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3,74

sur 570 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Du vent, une porte qui claque dans la maison, un cadre qui se détache du mur et se brise, une photo de Marina Abramović oubliée qui refait surface.......et devient le grain de sable dans l'engrenage du quotidien parfaitement réglé de Jeanne. Jeanne, mariée avec Rémy, un boulot, des jumelles à l'Uni, une jolie maison, un beau jardin fleuri, heureuse. Jeanne employée à la poste, Rémy magasinier à Auchan.

Abramovic est une artiste controversée. Moi-même, bien que très réceptive et ouverte à l'Art Contemporain, dont je pense parfois, du "n'importe quoi", d'autres fois le trouve "génial", les performances de l'Art corporel d'Abramovic me mettent mal à l'aise. Repousser les limites du potentiel physique et mental, défier la pudeur, la douleur, le silence, la solitude, la mort dans un milieu artificiel, je le vois comme de la provocation, dont je peine à voir la dimension artistique. D'autres artistes y se sont hasardés mais apparemment jusqu'aujourd'hui ,médiatiquement c'est celle qui a eu le plus de succès. Gallay, elle, elle est fascinée par Abramovic, sans aucun doute, et elle s'en inspire pour l'intégrer dans la vie de son héroine, cette force libératrice de l'Art, que je vous laisse découvrir.

Les chiffres, les séquences, les listes, le geste qui se répète régulièrement aux jours et heures précises, l'influence d'Opalka*, c'est la marque de Gallay qui revient dans tout ses livres ("Tout devient très compliqué quand les choses ne suivent pas leur cours").
L'écriture de Gallay est très belle, délicate, aérienne, vaporeuse, même un fait banal est exprimé avec beaucoup de grâce et d'émotion, ses phrases sont courtes, simples, sans fioritures. La solitude infinie des êtres qui s'en dégage est exprimée avec une grande douceur au point qu'elle en efface la tristesse. Elle touche au plus intime de notre être, notre monde intérieur, où l'amour même est un soupçon. C'est tout simplement magique !
J'aimerais que ses livres ne se terminent jamais, ce doit être ça le plaisir immense que nous donne une lecture, un plaisir infini......merci Claudie.

"Ce qui me calme......
La beauté des jours...."


*"Details d'Opalka" Claudie Gallay
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Dans sa petite ville de l'Isère, Jeanne, 43 ans, mène une vie tranquille et rangée : un pavillon avec jardin, un gentil mari qu'elle a épousé très jeune, des jumelles parties faire leurs études à Lyon, un travail au bureau de poste, une voisine meilleure amie pour échanger confidences et fous rires. Jeanne aime cette vie pétrie d'habitudes, de la piscine du lundi au repas dominical chez ses parents à la ferme. Pourtant, derrière une façade faussement lisse, Jeanne aime glisser un peu de fantaisie dans sa routine. Parfois, elle suit un inconnu dans la rue, juste pour le plaisir de se glisser dans les pas d'un autre. Et par-dessus tout, elle admire l'artiste serbe Marina Abramović, une performeuse qui sans cesse repousse les frontières de ses peurs, de son corps, de son mental. A travers elle, Jeanne interroge ses propres peurs, ses désirs, son goût du risque. Quand, par hasard, elle retrouve un amour de jeunesse, la femme tranquille ose sa propre performance...

