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sur 656 notes
Je suis entré par la porte étroite de ce récit, guidé par la très belle écriture d'André Gide. Ce texte court, - moins de deux cents pages, dont on devine une dimension autobiographique, nous fait rencontrer quelques jeunes personnages, encore adolescents.
Dans ce texte à la construction insolite, fragile comme un édifice prêt à se rompre, André Gide nous convie dans ce milieu austère d'une famille bourgeoise et protestante de la province du début du vingtième siècle.
Suite au décès de son père, le narrateur Jérôme s'éloigne de Paris avec sa mère pour rejoindre le domaine de Fongueusemare, tout près du Havre le temps des vacances. Là il se lie d'amitié avec son cousin Robert, ainsi que les deux soeurs de ce dernier, Alissa et sa cadette Juliette.
Pourtant c'est le temps d'une jeunesse presque insouciante que nous abordons tout d'abord.
Le bonheur est là comme une joie pure qui vient donner de la lumière aux personnages. Les enfants grandissent et peu à peu, comme on peut le deviner aisément, l'amitié se transforme en amour, emportant Jérôme et Alissa dans un jeu sentimental certes plus platonique que sensuel, mais dont les tours et les détours laissent venir à eux des gestes épris de bonheur et de vertige. La nature est riante autour de ces jeunes amants en devenir et ressemble à ce jardin parsemé d'arbres et de fleurs dans lequel on entre par une petite porte dérobée...
La porte étroite s'ouvre sur cet air bucolique. Alissa et Jérôme ont appris à tout partager, ils ont ce don en eux pour effleurer les mêmes instants, les mêmes paysages, les mêmes objets, ce piano au milieu du salon, une promenade dans le jardin, un coin d'azur, des livres qui parlent eux aussi de bonheur, d'histoires d'amour, de légèreté...
Mais le jardin est un lieu fermé, c'est une histoire qui se tisse peu à peu entre les personnages comme un huis-clos... C'est un amour tendre, sans doute encore fragile, prêt à s'effriter dans l'entrelacement des mots.
La joie d'aimer est vite abîmée par une ombre dont on ne soupçonne pas le dessein qui la porte, dont on ne comprend pas tout de suite le sens qui l'anime.
Un triangle amoureux complexe se déploie comme un chassé-croisé peuplé d'élans et de malentendus. Jérôme et Alissa s'aiment, mais Juliette aime aussi Jérôme, alors Alissa est prête à renoncer à l'amour de Jérôme, à se sacrifier pour faire le bonheur de sa soeur qui est déjà promise à un homme qu'elle ne désire pas, un homme rustre qui possède des terres agricoles dans le sud de la France.
Est-ce alors que les choses ne furent plus pareilles, plus comme avant ?
Une vertu indicible, son exaltation tout aussi sincère que spontanée, viennent effacer cette joie pure qui ne demandait qu'à pousser cette porte étroite, l'ouvrir grande sur un jardin prêt à s'embraser d'odeurs et de couleurs.
Alissa change alors, à moins que ce ne soit le monde autour d'elle qui change à ses yeux, à moins que ce soit son regard sur ce monde... Elle change dans la tranquillité des jours, c'est presque imperceptible. C'est comme un ciel qui bouge dans la couleur pâle des nuages. Jérôme la voit s'éloigner, tant en demeurant dans une sorte d'illusion...
L'écriture d'André Gide dit cela avec délicatesse, justesse, douceur...
Alissa repousse les fiançailles. Elle devient cette Arlésienne drapée d'une foi devenue inébranlable. Jérôme cherche à tendre vers cet idéal de vertu qui porte Alissa, mais ce n'est qu'un chemin pour rejoindre celle qu'il aime et qui l'aime cependant, ce n'est qu'un chemin, tandis qu'Alissa se consume déjà ailleurs, plus loin, plus haut peut-être...
Je me suis tenu dans le retrait de cette porte étroite, qui bat dans le vent, ce vent qui ballote les personnages, les effleure, finit par les tourmenter.
