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sur 570 notes
Du vent, une porte qui claque dans la maison, un cadre qui se détache du mur et se brise, une photo de Marina Abramović oubliée qui refait surface.......et devient le grain de sable dans l'engrenage du quotidien parfaitement réglé de Jeanne. Jeanne, mariée avec Rémy, un boulot, des jumelles à l'Uni, une jolie maison, un beau jardin fleuri, heureuse. Jeanne employée à la poste, Rémy magasinier à Auchan.

Abramovic est une artiste controversée. Moi-même, bien que très réceptive et ouverte à l'Art Contemporain, dont je pense parfois, du "n'importe quoi", d'autres fois le trouve "génial", les performances de l'Art corporel d'Abramovic me mettent mal à l'aise. Repousser les limites du potentiel physique et mental, défier la pudeur, la douleur, le silence, la solitude, la mort dans un milieu artificiel, je le vois comme de la provocation, dont je peine à voir la dimension artistique. D'autres artistes y se sont hasardés mais apparemment jusqu'aujourd'hui ,médiatiquement c'est celle qui a eu le plus de succès. Gallay, elle, elle est fascinée par Abramovic, sans aucun doute, et elle s'en inspire pour l'intégrer dans la vie de son héroine, cette force libératrice de l'Art, que je vous laisse découvrir.

Les chiffres, les séquences, les listes, le geste qui se répète régulièrement aux jours et heures précises, l'influence d'Opalka*, c'est la marque de Gallay qui revient dans tout ses livres ("Tout devient très compliqué quand les choses ne suivent pas leur cours").
L'écriture de Gallay est très belle, délicate, aérienne, vaporeuse, même un fait banal est exprimé avec beaucoup de grâce et d'émotion, ses phrases sont courtes, simples, sans fioritures. La solitude infinie des êtres qui s'en dégage est exprimée avec une grande douceur au point qu'elle en efface la tristesse. Elle touche au plus intime de notre être, notre monde intérieur, où l'amour même est un soupçon. C'est tout simplement magique !
J'aimerais que ses livres ne se terminent jamais, ce doit être ça le plaisir immense que nous donne une lecture, un plaisir infini......merci Claudie.

"Ce qui me calme......
La beauté des jours...."


*"Details d'Opalka" Claudie Gallay
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Jeanne, 42 ans, se sent heureuse. Son bonheur elle le trouve dans mille et une choses, elle l'attrape dans un rayon de soleil, dans les arbres qui valsent, dans une caresse pour son chat, auprès de son mari Rémi et ses jumelles. Jeanne semble née pour le bonheur. Comme ces êtres détachés du malheur, ceux qui ne voient que le bon côté de la vie, Jeanne est heureuse.
Dans sa petite vie bien rangée, Jeanne nourrit aussi une grande affection et admiration pour Marina Abramovic, une artiste serbe qui défie la vie et la peur. Elle inspire à Jeanne un dépassement, une profonde envie d'éloigner ses peurs. Elle lui écrit. Lettre après lettre, elle dépose son affection, son quotidien. En retour, elle lit les pensées de Marina, comme une eau vitale pour son équilibre.
Lorsque Jeanne croise un ancien amant, Martin, elle se met à douter de son bonheur, des limites de sa vie.
Si son mari est un homme gentil et débrouillard, Martin est l'homme des rêves, celui qui parle aux oiseaux, aux ruines. Quand on a déjà les poches pleines de beauté, peut-on s'autoriser à en vouloir davantage...

Claudie Gallay que je ne connaissais pas m'a étonnée, il y a cet espèce de ravissement dans les courbes de ce roman. Les phrases sont allégées de toute complication, se dégage d'elles une harmonie tout en beauté.
Je me suis sentie apaisée à lire cette beauté des jours.
Tout est dans la contemplation ici, le ressenti, les images. La folle action est intérieure, silencieuse.

C'est un roman que je conseille pour tous les amoureux et les partisants du beau.
La beauté des jours, c'est « faire de chaque jour une vie entière, et de chaque heure, un jour. »
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Je sors d'un roman intimiste qui va au fond d'un être, une femme, simple.
Mariée, deux grandes jeunes filles qui commencent à quitter le nid, un mari aimant et pas compliqué, une fratrie uniquement féminine, une mère travailleuse, une Mémé compréhensive et sage, un père incompréhensif et replié sur lui-même, une amie volcanique.
Ai-je fait le tour ?
Non.


