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4,27

sur 12231 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Momo, petit garçon arabe vit chez madame Rosa depuis plusieurs années. Madame Rosa garde les enfants de prostituées. Plus personne ne paie pour la garde de Momo auquel Madame Rosa s'est attachée, il n'ira pas à l'Assistance Publique, il restera près d'elle. Madame Rosa ne sait plus monter les escaliers qu'il faut emprunter pour regagner son appartement au 6ème étage et, le temps passant, elle ne saura plus rien faire qu'attendre la mort mais surtout pas à l'hôpital, elle ne veut pas devenir le « légume » le plus endurant, elle veut mourir chez elle. Momo s'occupera d'elle jusqu'au bout, petit arabe fidèle à sa vieille juive.
Au début du roman, l'auteur donne à Momo la voix d'un enfant qui s'embrouille assez avec des termes français trop savants pour lui et, au fur et à mesure, il fait grandir la voix de Momo, Momo mûrit, Momo n'est plus le petit garçon.
La vie devant soi est un condensé d'émotions et de bons sentiments, une magnifique leçon de vie.
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Sous le pseudo d'Emile Ajar qu'il prit pour retrouver une certaine virginité littéraire , Romain Gary , ce petit cachottier , fut le seul à se voir décerner un second prix Goncourt ( Les Racines du Ciel : 1956 ) pour La Vie Devant Soi .

Mohammed a 10 ans , bientot 14 . Mohammed prefere qu'on l'appelle Momo , les Inconnus n'ont rien inventé ; ) . Recueilli des son plus jeune age par madame Rosa qui s'est spécialisée dans " l'adoption " d'enfants de putain , il creche à Belleville , au sixieme , sans ascenseur . Madame Rosa , ancienne gagneuse qui se défendait avec son cul , juive , déportée , n'est plus que l'ombre d'elle-meme . Laide , grosse , 36 cheveux au compteur , elle se rend bien compte qu'elle n'a plus la lumiere à tous les étages . Elle "s'absente " de plus en plus fréquemment , sentant bien que ses jours de pleine lucidité sont désormais comptés . Finir la bave aux levres avec le regard du veau qui tete , tres peu pour elle ! N'est pas Ribéry qui veut....Ses cauchemars récurrents , Hitler et le cancer : l'un étant éradiqué , l'autre , aux aguets , attendant son heure selon ses dires...Une femme ayant échappé au terrible systeme concentrationnaire d'Auschwitz ne peut s'imaginer entrer dans le livre des records en pulvérisant un coma végétatif de 17 ans , alors détenu par un Amerloque ( trop fort ces Ricains ! ) . Elle fera promettre à son petit Momo de " l'avorter " si l'on devait en arriver là . du haut de ses 10 ans , bientot 14 , Momo fera bien plus que cela...

Le tour de force de ce roman , c'est d'évoquer un sujet résolument grave sur le ton de la légereté . La grande faucheuse est omniprésente , on la sent se rapprocher inexorablement jusqu'à vous submerger de sa noirceur et pourtant , par le biais de ce jeune héros au phrasé si particulier , la lecture s'accompagne d'un petit sourire en coin qui ne vous quitte jamais .
Les personnages découverts sont hétéroclites au possible . Cela va de Monsieur N'da Amédée , " proxynete " illettré le mieux sapé de Paname et de sa proche banlieue à Monsieur Hamil , ancien vendeur de tapis ambulant et néo philosophe sans oublier Madame Lola qui d'ancien champion de boxe au Sénégal s'est reconvertie en travestie au Bois de Boulogne . Autant d'acteurs truculents gravitant autour de ce petit monde fusionnel qu'est l'univers Rosa-Momo .

L'auteur vous prend aux tripes en conférant à ce jeune narrateur une gravité anormalement conscientisée pour un gamin de son age . Un vocabulaire fait d'amalgames aussi amusants que profonds et c'est la mort qu'on appréhende à un age ou l'innocence devrait faire loi . Momo découvre que rien ne dure jamais . Qu'il devra devenir un acteur majeur dans l'inéluctable disparition de sa maman d'adoption . Une mere de substitution qui le fait se questionner sur son age et ses origines mais qu'il aime par dessus tout . Un gamin innocent projeté et ballotté dans un monde d'adultes bien avant l'heure . S'il maitrise de façon plus qu'aléatoire la définition de la majorité des mots de son vocabulaire , il saisit cependant parfaitement le sens de la vie qui s'écoule et s'acheve parfois tragiquement . Ce roman écrit par un sexagénaire que la mort effrayait au plus haut point ( et qu'il devancera pourtant en 1980 ) est tour à tour lyrique , naif , sombre et violent mais baigne , paradoxalement , dans une perpétuelle bonne humeur contagieuse . Sa causticité décalée vous emportera de la premiere à la derniere page !

