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Lewis Nordan (Autre)Marie-Odile Fortier-Masek (Traducteur)
EAN : 9782381960210
288 pages
Monsieur Toussaint Louverture (21/05/2021)
3.95/5   59 notes
Résumé :
À Attrape-Flèche, en plein bayou du Mississippi, au cœur d'une faune sauvage et d'une flore luxuriante, on aime, on flingue, on cherche comment percer dans le show-business… Tout ça, peut-être, pour oublier que sous la surface des eaux sombres où s'égarent parfois des dauphins, il n'y a qu'un grand vide silencieux. Un soir, quand deux « gentils enfants » – en vérité, des tueurs sans pitié venus braquer la station-service du coin – se font abattre, les déflagrations ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Comment qualifier ce conte sonore , s'apparentant très légèrement au fantastique ,en plein Bayou du Mississippi , à «  Attrape- Flèche » où l'auteur nous fait vivre les tumultes d'une petite ville du delta , du deuil aux rires , de la solitude à l'effervescence : l'envers du miroir du lac ?

: Les bras dormants du grand fleuve avec ses marsouins , ses mocassins d'eau , castors et autres alligators . ….

Sur les petites îles on adore pêcher , tirer des cartouches sur les pastèques , les melons perchés sur une tête, sur le frigo ,juste pour faire du bruit ou s'amuser ….

Le blues rural en plein bayou, traditions populaires, fascination américaine légendaire , hélas ……pour les armes à feu….

Monsieur Raney , au coeur d'une faune sauvage d'une flore luxuriante y vit de la pêche , très proche de son fils Hydro qui , même s'il n'a pas toute sa raison sait qui a tué : ce n'est pas Morgan l'enfant trouvé l'as de la gâchette
.
Ainsi nous voici dès le début entre suspense et mystère .
Un soir «  Deux gentils enfants » de vulgaires braqueurs de stations - service,en réalité , des tueurs sans pitié ont été abattus ….
Des déflagrations seront entendues très loin , très vite la ville entière sera sous le choc ,aussi bien Hydro , amateur de tartes aux pêches, le Prince des ténèbres et ses envolées théâtrales …..
Braves gens et bandits : mélange intime de grotesque , d'extrême laideur et de Beauté , tels sont les portraits incroyables par exemple : le doux et très gros shérif Chisholm et sa splendide épouse , Morgan , as de la gâchette , qui est responsable du drame ? …..
Tous partiront en quête de vérité , à la recherche de cette paix intérieure qui leur manque tant et n'oublions pas le docteur MC Naughton mélancolique , sa femme Ruthie alcoolique , leurs enfants : Louis qui a tout vu et la petite Katy …

On fait connaissance avec le pasteur , les pompiers , le vaguemestre … l'hommage à un père décédé , le sens aiguisé du bien et du mal….

Une lumière magique , des odeurs puissantes , dans cette nature luxuriante on aime , on flingue , on cherche comment percer dans le show - business, peut - être pour oublier que sous la surface de ces eaux sombres où s'égarent parfois des dauphins il n'y aurait qu'un grand vide silencieux …

Ce livre foisonnant nous balade d'être en être , de coeur en coeur à l'instar d'une chanson de blues ..
Un récit lumineux , luxuriant, riche , poétique , fantaisiste , onirique , entre légendes et mensonges , simplicité , solitude impitoyable chevillée à l'âme de l'homme , marqué d'un optimisme triomphant malgré le deuil où l'humour affleure,pour mieux mettre en valeur l'humanité toute entière dans ses fêlures et sa beauté ….

«  La-mélancolie de-celui qui vise juste » à la jolie première de couverture a été traduit de l'anglais ,réédité ,, paru en 1995 ….
Cette critique peut paraître brouillonne mais cet ouvrage lumineux et sombre à la fois , n'est pas facile à décrypter…
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- Est-ce qu'on vit comme le reste de la planète ? demanda Louis.
- Qui ça ?
- Nous. Les habitants d'Attrape-Flèche.
- Je dirais que oui. À peu près.

Toute l'importance et l'intérêt de ce « à peu près » fait le sel délicieux de la Mélancolie de celui qui vise juste, de Lewis Nordan, traduit par Marie-Odile Fortier-Masek. Car à Attrape-Flèche, petite bourgade du Mississippi en plein coeur du bayou, la tranquillité n'est qu'apparente et les équilibres de vie des habitants particulièrement fragiles.