Dans La beauté des jours, il y a d'abord le style Gallay, fait de phrases courtes et de descriptions minutieuses et détaillées des faits et gestes des personnages. Ici, il contribue à nous plonger dans la simplicité de ce quotidien que certains pourront qualifier d'étriqué, cette vie provinciale, routinière et sans surprises que mène cette femme d'habitudes. Mais il sait aussi souligner la beauté que l'on trouve en toute chose pour peu qu'on prenne la peine de la regarder. A travers le portrait d'une femme simple et heureuse, Claudie Gallay raconte le bonheur au quotidien qui accepte ce qu'elle a comme une chance mais qui ne reste pas béate. Elle sait aussi s'évader, surtout à travers son admiration sans bornes pour cette artiste serbe qu'elle suit depuis longtemps. C'est l'art dans ce qu'il a de plus absolu qui s'invite ici dans sa vie, lui rappelant que le beau, l'inutile et les expériences extrêmes existent et font du bien. Autour de Jeanne, à la fois transparente et secrète, gravitent des personnages très réussis, de la meilleure copine abandonnée par son compagnon au père fermier aigri de n'avoir eu que des filles, elles-mêmes mères de filles, personne pour reprendre la ferme, en passant par la grand-mère philosophe ou Rémy, le mari, trop prévisible peut-être, mais toujours tendrement amoureux.
Roman du temps qui passe, du bonheur ordinaire, de la vie qui s'écoule sans heurts, des petits riens qui font du bien, de la '''beauté des choses'', de l'art aussi, cette lecture raconte des gens normaux, des petites vies simples mais pas simplettes. Un personnage féminin lumineux, un roman superbe et une Claudie Gallay fidèle à elle-même mais qui ne déçoit pas.
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J'ai retrouvé la plume de l'Auteure avec plaisir, j'ai déposé les armes, enfilé les chaussons pour me plonger dans l'histoire de Jeanne.

Sa vie est tellement rythmée par les habitudes que pendant la description détaillée de ses journées, je me demandais si Jeanne n'était pas différente, si ses rituels étaient pour se rassurer. S'installer dans son jardin à 18h00 pour voir le train passer et observer les voyageurs sur le quai de la gare est une occupation bizarre quand même. Les macarons que son mari lui ramène dans la semaine, toujours dans le même ordre, m'interpellaient aussi. Mais Jeanne à une vie bien remplie entre son travail de postière derrière un guichet, sa maison qu'elle entretient avec son mari, sa meilleure amie dont le compagnon est parti pour une autre, ses filles qui reviennent le temps d'un week-end et son adoration pour cette artiste qui risque sa vie par amour de l'art. Pourtant Jeanne pense qu'on devient artiste parce qu'on est sensible (ça me poursuit) et que l'on est mal dans le monde, que ce n'est pas un don mais une incapacité à vivre avec les autres. le dimanche c'est repas de famille à la ferme des parents et croyez-moi ce n'est pas banal non plus.

Cette femme est surprenante, dans ses pensées, mais aussi ses actes. Partir faire le guet au pied de l'appartement de l'ex-compagnon de son amie, suivre des inconnus, observer et écrire des lettres à son artiste préférée.

Puis un jour, Jeanne, telle la belle au bois dormant est réveillée par un inconnu qu'elle suit. C'est son premier amour, elle ne l'avait pas reconnu (enfin de dos, hein). Elle va changer, se poser des questions, se demander si elle ne s'oubliait pas avec sa vie bien rangée, son mari qu'elle connaît depuis si longtemps.

Les phrases sont courtes, aériennes, poétiques et malgré tout sacrément bien ancrées dans cette vie décrite d'une femme qui se demande un jour où se trouve son bonheur.

Mention spéciale pour Mémé qui décide à l'avance du jour de sa mort.

C'est drôle et émouvant mais surtout ce récit est d'une douceur incomparable. J'ai adoré, mais je suis fan du style de Claudie Gallay depuis longtemps.
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Jeanne,
J'ai passé deux journées entières en ta compagnie et je comprends et saisis la beauté de « tes » jours ! Tu es une femme simple, entourée d'un mari aimant, bienveillant et habile, de deux tourbillons, les jumelles, qui semblent traverser leur vie avec deux fois plus d'intensité que les autres ; tu peux te confier à ton amie Suzanne, ta voisine. Tu te ressources à la ferme de tes parents où tu croises à chaque fois ta jeune nièce, une gamine sensible et fantasque et ta grand-mère sage et expérimentée. Tu es toute en discrétion et en émerveillement.
Tu m'as aidée à pénétrer dans l'univers insolite de l'artiste Marina Abramovic. Ses performances sont régies par ses peurs et son désir de les invoquer, les visiter, les distordre, les exploiter, les repousser… Ton admiration pour cette artiste « hors normes » te permet de t'échapper du rituel quotidien et de donner un nom à tes rêves et à tes envies intimes. En la « côtoyant » tu vis plus fort, ton coeur bat et tu l'entends, ton sang coule plus rouge et tu le laisses affluer.
J'ai aimé déambuler dans la rondeur de tes jours, observer le tracé de la joie sur ton visage et accueillir le chamboulement de tes pensées intérieures.
Merci Jeanne pour la beauté de tes jours !

