Si un
tesseract est un hypercube,
Tesseract est-il un hyper roman ?
Un marin attend sa mort dans un hôtel miteux, louche et plein d'étrangetés. le lieu frôle le fantastique ou la SF dans son ambiance et ses particularités – on plongerait volontiers dans le genre tant l'auteur y excelle en tant que scénariste et réalisateur, d'ailleurs.
Mais l'on reste finalement ancré dans le réel, et c'est un mafieux et ses hommes de mains qui frappent à sa porte pour le tuer. S'en suit une course poursuite à travers les rues chaudes et sordides de Manille, où plusieurs vies se croisent et se percutent.
Si la partie sur le marin, prometteuse, finit par décevoir un peu tant le potentiel de ce segment semble peu exploité, les deux suivantes s'avèrent bien plus intéressantes.
Le point de vue de l'infirmière, mère de famille mais hantée par les souvenirs de son premier véritable amour, déborde d'émotions d'une justesse éblouissante et donne envie de serrer sa famille dans ses bras. La dernière partie avec les gamins des rues, à l'amitié si touchante, voit tous les personnages réunis par un final fracassant et terrible.
Et chaque personne gravitant autour d'eux ne s'en sortira pas indemne non plus.
Quant au fameux
tesseract du titre ? Il faut y voir une métaphore.
Cet objet en quatre dimensions qu'on ne peut appréhender, est fait de cubes dont les lignes, sommets, points d'intersection et dimensions s'interconnectent. Comme les personnages et leurs intrigues vont s'interconnecter dans ce roman, sans parvenir à comprendre la cascade d'événements qui va les amener à se croiser et bousculer leur vie.
Bon, en vrai c'est surtout de l'esbroufe un peu pompeuse, car ça reste un roman choral classique, dont les destinées vont entrer en collision.
Reste que c'est fait avec intelligence et sensibilité, et vient questionner les notions de destin et de choix (forcément), de vie et de mort, d'amour, de pouvoir et de violence.
Le roman se conclut sans donner toutes les réponses attendues, mais ne frustre pas pour autant. Efficace et réussi, il ne laisse cependant pas un souvenir impérissable, moins marquant que les films et série d'
Alex Garland.