Jeanne parait simple, mais en fait est passionnée.
Par une artiste très spéciale, Marina Abramovic, qui fait de sa vie un test sans fin de ses limites (rester le plus longtemps possible sur une croix en glace, jouer avec un couteau qu'elle fait passer entre ses doigts le plus vite possible au point de les entailler, enfin, vous voyez le genre).
Passionnée, donc, par cette artiste, qui la projette hors d'elle-même, qui la libère de sa petite vie simple.
Passionnée par les gens. Elle est postière, et même si elle est introvertie, elle adore le contact, les regards, les mains. Elle aime les membres de sa famille. Elle est humaine, serviable, compréhensive. Elle aime son amie torturée par une rupture amoureuse.
Passionnée enfin par Martin, un ancien copain d'école croisé fortuitement, qui l'emmène lui aussi au-delà d'elle-même, au risque de compromettre tout ce qu'elle a construit.


Un roman d'amour, donc. D'amour de tout. Des gens, de la vie, de la beauté des jours.
Un roman pur, qui se base sur le quotidien et s'envole dans les étoiles.


Pourtant, il m'a fallu du temps pour m'y insérer. le quotidien était trop quotidien, Jeanne trop passive. Et puis tout à coup, l'arrivée de Martin a fait sauter les barrières de la monotonie, tout en douceur, tout en pudeur, tout en retenue. de petites phrases parsemées ici et là interpellent, happent l'esprit. Ces petites phrases deviennent au fil de l'histoire des réflexions plus longues, plus nombreuses, peut-être trop répétitives.


Roman de la beauté, de l'art, des petites choses.
Roman de la famille.
Roman de la femme.
Roman de la vie.
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Dans sa petite ville de l'Isère, Jeanne, 43 ans, mène une vie tranquille et rangée : un pavillon avec jardin, un gentil mari qu'elle a épousé très jeune, des jumelles parties faire leurs études à Lyon, un travail au bureau de poste, une voisine meilleure amie pour échanger confidences et fous rires. Jeanne aime cette vie pétrie d'habitudes, de la piscine du lundi au repas dominical chez ses parents à la ferme. Pourtant, derrière une façade faussement lisse, Jeanne aime glisser un peu de fantaisie dans sa routine. Parfois, elle suit un inconnu dans la rue, juste pour le plaisir de se glisser dans les pas d'un autre. Et par-dessus tout, elle admire l'artiste serbe Marina Abramović, une performeuse qui sans cesse repousse les frontières de ses peurs, de son corps, de son mental. A travers elle, Jeanne interroge ses propres peurs, ses désirs, son goût du risque. Quand, par hasard, elle retrouve un amour de jeunesse, la femme tranquille ose sa propre performance...

