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EAN : 9782851941848
44 pages
Fata Morgana (01/01/1988)
4.19/5   8 notes
Résumé :

Muets tout au fond de la terre
Qui, sauf à se donner le change,
Pourrait désormais nous entendre
Comme au temps des amours heureuses
Où nous étions de vivantes personnes
À l’écoute du moindre aveu sur nos lèvres
Mais libres de parler ou de se taire ?

Plus connu pour ses romans, dont Le bavard et Les mendiants, Louis-René des Forêts a aussi écrit de somptueux poèmes : Les mégères de la mer en 1967 et le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Les Poèmes de Samuel Wood est le titre d'un petit recueil de poésie de Louis-René des Forêts publié en 1988 aux belles éditions de Fata Morgana.

Au travers de plusieurs poèmes, l'auteur s'empare d'un thème souvent abordé dans la littérature, celui de l'être (l'écrivain ici) et de son double (Samuel Wood). Dans ses textes, Louis-René des Forêts loge la voix de son personnage et la fait agir comme la conscience du poète. Celle-ci s'adresse à lui, l'interpelle sur l'acte d'écrire, sur l'aspect dérisoire et vain de l'écriture.

Dans un long monologue, la voix de Samuel Wood interroge, met en évidence la dualité entre le pouvoir des mots et les raisons de vivre. Quel sens, quel avenir ont les mots quand l'être qui les a écrits, qui les a sortis de son imaginaire, est un être déjà condamné à mourir, à disparaître ? le style n'est-il pas en soi la marque du dérisoire, de l'éphémère ?

" Mais c'est compter sans le retour du soleil
le glorieux soleil qui magnifiera encore
La vie sur terre et la terre elle-même
Quand nous y serons dessous avec les morts
Là où les mots que voici n'ont plus cours
Auxquels nous donnons corps en les disant
Véreux demain comme le muscle de nos langues,
Rongés dans leur substance par la rouille du temps,
le temps que prend la mort pour parfaire son oeuvre,
la hâte qu'elle va mettre à ruiner la nôtre
Bientôt plus indéchiffrable qu'une épitaphe
Aux lettres biffées par la rigueur des saisons.
Faut-il donc se taire ou dire autre chose
qui ait chance d'échapper au sort commun ? "

Dans ces vers assez représentatifs du recueil, apparaît l'écart, le conflit qui habite le langage, fait d'excès et de régression. le langage porte en lui la condition de son existence mais aussi de sa disparition. Louis-René des Forêts défait, sépare, pervertit la notion de langage, mais par l'écriture lui accorde encore d'être ce qui nous porte, nous raconte, nous rapproche.
Au travers de la voix de son double, l'auteur dénonce l'illusion poétique en comparant ses écrits à une chimère, à un non-sens. Cependant, malgré lui, il continue de jouer grâce à elle le jeu du poème, de parler de lumière dans l'obscurité.

J'ai personnellement beaucoup aimé ce recueil de Louis-René des Forêts, qui dans une langue simple, apparaît comme une belle méditation sur la finitude, sur la vie et la mort entre existence et recherche d'identité.
L'écriture, la poésie, interrogent sans cesse l'usage du langage, elles le remettent en question pour mieux s'en approcher et s'en saisir. C'est la condition pour toucher son inépuisable réserve de beauté et de sens.

" Silence. Veille en silence. Pourquoi t'obstiner
À discourir sans rien savoir de la mort ?
Que du mot même émane une force sombre
Crois-tu par tant de mots pouvoir l'adoucir,
Donner un sens à l'énigme du non-sens ?
Vois plutôt vaguer les oiseaux au soleil
Écoute leur concert la nuit dans les bois
D'où s'élèvent en trilles maints duos amoureux
Qui sonnent clairs comme les eaux des montagnes.
Si proche soit la fin que tu sens venir
Libère-toi de ton funèbre souci
Épouse la liesse des créatures du ciel
Vivre et chanter c'est tout un là-haut ! "
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Écoutez-le qui grignote à petit bruit, admirez sa patience
Il cherche, cherche à tâtons, mais cherche.
Saura-t-il du moins mettre en ordre,
Débarrasser, décrasser, les coins et les recoins
De cette tête encombrée qui est la sienne
Où il tourne en rond sans trouver sa voix,
Sinon quand le vent souffle à travers bois,
Que la mer roule fort, couvre d'écume les digues,
Quand la nature met la langue à sa rude école
Et lui enseigne des harmonies sauvages,
Suaves aussi parfois comme la flûte d'un oiseau,
Qu'elles viennent de cet oiseau même ou du roulis d'un
 ruisseau.
Dirait-on qu'il faut accorder sa voix à celle des éléments

p.7

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Une ombre peut-être, rien qu'une ombre inventée
Et nommée pour les besoins de la cause
Tout lien rompu avec sa propre figure.
Si faire entendre une voix venue d'ailleurs
Inaccessible au temps et à l'usure
Se révèle non moins illusoire qu'un rêve
Il y a pourtant en elle quelque chose qui dure
Même après que s'en est perdu le sens
Son timbre vibre encore au loin comme un orage
Dont on ne sait s'il se rapproche ou s'il s'en va.

p.44
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