Quand deux braqueurs de passage sont abattus d'une balle en plein front, mauvaises personnes au mauvais endroit, l'incident en lui-même n'émeut pas grand monde. Faut dire que d'habitude à Attrape-Flèche, on tire plutôt sur les frigidaires à l'intérieur des maisons. Les conséquences de ces morts en revanche seront terribles, poussant chaque habitant à s'interroger sur sa part de responsabilité.

Ce double meurtre sert de support à Lewis Nordan pour une exploration profonde de l'âme des habitants de ce microcosme du Deep South de l'après-guerre. Sa galerie de personnages est exceptionnelle de faiblesses, de petitesses, de remords et d'une certaine forme de courage parfois.

De Hydro, Louis ou Katy les enfants délaissés à Monsieur Rayney le père aimant, Chisholm le shérif au grand coeur, Ruth l'alcoolique adultère repentante ou le Prince des Ténèbres, croque-mort poète et théâtral, ils dégagent tous une empathie immédiate face à tant d'humanité rassemblée en un même endroit. Alors pourquoi tout cela ne fonctionnait-il pas jusque-là ?

La Mélancolie de celui qui vise juste est un joli conte, qui effleure parfois, juste un peu, le fantastique. Et plus souvent la métaphore, comme dans cette grandiose procession de barques funéraires drapées de noir, glissant sous la conduite du Prince des Ténèbres sur le lac Roebuck. Rédempteur pour son auteur, il lui permit d'extérioriser sa propre douleur, ce qui explique sans doute que l'ensemble sonne aussi juste.

Et si vous aimez les reliures toilées d'un « mystérieux et élégant vert pin » et les gardes bleues « chargées d'encre et d'un peu d'eau », alors vous apprécierez comme moi cet ouvrage de 288 pages, « ce qui est peu face au sourire de l'être aimé ».
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Monsieur Toussaint Louverture est encore allé nous dénicher un vieux roman d'un auteur quasiment inconnu en France ( et il a encore bien fait).

« La mélancolie de celui qui vise juste » (😍 la beauté de ce titre !) vous amène en plein milieu d'un bayou du delta du Mississippi, dans la chaleur marécageuse, avec la sueur qui coule sur votre front et les odeurs de poisson.
Nous sommes à Attrape-Flèche. C'est un endroit unique en son genre. Nous savons déjà grâce à Faulkner que le sud des Etats-Unis n'est pas un coin du pays comme les autres et ce n'est pas Lewis Nordan qui va nous dire le contraire. Chez lui les personnages sont colorés, excentriques, parfois bizarres, mais ils se fondent à merveille dans le décor. Au centre de ce roman il y a un garçon hydrocéphale de 20 ans, un garçon qui n'a jamais vraiment grandi, un garçon qui ne ferait de mal à personne…..

Sans beaucoup de surprise, j'ai une nouvelle fois adhéré à cette parution de MTL.
C'est une comédie étrange et fascinante, tantôt sombre, tantôt lumineuse, dans laquelle l'auteur joue par petites touches de l'humour et du réalisme magique, comme pour masquer une prescience des malheurs de la vie et taire certains chagrins inexprimables.

Traduit par Marie-Odile Fortier-Masek
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A Attrape-Flèche, en plein bayou du Mississippi, Hydro, la vingtaine vit avec son père Monsieur Raney dans une cabane au milieu du lac Roebuck. Il a la tête grosse comme une pastèque, certains disent de lui qu'il est un débile, ce qui ne l'empêche pas de travailler à la station service de Monsieur William Tell. Hydro adore les tartes aux pêches, que son père lui chante des chansons et les bandes dessinées ("Gerald Mc Boing Boing" et "Mister Magoo"), passion qu'il partage avec son meilleur ami, Louis, un garçon d'une dizaine d'années.

Un soir qu'Hydro travaille à la station, deux braqueurs de passage sont abattus d'une balle en pleine tête. La mort de ces deux "gentils enfants" vient troubler la quiétude de cette petite bourgade et chacun s'interroge sur sa responsabilité. Lewis Nordan nous concocte une galerie de personnages hauts en couleurs : Morgan, l'as de la gachette, coupable idéal, Monsieur Raney, le père d'Hydro, aimant et touchant, qui tire au pistolet dans son vieux frigo de la cuisine, Ruth l'alcoolique qui trompe son mari, en passant pour Louis, le garçon mal dans sa peau et délaissé ou encore le Prince des Ténèbres, croque-mort aux envolées lyriques.