Je n'ai pas vu les choses venir, tout comme Jérôme peut-être. Les hommes sont-ils absents de cet indicible mouvement des femmes en elles ? Je pensais que l'amour d'Alissa cherchait à se nourrir d'un idéal terrestre, le bonheur d'ici-bas, les choses simples et ordinaires de la vie qu'un coeur qui bat pour l'autre peut transcender. Je voyais rire ce jardin en eux, avec ses fleurs, ses abeilles, ses rouges-gorges, ses gorges pleines de rires...
Dans ces pages cruelles où j'étais seul à commencer à voir ce qui se passait, - quand je dis seul je veux dire par là que ma complicité tissée avec le narrateur qu'est Jérôme ne servait plus à grand-chose, je voyais un fossé commencer à se creuser entre les deux amants... Peut-être faisait-il semblant de ne rien voir... ?
J'étais seul à voir ce qui se passait, mais je ne comprenais pas ce qui se passait. Comment tant de tendresse et de complicité pouvaient-elles brusquement être menacées ? Et par quoi d'ailleurs ?
André Gide me laisse pantois avec cette chose inexplicable, incompréhensible aux yeux de l'homme aimant et mécréant que je suis, aimant la vie, les jardins, les fleurs, les gourmandises, les tangages, l'ivresse insoupçonnée qui gît dans l'étonnement de chaque jour, chaque rencontre...
Car c'est pour Alissa peu à peu le renoncement à un bonheur qui lui ferait brusquement peur, ferait pâle figure à côté du rêve qui l'anime, le refus d'un bonheur facile qui viendrait altérer la pureté de l'âme. Elle préfère une vie d'ascétisme religieux aux plaisirs charnels. Pourtant elle n'a jamais cessé d'aimer Jérôme.
J'ai entrevu ici une lutte entre deux forces qui semblent s'opposer : l'amour et la vertu, comme si ces deux versants étaient séparés par un gouffre abyssal et ne devaient jamais se rejoindre...
J'ai vu dans ces pages un récit amer et désabusé.
Le coeur de Jérôme qui bat pour Alissa devient peuplé de chimères.
Elles emplissent le lecteur que je suis d'un sentiment de tristesse et de révolte.
L'abnégation, - l'idéal d'abnégation nourri d'une foi dont on ne sait d'où elle vient, serait-elle donc la seule cause qui rendrait impossible cet amour, du moins dans son expression charnelle ? Quel gâchis ! ai-je alors pensé. Mais qui étais-je pour juger d'un tel amour ? Sauf que je voyais Jérôme souffrir. Sauf qu'Alissa se perdait elle aussi dans cette manière de se consumer tout doucement...
Où poser ma tristesse, mon incompréhension, mon indignation ? À quel endroit ? Ici, peut-être ce soir, dans ces quelques lignes à partager avec vous...
André Gide dit cela avec tant de mots beaux et fragiles, dans une forme narrative mêlant les confidences de Jérôme au journal d'Alissa et aux lettres qu'ils s'écrivent, rendant le texte d'une proximité incroyable. Je laisse entrouverte la porte étroite de ce livre pour que vous puissiez un jour y venir à votre tour.
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Alors que L'immoraliste présentait un personnage désoeuvré et égoïste, La porte étroite nous fait voir tout le contraire. Moi, je l'ai trouvé assez joli. Quelque chose d'idylique, de bucolique se dégage dès le début. Cette évocation des années de jeunesse, le domaine de Fongueusemare, aux environs du Havre, la description de la nature (ce jardin, ces arbres, cette allée riante de fleurs, ce mur avec une petite porte à secret, l'horizon…) et ces personnages aux sentiments d'une pureté rare. le narrateur Jérôme se lie d'amitié avec son cousin Robert, puis avec ses deux soeurs Alissa et Juliette, toujours là à les suivre. Puis ils grandissent… l'amitié se transforme en amour. Malgré ces qualités magnifiques, le cadre tend parfois vers l'opposé, on y retrouve un je-ne-sais-quoi, on y étouffe entre ces trois-quatre personnages. Tout comme eux, on y est confiné. C'est quasiment un huis-clos, malgré les beaux paysages à n'en plus finir et les déplacements vers la capitale. Et c'est bien, ça évite de tomber dans les mièvreries et le sentimentalisme à l'eau de rose. Et c'est sans oublier l'univers protestant dans lequel ils évoluent, cette austérité, cette rigueur, cette ferveur religieuse troublantes pour le lecteur. Pas de doute, c'est bien du André Gide.

