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4,27

sur 12481 notes
Ce qui fait sourire au début de la lecture et même parfois attendrir se transforme vite en grincement de dents, tellement la condescendance suinte de chaque mot !

Puis j'ai ressenti cette condescendance se transformer en mépris comme si l'auteur avait voulu se mettre au niveau des personnes qu'il carricature tout en montrant bien qu'il ne fait pas partie du lot !

J'ai tellement été rapidement gênée puis irritée par ces faits que je n'ai même pas eu la possibilité de m'intéresser un tant soit peu à cette histoire d'enfant de prostituée qui n'a jamais eu de crédibilité à mes yeux !

Et là je me suis rappelé pourquoi je n'avais pas eu envie de relire Romain Gary !

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J'étais censé lire « La vie devant soi » au collège mais j'étais suffisamment malin pour que personne ne voit que je n'ouvrais pas les livres que je regrette de n'avoir pas lu plus tôt. Il y a peu j'ai été intrigué par l'histoire d'Émile Ajar alors j'ai fouillé dans ma bibliothèque.

J'ai été happé par le phrasé hallucinant de Momo, narrateur, fils de pute d'une dizaine d'années. Dès les premières lignes tout est là : « Madame Rosa, avec tous ces kilos qu'elle portait sur elle et seulement deux jambes […] Pendant longtemps, je n'ai pas su que j'étais arabe parce que personne ne m'insultait […] Il était déjà très vieux quand je l'ai connu et depuis il n'a fait que vieillir ». Sans ces petites phrases délicieuses (une que j'aime beaucoup : « Je suis beaucoup trop vieux pour me marier, disait Monsieur Hamil, comme s'il n'était pas trop vieux pour tout ») que l'on trouve partout et jusqu'au bout, je n'aurais peut-être pas accroché car il faut admettre qu'il ne se passe pas grand chose et on ne reste évidemment pas pour le suspens. Pourtant, impossible d'arrêter, on tourne les pages, non pas pour savoir ce qui ne va, de toute façon, pas se passer, on reste parce qu'on s'attache, parce qu'on aime Momo comme il aime Madame Rosa, parce que sans s'en rendre compte on s'est laissé emporté petit à petit par la vie de ces personnages et parce que finalement, on est pris aux tripes à l'idée de lâcher ce petit bonhomme.
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Romain Gary ou Emile Ajar, peu m'importe, c'est juste un bijou ce livre et je pense qu'en livre audio, on doit pleurer, pleurer...Car évidemment Momo, 10 ans ou 14 ans, qui hésite entre le métier de terroriste ou de policier, qui monte les 6 étages pour aider Madame Rosa, qui va la torcher, la maquiller, lui mentir pour la faire rêver. Madame Rosa terrifiée à l'idée de vivre encore une rafle juive, et puis Monsieur Hamil et puis Amédée, le boxeur travesti, Banania, si attendrissant. C'est une fresque d'un monde si dur des enfants de prostituées qu'on veut si peu adopter ou aimer ou au contraire, tellement aimé que l'on veut les protéger et où pourtant on se sert les coudes. Dur, très dur mais avec heureusement un rayon de soleil à la fin. Bien sûr, l'écriture est extraordinaire puisque l'on dévalle Belleville avec Momo, on ressent tout grâce à ce style remarquable.
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Ici Momo notre narrateur, un enfant de prostituée laissé comme tant d'autres à la garde de Madame Rosa, elle aussi ancienne prostituée ainsi reconvertie, nous raconte son quotidien. Momo ne connaît pas exactement son âge, ne sait pas vraiment d'où il vient, c'est le plus âgé des autres enfants. Il sait qu'il est musulman comme M. Hamil, qui lit Victor Hugo et lui a appris beaucoup de choses, mais comme Madame Rosa, il se fait vieux. Autour d'eux, évoluent une galerie de personnages tous plus pittoresques les uns que les autres, le médecin juif, le travesti sénégalais au grand coeur, le proxénète illettré aux costumes clinquants. Dans ce monde, Momo n'a que Madame Rosa, et Momo est le préféré de Madame Rosa. Ce petit monde se débrouille comme il peut, mais Madame Rosa vieillit. La peur de la mort, de la séparation, de la maladie vient chambouler leur vie. le petit Momo va devoir grandir, apprendre à s'occuper des autres.