Dans La beauté des jours, il y a d'abord le style Gallay, fait de phrases courtes et de descriptions minutieuses et détaillées des faits et gestes des personnages. Ici, il contribue à nous plonger dans la simplicité de ce quotidien que certains pourront qualifier d'étriqué, cette vie provinciale, routinière et sans surprises que mène cette femme d'habitudes. Mais il sait aussi souligner la beauté que l'on trouve en toute chose pour peu qu'on prenne la peine de la regarder. A travers le portrait d'une femme simple et heureuse, Claudie Gallay raconte le bonheur au quotidien qui accepte ce qu'elle a comme une chance mais qui ne reste pas béate. Elle sait aussi s'évader, surtout à travers son admiration sans bornes pour cette artiste serbe qu'elle suit depuis longtemps. C'est l'art dans ce qu'il a de plus absolu qui s'invite ici dans sa vie, lui rappelant que le beau, l'inutile et les expériences extrêmes existent et font du bien. Autour de Jeanne, à la fois transparente et secrète, gravitent des personnages très réussis, de la meilleure copine abandonnée par son compagnon au père fermier aigri de n'avoir eu que des filles, elles-mêmes mères de filles, personne pour reprendre la ferme, en passant par la grand-mère philosophe ou Rémy, le mari, trop prévisible peut-être, mais toujours tendrement amoureux.
Roman du temps qui passe, du bonheur ordinaire, de la vie qui s'écoule sans heurts, des petits riens qui font du bien, de la '''beauté des choses'', de l'art aussi, cette lecture raconte des gens normaux, des petites vies simples mais pas simplettes. Un personnage féminin lumineux, un roman superbe et une Claudie Gallay fidèle à elle-même mais qui ne déçoit pas.
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Au début, le livre m'a déplu, tout m'a déplu : le prénom du personnage principal, Jeanne, très en vogue actuellement - trop d'ailleurs - : qui donnait à sa fille le prénom Jeanne dans les années 75 ? Personne ! Alors, elle, elle s'appelle Jeanne et elle a quarante et quelques années. Elle a de la chance d'avoir un si beau prénom. Je l'imagine pensive - les Jeanne sont pensives – et calme. Elle porte un foulard vert et un gilet gris pas très neuf. Oui, je la vois bien comme ça. Elle est émerveillée par le monde, les petites choses du monde, la lumière, un renard, des abeilles qu'elle prend le temps d'observer, parce qu'elle a le temps, Jeanne.
Elle aime aussi l'art contemporain, les performances et son mari est un gentil abruti qui refait toute la cuisine, lui ramène des macarons tous les mardis (je pleure) et met des sous de côté pour aller en Grèce.
Bref, tout ça m'a énervée, peut-être parce que je n'y croyais pas, tout me semblait sonner faux. Un peu/beaucoup cliché, quoi. D'abord, j'aurais préféré qu'elle s'appelle Stéphanie, Sandrine ou Nathalie comme tout le monde à cet âge-là, qu'elle n'ait pas ce doux air rêveur-ailleurs-jevoisdeschosesquepersonnenevoit, qu'elle se tue au travail au boulot ET à la maison plutôt que de regarder les coccinelles se promener sur le rebord de la fenêtre ou les trains passer et qu'elle se réjouisse au moins UN PEU de côtoyer un homme qui l'aime et qui refait chaque année une pièce de la maison et sans râler en plus ! Ingrate ! Tu préfères quoi, toi, comme teinte pour la cuisine ? Je ne sais pas, je vais réfléchir cette nuit… Quand il n'y a plus qu'à choisir la couleur, ça va ! Grrrrrrrr !
Jalouse moi ? Ben OUI, peut-être, certainement même : 1. Parce que je ne m'appelle pas Jeanne, 2. Parce que j'ai intérêt à ne pas avoir les deux pieds dans le même sabot avec ma marmaille et le boulot, 3. Parce que les jolies-belles choses de ce monde, je n'ai pas le temps de les contempler, voire je les écrase en marchant dessus (non intentionnellement bien sûr - attention chez moi, défense de tuer les araignées, elles sont énormes, peuvent rester six mois dans un coin, bien tranquilles, mais on n'a pas le temps de se causer elles et moi, chacun son taf), 4. Parce que j'aime l'art, contemporain et tout et tout mais de là à ce qu'il ait une influence sur ma vie… (sauf la littérature, bien sûr), j'en conclus donc que je suis hyper insensible.
Résumons : mon nom est nul, ma vie est nulle, je n'ai aucune sensibilité et l'art me laisse de marbre.
C'est pourquoi, Jeanne m'a énervée.
Mais, comme je ne suis pas du genre à ne pas finir un livre, je suis allée jusqu'au bout et… est-ce la simplicité de l'écriture qui m'a touchée ou la Jeanne et son malaise existentiel qui ont fini par m'avoir ? Je ne sais pas mais je me suis retrouvée complètement chamboulée (comme quoi, je ne suis pas si insensible que ça, na!), en pleurs, vidée… Les dernières pages m'ont bouleversée, je les ai trouvées tout simplement très belles et je me dis que comme une idiote, dès le début, j'aurais dû me laisser aller. Au lieu de ça, j'ai fait la fière, j'ai voulu résister (pourquoi ? Faudrait creuser… Un peu de frustration ? Il faudra que j'en parle à mon psy !) Bon, en tout cas, me voilà bien ! Depuis que j'ai refermé le livre, je pense à Jeanne souvent, comme quoi…
