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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce récit nous raconte de manière poétique l'histoire de la paysannerie à travers trois générations d'agriculteurs. On voit se transformer leur statut, d'agriculteurs à entrepreneurs, poussés à la rentabilité maximum par les pesticides, en s'endettant, en polluant, en tombant malades, en se suicidant.

Le fils de la dernière génération s'oppose au projet d'éolienne imposé à son père.

Même s'il y a eu de nombreux livres et articles sur le sujet, romans, études, de factuels à polémiques, si le fond de ce roman n'est donc pas neuf, il est très agréable à lire et m'a emportée dans une vision nostalgique et certainement romancée de la campagne où, enfant, je passais mes vacances.

L'écriture est belle et le scenario bien construit. Et ce n'est pas le petit côté bucolique qui empêchera chacun de réfléchir au sujet selon ses propres convictions.
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Lu dans le cadre de la Bibliothèque Orange tournante, j'ai pris plaisir à retrouver la plume exquise d' Eric Fottorino. Il situe son roman rural en Franche-Comté, dans cette région de moyenne montagne où le mot terroir a encore un sens. Patrie d'écrivains goncourisés comme Louis Pergaud, Marcel Aymé et Bernard Clavel, le créateur du journal hebdomadaire "le 1" n'a guère à envier à ces conteurs naturalistes du cru. Même s'il n'est pas natif du lieu, il a composé, avec Mohican, une histoire qui s'inscrit parfaitement dans ce Jura coincé entre tradition et modernité. Comme Pierre Gascar, qui a écrit sur les habitants - humains et "bêtes" - de ce secteur géographique bien qu'en n'étant pas originaire, l'ancien directeur du "Monde" nous propose une étude de moeurs sur le monde actuel écartelé entre ses racines et le progrès qu'il a engendré.
L'écrivain ne prend pas parti, mais nous fait réfléchir sur l'absurdité des situations crées par l'esprit humain à propos de la vie dans la nature et de la relation entre paysage et alimentation. Faut-il être "dans le vent" et vénérer Eole ? Est-il productif de gaspiller son énergie à vouloir sauver un territoire de l'inéluctable évolution vers un monde dépourvu d'humanité ? Fottorino/Cooper nous livre une version actuelle du dernier des Mohicans, luttant contre les agricultueurs et les technocrates.
Alternant sa narration entre le passé et le présent des personnages, il nous décrit consciencieusement les habitants de cette contrée périphérique, nichée dans la diagonale du vide. Humains, animaux et plantes sont exposés de façon à nous faire comprendre la nécessité de réfléchir aux conséquences des décisions prises sans réfléchir à long terme.
Ici dans cette histoire, le recours à l'archéologie apparaît comme sauveur du paysage, l'étude de la préhistoire par le sol comme effet salvateur face à la dégradation de la nature par la technologie non maîtrisée.
Une manière de nous montrer qu'on ne peut aller de l'avant sans penser au passé, pour un présent raisonnable et non destructeur.
On pourra rétorquer qu'écrire n'est pas choisir, alors que le climat ambiant morose inciterait à prendre des responsabilités radicales pour la survie de l'humanité sur la Terre.
Je souhaite tout de même à chacun-e d'entre nous une bonne nouvelle année, pleine de méditation et d'action salutaire.
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Une plongée réaliste dans le monde de l'agriculture française, dans son histoire et ses évolutions.