La Vie Devant Soi : atypique et jubilatoire...
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Pour moi, ce livre reste inséparable de l'image de Madame Rosa, incarnée si bien par Simone Signoret, à l'écran.

Combien touchant, drôle, tragique, nous apparaît Momo, le protégé de Madame Rosa, gardant les enfants des prostituées , Momo, le petit Arabe, qui par sa verve et ses réflexions pleines de bon sens et de lucidité, nous émeut et remue en nous des effluves de compassion et d'indignation.Et nous fait rire aussi.

Combien triste et poignant est son parcours, heureusement jalonné de figures hautes en couleur, Madame Rosa , juive vieillissant mal, en premier lieu, Madame Lola, travesti généreux, et toutes ces personnes vivant dans le même immeuble à Belleville,qui, par leur solidarité et leurs élans de fraternité, vont permettre à Momo de se sentir moins seul.

Combien émouvant est son lien avec Madame Rosa, dont il deviendra ensuite, en grandissant, le protecteur, celui qui va l'aider à survivre, à conjurer les frayeurs, à mourir enfin.

La fin est déchirante , avec en filigrane, un peu d'espoir pour l'avenir de Momo...

Emile Ajar, alias Romain Gary, n'a pas volé son deuxième Prix Goncourt, ce roman est flamboyant de désespoir, criant de réalisme, délirant d'humour, un condensé de vie, la vie devant soi, celle de Momo, de tous ces enfants perdus, en manque d'amour et de reconnaissance.

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Dans la fin des années 70 j'ai reçu ce roman comme le premier « livre du mois » des éditions France-Loisirs auxquelles j'étais abonné à l'insu de mon plein gré comme beaucoup… Je devais le renvoyer, sinon, je le payais. Bien sûr, il est resté à trôner de belles années dans la chambre d'amis sur la cheminée art-déco en marbre noir moucheté surmonté de l'incontournable miroir bordé de doré où se reflétait mon air perplexe : lira, lira pas ?
Finalement, je ne l'ai jamais lu, ni d'autres Gary non plus d'ailleurs. J'estimais ça ringard !
Je l'ai laissé là, pour « faire bien » quand des parents viendraient. C'était nul.
A l'époque je lisais SAS, j'aimais bien quand Malko Linge faisait les quatre-cents coups dans le monde entier pour payer un pan de la toiture de son château en Autriche. Trop classe !
Alors, l'histoire d'un gamin rebeu de dix ans qui habite chez une vieille pute un immeuble à Belleville au sixième étage, je m'en tapais total.
J'habitais alors au Père-Lachaise, tu parles d'un dépaysement !
Et puis, un auteur qui signait même pas de son nom alors que tout le monde savait c'est qui. Quel snobisme ! Vous formalisez pas pour le style, je fais comme Momo, j'explique…

Les années sont passées plus vite que je n'aurais pensé et du coup, je colmate les brèches comme Malko sa toiture. Avec des idées moins arrêtées et moins préconçues surtout.

Je l'ai lu avec des yeux couleur d'enfants et j'ai pris plaisir au jeu de l'inconscience…

Et puis je ne savais pas que madame Rosa était aussi Juive que Momo Musulman avec de l'intelligence et surtout de l'amour comme du beurre dedans.
« Madame Rosa et moi, on peut pas sans l'autre. C'est tout ce qu'on a au monde. »
J'ai monté les six étages de l'immeuble sans m'essouffler, jamais.
J'étais content comme Momo de retrouver Madame Rosa déglinguée mais vivante.
J'ai croisé les voisins à chaque étage et j'ai appris à reconnaitre l'abnégation, la gentillesse sans fard et l'humilité.

Et puis j'ai constaté que Emile-Romain était le pape de la « punchline » et que son « flow » et plus fort que Big Flo et Oli qui peuvent prendre une tisane et aller au lit.
Alors qu'en 1975 le rap émergeait à peine M. Ajar-Gary a su écrire le mal-être, le racisme, la misère, la fraternité, la sexualité, l'ostracisme, l'amour et la mort comme un punchlineur à grands coups d'eye-liner sur les yeux de Madame Rosa à la lucidité épuisée aussi bien que le dévouement jusqu'au sacrifice, l'espoir et la volonté dans le coeur arc-en-ciel de Momo. Yo.

C'est « La vie devant soi » avec la mort aux trousses quand même.

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Beaucoup m'avaient parlé du style de Romain Gary. Alors je ne m'attendais pas à ça: un narrateur peu éduqué, un narrateur qui est un enfant, et donc un parler d'enfant avec des mots adultes qui sont semés dans tous les sens. On comprend bien sûr, et on s'amuse de ce phrasé.
Une belle histoire, qui pourrait être glauque et triste, qui m'a laissée une impression de poésie pourtant.
Beaucoup de grands thèmes abordés, et je suis sûre que ce roman a dû être étudié pour tout ça, mais c'est la vie que je veux retenir. C'est un roman paradoxal, qui parle de la vie. Et c'est beau.

