Je n'oublie pas le livre,
Retour à Birkenau de
Ginette Kolinka, où l'horreur reste la même, comme le livre témoignage de Primo Lévy, Si c'est un homme, ce passé si proche, glaçant l'échine de notre chair si fragile, mais le titre
Aimer à Auschwitz laisse cet espoir d'un sentiment d'amour où la mort se diffuse comme un virus gangrenant votre âme l'emprisonnant dans l'enfer de
Dante.
Genia Oboeuf témoigne avec l'aide de
Vanina Brière, sa rencontre avec l'amour d'une vie, devenant son mari Aimé, doux nom, symbolique de leur destin. Cette dernière âgée de 97 ans, veuve depuis 2004, demeure l'une des dernières à ne pas oublier ce qu'elle vécut dans ces camps de morts à Auschwitz et Birkenau pour décrire cette vie inhumaine, mais aussi cette solidarité mutuelle qui pour elle , n'a pas de mots.
La vie de ce couple est comme une bulle d'air dans une eau qui vous noie, cette mélasse de ces camps de la mort, de ces loups qui tuent, qui torturent, qui humilient, qui affament, qui traitent l'être humain comme une sous merde, l'homme est le prédateur pour l'homme. le début du livre est la présentation de ce couple, chacun vivant le tumulte d'une vie de famille engagée, d'entraide et de conviction. Tous deux sont dans cette mouvance communiste, Aimé activiste engagé, adhérent au parti communiste et Genia par son père, le suivant dans ces actes militants, il y a déjà une forme d'unité qui les rapproche, un destin se tisse malgré eux, cette attraction d'
Aristophane. Et ils vont se retrouver dans ce camp de la mort, elle, dénoncée par un ami travaillant à la Gestapo, lui par son passé de vendeur de l'Humanité, surveillé et déporté.
Je ne vais pas trop parler de cette souffrance des camps, celle méprisante de cette brutalité animale, tuant, humiliant, rendant cobaye les prisonniers, et toutes les horreurs que je ne veux pas oublier. La rencontre de Genia et Aimé dans cet enfer est un miracle, lui faisant parti des 4500 et elle résidente du bloc 10, le lieu de diverses expériences du Docteur Schumann, celles de rendre stériles ces femmes par radiation. Tous deux vont sortir indemne de ce cauchemar, où séparé, Aimé lui fera passer un mot d'espoir « Tu verras, on s'en sortira ».
Petite anecdote qui a marqué mon attention, qui mesure l'ironie que
Genia Oboeuf peut avoir sur cette époque absurde, lors de son trajet de Belgique, pour rejoindre Aimé à Paris, après leur libération, c'est qu'elle devait avoir un visa pour circuler, qu'elle n'avait pas, une liberté contrôlée, elle se pose cette exclamation sarcastique que sa famille et elle-même ont été envoyé vers la mort en train sans cette autorisation ! La mort n'a pas besoin de visa pour circuler.
De retour à la vie normale après leur libération, ils vont se retrouver pour s'aimer jusqu'à la mort d'Aimé en 2004, et elle continue de raconter son histoire pour qu'on n'oublie pas.