Le style d'écriture est fluide, alternant entre les actions du présent et les souvenirs des deux personnages principaux. A la lecture, on pense beaucoup au film d'Edouard Bergeon, Au nom de la terre. On retrouve ce réalisme brut, la description sans concession des difficultés du métier d'agriculteur et les difficiles relations familiales entre les personnages. Toutefois Eric Fottorino aborde la question de la transition écologique et des éoliennes. On sent que l'auteur s'est longuement documenté sur l'implantation des éoliennes sur les terrains agricoles. Passionnant !
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Un livre court mais puissant.
Un hommage à la paysannerie, qui est la garante de nos paysages.
Un pamphlet contre le business des éoliennes et ses apprentis sorciers.
Des effets papillon inattendus.
Un message, tout n'est pas encore perdu, ce n'est pas le dernier des mohicans
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Ce livre un sujet délicat qui amène certain de nous jour à parler d'agricultueur et un sens de l'esthétisme.
Il oppose Brun, le père, et Mo son fils unique.
Le premier s'est engouffré dans la spirale du produire plus en regroupant de plus en plus de parcelles, employant toujours plus de chimie pour finir par s'endetter de plus en plus et n'avoir plus comme ultime étape : un champ d'éoliennes.
Il signe en conséquence, sans l'avis de son fils, un contrat avec un promoteur de ces monstres d'acier.
Mo, lui cherche à rester en harmonie avec son milieu en revenant à des fondamentaux d'une agriculture plus "douce", à visage plus humain.
Deux mondes qui s'opposent.
Quand Brun décède, Mo avec la complicité de son vieil oncle va craquer et se révolter contre la réalisation du dernier acte de son père .
A travers Mo qui a lu Virgile, le texte est emprunt de plein de poésie.
L'environnement de la ferme est si bien décrit qu'on s'y retrouve aux cotés des personnages, on subit le bruit du chantier, on ressent les vibrassions des bulldozer tout comme les protagonistes.
Un livre qui aborde le sujet rude avec beaucoup de délicatesse.
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Plusieurs auteurs ont traité des changements intervenus dans le mode de vie de deux générations successives, notamment en milieu rural, là où les évolutions ont été au cours du XXe siècle les plus spectaculaires. Ce roman s'inscrit dans cette lignée.

le tracteur a remplacé le cheval. L'engrais a pris la place du fumier. Les jeunes femmes sont parties travailler en ville ou à l'usine, laissant bien des hommes célibataires. Parmi eux, certains s'engagent dans la production dite biologique. Au basculement dans le XXIe siècle, on pouvait penser que ces transformations étaient pour la plupart achevées. Non. C'était sans compter sur l'arrivée d'une nouvelle invention : l'éolienne.

Éric Fottorino raconte comment ces machines font intrusion non seulement dans le paysage, mais aussi et surtout dans le quotidien de ceux qui, de génération en génération, ont toujours vécu dans ce paysage. le paysan est l'homme du paysage ; s'attaquer au paysage, c'est s'attaquer à l'homme, lui aussi.

Il y a dans ce roman de belles descriptions des contreforts du Jura, une dénonciation des dégâts consécutifs à l'usage intensif de produits chimiques ─dégâts sur le sol, dégâts sur les vivants─, une attaque en règle de la puissance de l'argent et une évocation en filigrane du traumatisme indélébile laissé par la torture au cours de la Guerre d'Algérie.

La fin du roman est un peu tirée par les cheveux. Pourquoi faut-il donc toujours une fin aux romans ? Ne devrait-on pas laisser le lecteur se l'imaginer, la construire selon son humeur ? Mais qu'importe ici. Vous pouvez vous arrêter de lire à la fin de la troisième partie sur les quatre que contient l'ouvrage. Vous aurez compris l'essentiel : il y a de la grandeur à ne pas vouloir voir son monde disparaître.
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J'ai démarré la lecture de ce livre un peu avant les manifestations des agriculteurs français en janvier 2024. Les difficultés décrites par le Mohican sont celles dites par les manifestants, Eric Fottorino journaliste. Mais le contenu va au-delà du reportage, les descriptions de la nature, les sentiments exprimés, Eric Fottorino romancier. Un excellent moment de lecture
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Je remercie vivement les éditions Folio-Gallimard ainsi que Masse critique de Babelio qui m'ont fait parvenir ce très beau roman.

Aux Soulaillans, une ferme jurassienne, Brun Danthôme apprend qu'il est atteint d'une leucémie. Inquiet pour l'avenir de ses terres, il accepte que trois immenses éoliennes y soient implantées. le chantier défigure les paysages, bouleverse la faune et la flore et transforme la terre nourricière en une sorte de tableau infernal. Affaibli par la maladie, le vieux paysan tente d'échapper à cette vision de béton et de bitume en lui substituant les souvenirs de son enfance et de sa jeunesse. Mo, son fils, a choisi des méthodes de culture et d'élevage davantage respectueuses des cycles naturels, mais le même profond enracinement dans ce terroir les relie tous deux alors qu'ils ne sont jamais parvenus à exprimer leur attachement mutuel. Cependant la mort qui approche rebat les cartes et libère enfin les mots trop longtemps retenus.

