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sur 1038 notes
"Regain", c'est l'histoire d'un village qui se meurt.
Un début comme ça, c'est sûr, ce n'est pas très vendeur ;).
Nous sommes à Aubignane, en Haute Provence, dans les collines.
Avec un titre comme "Regain," le village va faire autre chose que mourir !
En lisant "Regain," vous entrez dans la Provence de Giono.
> vous n'entrez pas dans une carte postale au sépia jauni
> vous ne fredonnez pas non plus une ode à nos campagnes d'antan, pas plus qu'un appel au retour à la terre
> vous n'êtes pas non plus dans le roman immobile d'une nature aride, hostile ou morte.
En lisant "Regain", vous courez vous cacher dans les collines et vous écoutez le vent de printemps qui porte l'odeur du renard (auquel vous tendrez un piège plus tard) et celui de toutes les révolutions et des accélérations de l'histoire. A Panturle et à Arsule, à nous de faire le reste.
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Un village de Haute-Provence se meurt. Ce qui était terre arable est redevenue lande stérile. Panturle est le dernier des habitants de ce plateau pelé. Comme la terre retournée à l'état sauvage, il vit de la chasse tel un homme de la préhistoire; parfois un renard est pris dans ses pièges et c'est une peau qu'on pourra toujours échanger pour améliorer l'ordinaire. Un jour appariait, au loin, une femme et un vieux rémouleur, qui poussent à la charrette. Obnubilé par cette vision Panturle s'oublie au point de tomber à la rivière. Lorsque il revient à lui, la femme est auprès de notre homme. Elle emboîte son pas, aussi simplement que cela. Industrieuse, elle s'affaire dans la cahute alors que Panturle se ressaisit pour mêler à la terre sa sueur, pour la féconder, pour quelle rende bien de nouveau.

La prose de Giono n'appartient qu'à lui. Sa voix à la couleur des champs de blé, la saveur du pain qu'on tire du four, le son qu'il fait quand on en brise la croûte, l'odeur de la pierre qui chauffe au soleil. Regain c'est le paganisme des premiers âges, la promesse d'un éternel retour. J'ai gardé un vif souvenir de l'adaptation cinématographique avec Fernandel et Orane Demazis, c'est qu'elle rend justice à l'oeuvre originale, superbe.
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Regain, c'est une histoire en trois actes : l'automne des départs ; l'hiver de la solitude et le printemps de la vie ressuscitée…à deux.
Le décor est un village abandonnée de Haute-Provence, car trop à l'écart du monde, là où règne la Nature : « Des corbeaux s'appellent ; on les cherche, on ne les voit pas. On dirait que c'est la grande faïence bleue du ciel qui craque. Dans les haies sans feuilles, il y a les fruits de l'églantier que la gelée des nuits a touchés et qui sont mous et doux. »
C'est simple, c'est évident, comme la vie qui ne demande pas de superflu ; juste les nécessités heureuses de l'existence : se nourrir, s'abriter, s'habiller, s'aimer aussi, dans le silence.
C'est aussi le passage de témoin : Gaubert et la Mamèche s'en sont allés, abandonnant Panturle à son existence frustre d'ermite, qu'il en deviendrait presque animal. Mais la Providence veille qui lui envoie Arsule, petite femme pleine de tout et bientôt d'une promesse de vie en elle. Car la Nature, ici toute-puissante, déteste le vide, c'est bien connu…
Et c'est soudain bon de vivre à Aubignane, où la terre donne ses fruits à qui les mérite, loin du monde où « ça fait, dans la chaleur, du bruit et des cris à vous rendre sourd comme si on avait de l'eau dans les oreilles ». Pourtant, en matière de bruit à Aubignane, il y a le vent, qui tient un langage tantôt apaisé, tantôt colérique. Mais le vent, on le connaît et on le comprend.
Tout cela est raconté avec une langue simple et évidente : ni celle gavée d'horreurs et désabusée du Grand Troupeau, ni celle, plus stendhalienne, du Hussard sur le toit. Ici, Giono parle de sa terre avec une économie de mots, comme si c'était elle qui commandait à sa main pour se dire. Il en est de même de ses personnages, hors de ce temps qui, déjà à l'époque, infligeait sa bruyante et mortelle dissonance – le roman est paru en 1930.
Voici donc un récit où il ne se passe rien que le cycle de la vie, sauf quelques soubresauts, et qui est une incitation à se trouver un petit coin de Paradis, loin des marées humaines confinées çà et là...