Que je vous présente enfin le sujet (comme vous êtes patient!)
Donc Jeanne - quel beau prénom quand même…- s'ennuie. (Ses grandes filles sont parties, elle ne semble pas partager grand-chose avec son mari, son boulot n'est pas bien passionnant MAIS, ses grandes filles vont bien (et c'est déjà pas mal), son mari l'aime (c'est appréciable aussi) et elle a un emploi (ce n'est pas donné à tout le monde) : alors quoi ? Fatiguée d'être heureuse, la nouvelle Bovary ? Une petite dépression qui s'annonce ? En tout cas, parfois les petites choses en entraînent de plus importantes (l'effet papillon, c'est ça?) : un coup de vent et un cadre se décroche, le verre se brise et une photo s'échappe. D'une de ses filles ? Non, pas du tout, c'est une photo de Marina Abramović. Quoiiii, vous ne connaissez pas cette artiste mondiAAlement connue ? Rassurez-vous, moi non plus (mais je me suis rattrapée et je suis allée voir sur Internet TOUTES ses prestations, pardon, ses performances.) C'est un professeur qui avait présenté à la classe de Jeanne cette artiste (comme quoi, on mesure mal la responsabilité des enseignants…) et soudain, Marina Abramović refait irruption dans la vie de notre héroïne - ou alors Jeanne l'avait en elle depuis bien longtemps, je crois plutôt à cela - et celle-ci de s'interroger soudain sur le sens de son train-train en particulier et de la vie en général, avec de vastes questions comme : « J'ai bientôt passé la moitié de ma vie, et je me demande ce que je vais faire de l'autre. » (c'est pas bon de s'interroger comme ça, ah non!) et l'on sent que petit à petit, elle se détache et plus elle s'éloigne de notre monde, plus elle se passionne pour le travail de l'artiste-performeuse (matrice/mante?) et va même jusqu'à lui écrire, régulièrement.
Marina Abramović (à travers différentes performances que je vous laisse découvrir - bon, c'est vrai, je n'ai pas tout compris du projet) semble vouloir tester les limites : de son corps (en le flagellant, en le coupant, en le congelant, en restant des heures dans la même position, en risquant de mourir...), de son esprit (en supportant la douleur, en communiquant avec l'autre par le regard, - cette performance appelée The Artist is present, MoMA, 2010 m'a vraiment impressionnée, si si ! -, en se séparant de l'être aimé…)
Bref, comme vous l'avez compris, Abramović n'est pas dans le train-train, elle, c'est le moins que l'on puisse dire, et surtout, elle OSE, elle FAIT et n'attend pas. Alors Jeanne s'interroge : « Ça t'arrive des fois de penser aux choses qu'on aurait dû faire et qu'on n'a pas faites ? » demande-t-elle à son amie Suzanne (encore un beau prénom pour la copine, grrrrr!). « Ce que vous faites me console de moi. » écrit-elle à Marina… C'est beau ça, hein ?
Devant la face médusée de son mari qui, pendant sa pause bière et entre deux coups de pinceau, essaie de comprendre l'intérêt grandissant de sa femme pour cette artiste, celle-ci tente de lui expliquer : « Il y a une force en elle qui libère ceux qui la regardent. »
Et, c'est VRAI, il n'y a qu'à voir l'état dans lequel se mettent certaines personnes dans la performance dont je vous parlais tout à l'heure où il s'agit seulement, dans un face-à-face, de la regarder sans rien dire. L'intensité de son regard donne VRAIMENT l'impression que non seulement elle vous voit, vous prend en considération mais aussi qu'elle vous comprend et je veux bien croire que des gens insuffisamment regardés craquent !
Bon, je vous vois sourire et vous demander : et moi, finalement, suis-je suffisamment regardé ? A vous de voir…
En tout cas, Jeanne va avoir l'opportunité de changer de vie - comment ? Suspense… et que va-t-elle faire ? Suspense aussi ! « J'ai l'impression qu'il y a deux Jeanne en moi, une qui a eu envie de cette vie calme et bien rangée et l'autre qui voulait être différente. La première a été la plus forte. Mais j'ai besoin, de temps en temps, de sentir en moi la présence de l'autre. »
Voilà le problème…
Alors moi, quand c'est comme ça et que mes pensées commencent à s'envoler comme celles de Jeanne et que je me dis que… et peut-être aussi que…., bref quand je sens que le danger existentiel rôde, alors je passe à l'action : aspirateur, tondeuse, lessive, repassage.
Et voilà, le tour est joué ! C'est ma recette-bonheur. Elle est simple, gaie, sans prétention, pas chère et terriblement efficace. Finalement, c'est pas ça qu'on appelle une performance ? Si ?
Je savais qu'au fond, j'étais une artiste !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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J'ai retrouvé la plume de l'Auteure avec plaisir, j'ai déposé les armes, enfilé les chaussons pour me plonger dans l'histoire de Jeanne.

