AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,85

sur 1123 notes
Enfin l'ouragan tomba, et la neige, suspendue en l'air, put descendre moins tumultueusement sur le sol. Aussi loin que l'oeil pouvait s'étendre, la campagne disparaissait sous un linceul argenté.
"Où est donc Matamore, dit Blazius, est-ce que par hasard le vent l'aurait emporté dans la lune ?
- Nous ne l'avons pas vu, dirent les comédiens, et comme les tourbillons de neige nous aveuglaient, nous ne nous sommes point autrement inquiétés de son absence, le pensant à quelques pas de la charrette.
(...)
On résolut d'attendre quelques minutes, lesquelles passées, on irait à sa recherche. Rien n'apparaissait sur le chemin, et de ce fond de blancheur, quoique le crépuscule tombât, une forme humaine se fût aisément détachée même à une assez grande distance. La nuit qui descend si rapide aux courtes journées de décembre était venue, mais sans amener avec elle une obscurité complète. La réverbération de la neige combattait les ténèbres du ciel, et par un renversement bizarre il semblait que la clarté vint de la terre. L'horizon s'accusait en lignes blanches et ne se perdait pas dans les fuites du lointain.
(...)
" Il faut l'aller chercher sans attendre, dit Blazius, avec la lanterne dont la lumière lui servira de guide et d'étoile polaire s'il s'est égaré du droit chemin et vague à travers champs ; (...)
L'orage avait bouleversé la neige de façon à effacer toute trace ou du moins à en rendre l'empreinte incertaine. La nuit rendait d'ailleurs la recherche difficile, et quand Blazius approchait la lanterne du sol il trouvait parfois le grand pied du Tyran moulé en creux dans la poussière blanche, mais non pas le pas de Matamore, qui, fût-il venu jusque-là, n'eût pas marqué non plus que celui d'un oiseau.
Ils firent ainsi près d'un quart de lieue, élevant la lanterne pour attirer le regard du comédien perdu et criant de toute la force de leurs poumons : "Matamore, Matamore, Matamore !"
(...) le silence seul répondait ou quelque oiseau peureux s'envolait en glapissant avec une brusque palpitation d'ailes pour s'aller perdre plus dans la nuit. Parfois un hibou offusqué de la lumière piaulait d'une façon lamentable. Enfin, Sigognac, qui avait la vue perçante, crut démêler à travers l'ombre, au pied d'un arbre, une figure d'aspect fantasmatique, étrangement roide et sinistrement immobile.
Commenter  J’apprécie          150
Il me souvient d'avoir lu le capitaine Fracasse, enfant, mais dans une version de 200 pages. Ce livre édité dans la collection La bibliothèque des Classiques d'Archipoche en compte 700. Certes, l'ouvrage est de petit format, mais je me rends compte que je n'avais lu qu'une version condensée. Ce qui est très compréhensible, car Théophile Gautier décrit, décrit et décrit encore. On ne rencontre le premier humain qu'après avoir lu une vingtaine de pages décrivant le château et les alentours. Puis, à chaque fois qu'un personnage entre en scène, l'auteur fait de lui un portrait détaillé, de pied en cap, vêtements inclus. Pareil pour tous les lieux traversés, si bien que l'on peut se faire une idée très précise du voyage de Sigognac et de ses rencontres. Cela peut parfois paraître long, mais la langue est belle et les mots tombés en désuétude voire totalement oubliés ajoutent un charme suranné oh combien irrésistible : "... le gros homme, étendu à jambes rebindaines...", "... un bélître parvenu, concussionnaire et simoniaque...", "Le beau Léandre, pensant toujours à la châtelaine, s'adonisait de son mieux...", ... Voilà un très court échantillon des joyeusetés que l'on trouve dans l'écriture de Théophile Gautier. Pour le reste, eh bien, nous sommes dans un roman d'aventures historique, tous les ingrédients sont là : le jeune homme désargenté, la belle jeune fille, l'amour, la trahison, les bagarres, ... un roman qui fera les belles heures du cinéma dit de cape et d'épée (je me souviens de la version de Pierre Gaspard-Huit avec Jean Marais), il y eut aussi des séries animées, et même du théâtre. Je ne suis pas sûr que ce roman fera les délices des adolescents de maintenant, parce que sans doute pas assez actif, nerveux, mais il fera sans nul doute celui de leurs parents-ex-adolescents qui en plus de trouver une histoire romanesque à souhait, emplie des codes du genre auront un réel plaisir de lecture dans les descriptions, le vocabulaire et les envolées lyriques du Pédant, l'un des personnages de la troupe de comédiens qui ne peut s'exprimer que dans l'outrance et l'emphase.