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Jean Giono c'est juste beau. C'est une langue pas ordinaire et paradisiaquement juste. Des histoires simples. Ca parle de la vie. D'un Terrien à des Terriens.
Notez que j'ai lu assez peu de cet auteur et que ce livre-ci n'est pas mon préféré.
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Me voici dans la relecture de Regain de Jean Giono. C'est le dernier tome de la trilogie de Pan, je ne sais pas si je lirai ensuite les autres.
C'est La Provence, destination de mon mois de mai, qui m'a remis Giono et mes lectures adolescentes en mémoire. Mon souvenir en classe de quatrième est une lecture de révélation, fulgurante et résonnante. La rédaction qui avait sanctionnée la fin de la lecture était à la hauteur de ce coup de coeur, de cette flèche, de cette envolée lyrique et extatique.
Relire Regain, est pour moi aujourd'hui quelques dizaines d'années plus tard prendre le pouls de ce qui faisait frémir mes quatorze ans. Ma lecture est sur écran géant: je me regarde lire, je relis, je savoure, je recopie, je note ; incroyable, je retrouve le rythme d'une élève studieuse qui sait qu'elle devra rendre copie.
Je suis éblouie, fascinée devant tant de poésie, les métaphores pleuvent et soufflent pour annoncer le Regain de la terre et des hommes.

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Le régal est à nouveau au rendez-vous car lire Jean Giono, c'est retrouver une simplicité et une beauté dans le style comme dans les décors et les personnages qu'il campe. Tant pis si je ne lis pas dans l'ordre La Trilogie de Pan (Colline, Un de Baumugnes, et Regain) puisque le troisième opus me tombait sous la main, je n'ai pas hésité et je ne l'ai pas regretté.

La description très vivante de ce village d'Aubignane, pas très loin de Manosque, quelque part du côté de Banon, rend vite nostalgique d'une période pas si lointaine mais, à la réflexion, que la vie y était dure ! D'ailleurs, le village se meurt. Gaubert, le vieux forgeron, s'en va chez « l'enfant ». le Panturle a perdu sa mère, « victime du mal » et la Mamèche qui a vu son homme enseveli au fond du puits qu'il creusait pour fournir de l'eau au village, est un peu folle…
Pourtant, le Panturle est encore jeune et plein de vie, à quarante ans. Aussi, la Mamèche promet de lui trouver une femme, avant de disparaître mystérieusement. Pendant ce temps, Giono nous présente Gédémus, un rémouleur. Il part de Sault avec une jeune femme, Arsule, connue auparavant sous le nom de Mademoiselle Irène. Comme par hasard, c'est elle qui tire la carriole… enfin, quand c'est son tour !
L'auteur nous gratifie alors de scènes magnifiques sur le plateau, en plein vent avec des apparitions bizarres jusqu'à ce qu'on se retrouve près d'Aubignane mais là, il ne faut plus rien dire afin de ne pas divulgâcher la fin de l'histoire, les moments les plus savoureux de lecture.
Son roman étant divisé en deux parties, la seconde est formidable d'espoir, c'est le Regain ! j'ai adoré ces scènes de travail dans les terres remises en culture, celles de la foire de Banon et les remarques concernant ce blé d'Inde imposé par certains conseillers agricoles bien intentionnés, blé qui ne supporte pas le climat sec et chaud de ce qu'on appelle aujourd'hui les Alpes de Haute-Provence. Je pense que ce qu'écrit Jean Giono entre les deux guerres mondiales devrait bien faire réfléchir aujourd'hui.
L'auteur gratifie même son lecteur d'un retour improbable d'un certain Gédémus et d'une fin très morale. Je le répète, lire Giono est un véritable délice car il raconte si bien, faisant revivre une époque où l'homme vivait en harmonie avec la nature, souffrait avec elle mais savait la respecter pour en obtenir la nourriture indispensable à sa subsistance.