Sa vie est tellement rythmée par les habitudes que pendant la description détaillée de ses journées, je me demandais si Jeanne n'était pas différente, si ses rituels étaient pour se rassurer. S'installer dans son jardin à 18h00 pour voir le train passer et observer les voyageurs sur le quai de la gare est une occupation bizarre quand même. Les macarons que son mari lui ramène dans la semaine, toujours dans le même ordre, m'interpellaient aussi. Mais Jeanne à une vie bien remplie entre son travail de postière derrière un guichet, sa maison qu'elle entretient avec son mari, sa meilleure amie dont le compagnon est parti pour une autre, ses filles qui reviennent le temps d'un week-end et son adoration pour cette artiste qui risque sa vie par amour de l'art. Pourtant Jeanne pense qu'on devient artiste parce qu'on est sensible (ça me poursuit) et que l'on est mal dans le monde, que ce n'est pas un don mais une incapacité à vivre avec les autres. le dimanche c'est repas de famille à la ferme des parents et croyez-moi ce n'est pas banal non plus.

Cette femme est surprenante, dans ses pensées, mais aussi ses actes. Partir faire le guet au pied de l'appartement de l'ex-compagnon de son amie, suivre des inconnus, observer et écrire des lettres à son artiste préférée.

Puis un jour, Jeanne, telle la belle au bois dormant est réveillée par un inconnu qu'elle suit. C'est son premier amour, elle ne l'avait pas reconnu (enfin de dos, hein). Elle va changer, se poser des questions, se demander si elle ne s'oubliait pas avec sa vie bien rangée, son mari qu'elle connaît depuis si longtemps.

Les phrases sont courtes, aériennes, poétiques et malgré tout sacrément bien ancrées dans cette vie décrite d'une femme qui se demande un jour où se trouve son bonheur.

Mention spéciale pour Mémé qui décide à l'avance du jour de sa mort.

C'est drôle et émouvant mais surtout ce récit est d'une douceur incomparable. J'ai adoré, mais je suis fan du style de Claudie Gallay depuis longtemps.
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Jeanne,
J'ai passé deux journées entières en ta compagnie et je comprends et saisis la beauté de « tes » jours ! Tu es une femme simple, entourée d'un mari aimant, bienveillant et habile, de deux tourbillons, les jumelles, qui semblent traverser leur vie avec deux fois plus d'intensité que les autres ; tu peux te confier à ton amie Suzanne, ta voisine. Tu te ressources à la ferme de tes parents où tu croises à chaque fois ta jeune nièce, une gamine sensible et fantasque et ta grand-mère sage et expérimentée. Tu es toute en discrétion et en émerveillement.
Tu m'as aidée à pénétrer dans l'univers insolite de l'artiste Marina Abramovic. Ses performances sont régies par ses peurs et son désir de les invoquer, les visiter, les distordre, les exploiter, les repousser… Ton admiration pour cette artiste « hors normes » te permet de t'échapper du rituel quotidien et de donner un nom à tes rêves et à tes envies intimes. En la « côtoyant » tu vis plus fort, ton coeur bat et tu l'entends, ton sang coule plus rouge et tu le laisses affluer.
J'ai aimé déambuler dans la rondeur de tes jours, observer le tracé de la joie sur ton visage et accueillir le chamboulement de tes pensées intérieures.
Merci Jeanne pour la beauté de tes jours !

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Une Emma Bovary contemporaine...

La banalité du quotidien de Jeanne se fissure quand elle croise un ancien ami du lycée. Comme un diablotin qui s'invite dans une vie trop bien rangée, cette rencontre va stigmatiser des désirs enfouis, d'autres envies, d'autres horizons, d'autres personnes. Cette rencontre l'interroge sur la vacuité d'une vie personnelle pourtant sereine et heureuse, mais incomplète, près d'un mari aimant mais sans surprise.

