AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,53

sur 657 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Voici un roman court qui offre l'avantage appréciable de valider de nombreux challenges de lecture, futé !

Plus sérieusement, "La porte étroite" est - si on en croit l'évangile - le choix délibéré de ne pas céder à la facilité, à la séduction du péché ; c'est le choix conscient et volontaire de la Vertu.

Jérôme, le narrateur, et Alissa, sa cousine, s'aiment depuis l'enfance et leur avenir heureux semble tracé. C'est sans compter sur Juliette, soeur d'Alissa et donc autre cousine de Jérôme, dont on découvre qu'elle aime aussi Jérôme. de ce triangle amoureux à la "Je t'aime, moi non plus", il ressort un mariage arrangé et fécond pour Juliette, et une relation amoureuse complexe pour Jérôme et Alissa. Au fil des ans, Alissa semble en effet fuir l'engagement matrimonial projeté de longue date et se campe dans une posture de sacrifice et de renoncement, tout en cherchant à atteindre la sainteté dans l'amour, prétendant à une supériorité qui exclut de plus en plus la consommation de cet amour.

Jérôme fait part dans son récit des aléas de sa passion et André Gide donne aussi la parole à Alissa à travers ses lettres et son journal.

Comme c'est souvent le cas avec les amours éthérées et compliquées - pour ne pas dire exaltées ou hystériques, j'ai été peu touchée par ce drame sentimental et même si la plume de Gide donne du relief à l'ensemble, je ne me suis pas attachée aux personnages et j'ai ressenti très peu d'empathie, même face au drame.


Challenge Nobel
Challenge ATOUT PRIX 2022
Challenge XXème siècle 2022
Challenge MULTI-DEFIS 2022
Challenge RIQUIQUI 2022
Challenge COEUR d'ARTICHAUT 2022
Challenge des 50 objets 2021/ 2022
Challenge XIXème siècle 2022
Commenter  J’apprécie          473
« D'autres en auraient pu faire un livre ; mais l'histoire que je raconte ici, j'ai mis toute ma force à la vivre et ma vertu s'y est usée.  » c'est par ces mots que débute La porte étroite ,roman "autobiographique "d' André Gide publié en 1909 à l'âge de 40 ans .
Orphelin de père jeune, il est élevé par sa mère et Anna Shackleton, l'ancienne institutrice de sa mère. de santé fragile il est souvent amené à séjourner en Normandie et est très proche de ses cousines. Un amour violent, passionné va l'unir à Alissa l'aînée . Mais dans ce milieu protestant où la religion imprègne chaque moment , son amour va devoir affronter l'idéal d'absolu , de pureté et de vertu auxquels Alissa aspire. S'en suit alors une correspondance régulière, un éloignement de fait et une aspiration à un idéal amoureux .
Tout le chemin que suivront les deux cousins est guidé par la bible et l'Evangile de Mathieu "Entrez par la porte étroite. Car large est la porte, spacieux est le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là. Mais étroite est la porte, resserré le chemin qui mènent à la vie, et il y en a peu qui les trouvent."
Difficile me semble t'il de pénétrer dans cet univers si loin de notre monde actuel , il m'a semblé entendre en écho certains textes de Julien Green . Difficile aussi en ce début du XXème siècle d'affirmer et de vivre son homosexualité .
La Porte étroite est le premier texte d'André Gide que je lis. Cet écrivain comme d'autres avant lui a dérangé par ses moeurs, ses idées politiques et il aura fallu attendre 2016 pour que ce Prix Nobel de littérature 1947 soit inscrit au programme du Bac !!!
Commenter  J’apprécie          432
Il y a des jours où je regrette d'être tombée dans le piège des notes, ces froids petits chiffres posés avec nonchalance sur nos lectures (et sur tant d'autres choses d'ailleurs: des produits, des services, et même des gens...), et qui dans leur format lapidaire et définitif révèlent bien peu de ce que l'on veut dire. Je me prends même ici à rêver que ces notes soient celles que les auteurs attribuent au lecteur et non l'inverse: qui suis-je pour "noter" Gide?
D'autant que mettre une note est en soi une démarche facile, totalement inverse à celle de la porte étroite! "La route que vous nous enseignez, Seigneur, est une route étroite – étroite à n'y pouvoir marcher deux de front", dit Alissa qui se dérobe à l'amour de Jérôme, qu'elle aime pourtant, mais qui choisit la voie de l'abstinence pour préserver ce que cet amour a de plus pur.
L'exigence et l'élégance de la plume de Gide, la délicate austérité du récit tout comme l'ambition d'élévation de l'âme de ses personnages sont évidemment au-delà de toute vulgaire notation. En revanche, je dois avouer que cette lecture, bien que courte, aura été pour moi assez poussive, trop marquée de religiosité et d'introspection pour mes papilles de lectrice, d'où ce piètre 3 dont je la gratifie. J'ai bien peur de ne toujours pas être prête à lire Proust...