En revisitant le passé, c'est l'évolution du monde paysan que Brun et Mo mettent en évidence. Toute une lignée de femmes et d'hommes courbés sur une terre imprégnée de leur sueur, modelée par leurs bras et les outils qu'ils se sont donnés, une terre à la fois complice alliée et ennemie, parfois, lorsque les aléas du temps la rendent improductive. C'est l'apparition de la culture intensive, de l'expansion des champs, de la motorisation, des herbicides, des engrais, de la nécessité de produire toujours plus et plus vite, jusqu'à épuiser la terre, jusqu'à l'empoisonner. Et Brun comprend que la maladie qui le tue n'est probablement pas l'effet du hasard... Mohican, n'est-ce pas aussi la marque d'un herbicide réputé toxique ?

Les éoliennes se dressent et alors que Brun s'efface peu à peu, Mo assiste à l'implantation de ces carcasses de fer et de béton qui métamorphosent la campagne à laquelle il est relié de toutes ses fibres physiques, mentales et généalogiques. Mo sera-t-il le dernier des Mohicans, celui qui est en voie de disparition et qui lutte pour échapper à ce destin ?

Quel grand et magnifique roman ! Eric Fottorino sait nous faire ressentir le lien immuable qui unit le paysan à la terre. Au fil d'une écriture sensorielle pour exprimer la nature, élégiaque pour évoquer la disparition d'un mode de vie et de travail, brutale pour décrire l'irruption violente des éoliennes, le récit se construit comme une tragédie en marche. le temps se distend et s'écartèle pour englober dans une même perspective tous les bouleversements du monde paysan depuis un siècle. Mais loin d'être une analyse froide et objective, l'histoire s'incarne dans des personnages forts, faillibles, ancrés dans un territoire intime qui les rend d'autant plus vivants et attachants. J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman qui, finalement, en évoquant la mort ne parle que de vie.
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Roman dense sur l évolution de l agriculture dès la sortie de la guerre de 39/45

Sur les dilemmes des agriculteurs face à la solitude, aux pressions des institutions pour garder leur identité & celles de leurs terre

Bel exemple d'amour filial & parental

Par contre la dernière partie m a paru tirer par les cheveux
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« Il n'avait de rapport au monde qu'à travers ses terres …. Sa raison de vivre était tout enfouie dans ces étendues fécondées qui portaient l'épi comme un destin vertical. Plus il se penchait sur ses sillons, plus il se sentait grand, utile, et somme toute heureux. »
Brun, agriculteur en fin de parcours, découvre qu'il est atteint d'un cancer. « Je ne suis pas un spécialiste, avait fini par articuler le docteur. Je crois que tous ces produits que tu balances sur les terres ont fini par te jouer un sale tour….des gars comme toi qui envoient de la chimie bras nus depuis qu'ils ont quatorze ans, sans combinaison ni rien, avec des gants déchirés ou pas de gants du tout, des masques comme des passoires quant ils en mettent. »
Il doit laisser son exploitation à son fils Mo. Il décide alors de se convertir en paysan moins pollueur (pensant lui-même que la pollution chimique est une cause à son décès annoncé).
Il accepte de louer ses champs à une compagnie d'exploitation d'éoliennes. Pollution chimique, pollution physique, tel va être le débat entre le père et le fils dans ce récit.
- Un conflit de génération entre besoin de transmission et quête de modernité, très bien illustré.
- Un plaidoyer pour un monde paysan qui ne veut pas mourir et qui en toute honnêteté est face à ses propres contradictions.
- Très jolie argumentation d'un combat d'un paysan qui veut survivre dans une nature qu'il veut sauvegarder.
- J'ai découvert les arguments des « contre les éoliennes », (pour ma part, je pensais naïvement que les éoliennes pouvaient être une solution miracle à une énergie moins polluante plutôt écolo…). En fait rien n'est aussi simple…
Un récit très facile lire, des personnages authentiques et attachants.
« Les hélices des éoliennes sont attachées quatre mois par an pour protéger les oiseaux migrateurs, disait une voix off. A cause des turbines, on dénombre dix milles décès annuels d'oiseaux. Des centaines d'aigles dorés, de chevêches des terriers, de crécerelles d'Amérique, de faucons. »
« Mo éteint la radio, le visage fermé. Il a compris. Derrière Agroecologia se cache un agricultueur. »
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