On se glisse dans ce roman comme un double invisible, accompagnant les habitudes banales et répétitives d'une femme sans secrets, mais dont l'esprit vagabonde au fil de ses rêveries, en regardant passer les trains. Les chapitres sont courts comme autant de flashs de vie, en famille, avec les amis, au travail, à la ferme des vieux parents. La narration est dépouillée, très descriptive des petites choses, installant une atmosphère de bonheur tranquille et de langueur, mais aussi d'ennui et de solitude.

J'ai d'ailleurs fini par me lasser de cette "non-atmosphère" un peu vaine. C'est évidemment une posture de narration mais cette originalité génère à la longue peu d'intérêt. Les épisodes concernant l'artiste conceptuelle* qui fascine Jeanne (sorte de double, libre et créatif) m'ont peu à peu agacée. J'ai terminé le livre en diagonale, peu touchée par ce portrait de femme et par cette introspection de non–dits trop cérébrale à mon goût.

*Marina Abramovic. Courant artistique de l'Art Corporel.

Rentrée littéraire 2017
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J'ai lu ce livre il y a déjà quelques mois.
Il s'agit d'un roman intimiste un peu à l'image de la "Carte du Tendre" sur les méandres de la vie amoureuse, mais la première chose à laquelle je pense à son évocation c'est Marina Abramovic.
Parfaite inconnue pour moi jusqu'ici, mais omniprésente dans ce livre, j'ai fait quelques recherches pour vérifier s'il s'agissait d'une simple héroïne de fiction.
Et bien non, cette artiste Serbe qui fascine tant Jeanne dans ce roman, existe bel et bien. Son art basé sur la performance, consiste à se lancer des défis, comme par exemple rester des heures assise en face d'une personne sans bouger le moindre cil...
Même si le sujet de départ semble plutôt banal, le personnage de Jeanne est pourtant singulier. Mariée depuis de nombreuses années à un mari stable et aimant, mère de deux filles qui ont quittées la maison, Jeanne travaille comme agent dans un bureau de Poste. Elle rend régulièrement visite à ses parents dans la ferme familiale où elle ne parvient toujours pas à trouver sa place.
C'est au travers de l'art de Marina Abramovic qu'elle vit l'excentricité qui manque à sa vie. Elle économise depuis des années pour s'offrir le voyage qui lui permettra de la rencontrer.
Et puis un jour, elle s'autorise elle aussi "une performance", elle décide de suivre un inconnu dans la rue, comme ça pour voir...
C'est alors que le ronronnement de sa vie bascule, qu'un amour de jeunesse refait surface avec tous les émois et les questionnements qui s'y attachent.
J'ai vraiment beaucoup aimé cette lecture pour son originalité dans la simplicité !
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Claudie Gallay signe ici un très beau roman, profondément émouvant. Il faut dire que, comme toujours, sa plume fait si bien passer les émotions qu'on ne peut qu'être touché.

L'auteur nous raconte à petites touches le quotidien de Jeanne ; un quotidien bien monotone mais qui recèle malgré tout un certain charme. Et puis de menus événements viennent émailler la routine familiale installée depuis des années : une amie quittée par son mari, une soeur enceinte, un amour d'adolescence qui réapparaît, etc. S'ils ne semblent rien changer en surface, ces faits a priori anodins vont profondément ébranler Jeanne et lui faire tout remettre en question.

Comme dans plusieurs de ses autres romans (Dans l'or du temps, L'amour est une île,...), Claudie Gallay place l'art au centre de son texte, s'appuyant ici sur Marina Abramovic, une artiste dont les performances ont viscéralement impressionné Jeanne, au point qu'elle tente même d'en reproduire certaines. L'art apparaît alors autant comme un moyen d'évasion pour oublier quelques instants la grisaille du quotidien que comme une motivation pour se réaliser.

Mais ce qui m'a le plus émue dans La beauté des jours, c'est que le texte transpire une profonde nostalgie de ce qui aurait pu être. Un enfant mort-né, un premier amour sans réponse ou n'importe quel choix à faire et ce sont autant de possibles qui restent en suspens et qui, parfois, vous hantent... Un sentiment que Claudie Gallay évoque avec beaucoup de justesse.

Malgré la tristesse diffuse qui émane du roman, j'ai passé un très bon moment avec La beauté des jours.
Lien : http://lecturesdestephanie.b..
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Claudie Gallay

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