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J'ai lu ce livre il y a déjà quelques mois.
Il s'agit d'un roman intimiste un peu à l'image de la "Carte du Tendre" sur les méandres de la vie amoureuse, mais la première chose à laquelle je pense à son évocation c'est Marina Abramovic.
Parfaite inconnue pour moi jusqu'ici, mais omniprésente dans ce livre, j'ai fait quelques recherches pour vérifier s'il s'agissait d'une simple héroïne de fiction.
Et bien non, cette artiste Serbe qui fascine tant Jeanne dans ce roman, existe bel et bien. Son art basé sur la performance, consiste à se lancer des défis, comme par exemple rester des heures assise en face d'une personne sans bouger le moindre cil...
Même si le sujet de départ semble plutôt banal, le personnage de Jeanne est pourtant singulier. Mariée depuis de nombreuses années à un mari stable et aimant, mère de deux filles qui ont quittées la maison, Jeanne travaille comme agent dans un bureau de Poste. Elle rend régulièrement visite à ses parents dans la ferme familiale où elle ne parvient toujours pas à trouver sa place.
C'est au travers de l'art de Marina Abramovic qu'elle vit l'excentricité qui manque à sa vie. Elle économise depuis des années pour s'offrir le voyage qui lui permettra de la rencontrer.
Et puis un jour, elle s'autorise elle aussi "une performance", elle décide de suivre un inconnu dans la rue, comme ça pour voir...
C'est alors que le ronronnement de sa vie bascule, qu'un amour de jeunesse refait surface avec tous les émois et les questionnements qui s'y attachent.
J'ai vraiment beaucoup aimé cette lecture pour son originalité dans la simplicité !
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Claudie Gallay signe ici un très beau roman, profondément émouvant. Il faut dire que, comme toujours, sa plume fait si bien passer les émotions qu'on ne peut qu'être touché.

L'auteur nous raconte à petites touches le quotidien de Jeanne ; un quotidien bien monotone mais qui recèle malgré tout un certain charme. Et puis de menus événements viennent émailler la routine familiale installée depuis des années : une amie quittée par son mari, une soeur enceinte, un amour d'adolescence qui réapparaît, etc. S'ils ne semblent rien changer en surface, ces faits a priori anodins vont profondément ébranler Jeanne et lui faire tout remettre en question.

Comme dans plusieurs de ses autres romans (Dans l'or du temps, L'amour est une île,...), Claudie Gallay place l'art au centre de son texte, s'appuyant ici sur Marina Abramovic, une artiste dont les performances ont viscéralement impressionné Jeanne, au point qu'elle tente même d'en reproduire certaines. L'art apparaît alors autant comme un moyen d'évasion pour oublier quelques instants la grisaille du quotidien que comme une motivation pour se réaliser.

Mais ce qui m'a le plus émue dans La beauté des jours, c'est que le texte transpire une profonde nostalgie de ce qui aurait pu être. Un enfant mort-né, un premier amour sans réponse ou n'importe quel choix à faire et ce sont autant de possibles qui restent en suspens et qui, parfois, vous hantent... Un sentiment que Claudie Gallay évoque avec beaucoup de justesse.

Malgré la tristesse diffuse qui émane du roman, j'ai passé un très bon moment avec La beauté des jours.
Lien : http://lecturesdestephanie.b..
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Ici, il n'y a pas d'action, pas de suspense.
Parce que Claudie Gallay écrit au plus près de la réalité .

Ici, le bonheur se trouve dans le quotidien réglé par des habitudes rassurantes.
Ici, il y a des gens qui n'ont rien d'exceptionnel. Solitaire, taiseux ou contemplatif. Des gens de la terre.
Ici, le seul grain de folie consiste à trouver des nombres palindromes à tout moment de la journée.
Parce que Claudie Gallay nous rappelle dangereusement nos petites vies.

Ici, il y a malgré tout du contraste. La sage quarantenaire admire Marina Abramovic (célèbre performeuse) et lui écrit "Ce que vous faites me console de moi".
Parce que Claudie Gallay aime les remises en questions qui nous tarabustent tous à un moment donné dans nos parcours.

