Frymeta "Fania"
Françoise Frenkel est née le 14 juillet 1889 à Piotrków Trybunalski, dans la région de Lódz, en Pologne et est décédée à 85 ans, le 18 janvier 1975 à Nice.
Elle est connue pour avoir ouvert avec son époux, Simon Raichenstein (1889-1942, Auschwitz)
à Berlin l'unique librairie française dans la capitale allemande : "La maison du livre français" de 1921 à 1939.
Françoise Frenkel est aussi connue comme auteure de son autobiographie "
Rien où poser sa tête" parue initialement à Genève en 1945 et reprise par Gallimard en 2015, 70 ans plus tard, avec une préface de
Patrick Modiano. Un ouvrage qui a reçu 44 critiques positives sur Babelio.
C'est à l'occasion du succès de cette réédition qu'un lointain neveu de l'auteure, Peter Wechsler, a exhumé chez lui, à Zurich, un carton appartenant à la famille depuis la mort de tante Fania (Frenkel) en 1975 et contenant des textes variés, qui forment l'objet du présent recueil, publié le 6 octobre 2022 à Paris dans une traduction d'Olivier le Lay.
Ce recueil de 289 pages comporte une douzaine de contes ; un chapitre de 20 nouvelles, souvenirs et récits ; 23 proses poétiques et des lettres à Maurice Marois, professeur d'histologie, rencontré en 1943 au camp des Cropettes à Genève.
Tous ces textes sont plutôt courts et vu leur nombre un résumé s'avère évidemment exclu. Selon l'éditeur de la collection l'Arbalète chez Gallimard dans la présentation du livre "on peut le lire à travers trois prismes : les souvenirs d'un monde disparu, la douleur d'être en vie, le sentiment de culpabilité d'être une survivante".
Les thèmes abordés ont trait à la vie des Juifs de l'est d'avant-guerre, un sujet favori des frères et soeur Singer ainsi que de
Joseph Roth, et plus précisément leur misère, leur insécurité et leur discrimination, notamment dans l'empire des tsars. À ce propos l'auteure note à la page 41 : "Il faut avoir vécu dans une petite ville de Pologne pour se faire une idée de la misère juive".
Elle aborde également l'antisémitisme basé sur des histoires mensongères de meurtres rituels d'enfants par les Juifs et la fondation par le roi Étienne Báthory de Pologne d'un tribunal spécial à Lublin en 1578 pour juger entre autres ce genre "d'affaires".
Et de conclure lors d'un retour, en 1913 au pays : "Je n'étais pas encore arrivée devant la maison de mon père que déjà j'avais oublié le charme de la radieuse Italie, de la France souriante. Je me sentais empoignée de nouveau par la misère de ma ville natale..."
Je signale aux amateurs de biographies du type plus conventionnel qu'il existe de l'auteure une intéressante biographie par
Corine Defrance : "
Françoise Frenkel, portrait d'une inconnue". sortie à la même date chez le même éditeur que "Zone de la douleur".