La mélancolie de celui qui vise juste est un livre où règne une atmosphère étrange mais étonnament envoûtante. On se laisse porté par ce récit fluide et limpide aux côtés de ces habitants d'Attrape-Flèche terriblement humains. Un roman salvateur pour l'auteur (qui l'a écrit après le suicide de son plus jeune fils ) où l'optimisme et l'humour ne sont pas en reste. L'atmosphère de ce roman n'est pas sans me rappeler Patrick deWitt. Encore une fois, une belle (re)découverte grâce aux éditions Monsieur Toussaint Louverture !
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Le Bayou. Ses marécages, ses crocodiles, ses ratons laveurs et ses habitants. Sa station-service paisible, son croque-mort lyrique, ses gosses désoeuvrés, ses adultes déprimés, ses figures locales et ses ragots.
Hydro, par exemple. Un gamin un peu lent d'esprit, dont la maman est morte en le mettant au monde. Depuis, il vit sur une île avec son papa, monsieur Raney. Et il s'occupe en aidant monsieur William Tell à la station-service. Hydro aime les bandes dessinées de super-héros, les tartes aux pêches, Hydro aime son père qui le lui rend au centuple, et sans lequel il ne pourrait se débrouiller dans la vie.
Car Hydro est hydrocéphale, et handicapé mental. Son cerveau n'a pu se développer correctement, et il est parfois déroutant. Un enfant de 7 ans dans le corps d'un adolescent, en quelque sorte. Mais un enfant tellement gentil, tellement bien élevé que personne ne lui cherche d'histoires. Certes, on le charrie un peu, mais pas plus qu'un autre. Et il en sourit lui aussi, car il est bien conscient de sa différence, ainsi que de la bienveillance des gens alentour.
Mais un soir qu'il est seul à la station-service, le destin d'Hydro bascule. Deux adolescents, un garçon et une fille, franchissent le seuil. Ils ont tout ce que le héros n'a pas: la beauté, l'intelligence.
La cruauté, aussi.

Une histoire bouleversante, dont la lecture vous remplit d'émotions contradictoires; du sourire aux larmes, Lewis Nordan nous transporte dans un Mississippi tout à la fois quotidien et fantastique, au bord du fleuve qui charrie les peines et les joies. Une histoire qui tourmente puis qui apaise , en beauté, simplement.
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critiques presse (1)
Liberation
19 octobre 2021
Rythmé aux bruits de la vie et des chansons dans le style caractéristique de Lewis Nordan (1939-2012), tous vont remettre en question leurs responsabilités et chercher enfin «la vie réelle, la fin du désespoir».
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Hydro grimpa à l’échelle et se faufila par la trappe qui menait dans la cabane .Il émergea sur la terrasse supérieure , où il s’attarda un moment , l’oreille aux aguets .
Il entendit les bruits de la jungle à travers le marais , les alligators meuglant comme de vieilles vaches , un lointain perroquet , les derniers bavardages nocturnes d’une famille de singes insomniaques.
Mais rien pour lui révéler le secret susceptible de lui épargner la douleur qu’il ressentait » ….
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«  L’île sur laquelle Monsieur Rancy avait son camp de pêche n’était qu’une langue de terre au fin fond d’un étrange bayou, bras mort de nombreux lacs et rivières s’étendant à perte de vue:
Quelque part sous la terre , de l’eau salée, ou du moins saumâtre ,bourrée de sels minéraux , venait nourrir le marécage et l’étendre bien au delà du Delta .
L’eau semblait infinie ,partout, même pour un jeune garçon qui avait grandi là : c’était un miroir noir , uniquement coloré par l’acide tannique qui suintait des racines aériennes des cyprès » ….
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" On ne trouvera jamais de siège, maintenant ", dit le Docteur McNaughton. Il posa le pied gauche hors du véhicule.
" Papa, ne descends pas... pas déjà. "
Le Docteur McNaughton regarda son fils.
" Pourquoi ?
- Pas déjà, insista Louis.
- Qu'est-ce qui se passe, Louis ? Qu'est-ce qui t'arrive ? On est déjà en retard.
- Tu m'avais jamais parlé avant. "
Le Docteur McNaughton l'observa à nouveau.
"Jamais ?
- Pas que je me souvienne.
- J'ai forcément dû te parler...
- J'aime bien ça ", dit Louis
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Il se sentait transformé, miséricordieux et pardonné. L’amour était la réponse. L’amour n’était-il pas toujours la réponse ?
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La mort et les impôts, c’est tout ce qu’il y a de sûr dans la vie.
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