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EAN : 9782213655611
120 pages
Fayard (18/01/2012)
3.63/5   20 notes
Résumé :
Flash, fragments, vignettes, rythmes accidentés : Los Angeles est une jungle de béton trépidante où vit une foule ensauvagée.

Poz et Army imaginent un meurtre qui pourrait rapporter – mais Army en sait trop, Poz va devoir l'éliminer. Gina élève seule son gosse hyperactif dans une baraque squattée par un gang du quartier. Angela se ronge les ongles en attendant que son mec se fasse descendre. Johnny pratique le zen en tirant les rats d'une cave désaffe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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« Sur les nerfs » (titre anglais, Angry Nights) est le premier roman de Larry Fondation.

Puissant, glauque et graveleux à souhaits, l'ouvrage plonge son lecteur dans un monde nord-américain postmoderne où « le système » s'avère être un mixte de chair et de béton, où la trahison fait partie intégrante de l'expérience quotidienne. Dans cet opuscule (188 pages), les scènes – parfois ultra-courtes, résumées à deux ou trois lignes - se succèdent jusqu'à l'écoeurement : quelqu'un remet les clés de la voiture de son copain mort à un étranger dans une sombre salle de cinéma ; un autre type tire à bout portant sur des rats dans une pièce en pleine obscurité pour se préparer à assassiner un gars dans la jungle urbaine, une femme suce son mec en pleine rue, quelques minutes avant qu'il ne se fasse descendre par trois loubards, en toute impunité, des ados boivent de la vodka pure au goulot, les rackets se succèdent, une bagnole percute un petit garçon qui jouait sur la chaussée et file sans demander son reste, des dealers fourguent de la camelote à de pauvres hères pour qu'ils assouvissent leur soif de défonce, etc.

À une époque où le sort de l'Amérique urbaine produit de plus en plus de titres bien sombres, où l'avenir des villes soulèvent une flopée de questions, « Sur les nerfs » constitue un récit saisissant et vécu de l'intérieur de la vie d'une grande ville américaine, Los Angeles. Dans une prose laconique, distante et hérissée de tensions, « Sur les nerfs » nous met sous le nez un monde hyper chargé que beaucoup d'entre nous craignent ou préfèrent nier. Comme « A Clockwork Orange » ou « Last Exit to Brooklyn », « Sur les nerfs » est un livre dérangeant : vous passez du lavomatic, à une rave où les démons s'invitent à la fontaine du parc, d'une paillasse où les corps se donnent sans protection à une séance de piqure au LSD en plein parc urbain. La nuit est en elle-même une colère où les êtres humains comme leurs ombres hantent la réalité et où chacun ne possède plus que le souvenir de promesses non tenues. Alors, est-ce un roman exceptionnel ? Certains ont dit qu'il s'agissait d'un OVNI littéraire : le côté cru (trous de balles, rats explosés, ongles rongés, cicatrices, plaies ouvertes …) fait probablement recette, mais est-ce pour autant de la littérature ? Enfiler les images et les textes non travaillés les uns après les autres, comme dans une recherche désespérée d'effets stroboscopiques qui conduisent à noircir encore plus le côté documentaire, noir et blanc (en fait, pas beaucoup de blanc!) de l'ouvrage, ça ressemble à de l'art brut. Les personnages sont quelconque, sages ou hyper violents. Une caméra pointée sur des pauvres, des truands, des dealers, des junkies et un texte bien acide qui vous mettra parfois le coeur au bord des lèvres, un concentré de misère et de violence pour dénoncer un monde impitoyable. La considération pour autrui a disparu : vous êtes à des années lumières de tout rêve. « I've got my dreams like everybody else, but they're out of reach, yeah, right out of reach » (Chrissie Hynde, The pretenders – Mystery Achievement). Vous aimerez ou vous détesterez.