La relation entre Jérôme, et Alissa s'épanouit dans une ferveur religieuse partagée. (Un amour spirituel ?) Toutefois, la jeune soeur d'Alissa, Juliette, aime également Jérôme. Ce triangle amoureux trouve plusieurs dénouements qui se déclinent en une multitude de malentendus. D'abord, Alissa reporte à plusieurs reprises son mariage. Moi, à la place de Jérôme, j'aurais eu des doutes et au lieu d'accepter bêtement les reports, j'aurais exigé des explications. Mais bon, parfois, parfois on est mieux avec ses illusions. Puis, Juliette, dans un élan de d'amour ultime, épouse un autre homme qui ne lui plait pas vraiment. En effet, la meilleure preuve d'amour n'est-elle pas le sacrifice ? Et Alissa, se sent-elle coupable de laisser sa soeur se renoncer ainsi, par dévouement ? C'est là que l'histoire de la porte étroite se trouble vraiment, qu'on assiste à des conflits de valeurs mais ils sont rapidement balayés par les personnages. Au lecteur d'essayer de régler tout ça dans sa tête.

Malgré le sacrifice de Juliette, la situation de Jérôme et Alissa s'améliore à peine. Leurs retrouvailles semblent maladroites et les malentendus se multiplient. Plus rien n'est pareil. Puis, dans sa ferveur religieuse, Alissa décide de mettre fin au mariage définitivement. Avec tous les sentiments contradictoires qui l'habitent, elle croit que l'amour pur auquel elle aspire est impossible, que le bonheur terrestre n'est pas pour elle. Cette ferveur religieuse est troublante. Ça devient du mysticisme. À la fin du roman, la dernière partie consiste en le journal intime de la jeune femme. Elle a cherché dans les saintes écritures une justification à sa conduite et se conforme à un idéal difficile à accepter ou comprendre pour un Nord-Américain moderne. Mais, puisqu'il s'agit d'un journal intime, peut-on croire tout ce qu'elle y a écrit ? La même chose peut être dite de la narration de Jérôme. Était-il possible qu'il ne puisse avoir aucun doute quant à l'attitude d'Alissa ? D'être à ce point aveugle ? À moins qu'il ne s'agisse d'aveuglement volontaire ? Quelle est la vérité ? André Gide est manifestement très doué pour susciter la réflexion et la controverse.
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Jérôme vient de perdre son père. Avec sa mère et une amie de celle-ci, Miss Flora Ashburton, ils partent tous les trois passer des vacances en Normandie chez les Bucolin, des parents. Il y fait la connaissance de sa cousine, Alissa, dont il tombe amoureux et lui soumet son projet de l'épouser…
Si l'on connaît un tant soit peu la biographie de Gide, on s'apercevra vite qu'il reprend beaucoup d'éléments de celle-ci dans « La porte étroite ». Ainsi à sa sortie, il ne souhaite pas que l'on qualifie son ouvrage de roman mais plutôt de récit, sans doute afin de lui donner toute la véracité qu'il souhaite et, de facto, satisfaire son égo en embellissant une réalité moins gratifiante. Car l'auteur a bien épousé sa cousine, mais on peut douter de l'aspect passionnel de leur relation qu'il développe amplement au cours de cet ouvrage lorsque l'on sait la vraie nature de Gide. Mais qui sommes-nous pour juger ?
Alissa surprend dans son attitude à refuser l'amour qui lui est offert, et même agace. On pourrait penser que l'ennui, tout comme pour la Bovary, est l'élément déclencheur de cette recherche des situations dramatiques. Mais là où le personnage de Flaubert concrétisera ce goût pour la tragédie dans l'adultère, le personnage de Gide l'argumentera dans une foi vertueuse.
On ne peut lire « La porte étroite » sans penser à Marcel Proust et « à la recherche du temps perdu ». On y trouve les mêmes ambiances, la Normandie et sa campagne, la mer et ses odeurs iodées que l'on devine... Il y a aussi, bien sûr, cette langue française parfaitement maniée et la poésie qu'il émane de chaque phrase. C'est comme une mélodie suave qui ne peut que flatter nos oreilles, exacerber nos sens.
On pourrait penser que Gide s'est inspiré de Proust, il n'en est rien. Gide écrit « La porte étroite » en 1909 et ce n'est qu'en 1913 que Proust présente son manuscrit aux maisons d'édition. Lorsqu'il le propose aux éditions Gallimard, son ami Gaston Gallimard est enthousiasmé, mais n'étant qu'administrateur c'est au comité éditorial que revient la décision. C'est là où Gide intervient en y opposant un veto. Par-là, il entend asseoir son autorité au sein de la prestigieuse maison et peut-être écarter un rival talentueux. Plus tard il le regrettera.
« La porte étroite » est un grand moment de la littérature française, et l'objet du premier succès de Gide auprès des lecteurs. Aussi étroite soit-elle, c'est une remarquable ouverture sur l'oeuvre de Gide, facile d'accès et que l'on devrait conseiller de lire en premier, pour qui n'a jamais rien lu de cet auteur.
Editions Mercure de France, Folio, 186 pages.
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L'amour est-il trop léger à porter pour Jérôme et Alissia?
Jérôme craint de perdre Alissia et se paralyse. Alissia veut remettre son amour à Dieu, dans une vertu qui s' exacerbe.
Où y a t il de l'amour, dans ces lettres, ces fuites, ces pas manqués?
Gide dissèque cet amour dénaturé (mais est-ce encore un amour) par la peur, le rigorisme et l'incompréhension, dans un récit empreint de mélancolie.
Cette Porte étroite a quelque chose du Grand Meaulnes et ses fragrances de bonheur mais avec cette aridité d'une foi qui dessèche.
Cette Porte étroite que l'on ne peut franchir à deux de front.