Très belle idée de réédition. Très belle collection, même si les -très- petits caractères peuvent gêner la lecture des ex-adolescents dont la vue baisse.
Lien : http://www.lyvres.fr
Commenter  J’apprécie          150
J'ai lu récemment ce classique de la littérature française.
Ce roman va être joué dans ma ville, adapté au théâtre par un certain Caradoc de la série Kaamelott.
Il fallait que j'aille voir cette pièce. Il fallait donc que je lise ce livre.

Et c'est un très beau récit, au rythme enlevé, qui alterne les scènes épiques et les magnifiques descriptions.
Car là est le point fort de ce texte. La beauté de ses mots.
L'auteur nous emmène sur la grandeur (celle qui élève) de ses phrases.
C'est un peu suranné, parait-il, mais c'est merveilleux, le suranné, ce superbe français qui ne se parle plus ainsi.

Un grand merci, donc, à Théophile Gautier pour son flamboyant Capitaine Fracasse
Commenter  J’apprécie          140
Je jubile d'être retournée en enfance avec ce roman de capes et d'épées. "Le capitaine Fracasse" a beau dater de 1863, Théophile Gautier reste un jeune homme à mes yeux.
Petite je voulais m'appeler Isabelle, le doux prénom de la belle comédienne qui va par les routes et dont est follement amoureux le baron de Sigognac alias le capitaine Fracasse. Celle qui joue sur scène la jeune ingénue sera sauvée par son chevalier servant mais aussi par la petite Chiquita la petite voleuse qui lui sera redevable parce qu'un jour, Isabelle lui a donné son colier plutôt que de la punir.
Et puis derrière les attaques de brigands, il y a le redoutable duc de Vallombreuse.
Bien évidement il y a des histoires de sang noble qu'on ne peut éviter. Mais ce qui triomphe dans cette aventure, en plus de l'amour, c'est le théâtre avec ses rodomontades et un beau clin d'oeil à Pierre Corneille et "L'illusion comique" ce qui n'est pas un hasard puisque cette pièce est elle même un hommage au théâtre.