Réservé aux lecteurs curieux.
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Il y a quand même de drôles de loulous dans la littérature américaine actuelle. Des gars sortis de nulle part qui ont été ouvriers, soldats, camionneurs, bûcherons ou que sais-je encore. Des autodidactes qui racontent leur Amérique cauchemardesque et c'est pas joli à voir. Je pense à Donald Ray Pollock, à l'indien emprisonné pour meurtre Joël Williams, à Benjamin Whitmer, à Eric Miles Williamson ou encore à Frank Bill (je vous en parle tout bientôt). Larry Fondation est de la même trempe. Médiateur de rue depuis plus de 20 ans, il connaît les pires endroits de Los Angeles comme sa poche. C'est à l'évidence dans son quotidien qu'il puise son inspiration.

Fondation, c'est un peu comme si Carver oubliait pour un temps les petites gens et allait traîner ses guêtres du coté des damnés de la terre. Dans son Los Angeles, on est loin d'Hollywood. On y trouve des crétins qui font boire de la vodka pure à un gamin de quatre ans hyperactif pour l'assommer un bon coup. Des gangs qui sortent les flingues à la moindre broutille. Dans les quartiers sinistrés, on s'occupe en tirant sur les rats au fond des caves désaffectées ou alors on se bourre la gueule en fumant du crack sur des parkings à l'abandon.

L'écriture est minuscule, fragmentaire. Certains textes font à peine quelques lignes. de la microfiction qui vous saute à la gorge. Une juxtaposition de petites séquences formant un tout désordonné ou la violence et le désenchantement prédominent. Une peinture froide, glaciale même de ces populations misérables qui ont perdu toute humanité. Pas de jugement, aucune empathie, juste un coup de projecteur furtif sur une forme de déchéance absolue.

A bien des égards, la construction de ce recueil m'a fait penser à la dernière partie du cultissime Last Exit to Brooklyn de Selby qui s'intitule Coda : on saute de personnage en personnage, de lieux en lieux dans un périmètre très restreint. C'est électrique, sans fioriture, nerveux à souhait. Tout ce que j'aime.

Est-ce que pour autant je vous conseillerais une telle lecture ? Surement pas. Trop peur de me faire enguirlander si au final vous en concluez que c'est trop barré ou sans queue ni tête. Moi en tout cas j'y ai trouvé mon compte.
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Très loin des medias qui nous rendent idiots avec une avalanche quotidienne de faits divers et de violences urbaines, de clichés sur la délinquance, et du mirage aujourd'hui absurde d'une vie sans risques, la voix de Larry Fondation, qui vit et travaille comme éducateur de rue dans les quartiers sud de Los Angeles depuis plus de 20 ans, sonne terriblement juste.

Il fracture ce récit de 120 pages en très courts chapitres, parfois histoires d'un paragraphe, qui sont des fragments coupants comme les journées de ces enfants en train de jouer avec des armes et des drogues, comme les éclats de verre qui jonchent le sol des immeubles dévastés, comme ces vies hachées et qui peuvent se terminer à n'importe quel moment.

«Jeff saignait, ce n'était pas si grave, mais pas du pipeau non plus. Des entailles sur la poitrine. C'était l'été, il faisait chaud. Les filles se pavanaient autour de lui. Elles voulaient toutes être l'heureuse élue qui aurait le droit de s'occuper de lui. Il n'y avait que Lorraine qui voyait à quel point il était barré, à cette époque. Mais pas un de nous n'écoutait. Il a dit :
-Ils me sont tombés dessus dans Darien Street.
Johnny Mac a pris les choses en main :
-On va chercher Mark et Tom. Danny a un flingue. J'ai un flingue.
Il s'est tourné vers moi :
-Tu viens ?
On a découvert plus tard que Jeff s'était fait ces entailles lui-même. Richie l'avait vu faire.»

«Angry nights» est le titre original de ce recueil de 1994 (traduit en 2012 en français grâce à Fayard), des nuits de colère, succession d'instantanés sordides et désespérés, qui recèlent parfois quelques éclats de courage.
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« Pour certains, Los Angeles, c'est des bougainvilliers et des plantes tropicales luxuriantes dans le désert, tout ça soigneusement entretenu par des jardiniers. Un coin romantique. Les films. Un endroit où l'on peut tenter sa chance. le coeur du rêve américain.
Ce n'est pas là qu'on est ».