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Termes choisis, écriture délicate et quelque peu surannée : plaisir de lecture !

Sacrifice, abnégation, refus de l'amour charnel, c'est la voie qu'Alissa choisit face à l'amour qu'elle ressent pour Jérôme, son cousin. Amour partagé il faut le dire.
Et pourtant pour ces deux-là, il était impossible au lecteur de ne pas le voir se concrétiser tant de points communs existaient entre ces deux êtres : amour profond, foi, lecture, jardinage, tendresse et complicité aussi.


J'ai eu un peu de mal au début à passer cette porte étroite. L'empathie auprès de ce jeune couple d'amoureux n'a pas été immédiate. Mais plus j'avançais dans la lecture, plus je me rapprochais d'eux, même si je ne partageais pas leurs choix : trop de passion divine pour elle, trop de laisser-aller ou laisser-faire pour lui. Et pourquoi finalement ? Ne pas oser vivre ? Ne pas goûter au bonheur terrestre ? le sacrifice au nom de la vertu ?

Difficile d'entrer dans la tête d'Alissa et de voir s'exalter ainsi sa passion et pour Jérôme et pour Dieu. On peut lui en vouloir de jouer ce rôle surtout quand elle dit souhaiter à son cousin de se marier avec une autre et d'avoir une fille qui portera son nom, en souvenir. Quelle ambivalence dans ses sentiments ! Mais elle se trompe elle-même en agissant ainsi et c'est bien ce que révélera plus tard ses écrits retrouvés.
Quant à Jérôme, on aimerait le secouer de tant d'effacement et de gémissement.

Un thème (amour courtois, valeurs idéalisées ; ce roman est paru en 1909) bien sûr loin de l'actualité d'aujourd'hui mais qui se lit avec plaisir. Les personnages et les lieux sont très bien dépeints, étudiés en profondeur, par l'auteur. Et l'on ressort de ce récit empli de tristesse pour ces amoureux, en se disant : quel gâchis, mais aussi en s'interrogeant sur le sens de la vie et le poids de la religion.
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Voici un roman court qui offre l'avantage appréciable de valider de nombreux challenges de lecture, futé !

Plus sérieusement, "La porte étroite" est - si on en croit l'évangile - le choix délibéré de ne pas céder à la facilité, à la séduction du péché ; c'est le choix conscient et volontaire de la Vertu.

