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Le lorgnon tome 0 sur 3
EAN : 9782955891001
252 pages
Éditions de la Reine Blanche (20/05/2017)
4.5/5   11 notes
Résumé :
Dans cette nouvelle fantastique de 1832, un lorgnon est tellement bien fait qu’il permet de lire les pensées de ceux que l’on regarde... On appréciera la subtilité et la richesse de ce vaudeville traitant de la grande affaire du mariage dans la société du XIXe siècle : amour, intérêt, considérations mondaines. L'intrigue se noue de méprises, de fausses confidences, d'erreurs de jugement, de digressions parfois centrales (...) avant un dénouement inévitablement heure... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Voici un auteur classique dont je n'avais jamais entendu parler malgré des études de lettres universitaires et quel dommage ! J'ai pris beaucoup de plaisir à lire cette longue nouvelle (plus de 200 pages !) et je vais très certainement chercher et lire d'autres oeuvres de Delphine de Girardin.

En tout premier lieu, j'ai envie de parler de la plume : un style savoureux d'un classicisme réjouissant, des longues phrases bien construites, un vrai plaisir de lecture.

Edgar de Lorville reçoit en cadeau un lorgnon doté d'un pouvoir étonnant, il permet de lire les pensées les plus intimes de celui que l'on regarde. Si le jeune homme le prend tout d'abord comme un gadget amusant, il va très vite s'apercevoir de son pouvoir redoutable. Comment ne pas se renfermer quand l'on perçoit la fausseté des gens qui nous entourent ? Untel se dit son ami mais s'ingénie à lui nuire, unetelle tente de le séduire mais pense à un autre et manigance en sourdine.... Edgar perd rapidement de son insouciance et de sa confiance en autrui. Il voit toute la vérité crue de l'âme humaine sans le paraitre qu'on s'expose en société.
De mariage il est beaucoup question. Chacun tente de se lier qui par intérêt pécunier ou politique, qui par amour (bien plus rare). La condition des femmes les oblige bien souvent au mariage et il s'agit avant tout de se bien placer, de trouver rang et richesse et de garder sa virginité pour son époux. Grâce à son lorgnon, Edgar va pouvoir démêler le vrai du faux et reconnaître les personnes authentiques, les coeurs sincères.
Ce petit roman que l'auteur qualifie de "sans prétention" est sous un vernis de légèreté, une féroce satire de la société, du paraitre et de toutes les intrigues de salon autour des manigances matrimoniales, politiques etc...
L'auteur fait preuve d'une grande finesse dans l'analyse psychologique des personnages à chaque situations données.

Une nouvelle qui s'inscrit dans son époque avec foison de références que les notes de bas de pages recontextualisent : allusion aux évènements historiques et politiques, des artistes écrivains cités contemporains de Delphine de Girardin. Cela rend la portée du récit plus intéressante encore.

Une maison d'édition que je ne connaissais pas et dont je salue le très beau travail éditorial : un papier de qualité, les photos et illustrations couleurs, la couverture à rabats.