Commenter  J’apprécie          414
Que dire ? Qu'écrire ?
Ma première impression a été : quel pensum ! Les raisons qui m'ont inspiré cette réflexion n'ont pas évoluées ultérieurement. Comment peut-on encore lire ça au XXIème siècle ? Les modes de pensée des personnages sont datés, imprégnés d'un rigorisme protestant, voire d'un puritanisme rare en France.
Mais j'ai continué, intriguée par le curieux incipit qui instaure un non moins curieux pacte narratif puisque le narrateur n'est pas l'auteur mais un certain Jérôme !
Bien m'en a pris ! Au bout du compte j'y ai pris autant de plaisir qu'à lire ceraines pièces de Molière, Musset ou Marivaux. J'y ai retrouvé le même genre de jeux sur les (parfois fausses) confidences et ce n'était pas inintéressant, loin de là …
Mais, franchement, il est difficile de comprendre, à l'heure actuelle, comment visualiser et comprendre Alissa quand elle écrit «Sérieusement, il vaut mieux que nous ne nous revoyions pas encore, Crois-moi : quand tu serais près de moi, je ne pourrais pas penser à toi davantage. Je ne voudrais pas te peiner, mais j'en suis venue à ne plus souhaiter – maintenant - ta présence .» ou «je pense à toi sans cesse (ce qui doit suffire à ton bonheur) et […] je suis heureuse ainsi».
Je me suis même surprise à penser à certaines jeunes filles radicalisées, et je pense qu'il n'y a guère autre chose qui s'en rapproche aujourd'hui. En tout cas, cette impression est fort éloignée des intentions de Gide, mais permet de percevoir un certain rejet, pas vraiment formulé, de tout intégrisme.
Une lecture qui, finalement, ne m'a pas vraiment déplu, mais que je ne conseillerais pas à grand monde !
Commenter  J’apprécie          283
Délicieusement désuet!
Que de contraintes morales et puritaines! Que d'entraves au bonheur!
Ces thèmes chers à André Gide(écrivain français 1869-1951 et prix Nobel en 1947) se retrouvent dans La porte étroite, cette porte, que vont essayer d'emprunter Jérome et Alissa(cousins qui s'aiment depuis l'enfance),se refermera par excés de vertu.
Un roman d'amour qui évoque un plausible bonheur repoussé.
Est-ce le départ de sa mère,Lucile Bucolin belle et sensuelle créole, avec un jeune officier, l'abandon de sa famille au fi des conventions qui incite Alissa à se sacrifier, à ne pas oser vivre une vraie vie de femme épanouie? Est-ce l'excés de dévotion religieuse et le désir d'atteindre un état de sainteté qui lui font repousser son amoureux transi?
Et Jérome? Est-ce une trop grande timidité, suite à la perte de son père à douze ans et à l'hyperprotection de sa mère et de son amie, qui l'enferme dans ce non désir des femmes, dans son attachement pour une seule, et l'empêche de voir le véritable amour que lui porte Juliette la soeur d'Alissa?
Que d'imbroglios! Que de différences entre les moeurs,la culture,les idées,les croyances,la morale d'un siècle à l'autre!
Une belle écriture et une bonne peinture de société mais un thème (à mon avis) un peu dépassé!
Commenter  J’apprécie          252
Alissa et Jérôme se connaissent depuis l'enfance, ils sont cousins germains. Jérôme s'est promis de rendre sa cousine heureuse en l'épousant, après l'avoir surprise un soir, en prières et en larmes, alors qu'elle avait appris l'infidélité de sa mère envers son père. Un pasteur ami de leur famille fait un prêche fort opportun : petite ou grande, il faut savoir choisir la porte qui mène à la Vie ("Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite" Luc, XIII, 24). Avec Gide, la Bible n'est jamais très loin !

L'interprétation très divergente que chacun des deux protagonistes fait du texte de Saint Luc reste au coeur de cette histoire. Jérôme semble penser que cette porte puisse se franchir à deux. Alissa non. Ils finissent par s'éloigner totalement l'un de l'autre.