Commenter  J’apprécie          141
Maintenant, je sais que la version que j'ai lue adolescente était une version abrégée. Et pourtant, déjà à ce moment-là les descriptions m'avaient parues fastidieuses ! Théophile Gautier arrive en effet à délayer sur près de 600 pages en version poche une histoire somme toute très simple et plus que prévisible, qu'il agrémente, surtout dans la première moitié du livre, d'une litanie d'interminables descriptions. Etrange parti-pris d'auteur pour ce qu'on a coutume de qualifier d'un roman de cape et d'épée.
Je n'ai fini par trouver un certain intérêt à cette lecture que quand j'ai commencé à lire ce roman au second degré. Après l'avoir refermé, je préfère y voir un pastiche des grands romans à la mode à l'époque, avec des revirements de situation rocambolesques, des coïncidences tellement nombreuses qu'elles en sont de plus en plus invraisemblables, et son incontournable deus ex machina final. Gautier jours avec ses personnages, faisant de ce roman une scène de théâtre (aux indications scéniques plus développées que les dialogues !) qui met en abyme le théâtre ambulant dont ils sont les acteurs. Théâtre dans le roman, roman de théâtre, Théophile Gautier se préoccupe bien peu de rendre son histoire crédible ou de soigner la psychologie de ses personnages tout aussi caricaturaux que des pantins de la Commedia dell'arte.
En définitive ce roman, tant par son contenu que par son style, me semble avoir bien vieilli. Son intérêt aujourd'hui me semble plus résider dans le fait qu'il est le représentant d'un moment de notre histoire littéraire que dans ses qualités intrinsèques. Bien que l'on en fasse un classique pour la jeunesse, je ne me risquerais pas à la recommander à de jeunes lecteurs, qui risqueraient fort de s'ennuyer en compagnie de ce capitaine d'opérette !
Commenter  J’apprécie          140
Roman à ne pas donner à des lecteurs paresseux! le 1er chapitre est une longue, très longue description du château. Après, lentement, le récit s'anime et on suit avec gourmandise les aventures d'un anti-héros qui, au fil du temps, va devenir un authentique héros de roman... Truffé de mots rares et d'allusions érudites, le Capitaine Fracasse est destiné à un public de lecteurs chevronnés. Et encore...
Commenter  J’apprécie          132
Un plaisir d'aventures, on voyage et combat auprès du Capitaine fracasse. Nous sommes tous des héros !
Commenter  J’apprécie          130
Je connaissais à peu près le synopsis de ce roman - mais, bizarrement, je ne l'avais jamais lu. Aujourd'hui, c'est fait ! Ce livre paru en 1863 est un classique dans le genre "cape et épée". Destiné aux jeunes, il est aussi lisible par les adultes. C'est une petite épopée bien enlevée, qui voit le jeune baron de Sigognac passer de la déchéance au triomphe. Son intégration dans une troupe de comédiens ambulants est-elle vraisemblable ? Peut-être pas. Dans le XVIIème siècle de pacotille reconstitué par Théophile Gautier, on trouve tous les poncifs romanesques: la jeune ingénue (très) vertueuse; le noble de haut lignage qui, l'épée au vent, retrouve la gloire et l'aisance de ses aïeux; la révélation d'une improbable filiation qui change le destin des protagonistes; et la "happy end", bien sûr. Mais l'essentiel pour le lecteur, c'est qu'il soit captivé et se laisse aller au rêve. C'est donc un très bon roman qui a fort bien traversé les siècles.
Commenter  J’apprécie          121
C'est le premier livre de Théophile Gautier que je lis. On se laisse bien sûr porter par l'histoire de cape et d'épée à la Dumas... Mais le style... Quel style! Quel talent d'écriture. Des descriptions nourries, colorées, savoureuses servies par un écrivain doublé d'un poète. Chapeau bas Mr Gautier!
Commenter  J’apprécie          120
J'avais la nostalgie des romans de cape et d'épée, d'Alexandre Dumas, de cet honneur disputé au fil de la lame. J'ai été servie avec ce magnifique roman, comparable à nul autre.
L'écriture est simplement sensationnelle, tout en finesse. C'est vivant, c'est drôle.

Les personnages sont haut en couleur, leurs portraits sont dignes des peintures que l'on peut admirer dans les musées : un seul regard et on devine ce qui se cache derrière quelques coups de pinceaux .

L'histoire est rocambolesque à souhait : duels à l'épée, rapt de jeunes filles innocentes et honorables, attaque sur les grands chemins, amours contrariées. Tout y est.
On passe un merveilleux moment en compagnie du Capitaine Fracasse et de la troupe de théâtre. le méchant est un vrai méchant, sans vergogne, sans sens de l'honneur et sans peur. le gentil est le Prince Charmant de notre enfance.
Passés les premières pages, assez difficiles, qui décrivent le château de la Misère dans sa minutie, on n'est jamais déçu. L'écriture est drôle et riche. L'auteur a le sens du détail, de la minutie. Chaque mot, chaque personnage contribuent à rendre ce livre plus vivant. On est embarqué dans cette histoire, on tremble pour Isabelle et Sigognac, et leur amour malmené par de Vallombreuse.

Le rebondissement final n'est pas une surprise, mais cela n'ôte rien au charme du livre (on se doute toujours que l'ingénue sans le sou, au père inconnu, est forcément fille de prince, c'est le propre des contes de fées !) et on a hâte de connaître le fin mot de l'histoire (épousera, épousera pas)…

Un très agréable moment, un magnifique roman et des personnages magiques ! A découvrir !!
Lien : https://brontedivine.com/201..
Commenter  J’apprécie          120




Lecteurs (5677) Voir plus



Quiz Voir plus

Le Capitaine Fracasse

En quelle année est paru le Capitaine Fracasse, dans son intégralité ?

1861
1863
1865
1867

11 questions
101 lecteurs ont répondu
Thème : Le Capitaine Fracasse de Théophile GautierCréer un quiz sur ce livre

{* *}