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EAN : 9782213677309
232 pages
Fayard (12/02/2014)
3.56/5   8 notes
Résumé :
Et si l’Afrique avait marabouté la France ? Depuis les indépendances des années 1960, l’ancienne métropole se croit toute-puissante dans son pré carré africain. Un leurre qui plaît aux pays des masques : le chef doit être invisible !
À l’issue de la guerre froide, les dirigeants africains ont totalement inversé les rapports de dépendance. Ce sont désormais eux les vrais patrons. Le monde entier trépigne dans leur salle d’attente. Pour la France, fini le temps... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Un mot et une carte en couverture résument la thèse d'Antoine Glaser. La Françafrique est morte ; vice l'Africafrance ! Entre le colonisateur et le colonisé le rapport de domination s'est inversé. le temps n'est plus où la France tirait les ficelles en Afrique. Désormais, comme le précise le sous-titre de ce court essai, les dirigeants africains sont devenus « les maîtres du jeu ». Et une réalité géographique simple suffit à illustrer ce rapport de forces inversé : l'Afrique et ses 30 millions de km² (sans parler de son milliard d'habitants et de sa croissance à 5 %) pèse désormais plus lourd que la minuscule France.
le spécialiste de la Françafrique qui, avec son collègue Stephen Smith, a décrypté dans de nombreux ouvrages la politique africaine de la France, illustre cette thèse percutante à travers dix chapitres consacrés chacun à l'un des pays du pré carré : Gabon, Côte d'Ivoire, Congo, Tchad … le procédé, un brin paresseux, n'est pas sans défaut. Il a certes le mérite de la lisibilité. Dix chapitres, dix pays, c'est autant d'anecdotes égrainées, qui étaient jusqu'alors réservées aux lecteurs des pages confidentielles de "La lettre du continent" dont Antoine Glaser fut le rédacteur en chef pendant trois décennies. On y apprend comment le Niger négocie à la hausse le prix de l'uranium qu'il livre à la France, comment Idriss Déby a su se rendre indispensable au règlement de la crise malienne ou à quel point Ali Bongo mène envers la France une politique différente de celle de son père.
En revanche cette présentation a le défaut de laisser de côté des pays aussi importants que le Mali, la République centrafricaine, les Comores ou Madagascar sur lesquels il y aurait eu beaucoup à dire. Plus grave : en racontant une succession de relations bilatérales, avec leurs aléas et leurs nuances, Antoine Glaser fragilise sa thèse. Un exemple : la relation contrariée entre la France et Abdoulaye Wade. En voulant faire adouber son fils par la France, le président sénégalais a reproduit sans succès des comportements d'un autre âge où la légitimité d'un chef d'État africain était censée dériver du soutien que Paris lui accordait.

Antoine Glaser a raison de souligner l'évolution de la relation franco-africaine. La donne a changé, avec la mondialisation, l'irruption de nouveaux acteurs sur le continent africain (la Chine mais aussi le Brésil, la Turquie, les pétromonarchies du Golfe …), la croissance et la paix restaurées sur le continent. Mais cette évolution ne saurait se résumer au renversement d'un rapport de domination. Pas plus qu'hier la France ne tirait les ficelles en Afrique (A. Glaser rappelle lui-même dans son introduction que les premiers chefs d'Etat africains n'étaient ni des « pantins » ni des « béni-oui-oui » (p. 12)), la France aujourd'hui n'est pas devenue l'obligée de l'Afrique.
L'évolution est d'une nature différente : la relation hier si forte entre la France et l'Afrique s'est distendue. L'Afrique s'est ouverte à de nouveaux partenaires. La France s'en est désintéressée – comme en a fait le constat lucide le Sénat dans un récent rapport . Ne fantasmons pas un rapport de domination qui n'a jamais existé, ni dans un sens ni dans un autre. Mais faisons le constat amer d'un divorce par consentement mutuel.
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Pendant des années, depuis le temps des indépendances, la France a mené une politique africaine qu'elle croyait toute-puissante, paternaliste et dominatrice. Sous la houlette de Jacques Foccard, les chefs d'état africains défilaient dans le bureau du général De Gaulle si nombreux et si souvent pour repartir avec instructions et enveloppes bien garnies que l'homme de Colombey ne cachait pas son agacement. C'était le temps de la Françafrique qui se poursuivit jusqu'à François Mitterand qui plaça son fils comme conseiller et dans une moindre mesure sous Jacques Chirac. Mais depuis Nicolas Sarkozy et François Hollande, il semble que les choses aient évolué, que la donne aie changée et que Françafrique se soit transformée en Africafrance tant le continent qui regorge de richesse et de potentiel autant matériel qu'humain (1 milliard d'habitants et bientôt 2 milliards vers 2050 !) intéresse tout le monde, Chine, Etats-Unis, Israël, Inde, Qatar, Brésil etc... et même les loges les plus huppées ! Seules nous resteraient dévolues, et pour combien de temps, les opérations militaires (Mali, Centrafrique) réalisables grâce à la présence de bases dans divers pays et de forces stationnées aux points stratégiques. Pour tout le reste, nous serions en perte de vitesse et même en position de demandeur et d'obligé. Etrange retour des choses, mais qui paie commande...
« Africafrance » est un essai de bonne qualité, illustré de nombreuses anecdotes et révélations sur les coulisses de la politique africaine. La montée aux pouvoirs de nombre de ces potentats est particulièrement intéressante. On y voit très souvent la main de la France. Tel qui plaisait un jour, déplait le lendemain. Tel qui était rejeté se retrouve premier personnage suite à un coup d'état « appuyé » pour ne pas dire fomenté par l'armée française. Chacun des chapitres étudie un pays en particulier. Ainsi sont passés en revue le cas de l'Ivoirien Alassane Ouattara, du Congolais Sassou Nguesso, du Nigérien Mahamadou Issoufou, du Tchadien Idriss Déby, du Camerounais Paul Biya, du Burkinabé Blaise Compaoré, du Sénégalais Macky Sall, du Guinéen Alpha Condé et du Gabonais Ali Bongo. Certains pays d'Afrique francophone passent donc au travers des mailles du filet (Mali, Centrafrique, Bénin...). Les prises d'otages français ne sont abordées que très superficiellement. Même chose pour la corruption, les prises d'intérêts et les enrichissements personnels. Livre intéressant, bien documenté mais non exhaustif sur le sujet.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Antoine Glaser. Tchad, France, des liens particuliers.
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