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3,73

sur 345 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il y a des écritures qui vous entraînent et vous emportent. Des phrases qui marchent à vos côtés, des mots qui partagent chacune de leur lettre comme on partage le pain. Il y a comme ça des livres qui deviennent compagnon de chemin d'infortune. On se tient à leur côté et on allonge son pas.
Raboliot. le braco. La tête dure, l'âme pure et le corps sauvage.
Il y a la Sologne, ses étangs, sa vase, ses chaumes, la fulgurance des odeurs.
Il y a la nuit, longue, profonde.
Il y a Aïcha, la fidèle, le lièvre, la buse, les bois, et puis l'appel de cette terre qui prend le coeur des hommes.
« C'est parce que c'est vrai que c'est beau, et c'est beau parce que c'est vrai » disait un historien au sujet du style Genevoix. Ce style particulier qui sublime l'âpreté de la vie. Cette écriture incroyable, ce regard qui fait entendre partout cette puissance de la vie. Dans le rameau d'une branche, dans la bâillement d'une carpe, dans le jet de la pierre, dans la truffe d'un chien, dans le regard d'une enfant, dans un poing. Tout dans l'écriture annonce la renaissance du monde.
Raboliot ne se bat pas pour survivre, il se bat pour être ce qu'il est. Il se bat pour ce qu'il sait être juste. Et peu importe les gendarmes, le village, peu importe le château, ceux de Saint Hubert. Raboliot marche sur la terre.
Il est libre et ne doit rien, lui qui est rentré de cette saleté de guerre.
En le suivant, ligne après ligne, on se sent peu à peu augmenter.
« Le printemps sent la poudre
On tue ses hirondelles ». Daniel Reynaud- Poète- écriturier.

Astrid Shriqui Garain

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Quand on parle de Maurice Genevoix, une oeuvre vient immédiatement à l'esprit, tant elle est emblématique de l'auteur : « Raboliot »…Un roman publiée en 1925 que l'auteur n'aura de cesse de modifier jusqu'en 1952 qui verra le texte « définitif » établi pour la publication en Poche.

Raboliot, c'est Pierre Fouque, un braconnier solognot qui braconne autant par passion que par nécessité sur les terres de Monsieur le Comte ; mais le gendarme Bourrel veille, aidé par la jalousie qu ‘entretient Volat à l'égard de Fouque qui, pris en flagrant délit préférera disparaître dans les bois plutôt que de se soumettre, jusqu'à un retour vers sa famille et un drame…

Maurice Genevoix n'a pas son pareil à l'instar d'Hervé Bazin pour décrire les paysages de sa chère campagne et la rusticité dont elle imprègne ses habitants…
Il n'en reste pas moins que « Raboliot », ne peut pas être réduit comme on le fait si souvent à une ode à la nature. C'est aussi et surtout un hymne à la liberté et à la lutte des gens de peu contre les puissants.

Un personnage touchant, la nature envahissante et belle, la vaine révolte d'un homme contre une autorité qui le dépasse… Trois raisons de lire « Raboliot »… A moins que vous n'en trouviez d'autres…
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Lire "Raboliot" , c'est comprendre ce que nous avons perdu, en diversité, dans notre patrimoine linguistique.
Au travers de ce roman, Maurice Genevoix ressuscite une France qui est encore d'Ancien Régime, celle des fermiers généraux, du comte de Remillet, grand propriétaire terrien en Sologne.
Il possède des bois, des étangs, ses gens et tient en son pouvoir garde-chasses, métayers et gendarmes qui veillent sur son domaine et traquent les braconniers, véritables héros de ce roman. L'Histoire de "Raboliot", le "braco", anarchiste impénitent, contre les "bleus", les gendarmes chargés de faire respecter la propriété privée aux plus démunis.
Dans ce roman, Maurice Genevoix utilise un langage sensuel, âpre, charnelle. Sa lecture en devient olfactive et très visuelle. Il nous dépayse autant qu'il nous enrichit.
Le texte n'est pas désuet, c'est nous qui sommes démunis.
Un grand roman de Maurice Genevoix à (re)lire sans modération..
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Ce roman fait partie des cinq ouvrages de la bibliothèque parentale. Mon père l'avait acquis et lu durant son service militaire (comme les quatre autres), et l'avait beaucoup apprécié. Je comprends qu'en tant que chasseur, il ait pu être fasciné par le personnage de Raboliot, chasseur lui aussi mais ne respectant que ses propres règles.