Une vraie belle lecture pour tous les amateurs de classique !
Merci à Babelio et aux Editions La Reine Blanche
Lien : https://chezbookinette.blogs..
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Un immense merci aux Editions La Reine Blanche et à Babelio pour m'avoir permis de découvrir ce petit bijou de finesse et d'ironie signé Mme de Girardin.
J'ai ainsi appris que le grand journaliste, fondateur de "La Presse" avait une femme et que celle-ci non seulement l'aidait activement en écrivant des articles pour son quotidien mais était aussi une talentueuse autrice maniant l'ironie avec talent. Dans ce qui est ici qualifié de "nouvelle" et qui est plutôt un court roman, le lecteur fait la connaissance d'Edgar de Lorville un jeune diplomate qui ramène de son séjour dans l'empire austro-hongrois un instrument quasi magique : un lorgnon qui permet de discerner les pensées de celui que l'on observe avec ce filtre !
Il ne va pas tarder à déchanter en examinant ses connaissances et amis au travers de cet instrument d'optique bien particulier. de tous côtés la rouerie et les mensonges mènent la danse, l'intérêt est omniprésent , la méchanceté à l'oeuvre. Et les déconvenues de ce jeune naïf sont furieusement drôles sous la plume de Delphine de Girardin qui brosse de la société contemporaine un portrait sans concession mais criant de vérité.
Sa plume alerte et son style élégant permettent de parsemer le texte d'aphorismes qui tombent toujours à pic et font plus d'une fois sourire le lecteur tant la finesse de l'analyse psychologique est omniprésente.
Edgar aura bien du mal à trouver l'âme soeur mais bien sûr une belle et mélancolique veuve saura le toucher et la mise à l'épreuve du lorgnon magique permettra à la jeune femme de gagner définitivement le coeur du héros . Happy end donc pour cette comédie du mariage qui évoque incontestablement l'esprit badin et fripon du Siècle des Lumières mais qui n'en constitue pas moins une critique acérée de la France de Louis-Philippe.
A noter au passage le vibrant hommage rendu à la presse par l'auteur qui a toujours soutenu la carrière de son époux et a manifestement partagé ses valeurs.
Une pépite à découvrir et à partager pour le plaisir des amoureux des belles lettres.
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Moins charmée par cette oeuvre que par la Canne de M. De Balzac que j'avais lu juste avant, peut-être parce que je n'ai plus d'effet de surprise. J'ai retrouvé avec un certain plaisir le regard mordant et spirituel porté par Delphine de Girardin sur les travers de la société. L'intrigue d'ailleurs se ressemble un peu entre les deux textes, avec une légère connotation fantastique : Balzac a une canne magique, ici, le jeune Edgar a un lorgnon au pouvoir magique, celui de révéler les véritables pensées des gens qu'ils regardent, de pénétrer les secrets de leur coeur derrière la politesse des gens du monde, qui est en réalité une hypocrisie sociale.
Edgar s'aperçoit donc que les jeunes filles qui minaudent pensent en secret à la future fortune d'un prétendant, que les dévotes sont en réalité hypocrites, les amis qui sourient des menteurs... L'intrigue n'est donc pas très originale, le dénouement de la relation amoureuse assez prévisible, Edgar assez plat comme personnage, trop gentil.
Mais c'est une lecture agréable grâce au style, à l'humour. Delphine de Girardin se livre un peu indirectement à travers le personnage du journaliste de génie à l'immense talent mais encore inconnu, pauvre, dans une mansarde. Elle livre quelques paragraphes intéressants d'un point de vue historique sur l'importance de la presse dans la société de la Restauration. le chapitre sur la visite d'un immeuble est ainsi très drôle, à chaque étage ses préjugés de classe, le grand seigneur méprise le noble d'Empire, qui regarde de haut le haut fonctionnaire, qui lui se sent supérieur à l'avocat... C'est une hiérarchie inversée, le plus riche riche est en bas, le plus pauvre à l'étage. Delphine de Girardin est donc une fine observatrice de la société dans toutes ses strates.
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Je suis ravie d'avoir pu découvrir le Lorgnon grâce à la masse critique !

Je remercie les éditions de la Reine Blanche, maison d'édition que je ne connaissais pas du tout et qui mérite qu'on parle plus d'elle ! le livre est très beau, et on y trouve même deux magnifiques illustrations d'Anne Buguet sur papier glacé. Et je ne peux qu'approuver cette démarche de publier des classiques oubliés de notre littérature, encore plus quand le livre est précédé d'une préface par une spécialiste de Delphine de Girardin !

Le ton est donné dès la préface (celle de Delphine de Girardin, cette fois) : le style est merveilleusement ironique, et assume de n'écrire qu'un ouvrage « sans prétention », un petit récit de divertissement.

C'est en effet une longue nouvelle (ou un court roman, ça dépend comment on le voit !) très agréable à lire, avec pour fil conducteur un lorgnon magique possédé par le jeune duc Edgar de Lorville qui lui permet de lire dans les pensées. Cela permet à Delphine de Girardin d'écrire une histoire amusante, mais aussi de se moquer de la société de son temps et de l'hypocrisie de ses contemporains.

A découvrir !
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Le jeune duc Edgar de Lorville rapporte d'un voyage en Bohême un lorgnon magique qui permet de lire les pensées des gens. de retour à Paris, il découvre son entourage sous un angle forcément différent. Bientôt aussi l'amour fait son apparition...
J'ai pris énormément de plaisir à la lecture de cette nouvelle que j'ai trouvée extrêmement rafraîchissante par son ironie et son humour incisif, et suis tombée sous le charme de la verve insolente de l'auteure ainsi que du naturel avec lequel elle met en place une histoire que nous pourrions qualifier de "fleur bleue". Mieux, elle revendique le droit à cette sentimentalité et rit la première de cette « Nouvelle sans prétention », écrite « comme on envoie à son ami une lettre écrite à la hâte, et qu'on ne s'est pas donné la peine de relire ».
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
— As-tu vu Edgar depuis son retour ? disait Frédéric Narvaux à son ami M. de Fontvenel, en se promenant avec lui dans la grande allée des Tuileries.