Formules savoureuses, expressions d'autrefois donnant une langue ô combien moderne et chantante qui charme toujours le lecteur près d'un siècle plus tard, c'est Giono !
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Ce récit lyrique, appartenant à la trilogie de Pan, est construit en deux grandes parties : une protase évoluant vers la solitude extrême du héros suivie d'une apodose qui mène vers le retour à un ordre cyclique, le retour à la vie. A travers ce récit où cohabitent le réalisme et la poésie, l'auteur rend hommage à la Nature, en chantant sa beauté et sa puissance. La Nature, à l'image de la déesse Démeter (la porteuse de moissons) peut être à la fois nourricière et bienveillante pour l'Homme mais aussi dangereuse, capricieuse, sans pitié. Très vite, le romancier nous fait comprendre que l'humain n'est qu'un invité sur Terre, le monde étant né bien avant lui. Ainsi, sont immensité inquiète : « Sur le plateau, on n'y va pas souvent et jamais volontiers. C'est une étendue toute plate à perte de vue ». Et ce plateau est « libre » et comme un animal fait entendre le « ronron sauvage des genévriers ». Ainsi la nature personnifiée est souvent comparée à un animal, un être à part entière : « ça a changé depuis la tombée du jour :  une force souple et parfumée court dans la nuit. On dirait une jeune bête bien reposée. C'est tiède comme la vie sous le poil des bêtes, ça sent amer. Il renifle. Un peu comme l'aubépine. Ça vient du sud par bonds et on entend toute la terre qui en parle. le vent du printemps ! ». Si la nature est la véritable héroïne du récit, les personnages humains, aiment cette terre farouche, ils la respectent et savent la dompter, ils ont compris depuis toujours qu'ils devaient s'entraider pour survivre et ne pas régresser. A cet égard, quand Panturle se retrouve seul, il finit par ne plus vivre que de la chasse, se surprenant à aimer le contact du sang (épisode du renard écorché) oubliant que l'homme est aussi cultivateur et créateur (la fabrique du pain est importante dans la deuxième partie du récit). Afin que le village ne meurt pas, la Mamèche, avant-dernière habitante du village décide de trouver une femme pour Panturle en sacrifiant sa vie à la Terre ; c'est à elle qu'elle parle avant de partir : « Il faut que ça vienne de toi ». Et ainsi, Arsule arrive et la vie va reprendre, la joie va renaître, illustrant parfaitement le titre du roman  Regain , l'énergie vitale qui jaillit, celle des cycles de la vie, de la Nature : Panturle va se remettre à la culture de son champ, celle du potager, la fabrique du pain et la vente de ses produits.
A travers un langage courant proche de l'oralité, Giono nous fait vivre le quotidien rustique des paysans de villages très isolés à travers le présent de leurs pensées, de leurs échanges ou de leur solitude. L'auteur rend hommage à leur perspicacité, leur courage, leur bon sens et l'amour qu'il ont pour la Terre mais aussi leur respect mutuel. Ce livre est considéré comme un récit avant-gardiste dans sa vision écologiste.
Lien : http://yzabel-resumes-et-poi..
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Ce livre a l'odeur de mes livres d'enfance , ceux pris à la bibliothèque quand j'étais enfant.

Il sent l'ancien temps, comme le temps que Jean Giono nous décrit là.

Une écriture qui rend hommage à la nature, à celle que les paysans façonnaient à la sueur de leur front il y a longtemps mais peut être pas tant...

Je pense ainsi à mon grand-père maternel, ouvrier agricole ayant vécu quand on travaillait la terre avec les chevaux, quand on aiguisait sa faux sur sa pierre.

Mon grand-père tuait les lapins et en vendait même parfois la peau. Je l'accompagnais sur la terre pour ramasser les patates et mes souvenirs remontent en vagues nostalgiques comme une mer de blé aux touches rouges des coquelicots et bleus des bleuets.

Un livre, un classique, une écriture qui rend hommage à la terre et aux gens qui la vénèrent et qui en ont besoin.

Un autre temps mais une ode à la nature et à ce qu'elle nous offre.

Des portraits tout en humilité et en fragilité mais aussi en force et en adaptabilité.

Une rencontre d'amour ♥ Arsule et Panturle pour un regain.


Une très belle lecture.
Il est toujours agréable de découvrir des classiques.
Je suis heureuse de l'avoir lu,
il m'a emmené au coeur de la terre dans toute sa poésie.
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Une meilleure lecture que le Moulin de Pologne .. Cela valait finalement la peine de donner une seconde chance à l'auteur avec ce deuxième roman.

Lecture faite après un court passage en Provence, où j'ai découvert la vieille ville abandonnée d'Oppède. Echo lugubre avec ce récit d'un village qui se dépeuple ...
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Regain est un des tomes de la trilogie de pan.
C'est beau, bien écrit, solaire… Ca se lit aisément, on rentre bien dans le récit. Ici le dieu Pan, le Dieu Champêtre, est un Dieu bienveillant, contrairement à Colline où c'était un Dieu qui déchaînait les éléments contre les hommes.
Après si cette critique doit être une critique subjective où on donne son avis comme on veut, je n'ai pas du tout aimé ce livre. D'abord le style de Giono, qui au début, notamment dans Colline, me paraissait superbe, m'a finalement ennuyée (je rappelle que c'est subjectif comme critique !) Mais décidément trop de description de l'air, des éléments, chargés d'odeurs, le sang qui sent l'aubépine, l'air qui sent les pois et le vin, les cuisses des femmes comme de l'eau… Ca donne un peu la nausée à la fin surtout que c'est sans arrêt.
Ensuite l'histoire : Panturle est le seul habitant d'un village de Provence qui se meurt. Les deux autres habitants partent successivement, la solitude lui pèse évidemment. Vient une femme, de façon presque surnaturelle, à moitié nue dans un champ, qui se tient les « mamelles » sorties du corset entre les mains, et qui ne demande pas mieux que de rester avec lui, et de lui faire un descendant.

Pas sûr que Bourdieu ( le bal des célibataires, crise de la société paysanne en Béarn), aurait vu la fin comme ça, mais Giono n'est pas tenu au réalisme me direz-vous. Enfin voilà, je n'ai pas énormément accroché, je reconnais que je n'ai certainement pas su apprécier l'oeuvre à sa juste valeur mais la femme est trop traitée comme un brave animal rempli d'instincts pour que ça puisse me plaire (surtout que je l'ai lu juste après Un de Baumugnes, où ce trait est encore plus marqué).
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