Jérôme, le narrateur, et Alissa, sa cousine, s'aiment depuis l'enfance et leur avenir heureux semble tracé. C'est sans compter sur Juliette, soeur d'Alissa et donc autre cousine de Jérôme, dont on découvre qu'elle aime aussi Jérôme. de ce triangle amoureux à la "Je t'aime, moi non plus", il ressort un mariage arrangé et fécond pour Juliette, et une relation amoureuse complexe pour Jérôme et Alissa. Au fil des ans, Alissa semble en effet fuir l'engagement matrimonial projeté de longue date et se campe dans une posture de sacrifice et de renoncement, tout en cherchant à atteindre la sainteté dans l'amour, prétendant à une supériorité qui exclut de plus en plus la consommation de cet amour.

Jérôme fait part dans son récit des aléas de sa passion et André Gide donne aussi la parole à Alissa à travers ses lettres et son journal.

Comme c'est souvent le cas avec les amours éthérées et compliquées - pour ne pas dire exaltées ou hystériques, j'ai été peu touchée par ce drame sentimental et même si la plume de Gide donne du relief à l'ensemble, je ne me suis pas attachée aux personnages et j'ai ressenti très peu d'empathie, même face au drame.


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« D'autres en auraient pu faire un livre ; mais l'histoire que je raconte ici, j'ai mis toute ma force à la vivre et ma vertu s'y est usée.  » c'est par ces mots que débute La porte étroite ,roman "autobiographique "d' André Gide publié en 1909 à l'âge de 40 ans .
Orphelin de père jeune, il est élevé par sa mère et Anna Shackleton, l'ancienne institutrice de sa mère. de santé fragile il est souvent amené à séjourner en Normandie et est très proche de ses cousines. Un amour violent, passionné va l'unir à Alissa l'aînée . Mais dans ce milieu protestant où la religion imprègne chaque moment , son amour va devoir affronter l'idéal d'absolu , de pureté et de vertu auxquels Alissa aspire. S'en suit alors une correspondance régulière, un éloignement de fait et une aspiration à un idéal amoureux .
Tout le chemin que suivront les deux cousins est guidé par la bible et l'Evangile de Mathieu "Entrez par la porte étroite. Car large est la porte, spacieux est le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là. Mais étroite est la porte, resserré le chemin qui mènent à la vie, et il y en a peu qui les trouvent."
Difficile me semble t'il de pénétrer dans cet univers si loin de notre monde actuel , il m'a semblé entendre en écho certains textes de Julien Green . Difficile aussi en ce début du XXème siècle d'affirmer et de vivre son homosexualité .
La Porte étroite est le premier texte d'André Gide que je lis. Cet écrivain comme d'autres avant lui a dérangé par ses moeurs, ses idées politiques et il aura fallu attendre 2016 pour que ce Prix Nobel de littérature 1947 soit inscrit au programme du Bac !!!
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Il y a des jours où je regrette d'être tombée dans le piège des notes, ces froids petits chiffres posés avec nonchalance sur nos lectures (et sur tant d'autres choses d'ailleurs: des produits, des services, et même des gens...), et qui dans leur format lapidaire et définitif révèlent bien peu de ce que l'on veut dire. Je me prends même ici à rêver que ces notes soient celles que les auteurs attribuent au lecteur et non l'inverse: qui suis-je pour "noter" Gide?
D'autant que mettre une note est en soi une démarche facile, totalement inverse à celle de la porte étroite! "La route que vous nous enseignez, Seigneur, est une route étroite – étroite à n'y pouvoir marcher deux de front", dit Alissa qui se dérobe à l'amour de Jérôme, qu'elle aime pourtant, mais qui choisit la voie de l'abstinence pour préserver ce que cet amour a de plus pur.
L'exigence et l'élégance de la plume de Gide, la délicate austérité du récit tout comme l'ambition d'élévation de l'âme de ses personnages sont évidemment au-delà de toute vulgaire notation. En revanche, je dois avouer que cette lecture, bien que courte, aura été pour moi assez poussive, trop marquée de religiosité et d'introspection pour mes papilles de lectrice, d'où ce piètre 3 dont je la gratifie. J'ai bien peur de ne toujours pas être prête à lire Proust...


