Comme le premier tome, une somme d'histoire et d'humanité
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En décembre 1952, lors d'une réunion du Comité central, Staline déclara que "chaque Juif est un espion en puissance pour le compte des États-Unis", faisant ainsi de toute la population juive la cible de sa terreur. Des milliers de Juifs furent arrêtés, chassés de leur emploi et de leur habitation, et déportés comme "parasites déracinés" des grandes villes vers des régions reculées de l'URSS. Staline ordonna la construction d'un immense réseau de nouveaux camps de travail en Extrême-Orient, pour y envoyer tous les Juifs. À travers toute l'Union soviétique, on maudit les Juifs. Les patients refusaient de consulter des médecins juifs, harcelés au point de devoir délaisser leur pratique et de travailler comme ouvriers. Des rumeurs coururent sur des médecins qui tuaient les bébés dans leurs services. Les mères enceintes ne voulaient plus aller à l'hôpital. La presse reçut des lettres appelant les autorités soviétiques à "éliminer les parasites", à les "exiler des grandes villes, où ces porcs sont beaucoup trop nombreux".
C'est alors, au faîte de cette hystérie, que Staline mourut.
Selon Lazarev, qui entra au Parti par la base, l'idéologie bolchevik ne joua pour ainsi dire aucun rôle dans la guerre, tandis que les slogans d'avant-guerre qui servirent le culte de Staline et le Parti perdirent une bonne partie de leur force et de leur signification :
La légende court que les soldats montaient à l'attaque en criant : "Pour Staline !" En vérité, nous ne parlions jamais de Staline, et, quand nous engagions la bataille, c'était "Pour la patrie !" que nous criions. Nos autres cris de guerre étaient des obscénités.
Norilsk représente un paradoxe saisissant : une grande ville industrielle construite et habitée par des détenus du Goulag, dont la fierté civique s'enracine dans leur travail servile pour le régime stalinien.
Un semblable paradoxe sous-tend la nostalgie populaire qu'inspire Staline et qui, plus d'un demi-siècle après la mort du dictateur, continue d'être partagée par des millions de personnes, y compris nombre de ses victimes. D'après une étude menée par le Centre panrusse d'étude de l'opinion publique en janvier 2005, 42 % des Russes souhaitaient le retour d'un "leader comme Staline" (60 % des plus de soixante ans interrogés étaient favorables à un "nouveau Staline").
La dénonciation des crimes de Staline permit à Khrouchtchev de renforcer sa position.