Le regard de Momo est décalé, le récit n'est en que plus dynamique, drôle et profondément touchant. Derrière la poésie, la pureté de l'enfance, c'est un récit caustique, sans complaisance, un tour de force stylistique pour aborder des thèmes graves comme la prostitution, l'immigration, l'abandon, la vieillesse et la maladie. Les problématiques abordées dans ce roman sont toujours d'actualité, comme l'euthanasie, le statut des immigrés divisent encore la société, 38 ans après la parution et le prix Goncourt.

J'admets que j'ai un petit coup de mou vers le milieu du roman, heureusement le récit rebondit, dès lors, on ne le lâche plus ce roman absolument bouleversant.

Lien : http://bene31.canalblog.com/..
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La vie devant soi !
Mais moi c'est plutôt la vie derrière moi !
Enfin cette histoire boucler sur une histoire pour l'époque qui fait pas bon ménage.
Momo où plutôt Mohamed rencontre Madame Rosa...

Il osa lui dire la vérité...
Bof je sais pas quoi dire sûr ce livre...
Je m'attendais juste vraiment à mieux...
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Je ne vais pas être très original : ce roman est un chef d'oeuvre. Réussir sur près de 300 pages à faire parler un gamin des rues est une prouesse qu'on ne mesure pas forcément. Or ici tout est fluide, le discours est tellement travaillé qu'il semble usuel dans la bouche de Momo. Tout a l'apparence de la simplicité alors que tout est complexe. Et puis c'est une histoire d'amour peu commune que l'auteur nous livre. Non, vraiment, c'est un des livres qu'il faut avoir lu une fois dans sa vie !
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« La vie est belle, le destin s'en écarte,
Personne ne joue avec les mêmes cartes,
Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile,
Tant pis, on n'est pas nés sous la même étoile »

Tels est le refrain du morceau « Nés sous la même étoile » du groupe de rap marseillais, IAM.
Ces paroles me sont revenues en tête à la lecture de « La Vie devant soi ».
Ce roman nous donne l'impression de nous retrouver en plein Paris des années 60/70, attablés dans un café à boire un verre avec Momo, un jeune enfant d'origine arabe. Il nous dit avoir « à peu près » 10 ans, « à peu près », car comme il nous le dit : « Je ne suis pas daté ».
De son père, il ne connait rien. Idem pour sa mère, si ce n'est que cette dernière exerçait un métier qui consistait à « se défendre avec son cul » sur le boulevard de Pigalle ou aux Halles. Momo se définit d'ailleurs lui-même comme un « fils de pute ». Il sait aussi que vers l'âge de 3 ans, son père ou sa mère l'a placé en pension chez Madame Rosa, à Belleville dans le XXème arrondissement de Paris. Madame Rosa est une vieille grosse juive retraitée et qui, elle aussi de son temps, « se défendait avec son cul » et qui maintenant accueille « des mômes qui sont nés de travers », des enfants issus de grossesses non-désirées. Bref, Madame Rosa est devenue une sorte de mère adoptive pour enfants de putes.

À travers ce roman, Romain Gary, nous dépeint les jeunes années de ce Momo, qui a grandi trop vite, qui est doté d'une maturité et une lucidité désarmante pour un gamin de son âge :

« On a dormi à côté du sommeil du juste. Moi j'ai beaucoup réfléchi là-dessus et je crois que Monsieur Hamil a tort quand il dit ça. Je crois que c'est les injustes qui dorment le mieux, parce qu'ils s'en foutent, alors que les justes ne peuvent pas fermer l'oeil et se font du mauvais sang pour tout. Autrement, ils seraient pas justes. »

ou bien,

« J'ai souvent remarqué que les gens arrivent à croire ce qu'ils disent, ils ont besoin de ça pour vivre. Je ne dis pas ça pour être philosophe, je le pense vraiment. »

Momo nous balance des phrases fortes, des punchlines, comme on dit, aujourd'hui, en 2020.
C'est sans aucun doute lié à son quotidien, pour le moins inhabituel, qui ne lui a pas épargné ce que d'autres enfants découvriront bien des années plus tard et notamment les problématiques du racisme, de la pauvreté, et de la difficulté à s'intégrer. Ce qui fait la force de ces paroles, c'est aussi sa souffrance dû à un manque de repères, à un besoin de reconnaissance et d'attention toujours inassouvi en dépit du véritable amour qu'il voue à Madame Rosa, cette mère de substitution.
Malgré le ton grave que prend le récit, Momo ne manque jamais une occasion de nous faire rire par ces remarques improbables.