Leurs sentiments réciproques semblent pourtant profonds. Mais Alissa n'a de cesse de soumettre Jérôme à l'épreuve. Epreuve du choix : en lui demandant d'épouser sa soeur Juliette qui est également amoureuse de lui, ce que Jérôme apprend par son ami Abel. Epreuve de l'absence : au fil des mois qui passent, Alissa espace leurs rencontres pour se placer finalement en situation de renoncement total, s'enfermant dans un mysticisme de plus en plus toxique. Juliette fait un mariage de raison où elle trouve l'équilibre, Jérôme reste malheureux en découvrant, dans le journal qu'Alissa lui a laissé, l'aveu qu'elle l'a probablement bien plus aimé que ce qu'il pouvait supposer. Excès du renoncement. Gide face au "péché de la chair" !

Il écrit dans son journal : « Qui donc persuaderai-je que ce livre est le jumeau de L'Immoraliste et que les deux sujets ont grandi concurremment dans mon esprit, l'excès de l'un trouvant dans l'excès de l'autre une permission secrète, et tous deux se maintenant en équilibre ».
Commenter  J’apprécie          240
"La porte étroite" est un court roman, à l'intrigue simple et resserrée autour des deux figures que sont Jérôme - le narrateur - et Alissa ; tous deux sont cousins, et nourrissent un amour mutuel, dès l'enfance, avant même qu'ils en aient pris conscience. Au fil des années cet amour ne fait que s'affirmer, fortifié par la proximité spirituelle et religieuse des deux promis. Mais à mesure que la perspective des fiançailles se dessine, Alissa se referme, se montre fuyante, d'abord au prétexte de faire le bonheur de sa soeur Juliette - qui aime aussi Jérôme - pour qui elle est prête à sacrifier son amour, puis de ne pas s'éloigner de son père malade ; une fois ces obstacles levés, Alissa tente alors de repousser son amant - alors même qu'elle confie à son journal ne jamais l'avoir autant aimé - par son attitude, en s'enfermant dans une piété qui appauvrit et son corps et son esprit.

Car il apparaît vite qu'Alissa est déchirée entre la perspective de ce bonheur immédiat, terrestre, qui lui tend les bras, et l'aspiration à la pureté et à la vertu. Elle en vient à détruire la possibilité de son bonheur, et de celui de Jérôme, par cette exigence de sainteté, dans laquelle elle finit par se noyer. Jérôme lui-même a fait l'effort de la vertu, mais pour rejoindre Alissa ; celle-ci, au contraire, n'y voyant qu'un chemin vers une félicité plus grande - "Dieu nous ayant gardé pour quelque chose de meilleur" - cherche à s'effacer, à se soustraire, à sacrifier son amour pour la connaissance de ce "meilleur" - et pour que Jérôme puisse aussi le connaître. Il m'a toutefois semblé qu'il n'y avait pas, ou si peu, d'humilité dans la démarche d'Alissa, mais au contraire un orgueil démesuré, insoutenable, l'orgueil de la vertu et du sacrifice - Alissa ne se dit-elle pas blessée que le bonheur de sa soeur n'eût pas nécessité son sacrifice ? - que le roman met très bien en lumière.

De ce que j'ai pu lire par ailleurs, le roman est riche d'éléments autobiographiques, de l'enfance protestante austère et rigoureuse, à l'institutrice anglaise, en passant par l'amour spirituel et intellectualisé de sa cousine. Je ne crois pas qu'il faille y lire une diatribe contre la force stérilisante de la religion, même si l'on sent que Gide désapprouve cette course acharnée vers la sainteté - qu'il a pu connaître ou côtoyer - mais davantage un récit d'amour impossible, contrarié par l'attitude désespérée et pathétique de son héroïne. L'écriture de Gide est parfaitement classique - c'est déjà ce qui m'avait marqué à la lecture des "Faux monnayeurs" - mais sans même ici d'avant-gardisme dans la construction du roman. Sans doute le livre paraît-il aussi un rien désuet, par son style - toutefois très beau - et par un certain nombre de problématiques qu'il met en scène. Mais cela lui ajoute un charme indéniable, sans affaiblir nullement la dimension tragique d'une histoire d'amour au fond intemporelle.
Commenter  J’apprécie          130
Ce roman composite, en partie épistolaire, s'ouvre sur une citation de Luc 13:24 “Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite”; c'est dire assez l'atmosphère de puritanisme protestant qui attend le lecteur dans se roman qui a pour cadre la bourgeoisie havraise. Cette citation liminaire est renforcé par le passage du livre où le pasteur de la congrégation choisit et commente le verset de Mathieu 7:13 : “Entrez par la porte étroite. Car large est la porte, spacieux est le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là”.