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“D'autres en auraient pu faire un livre ; mais l'histoire que je raconte ici, j'ai mis toute ma force à la vivre et ma vertu s'y est usée. J'écrirai donc très simplement mes souvenirs, et s'ils sont en lambeaux par endroits, je n'aurais recours à aucune intervention pour les rapiécer c'est ou les joindre ; l'effort que j'apporterais à leur apprêt gênerait le dernier plaisir que j'espère trouver à les dires.”

Entre Paris aux environs du Havre. Jérôme, étudiant à l'École Normale de Paris, et Alissa, qui vit en Normandie avec sa famille et sa soeur Juliette, se retrouvent chaque été chez l'oncle Bucolin dans son village de Fongueusemare. Jérôme et Alissa s'aiment d'un amour pur, discret, en toute simplicité. Ils vivent essentiellement cet amour par correspondance. Alors que leurs familles veulent officialiser leur relation, Alissa ne veut pas de fiançailles et Jérôme n'y voit pas d'intérêt non plus.

Alors, ils se séparent le temps des études, s'écrivent des lettres et se retrouvent occasionnellement lors de weekend ou durant les vacances.

Mais Alissa finit par s'effacer. Elle se sacrifie d'abord pour sa soeur, Juliette, qu'elle croit éprise de Jérôme, puis ensuite pour sa foi. Mais, le jeune homme ne semble pas vouloir s'effacer de sa vie.

La porte étroite”, publié en 1909, est l'un des nombreux romans d'André Gide, Prix Nobel de la littérature en 1947. Il s'agit de l'ouvrage qui a eu le plus grand succès en librairie lors de sa parution.

Ce roman parle d'amour et de renoncement. le récit est porté avec une écriture très douce, tout en délicatesse avec laquelle l'auteur glisse dans l'intimité d'un jeune couple. le lecteur lit leurs correspondances respectueuses tout en suivant l'évolution de leurs sentiments. Il s'en dégage beaucoup de sagesse et de sérénité.

La thématique et la plume de l'auteur me rappellent les oeuvres des auteurs classiques du 19ème siècle. J'ai beaucoup aimé me plonger dans cet univers entre spiritualité et relation amoureuse. J'ai trouvé l'écriture d'André Gide très élégante et agréable à lire. Cela m'a donné envie de poursuivre la découverte de cet écrivain avec “La symphonie pastorale”, un de ses textes majeurs.

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Que dire ? Qu'écrire ?
Ma première impression a été : quel pensum ! Les raisons qui m'ont inspiré cette réflexion n'ont pas évoluées ultérieurement. Comment peut-on encore lire ça au XXIème siècle ? Les modes de pensée des personnages sont datés, imprégnés d'un rigorisme protestant, voire d'un puritanisme rare en France.
Mais j'ai continué, intriguée par le curieux incipit qui instaure un non moins curieux pacte narratif puisque le narrateur n'est pas l'auteur mais un certain Jérôme !
Bien m'en a pris ! Au bout du compte j'y ai pris autant de plaisir qu'à lire ceraines pièces de Molière, Musset ou Marivaux. J'y ai retrouvé le même genre de jeux sur les (parfois fausses) confidences et ce n'était pas inintéressant, loin de là …
Mais, franchement, il est difficile de comprendre, à l'heure actuelle, comment visualiser et comprendre Alissa quand elle écrit «Sérieusement, il vaut mieux que nous ne nous revoyions pas encore, Crois-moi : quand tu serais près de moi, je ne pourrais pas penser à toi davantage. Je ne voudrais pas te peiner, mais j'en suis venue à ne plus souhaiter – maintenant - ta présence .» ou «je pense à toi sans cesse (ce qui doit suffire à ton bonheur) et […] je suis heureuse ainsi».
Je me suis même surprise à penser à certaines jeunes filles radicalisées, et je pense qu'il n'y a guère autre chose qui s'en rapproche aujourd'hui. En tout cas, cette impression est fort éloignée des intentions de Gide, mais permet de percevoir un certain rejet, pas vraiment formulé, de tout intégrisme.
Une lecture qui, finalement, ne m'a pas vraiment déplu, mais que je ne conseillerais pas à grand monde !
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