Drôle, fantaisiste et un peu bizarre, Garcin sait décrire la beauté des villes laides et le goût du lait, mais aussi chevaucher un grand loup gris pour dévaler les steppes...
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Je suis en ce moment Eugenio Tramonti, amaigri, hagard et prostré devant une yourte du nord-ouest de la Mongolie, sous un ciel menaçant et gris comme l’intérieur de nos crânes, mais je suis aussi, et à égale validité, tous ceux dont j’ai un jour raconté, ou dont je raconterai, ce qui revient au même, l’histoire : Sheridan Schann qui s’enferma douloureusement en Écosse, Ezra Bembo qui finit momifié dans le désert de l’Utah, Alastair Springfield au destin similaire, et aussi Evgueni Smolienko sec et recroquevillé à quelques centaines de mètres d’ici, Edward Chen enterré quelque part en Sibérie, et même le grand Chinois qui me regarde tandis que je dis cela et que Rosario le lui traduit – oui, Chen Wanglin, je suis aussi toi, vois-tu, je connais même ton nom, et je sais qui tu es, puisque je suis qui tu voudras. Or, ce que tu voudras, c’est ce que je voudrai. Car tu croyais écrire mon histoire quand c’est moi qui écrivais la tienne, et celle de toutes les autres, y compris la mienne. Je suis tous ceux-là que j’ai nommés, et d’autres encore.
Je ne voyais pour ma part aucun inconvénient à suspendre cette conversation courtoise mais qui ne menait à rien, pour traverser la ruelle défoncée, enjamber ruisselets d’eau grise, chiens endormis et porcelets indifférents, et me rendre dans la yourte d’à côté, aussi misérable que celle d’Amgaalan, dans laquelle la vieille qui nous avait précédés frappait un petit tambour, assise face à une grosse jeune femme qui semblait saoule, dodelinait de la tête les yeux fermés, en marmonnant je ne sais quoi entre ses lèvres épaisses et à peine desserrées. Je pense que ce n’est pas vraiment sa cousine, me chuchota Amgaalan : à chaque fois que quelqu’un vient chez elle, elle dit qu’il s’agit de cousins ou cousines. Qui est-ce, alors, avais-je demandé par politesse, car cela m’indifférait totalement.
Nous parcourons d’immenses steppes à peine vallonnées, où de centaines de mètres en centaines de mètres des chapelets de yourtes s’échelonnent parfois jusqu’à l’horizon, sous un ciel immense, majestueux, parcouru de nuages rapides. Parfois deux ou trois grues cendrées arpentent le bas-côté de la piste, d’une démarche quasi-giscardienne. Derrière, des troupeaux de chevaux paissent paisiblement, en toute liberté, non, semi-liberté, corrige Sambuu, puisque leurs propriétaires savent toujours où ils se trouvent.
Otaku c'est un terme japonais (...) Une sorte d'ermite (...) Ce sont des gens qui ne sortent plus du tout de chez eux, qui vivent reclus, reliés au monde uniquement par internet. (...) ils décident de ne plus se meler au monde, de ne plus jouer le jeu. Un beau jour ils en ont assez et comme ils ne sont pas violents, ni n'espèrent changer le monde, ils s'en éloignent. Ils font un pas de coté en somme, ou de retrait
la réalité est un amalgamme d'expérience qui interagissent selon des lois souvent imprévisibles.
Payot - Marque Page - Christian Garcin - Le Gardien