Le style narratif de « La Vie devant soi » m'a beaucoup fait penser à « L'attrape-coeurs » de J.D. Salinger mais j'ai préféré la compagnie de Momo à celle d'Holden Caulfield (protagoniste de « L'attrape-coeurs » ).

C'est le premier roman de Romain Gary que je lis et j'ai beaucoup aimé. J'espère que les prochains me plairont autrement.
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Il y a quelques mois, quelqu'un de fort avisé (et que je salue s'il passe par là !) m'a demandé si j'avais déjà lu du Romain Gary. Non ai-je répondu.
Quelques jours plus tard, me voilà chez Emmaüs et comme toujours, je termine par un passage au rayon livre où je pourrais passer ma journée tant ma liste de livres à lire est longue et leurs rayonnages remplis…
Bref… je trouve rarement ce pourquoi j'étais venue mais voilà que, devant mon nez, se pointe « La vie devant soi » de … Romain Gary !
Il n'y a pas de hasard dans la vie et je me suis dis que cette coïncidence était trop belle pour ne pas la saisir.
Le livre est resté sur ma table de chevet tout l'été et une fois ma pile estivale achevée je me suis tout naturellement tournée vers lui… comme si une petite voix me disait que cette lecture ne pouvait attendre plus longtemps.
Et cette petite voix avait raison ! Je ne pouvais attendre davantage de rencontrer Momo et Mme Rosa, Moïse, le docteur Katz et Mme Lola…. sans parler de tous les autres.
Comme je regrette de ne pas les avoir connus avant !
Ce livre est une pépite ! Ce n'est d'ailleurs pas pour rien qu'il fût Prix Goncourt 1975. Signé Emile Ajar, le nom d'emprunt de Romain Gary, c'est une histoire bouleversante étonnamment ancrée dans la société actuelle malgré qu'elle fût rédigée dans les années 70? C'est une ode à l'amour, à la tolérance, à la différence, aux petites gens.
C'est un livre fabuleux.
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Oh mon dieu quelle révélation !
En deux phrases, j'étais sous le charme.

J'ai complètement craqué pour Momo, le narrateur, son vocabulaire aussi fleuri qu'approximatif, ses réflexions poéto-philosophiques, sa vision du monde.
Une vision du monde qui paraît enfantine au début de la lecture, calquée sur les réflexions des adultes mais finalement si réaliste, si réfléchie, si crue parfois.
J'aime retenir les quelques phrases qui me font de l'effet dans un livre, les écrire dans un petit carnet pour les lire de temps en temps. Mais là, c'est impossible. C'est le livre entier qu'il aurait fallu noter. Chaque phrase porte un sens lourd, profond, beau. Tout tombe à point nommé.

C'est l'histoire de Momo, un enfant de « pute » (c'est pas moi qui le dis) musulman, de Madame Rosa, vieille juive et ancienne prostituée. Mais surtout c'est un roman qui aborde des sujets profonds avec des mots d'enfants.

Je me sens bien en peine d'en dire plus. C'est ma révélation de l'année et des autres avant. Une claque, un des rares livres que j'aimerai relire car je pense que je suis loin d'en avoir saisi toutes les subtilités. Ou réécouter pour être exacte car je l'ai suivi sur Audiolib et je le conseille vivement. le narrateur est exceptionnel, il est fait pour le livre. C'est lui, Momo !
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Et un Goncourt!
C'est déstabilisant, je suis un peu perdu, je n'adhère pas plus que ça....
Voilà, c'étaient mes toutes premières impressions à la lecture de ce roman de Romain Gary. Mais voilà, je ne suis pas du genre à refermer le livre après dix pages, et là, j'ai eu raison.
Que c'est beau ce phrasé enfantin, et ça doit être compliqué d'en faire tout un roman. Romain Gary a su faire, il nous embarque dans cette histoire assez triste de la vie de tous les jours de ces enfants de putains, et notamment du petit Mohammed chez sa nourrice juive traumatisée par son séjour en camp de concentration.
Beaucoup de bon sens, une leçon de savoir-vivre dans une france où rien n'est facile, rien n'est donné.
Sans être un coup de coeur, je ne saurais que conseiller ce petit roman plein de tendresse.
Mais je pense que tous les bons lecteurs l'ont déjà lu....
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