J'ai découvert ce roman il y a plus de trente ans. Son héros m'a laissé le souvenir d'un braconnier rusé, orgueilleux, défiant en permanence l'autorité publique et l'ordre social injuste qu'elle défendait. Un homme qui aimait aussi la nature qui lui procurait le gibier tant convoité.
Maurice Genevoix a rendu un hommage magnifique à cette nature. A travers le personnage de Raboliot c'est la Liberté qu'il mettait sur un piédestal.

Un excellent roman que je relirais volontiers.

- décédé en 1980, Maurice Genevoix est entré au Panthéon le 11 novembre 2020 -
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C' est un véritable roman écologique que nous offre l'auteur, une Ode à la nature qui sent les feuilles mortes et les feux de cheminées; une odeur d'autrefois à une époque où la France etait rurale et la nature foisonnante. On retrouve aussi dans cette France d'autrefois, des hommes au tempérament d'acier avec le goût de la liberté chevillée au corps. Une petite Merveille de sensibilité, Un véritable Hymne à la Beauté de la Nature. Je l'ai lu, lorsque j'étais assez jeune et plusieurs fois depuis, toujours avec autant de plaisir et de Bonheur. Il est des livres qu'il est agréable et Gratifiant d'avoir lu, Raboliot est sans conteste de ceux là !!!
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Un roman plein d'odeurs, d'images mouillées, de nuits froides, de rivières et de forêts. Des hommes simples aussi, dans leur vie de paysans chasseurs et braconniers. Les personnages sont attachants, dans leur brutalité, leurs contradictions, leur tendresse...
Certaines descriptions sont magnifiques et il faut s'y arrêter pour les savourer. le style est très sensuel, il m'est arrivé de frissonner dans la nuit, d'être ému comme le héros, dans cette nature vivante et magnifique.
Il y a un siècle presque exactement, la vie dans ce village de sologne semblait immuable, et c'est aussi la valeur historique de cet ouvrage qui est intéressante. La trame de ce roman suit les jeux de cache-cache entre braconniers et gendarmes entre propriétaires terriens et simples paysans, dans la peau de Rabolliot, seul dans son entêtement ; la tension monte durant tout le livre jusqu'à la fin. Un grand classique à (re)lire !
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"Raboliot" fut mon second Livre de Poche personnel, le premier étant "Le pont de la rivière Kwai", de Pierre Boulle, les autres faisant partie de la bibliothèque de mes parents. C'est à la distribution des prix de 1966 (classe de 5ème) que je le reçus en même temps que "Le château des Carpathes", mon premier "Livre de Poche Jules Verne" (avec les illustrations de l'époque - une merveille !). Si je commençais à bien connaître l'ami Jules, grâce à la Bibliothèque Verte et à la collection Idéal-Bibliothèque, je ne connaissais pas du tout Genevoix, encore moins son oeuvre.
Pourtant je fus d'emblée conquis par ce roman, pourtant assez éloigné de mes lectures habituelles. Peut-être le citadin que j'étais, éprouvait-il le besoin de s'évader avec Raboliot dans des sous-bois obscurs, de respirer l'odeur de la terre mouillée, celle des chiens, celle des bêtes sauvages, de me remplir les yeux de ces couleurs automnales, d'entendre ces mille bruits de la forêt, dont certains inquiétants d'ailleurs... Je n'avais pas trop de mal à imaginer toutes ces sensations, car nous allions mes frères et moi, accompagner papa à la cueillette des champignons; ce n'était certes pas aussi dangereux que le braconnage de notre héros, mais parfois il nous arrivait de nous faire expulser manu militari par quelque paysan dont nous avions investi - involontairement, bien entendu - l'espace vital...
Maurice Genevoix (1890-1980) est un de nos plus grands écrivains. Je ne parle pas seulement de son oeuvre, considérable, et pourvue de nombreux chefs-d'oeuvre dont "Ceux de 14" (1916-1923) et "Raboliot" (1925), mais de son écriture d'une fluidité et d'une pureté rarement égalées dans notre littérature. Bien qu'il ait touché à plusieurs genres, c'est dans le genre "régionaliste" ou "rustique" qu'il excelle, à côté d'auteurs comme Colette, Henri Pourrat, Henri Bosco, Jean Giono, ou encore le suisse Ramuz.
Raboliot est un braconnier solognot qui passe les nuits dans les bois à traquer le gibier. Epris de liberté, il met un point d'honneur à narguer Tancogne, le fermier général du comte de Remilleret, Volat, dit Malcourtois, un métayer jaloux et surtout le gendarme Bourrel qui met une obstination sadique à le pourchasser. de provocations en représailles, la lutte ira crescendo jusqu'au drame.
Magnifique ode à la nature, et portrait d'un homme libre, "Raboliot" décrocha en 1925 le prix Goncourt. Roman écologique avant l'heure, c'est également un roman qui s'insurge contre les abus de pouvoir. A la fois réaliste et poétique, "Raboliot" est l'autre grand roman de la Sologne, le premier étant, bien entendu, "Le Grand Meaulnes" d'Alain-Fournier, écrit à peine douze ans plus tôt, en 1913.
Un roman à lire deux fois, une fois pour l'hymne vibrant à la nature, une fois pour les qualités uniques d'écriture et de composition de l'auteur.... On peut cumuler les deux fois en une seule, mais il est recommandé dans ce cas de lire plus lentement, afin de mieux profiter de toutes les couleurs, les odeurs et les saveurs qui forment l'arrière-plan de ce roman plus vrai que... nature.
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Nature, liberté, défi à l'ordre établi, voici trois les trois fondements de la vie de Raboliot, homme lièvre, braconnier passionné, au coeur de la Sologne chère à l'auteur qui constitue une figure de premier plan de ce roman éblouissant de finesse et de dureté. Raboliot louvoie dans la pénombre ou la lumière pour accomplir son art et échapper aux gendarmes, par nature si ballots selon Brassens. Raboliot est bien plus fin mais il a le goût du risque qui le grise. Tout est merveilleux dans l'écriture de Maurice Genevoix et ce braconnier d'il y a près de cent ans est assurément le plus attachant d'entre eux.
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Devant une telle écriture, je suis restée scotchée. Je ne m'y attendais pas. Elle m'est tombée dessus comme un paquet de neige glissant d'un arbre. Non seulement Maurice Genevoix utilise du patois, bouscule les genres, mais il s'amuse aussi avec la langue et invente le terme qui lui manque : « une fourrure peladeuse », « des tanches dégouttelantes », « les doigts entrefermés ». Pas une page de tournée sans ouvrir le dictionnaire.