— Non ; on m’a dit qu’il était bien changé.

— Ah ! mon cher, méconnaissable.

— Comment ! il a donc été malade ?

— Non pas, il se porte à merveille, et personne ne prouve plus que lui à quel point notre visage, notre tournure, dépendent de notre humeur.

— J’en conclus qu’il est fort maussade, et, ce qui est pis encore, qu’il est devenu fort laid.

— Non, vraiment ; bien au contraire ; les femmes le trouveront mille fois plus séduisant maintenant, car il a l’air sentimental, et c’est tout ce qu’elles aiment.

— Qu’est-ce que tu me dis là ? Edgar de Lorville devenu sentimental ! j’aimerais mieux croire que tu deviens dévot. Lui, ce bon enfant si frais, si réjoui, ne doutant de rien, présomptueux comme un avocat et confiant comme un mari ; qui voulait se battre pour une danseuse ; qui me demandait conseil à l’écarté quand je pariais contre lui, et qui reconduisit un soir son rival chez sa maîtresse sans reconnaître la maison ? — Eh bien ! oui, mon cher, cet ingénu n’est plus qu’un diplomate mélancolique. Il n’y a rien de tel que la diplomatie pour détruire un bon naturel. Imagine-toi un Werther fat ; l’air moqueur et découragé, le regard distrait, le sourire incrédule, n’écoutant pas ce qu’on lui dit ; comprenant tout de travers, et répondant de même ; vous lorgnant d’un air dédaigneux, d’une manière insupportable, et, par parenthèse, avec le plus vilain lorgnon que perruquier de vaudeville, faraud de boulevard, calicot de province, aient jamais porté de leur vie.