Là, on est dans l'est de Los Angeles, quelque part entre les années soixante et juste après la première guerre du Golfe, dans ces quartiers où se croisent white trash, noirs et latinos. Skinheads et gangs mexicains. Bibine et flingues. Baises plus ou moins consenties et couteaux à cran d'arrêt. Shoots dans des squats ou sur des parkings de centre commerciaux abandonnés et chasse aux rats dans les caves.

Et c'est ainsi que Larry Fondation nous livre ces chroniques. Flash, fulgurances. Comme les pièces éparpillées d'un puzzle que l'on ne reconstituera pas mais dont chacune nous laisse présager de ce qu'il pourrait représenter. Et ce n'est pas beau.
Entre ennui, violence, plans à deux balles pour essayer de s'en sortir et révolte, Fondation, à coup de petites vignettes glauques souvent, lumineuse parfois, essaie de nous offrir l'essence de ces quartiers dans lesquels l'American Dream est passé au volant d'un camion poubelle pour décharger tout ce(ux) dont il ne voulait pas.

Il est heureux que les éditions Fayard aient exhumé ce premier roman initialement publié aux États-Unis en 1994, et le fasse paraître quelques mois après le Bienvenue à Oakland d'Eric Miles Williamson. La filiation entre Fondation et Williamson est évidente et, d'ailleurs, l'éditeur en joue en proposant une couverture qui utilise les mêmes codes que celle de Bienvenue à Oakland. Fondation, c'est un peu Williamson sans le gras. C'est dire si c'est sec comme un coup de trique dans votre face. Ceux qui ont déjà découvert le dernier cri de rage et d'amour d'Eric Miles Williamson retrouveront dans Sur les nerfs la puissance de la révolte de ces vignettes de la vie « ordinaire » d'un monde abandonné. Concentrée en un peu plus d'une centaine de pages, elle est d'une rare et belle violence.


Lien : http://encoredunoir.over-blo..
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Ce livre est un recueil de nouvelles très courtes pour certaines, qui ont toutes en commun de se dérouler aux États-Unis, dans des ghettos, des quartiers laissés à l'abandon, squattés ou habités par des gens pauvres, des truands, des dealers, des junkies. C'est noir, terriblement noir. Parfois une petite lumière qui pourrait illuminer ce noir, mais assez rarement. Appelons cela le destin, le "pas-de-bol", la malchance d'être né de ce côté de la barrière : pauvre dans un pays riche, le petit coup de pouce qui fait sombrer dans la drogue et les ennuis, ou tout autre terme, mais le fait est que les situations que décrit Larry Fondation sont malheureusement crédibles, et c'est ce qui les rend encore plus tragiques, plus terrifiantes.
Larry Fondation emploie un mode elliptique, rapide, haché. Certaines nouvelles déconcertent, on ne suit plus vraiment, mais la chute est là, souvent qui remet tout en place.
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critiques presse (1)
Telerama
20 juin 2012
A coups de flashs, vignettes, instantanés, l'écrivain plonge dans les bas-fonds peuplés de fantômes
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
p 109
[...] Les rues sont mouillées. C'est la première fois qu'il pleut depuis des mois. La pluie n'a pas encore fait disparaitre l'huile qui s'est déposée sur le bitume, les voitures dérapent. J'évite l'autoroute et je reste sur les rues parallèles.
Je suis à un stop quand ils approchent de la caisse. Des skinheads. Le verre éclate et j'entends leurs voix. Je me rappelle le flingue qu'elle a laissé sur le siège arrière. Quand je tends la main pour m'en emparer, il est là. Sa tête passe par la fenêtre. C'est un ado, ses copains aussi. Je lui colle le canon sur la peau. J'essaie d'imaginer ce qu'il doit ressentir au moment où j'appuie sur la gâchette. Je repars couvert de sang et de morceaux de chair. Je ne m'arrête pas au feu suivant.
Je me sens mieux maintenant. [...]
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13. Docteur Jeff