Le corps principal du récit traite d'amours adolescentes contrariées. Jérôme aime Alissa, sa cousine, depuis sa tendre enfance, mais celle-ci inexplicablement, est prise d'une lubie de sacrifice en faveur de sa soeur cadette Juliette, qui est secrètement éprise de celui-ci, alors qu'Abel, ami de Jérôme, et amoureux de cette dernière, qui n'éprouve rien pour lui. Par dépit et secouée par le peu d'échos que son amour éveille dans le coeur de Jérôme, tout à Alissa, Juliette précipite ses fiançailles avec un honnête négociant en vin peu raffiné par les grâces de la culture. S'ensuit une relation épistolaire d'Alissa vers Jérôme, que ses études et son appel sous les drapeaux ont éloigné. Mais le temps à passé, rien de ce qui a été vécu, qui à subit les assauts du temps, ne reste identique; et tout passe… nevermore! dirai le corbeau de Poe. Lorsque sonne le temps des retrouvailles, la gêne s'est glissée entre eux, leur relation se déroule sous le signe de la contrainte…

Cet amour éthéré, cet obsession de la sainteté, de la vertu, chez Juliette, ses subtilités et ses détours, cette pudibonderie, mon laissé indifférent sinon passablement agacé. De l'aveu du narrateur d'ailleurs même, “un peu moins orgueilleux, notre amour eût été facile”. Je n'adhère que rarement, en effet, à ces sortes d'amours déracinées de leur indispensable terreau de passions humaines et terrestres, et la déclaration de l'Amant de Lady Chatterley me semble bien plus belle, car plus humaine : "Je t'aime avec mes couilles et tout autant avec mon coeur". Clairement l'oeuvre de Gide qui m'a le moins transporté.
Commenter  J’apprécie          92
Un amour contrarié par le destin et les prétentions d'élévation spirituelle des protagonistes. Rien ne m'exaspère plus que les amoureux maudits par rien d'autres que leur propre bêtise, et leur conception malsaine de l'amour.
Il faut dire quand même que la beauté du texte me fait parvenir au terme du roman, et que les sentiments suscités chez moi, bien que négatifs sont forts. Il y a sans doute là, quelque chose à méditer.
Commenter  J’apprécie          80
André Gide a écrit ce récit en 1909. Le narrateur, Jérôme, est lié depuis l'enfance à sa cousine Alissa. Tous deux, animés par une commune ferveur religieuse, veulent se comporter comme des êtres d'élite. Arrivés à l'adolescence, ils se croient amoureux l'un de l'autre; ce sentiment reste purement platonique. Pour diverses raisons, leurs fiançailles ne les conduisent pas au mariage: celui-ci sera retardé indéfiniment. La soeur cadette d'Alissa, Juliette, familière avec Jérôme, en devient amoureuse; mais elle décide d'épouser un homme très ordinaire. Jérôme et Alissa restent théoriquement proches, pratiquement éloignés - et chastes, naturellement. En définitive, le projet de mariage est annulé et Alissa meurt peu après.
J'avais découvert ce roman pendant l'adolescence et il m'avait alors considérablement irrité. A la relecture, j'ai eu la même réaction ! Toute l'intrigue me semble bizarre et très anachronique. Cette austérité, cette aspiration à la perfection morale, cette prétendue pureté n'ont rien qui puisse me plaire. Quel est ce soi-disant amour entre Jérôme et Alissa ? C'est peut-être "philia" ou "agapè", mais ce n'est certainement pas "éros". En lisant ce livre, j'ai songé à Sigmund Freud qui était actif lors de la parution de "La porte étroite": Alissa aurait tiré certainement profit d'une psychanalyse avec le Maître - et aussi Jérôme (dont la libido semble éteinte), d'ailleurs…
Ces situations bancales, ces personnages ambigus, ces lubies idéalistes, si énervantes qu'elles soient, sont parfaitement développés dans le roman. Gide est un grand écrivain
Commenter  J’apprécie          70




Lecteurs (2409) Voir plus



Quiz Voir plus

André Gide

Né en ...

1869
1889
1909
1929

10 questions
107 lecteurs ont répondu
Thème : André GideCréer un quiz sur ce livre

{* *}