— Tu m’étonnes, j’ai été élevé avec Lorville, il avait une vue excellente, et…

— Justement, c’est une ruse diplomatique. La parole, dit-on, a été inventée pour cacher ce qu’on pense, et le lorgnon, pour cacher que l’on y voit.
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Ainsi donc, que ces esprits sérieux qui ne voient dans l’apparition d’un livre qu’un auteur à juger, et qui tiennent gravement le couteau d’ivoire suspendu sur son œuvre comme un glaive sur la victime ; que ceux-là, dis-je, n’entreprennent point la lecture de ce livre ! il n’a point été écrit pour eux, ils ne le comprendraient pas. Il ne s’adresse qu’à ces imaginations paresseuses qui suivent avec complaisance les rêveries du poëte, les merveilles d’un conte de fées ; qui n’analysent pas ce qui les fait rire ; qui ne se font pas un remords d’avoir compris un mot que le Dictionnaire de l’Académie n’a pas sanctionné ; qui nous savent bon gré de publier une Nouvelle sans prétention, sans nous croire auteur pour cela, sans la corriger, comme on envoie à son ami une lettre écrite à la hâte et qu’on ne s’est pas donné la peine de relire, ni même de signer ; enfin à ces lecteurs spirituels et indulgents qui ont toujours un peu de reconnaissance
pour le livre qui les a aidés à passer une heure d’attente entre une affaire et un plaisir, entre un adieu et un retour.
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Un savant (...) était parvenu à composer une sorte de verre si parfaitement harmonisé aux rayons visuels qui reproduisaient si fidèlement les moindres expressions de la physionomie, qui montrait d'une d'une manière si merveilleuse ces détails imperceptibles, ces fugitives contractions de nos traits causés par les divers mouvements de l'âme, que l’œil, aidé de ce flambeau, pénétrait la pensée la plus profonde et traduisait pour ainsi dire la fausseté la plus intime. En un mot, le possesseur de cet antiprisme, de ce télescope moral, voyait aussi loin dans la pensée que l'astronome dans les cieux et, quel que fût le masque qui recouvrît votre visage, vous n'aviez, à travers ce cristal délateur, que la physionomie de vos véritables sentiments.
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Le grand charlatanisme des noms propres ne sera donc pas l’intérêt de cette préface ; il n’y aura pas même l’éloge de ceux qui en doivent rendre compte dans les journaux ; nulle vanité n’y est implorée ; on n’y flatte la haine d’aucun parti, la malveillance d’aucune coterie : c’est assez dire qu’elle sera insignifiante comme l’ouvrage.
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C'était un de ces hommes sur lesquels tout le monde croit pouvoir compter. Il passait pour brave parce qu'il était querelleur, pour franc parce qu'il était contrariant, et pour serviable parce qu'il était familier. Il est vrai qu'il n'attaquait que les gens timides, ne contrariait que les gens sans avis, et n'offrait ses services qu'aux personnes qui, par leur position ou la délicatesse de leur caractère, le mettaient hors de danger de les voir accepter.
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Vidéo de Delphine de Girardin
CHAPITRES : 0:00 - Titre
F : 0:06 - FLATTERIE - Madame de Sévigné 0:15 - FOU - Delphine Gay 0:25 - FOULE - George Sand
G : 0:34 - GAIETÉ - Robert Poulet 0:46 - GOUVERNEMENT - Marmontel
H : 0:58 - HABITUDE - Pierre-Adrien Decourcelle 1:09 - HOMME - Victor Hugo 1:19 - HOMME ET FEMME - Alphonse Karr 1:32 - HONNÊTES GENS - Anatole France 1:46 - HORLOGE - Alphonse Allais 1:56 - HUMOUR - Louis Scutenaire
I : 2:06 - IDÉAL - Marcel Pagnol 2:17 - IDÉE - Anne Barratin 2:29 - IGNORANCE - Charles Duclos 2:42 - IMBÉCILE - Louis-Ferdinand Céline 2:55 - IMMORTEL - Jean Richepin 3:05 - INJURE - Vauvenargues 3:14 - INTELLECTUEL - Alexandre Breffort 3:25 - INTELLIGENCE - Alain 3:35 - INTÉRÊT - Albert Willemetz
J : 3:46 - JEUNES ET VIEUX - Decoly 3:56 - JEUNESSE - Jean-Bernard 4:09 - JOIE - Martin Lemesle 4:22 - JOUISSANCE - John Petit-Senn
L : 4:33 - LARME - Georges Courteline 4:46 - LIBERTÉ - Henri Jeanson 4:57 - LIT - Paul Éluard
M : 5:05 - MALADIE - Boris Vian 5:18 - MARIAGE - Édouard Pailleron
5:31 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Jean Delacour, Tout l'esprit français, Paris, Albin Michel, 1974.
IMAGES D'ILLUSTRATION : Madame de Sévigné : https://www.linternaute.fr/biographie/litterature/1775498-madame-de-sevigne-biographie-courte-dates-citations/ Delphine Gay : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/5e/Delphine_de_Girardin_1853_side.jpg George Sand : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/09/George_Sand_%281804-1876%29_M.jpg Robert Poulet : https://www.belgiumwwii.be/belgique-en-guerre/personnalites/poulet-robert.html Jean-François Marmontel : https://www.posterazzi.com/jean-francois-marmontel-n-1723-1799-french-writer-stipple-engraving-french-c1800-poster-print-by-granger-collection-item-vargrc0085347/ Pierre-Adrien Decourcelle : https://www.mediastorehouse.co.uk/fine-art-finder/artists/henri-la-blanchere/adrien-decourcelle-1821-1892-39-boulevard-des-25144380.html Victor Hugo : https://www.maxicours.com/se/cours/les-funerailles-nationales-de-victor-hugo/ Alphonse Karr : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/9c/Personnalités_des_arts_et_des_lettres_-_Alphonse_Karr_%28Nadar%29.jpg Anatole France : https://rickrozoff.files.wordpress.com/2013/01/anatolefrance.jp Alphonse Allais : https://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/alphonse-allais-faits-divers.html Louis Scutenaire : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Scutenaire#/media/Fichier:Louis_Scutenaire,_rue_de_la_Luzerze.jpg Marcel Pagnol : https://www.aubagne.fr/actualites-109/marcel-pagnol-celebre-dans-sa-ville-natale-2243.html?cHash=50a5923217d5e6fe7d35d35f1ce29d72#gallery-id-4994 Anne Barratin : https://www.babelio.com/auteur/Anne-Barratin/302855 Charles Pinot Duclos
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