Gina vivait dans une baraque au coin de Patton Avenue avec un de ces petits chiens mexicains complètement survoltés et un môme hyperactif. On détestait le clébard et son fils nous tapait sur les nerfs, mais à une époque on traînait chez Gina presque tous les soirs. C’était l’hiver et c’était la seule baraque où on voulait bien de nous. Le vendredi et le samedi soir, on foutait un boxon pas croyable, mais ça n’avait pas l’air de la déranger. Gina était du genre à apprécier qu’on s’intéresse à elle.
En un sens, je l’admirais. Elle pouvait louer un truc et le payer toute seule. Elle avait de beaux meubles et des fringues sympas. Et elle ne se défonçait que le week-end. Elle était pas mal, physiquement, à part sa bouche qui tombait de côté comme celle d’un mérou, et elle était tellement maigre qu’elle n’avait pas de nichons. Les gens disaient qu’elle faisait le trottoir, mais j’en ai jamais cru un mot.
Jeff disait qu’il était amoureux d’elle. C’est la seule fois où je l’ai entendu dire ça. Une nuit de février, il est passé à Hancock Liquor et il a chouré une caisse de vodka et deux caisses de Kahlua dans le camion de livraison. Quand il est revenu avec la marchandise, Gina s’est précipitée au Seven-Eleven pour acheter vingt litres de lait.

À onze heures, le chien et le môme cavalaient toujours comme des malades. D’abord, c’était le chien qui courait après le gosse, puis le gosse qui courait après le chien. Le gamin n’avait que trois ou quatre ans. Le clebs ne décollait pas de plus de trente centimètres du sol. Il aboyait sans cesse ; le gamin gueulait et hurlait sans cesse. On les entendait même avec la chaîne à fond.
C’est Richie qui a eu l’idée de verser de la vodka dans la gamelle du chien. Il s’était déjà fait embrouiller, le clebs lui avait planté ses crocs dans les baskets – une paire de Nike toute neuve. Richie adorait raconter cette histoire, mais je crois bien qu’il l’a jamais racontée à Gina.
« J’ai ramassé ce petit roquet à la con et je lui ai foutu un de ces coups de pied, il a valdingué contre le mur ! »

Richie a proposé de sortir le chien, histoire qu’il crève de soif comme il faut. Gina a été touchée de tant de gentillesse. Le gosse a voulu l’accompagner, mais Richie a refusé. Pendant qu’ils étaient dehors, j’ai vidé la flotte de la gamelle. Richie a versé dix bons centilitres de vodka et le chien s’est empressé de tout lécher. Il est alors devenu un peu dingo, on aurait dit qu’il cherchait Gina. Le chien est tombé dans les vapes dans la cuisine.
Quand Richie a raconté ça à Jeff, Jeff a failli mourir de rire.
– Ça pourrait aussi marcher sur le gamin, il a fait.
Jeff était assis sur le canapé à côté de Gina, une bouteille de vodka à la main. Il buvait direct à la bouteille. Gina avait une bière.
Le gamin sautait sur les coussins en gueulant toutes sortes de trucs à propos du chien.
– J’ai fait une année de médecine, tu sais, a dit Jeff.
– C’est ça, ouais. T’es trop jeune pour ça.
– Cursus spécial, il a dit.
Jeff avait laissé tomber le bahut, mais quand il y allait, il était vraiment pas con, il a eu son équivalence au Bac sans rien foutre. Le jour de l’exam, il était défoncé à la coke.
Jeff a demandé à Louie de lui apporter un verre à vodka. Après le premier shot, le gosse sautait toujours. Après le deuxième, il s’est pelotonné sur les genoux de sa mère et s’est endormi.
– Je t’avais bien dit que ça marcherait, il a fait.
Puis il s’est mis à frapper les gens et à les foutre dehors. Il a attrapé un couteau de cuisine.
– Le gosse, faut qu’il dorme, alors vous dégagez.
Tout le monde savait de quoi il retournait, mais tu faisais pas chier quand Jeff était aussi barré. On est tous partis.
Jeff s’est mis à se déshabiller avant même que la porte soit refermée. Gina chialait sur le canapé, à côté du gosse toujours endormi.
J’ai vu Jeff par la fenêtre, il lui caressait doucement, gentiment les cheveux. Il chuchotait quelque chose, mais je pouvais pas comprendre quoi.
Peter Scavotti se servait d’une canne pour marcher, parce qu’avec toute la poudre qu’il avait fumée il ne sentait plus sa jambe. Il a éclaté deux fenêtres, chez Gina, au moment de partir. Quand Jeff est sorti pour le choper, on avait déjà tous foutu le camp.
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12. Taxis

Richie est descendu du trottoir et s’est avancé au milieu de la rue.