Habité, physique, nourri d'humus et de brumes matinales, c'est un roman incarné, solide. Les personnages ont du coffre, de la consistance, des bras, des jambes, des trognes. Raboliot est un animal des bois, instinctif, les moustaches frémissantes, jouissant de la liberté qu'offrent les taillis, écoutant les bois respirer comme ils respirent quand les hommes n'y sont pas. Les descriptions sont superbes, évocatrices, pointant les détails qui mettent tout de suite le paysage en place, rappelant ce que nos sens ont perçu dans des circonstances similaires. le brouillard, les mottes de terre spongieuses, l'élasticité des ronces habitent notre perception du monde et débordent sur l'imagination. Ce roman respire toute la force d'âme de l'auteur. Dignité et intégrité y sont défendus avec noblesse.

Un véritable éblouissement.
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Raboliot
Maurice Genevoix (1890-1980)
Prix Goncourt 1925
Académie Française
« Les hommes, si raisonnables qu'ils se croient être, se plaisent aux faiblesses qu'ils s'accordent. »
On l'appelle Raboliot parce qu'il ressemble à un lapin de rabouillère (nid de garennes). Son prénom est Pierre et son nom Fouques. Mais il les a oubliés. Il est marié à Sandrine, une fille douce et sentimentale, il a trois enfants. Il habite une ferme aux limites du village.
Braconnier passionné, hardi et sûr de lui et de son adresse, rien ne peut l'empêcher d'obéir à ce besoin de chasse nocturne qui le saisit chaque soir. de pineraies parcourues par la houlée de la brise en jonchères humides et embrumées, il court la campagne solognote nuitamment pour son seul plaisir. L'oreille aux aguets au cri rouillé d'une chevêche en chasse, il goûte la grande paix vigilante des nuits du bocage et des rives du Beuvron.
Accompagné de sa fidèle Aïcha qui lui obéit au doigt et à l'oeil et aime musser sa tête au creux de ses bras lors d'une pause, il est comme tous ces hommes que pousse un instinct vers la chasse, lui fils d'une terre giboyeuse où craillent le soir les faisans qui se branchent pour la nuit et s'appellent les perdrix dans les chaumes tandis que les lapins sortent par bandes des bois à l'assaut des récoltes dès la pique du jour et que se fait entendre un écureuil grignotant une faîne.
S'il tend la nuit des collets dans les pineraies, les genêtières et les boulassières après avoir repéré le meilleur baliveau et choisi la touffe ou la passée dans les breumailles pour dissimuler son piège, c'est surtout pour le plaisir et le sentiment de liberté, même si cela en outre améliore l'ordinaire pour nourrir sa femme et sa nichée de drôles.
Dans un style somptueux, Maurice Genevoix nous emmène à travers la Sologne pour un moment de pur plaisir bucolique dans un premier temps, et on s'imagine bien nuitamment débusquer Raboliot au détour d'une plaisse tandis qu'il inspecte ses collets à la lueur du soleil des loups :
« La lune haute laissait ruisseler aux pentes du ciel d'amples ondes de clarté huileuse. Les champs moissonnés, les labours ondulaient avec une souplesse retenue, et qui semblait aux yeux une sorte de toucher velouteux… Raboliot était content pourvu qu'il pût offrir son visage à l'air vif, qu'il marchât en silence avec Aïcha près de lui, qu'il exerçât ensemble la finesse de ses sens aux aguets, son instinct de chasse et de ruse…La joie naissait, jaillissait d'elle-même, il était sûr que de cette nuit, de tout ce qu'il ferait cette nuit, ne pourrait naître qu'une joie toujours plus riche et plus grisante…Chasser dans la nuit avec pour compagnon le halètement chaud d'Aïcha, sa forme ardente et sombre et ses bonds meurtriers…Une soûlerie capiteuse, un vertige de bonheur lui enflait la poitrine… »
