mort n'est donc pour lui que le quatrain final d'un beau poème qu'il chante volontiers avec tout l'amour que l'on doit à une reine, à un symbole, à un Salut :
La Mort... La Mort...
Je la chante et, dès lors, miracle des voyelles
Il semble que la Mort est la soeur de l'amour
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Le Noir et l'érotisme

Le crépuscule s'attardait. Il y avait la solution à portée d'ombre, vers la forêt. Un hibou regardait, petit à petit. Il attendait. Un homme et une femme passèrent sur le chemin qu'ils pensaient être celui des amoureux. Le poète était penché du côté des incrédules. Le peintre fermait les yeux. C'était fini pour lui.La crépuscule s'étala comme un participe passé dans une langue inutile. Plus rien. Le noir.
La nuit n'a pas de sexe. Elle te prend par les yeux et tu ne sais plus rien. Tu soulèves sa jupe... Elle soulève sa jupe... Et tu ne sais plus rien... Tu pressens la source un peu salie par ses désirs et par ta faculté de boire sans laisser de trace. Le noir importe plus que l'érotisme.
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La mélancolie.
C’est voir un mendiant
chez le conseil fiscal
C’est voir deux amants
qui lisent le journal
C’est voir sa maman à chaque fois qu’on se voit mal
La mélancolie
C'est les yeux des chiens
quand il pleut des os
C'est les bras du Bien
quand le Mal est beau
C'est quelquefois rien,
c'est quelquefois trop
C'est regarder l'eau
d'un dernier regard
Et faire la peau du divin hasard
Et rentrer penaud
et rentrer peinard
C'est avoir le noir
sans savoir très bien
Ce qu'il faudrait voir
entre loup et chien
C'est un désespoir
qui n’a pas les moyens
La mélancolie
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La poésie contemporaine ne chante plus. Elle rampe. Elle a cependant le privilège de la distinction, elle ne fréquente pas les mots mal famés, elle les ignore. Cela arrange bien les esthètes que François Villon ait été un voyou. On ne prend les mots qu'avec des gants : à "menstruel" on préfère "périodique", et l'on va répétant qu'il est des termes médicaux qui ne doivent pas sortir des laboratoires ou du codex.

Préface à Poète, vos papiers !
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Basta

Quand j'emprunte des paradoxes, je les rends avec intérêts.
J'enrichis mes prêteurs qui deviennent alors plus intelligents.
Le taux usuraire de l'astuce n'est jamais assez élevé.
Je ne sais pas d'où je viens mais je sais que je suis là, à reverdir, dans cette campagne toscane.
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J'habite à saint-Germain-des-Prés
Et chaque soir j'ai rendez-vous avec Verlaine
Ce vieux pierrot n'a pas changé
Et pour courir le guilledou près de la Seine
Souvent on est flanqué d'Apollinaire
...
A saint-Germain-des-Prés
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Léo Ferré et la poésie

"Étranges étrangers/Vous êtes de la ville/Vous êtes de sa vie/ Même si mal en vivez/ Même si vous en mourez."

Blaise Cendrars
Jacques Prévert
Léo Ferré
Louis Aragon

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