– Taxi ! Taxi ! il gueulait.

Le chauffeur a freiné d’un coup. Il portait une casquette en cuir dans le genre gavroche.

– Ça coûte combien pour aller dans le centre ? lui a demandé Richie.

– J’en sais rien, a répondu le gars. Je vais demander au standard.

J’étais planté juste derrière Richie. Je me suis mis à me marrer. Le chauffeur ne m’a pas entendu.

– Dans les vingt-cinq balles, a dit le chauffeur.

Richie a fait demi-tour et lui a dit :

– Merci. Merci beaucoup, monsieur.

– Vous voulez y aller ?

– Non, a répondu Richie. J’ai jamais voulu y aller. Je voulais juste savoir combien que ça coûtait.

Richie et moi on a éclaté de rire. Le chauffeur s’est barré, fou de rage.

Une fois, Richie a arrêté un taxi et demandé au type s’il avait l’heure. Le chauffeur a sorti un flingue et nous a fait la leçon, comme quoi on jouait aux cons. Il avait un accent du Sud, et pendant qu’il causait, il faisait danser son flingue tout en le gardant bien pointé sur nous. Richie est resté planqué tout ce temps derrière moi. C’était avant Johnny Mac, avant qu’aucun d’entre nous ait un flingue.
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10. Le petit frère de Bobby
Bobby n’appréciait pas du tout ce qui arrivait à son petit frère. Son vrai nom, c’était Sam, mais on l’appelait tous « Punkrat ».
Punkrat s’asseyait sur les marches devant la maison de sa mère quand elle était au boulot. Il fumait de l’herbe en écoutant Two Live Crew sur son radiocassette et insultait tous ceux qui passaient devant chez eux, à pleins poumons :
– PUTAIN D’ENCULÉ DE TA MÈRE ! CASSE-TOI DE MA PUTAIN RUE, TROU DUC !
Punkrat prenait du bide. Chaque fois qu’il fumait, il avait un creux, et il fumait tous les jours. Il bouffait des Fritos et descendait des bouteilles de Pepsi de deux litres. Il avalait des barres chocolatées, des gâteaux, des chips.
Bobby a toujours été un grand sportif. Punkrat n’a jamais fait de sport.
Bobby essayait de lui dire ce qu’il fallait faire, mais il n’écoutait jamais.
Le jour où il s’est fait tirer dessus par un mec qu’il avait insulté, Punkrat n’avait que treize ans. Le jour même de sa sortie de l’hôpital, on l’a retrouvé assis là, au même endroit, à écouter ses cassettes en fumant, en bouffant et en gueulant.
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Arrête tes conneries, a fait Jeff. On veut pas d’emmerdes, ce soir.
Mais John Mac continuait à gueuler :
– Chinga tu madre !
Ça a pété. Ils étaient six. De notre côté, il y avait moi et Jeff, Richie, John Mac et Peter. Le plus balaise s’est dirigé droit sur Johnny, un couteau à la main. Mac a frappé le premier. Il a allongé le type d’un coup de poing sur les lèvres. Un deuxième gamin lui a tailladé la gueule. C’est là que Jeff est intervenu – pile entre les deux.
– Espèce de trou du cul, il a dit.
Il parlait à Johnny Mac. Le couteau lui est entré dans le bide sur dix bons centimètres. Un couteau de chasse. En ressortant la lame, le type lui a craché sur la tronche. Il a remis le couteau dans son étui, sous son blouson, et ils se sont barrés tous les six.
Richie a rattrapé Jeff au moment où il s’écroulait. Il y avait du sang de partout. Jeff n’a plus dit un mot.
Quand l’ambulance a fini par arriver, l’infirmier a dit que Jeff était mort pratiquement sur le coup.
Peter avait un flingue sur lui, mais il ne s’en était pas servi.
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Vidéo de Larry Fondation

Larry Fondation, James Ellroy. LA deux visions
Extrait de la conférence de Larry Fondation, lors du festival Un aller-retour dans le noir en octobre 2013.
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