Un très bon cru 2017.
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J'aime beaucoup Claudie Gallay, lire ses romans c'est pénétrer dans une bulle particulière. Empreinte de douceur, de sensibilité, de fragilité, à l'image de ses personnages. Lire ses romans, c'est comme regarder un film qui se déroule, ce n'est plus de la lecture. On a plus envie de quitter l'écran, et le mot fin nous surprend, déjà les lumière s'allument alors que le générique de fin fredonne encore dans notre tête. Pas envie de quitter le fauteuil et rester pour la séance suivante.
Tous ses romans ont marqué ma mémoire, les déferlantes et dans l'or du temps. Des livres que j'avais emprunté que j'ai acheté pour pouvoir me plonger dedans à l'envi.
Je ne raconte pas l'histoire une fois de plus que les précédents lecteurs, mais Jeanne m'a beaucoup plu, quelque part elle ressemble à beaucoup d'entre nous, les femmes mères épouses soeurs tantes tout à la fois mais encore enfants adolescentes qui ont envie de rattraper leurs rêves. S'échapper de leur emprise du quotidien pour vivre pleinement, autrement , ailleurs. Zoé aussi m'a interpellée avec la Mémé.

Vivement le prochain opus.

Une très belle lecture tendre et chaleureuse que je vous conseille.
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Voilà un roman fait de sensibilité et de douceur. Sous la plume d'un autre écrivain, cette même histoire aurait pu être violente et plus dure.
C'est là le charme de C.Gallay ; tendresse et bienveillance accompagnent Jeanne , Remi et leurs jumelles, une famille ordinaire avec une vie ordinaire, faite de petits bonheurs .
Mais Jeanne, une quarantaine d'années , employée à la Poste, et fille de la terre, porte une admiration secrète et sans bornes à l'artiste plasticienne contemporaine, Marina Abramovic. Ses « performances »la fascinent, ce besoin d'aller au bout d'elle même pour mieux se connaître aident Jeanne à mieux se connaître aussi.
(j'ai vu à au MOMA une performance de cette artiste , j'étais très intriguée .)
Le cadre brisé , le verre coupant d'une photo de cette artiste la rend plus proche d'elle jusqu'à lui écrire.
Mais Jeanne apprécie la routine de sa vie ; son ordre et sa prévisibilité la rendent heureuse ;
Jusqu'à ce que se passe un léger déraillement du quotidien que l'on attendait plus.
En écho aux passions tumultueuses de M.Abramovic , son amie Suzanne se débat avec un amour cassé autodestructeur.
Quel chemin choisira Jeanne ?
C.Gallay fait la démonstration que même des petits changements ne sont pas insignifiants.
J'ai vraiment aimé cette lecture, mais il me manque un petit quelque chose que le n'arrive pas à définir.
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L'auteur nous offre le portrait de Jeanne, une femme mariée, heureuse, aimante et aimée de son mari Rémy et de leurs jumelles. Elle travaille comme guichetière à la poste. Jeanne aime aussi ses habitudes, regarder passer le train de 8 h 01 au bout de son jardin, déguster tous les mardis les macarons que lui offre Rémy, suivre des inconnus dans la rue, le repas hebdomadaire à la ferme de ses parents, les vacances à Dunkerque dans la famille de Rémy...
Jeanne a aussi une passion, une admiration depuis ses années lycée,
pour Marina Abramovic, artiste Serbe qui sort des sentiers battus, elle lui écrit des lettres, qu'elle lui envoie ou pas.
D'autres personnages importants, Suzanne, son amie en pleine séparation ; Jef l'a quittée pour une autre et exige sa moitié de leurs biens. Martin, l'ami de jeunesse retrouvé au hasard dans les rues et il va bousculer ses habitudes.

Critiquer un roman sur la quotidien d'une femme dont la vie n'a rien d'extraordinaire, comme souvent nos vies, ne donne peut être pas envie de s'y plonger, dommage car la performance de Claudie Gallay C'est de nous raconter les vies des gens ordinaires, de nous faire ressentir leurs sentiments et de ne pas s'y ennuyer. Une écriture tout en émotion, une belle découverte.
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