Jusqu'au jour où une dénonciation lui met les gendarmes aux trousses, et notamment un certain Bourrel, gendarme vertueux, cruel et sans concession qui va se servir de Trochut l'aubergiste pour confondre Raboliot qui va fuir et se cacher d'abord chez son beau-père taxidermiste et ménétrier, un homme gentil et serviable, puis un peu partout où il peut échapper à Bourrel, ne manquant pas à l'occasion de le narguer en se montrant dans le village à la nuit tombante.
Entre temps, on fait connaissance du comte de Remilleret, de Tancogne son fermier général et de Volat dit Malcourtois, un braco de première, ombrageux et jaloux, au passé sulfureux, qui tient aussi le rôle de garde des terres du comte. Quand Volat découvre qu'un autre braco est passé sur les terres du comte, il est fou de rage et de révolte : il sera sans pitié avec qui le brave ! Il a compris que Raboliot est passé par là. Fiévreux de rancune il va frapper et va utiliser la petite Delphine, fille de Flora sa femme, pour pister Raboliot qui a, c'est certain, colleté sur les terres du comte. Mais rien ne va se passer comme il l'escomptait du moins dans un premier temps. La petite Delphine, habile et sauvageonne va zigzaguer entre les lignes s'alliant au gré du temps avec Raboliot ou avec ses poursuivants.
Traqué sans relâche, Raboliot avoue à la dérobée son désarroi à Sandrine qui lui conseille de se confier à son père qui l'avait déjà hébergé, lequel conseille à Raboliot de se rendre aux gendarmes. La famille est sans ressource, la maie est vide, le fourneau est froid et les drôles vont rentrer de l'école affamés : se rendre est la meilleure solution.
Une ultime équipée braconnière avec ses amis Sarcelotte et Berlaisier se termine mal : ils ont été trahis et les deux amis sont emprisonnés. Raboliot parvient à fuir au fond des bois, chasser pour se nourrir et fusiller les capucins qui boultinent parmi les éteules ou les judelles qui rament dans les jonchères. C'était son seul plaisir. Maintenant c'est sa survie. Les mois passent, il vit dans les bois comme un loup solitaire, avec comme seul et bref plaisir, lorsque la nuit engrisaille la lande et enténèbre les halliers, après avoir couru dans les près parmi les flouves et les phléoles tremblantes, quelques échappées chez Flora au charme de qui il succombe.
Il erre se répétant le nom de Sandrine et celui de ses enfants Edmond, Léonard, Sylvie dans une sorte de délire… et il les rejoint. La maison est là dans l'ombre et son destin l'attend…
Ce magnifique roman que j'avais lu à l'âge de quinze ans , connut dès sa publication un immense succès populaire. Ceux qui connaissent la Sologne y retrouveront distillés au fil des pages son charme et son secret. Ils découvriront le personnage de Raboliot, braconnier hors la loi partagé entre son amour de la liberté et de la forêt, et ses amours humaines, inconciliables parfois hélas.


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