Bref, une bien belle et bizarre découverte.
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Momo , ce petit garçon arabe vit chez Madame Rosa , ancienne prostituée reconvertie en nounou pour « enfants de putes » L'état de santé de Madame Rosa va se dégrader et Momo va l'accompagner jusqu'au bout en respectant ses choix.
Beau livre, une belle histoire bouleversante, remplit d'amour. L'auteur a bien su dépeindre cet amour fusionnel. Comment rester insensible à cette lecture ?!
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Il est rare qu'un livre basé à ce point sur l'émotion me plaise. Peut-être m'a-t-il plu parce qu'il n'est pas feel good pour autant, émotions et sentiments sont complexe et nuancés. Momo fait sourire, il attendrit, mais sa situation attriste, du début à la fin du roman. Au début l'auteur lui donne la voix d'un enfant qui maîtrise mal le français et, au fur et à mesure, il la fait évoluer avec lui, gagnant en maturité. Ce roman est un concentré d'émotion, il aborde un sujet grave sur un mode léger, avec toujours un petit sourire et de la bonne humeur. Avoir toute la vie devant soi cela fait aussi peur à Momo que d'avoir toute sa vie derrière elle fait peur à Madame Rosa. Entre ces deux-là tient toute l'histoire, celle d'un improbable amour fusionnel entre une ancienne prostituée juive reconvertie en nourrice et un petit arabe fils d'une putain. «La vie devant soi» est un condensé d'émotions et de bons sentiments, une magnifique leçon de vie. Tous les deux sont entourés de personnages hauts en couleur, les couleurs d'un quartier populaire de Paris, dont le mélange des langages a du influencer la langue de Momo. Un texte surprenant, atypique, qui touche droit au coeur.
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Romain Gary ou Émile Ajar.
Moi c'est Émile Ajar.
"La vie devant soi" a eu le prix Goncourt en 1975.
Momo, un "fils de pute" est élevé par Mme Rose, une juive des quartiers de Belleville, qui a eu la chance de revenir d'Auschwitz.
Il rencontre Mme Rosa à l'age de 3 ans et sera a ses cotés jusqu'au jour ou elle fermera les yeux.
Durant tout ce temps, Momo a été à l'école de la vie en observant son entourage avec ses yeux d'enfant ....
Il vivait chez Mme Rosa avec d'autres gamins arabes, noirs, juifs, paumés comme lui.
Profitez pleinement de ce livre qui mérite les heures que nous allons passer à le lire.
Bonne lecture à vous.
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C'est sur ma terrasse et au soleil que je termine la lecture de ce superbe roman de Romain Gary.
Voilà un récit qui fait mouche en allant titiller le coeur juste là où il vibre le plus.
Cette histoire poignante qui voit sa trame se dérouler dans un milieu hétéroclyte et misérable est cependant narrée dans un style à la fois léger et naïf.
Un langage familier, brut de décoffrage, qui n'occulte cependant pas la violence de la situation vécue quotidiennement par ce petit monde paumé.

Momo adore les clowns, il y en a même qui lui tiennent compagnie dans sa tête dans les moments difficiles... et c'est bien un peu de cette souffrance au masque de clown qui envahit ce petit arabe de dix ans lorsqu'il pense à l'état "d'habitude" qui ne quitte plus madame Rosa, la mettant dans un "délabrement" tel qu'il faudrait "l'avorter".

Dans ce milieu hors normes, où l'on côtoie tous les jours drogue, prostitution, racisme et où les enfants font preuve de lucidité et de débrouillardise, l'entraide est naturelle et l'amour se vit sans se nommer.

C'est cet amour, cet attachement viscéral à madame Rosa, qui détermine Momo à aller jusqu'au bout du bout, m'arrachant par la même occasion des larmes d'une émotion attendrie.

Merci à toi qui m'as prêté ce livre et m'a permis de vivre intensément cette belle histoire !
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Le ton est volontairement léger et suit avec ironie et pseudo-détachement la vie d'un enfant de 10 ans qui a déjà vu et vécu plus qu'il n'en faut des misères dans la vie.
La peur est une constante, souvent évoquée, souvent présente dans le quotidien des personnages…

Madame Rosa, la rescapée juive qui élève l'orphelin musulman, est traumatisée par son passé et contrainte à vivre avec ses démons, sa maladie, ses difficultés …Momo lui, a peur de perdre Madame Rosa, tout ce qui lui reste…
La plume de Roman Gary allie d'une part sobriété et poésie, simplicité et leçons de tolérance.

D'autre part il y a énormément de théâtralité dans l'expression des sentiments, compensée par une grande sensibilité.

Jolie balade littéraire dans le bonheur des mots.


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