Je remercie les éditions Envolume pour l'envoi du roman »
L'Enfant caché « de Godofredo de Oliveira Neto en mars dernier.
Professeur à l'Université Fédérale de Rio de Janeiro,
Godofredo de Oliveira Neto est diplômé en lettres et Hautes Etudes Internationales à la Sorbonne. Il est l'auteur de nombreux romans traduits dans plusieurs langues, dont Amores Exilados. Pour »
L'Enfant caché » l'auteur a reçu un des plus grands prix littéraires au Brésil : le Prix Jabuti ( l'équivalent du Prix Goncourt ).
Préfacé par François Sirot des mêmes éditions Envolume, il est une nécessaire mise en condition à la lecture de ce roman choral dont la présence de nombreuses synesthésies envahissent la lecture. Tout est dit dans cette simple phrase :
p. 7 : «
L'Enfant caché est une métaphore du Brésil contemporain. »
Le narrateur, personnage principal de ce roman, est un certain Aimoré Seixas. Peintre et faussaire, il a le don de pouvoir réaliser des copies des oeuvres des plus grands maîtres brésiliens.
p. 60 : » Au commencement, je suis allé habiter chez mon oncle à Lajes. Un frère aîné de ma grand-mère – ma mère était brésilienne. C'était un riche propriétaire terrien, déjà bien âgé. Chez lui, sur les murs, il y avait une quantité de tableaux de peintres brésiliens parmi les plus importants. J'ai commencé à les reproduire ; j'adore peindre. Je revois, comme si c'était hier, les moments où je restais assis devant les tableaux ; j'y passais des heures, je retenais précisément chaque détail, chaque trait, chaque nuance. «
Aimoré s'estime légitime de ses reproductions dans un Brésil où les libertés individuelles sont reines.
p. 75 : » Je peins ce qui me plaît, je reproduis ce qui me plaît, je reproduis tout, y compris la signature, si elle se trouve sur le tableau.
Mais n'est-ce pas immoral, antithétique ?
Ça peut l'être, éventuellement, dans votre esprit obtus de professeur universitaire. Mais la vérité est que, s'il est déjà mort, le peintre que j'imite ne peut être que fier de ça ; j'espère que ses descendants viendront me féliciter. «
Dans une folie violente, Aimoré se confesse avec confusion, tantôt à ce professeur dans l'établissement où il est interné, tantôt à un enquêteur. Les interrogatoires sont dirigés vers un seul et unique but : retrouver l'oeuvre de Potinari :
l'Enfant caché.
p. 103 : » Ce qui nous intéresse vraiment, monsieur Aimoré Seixas, c'est le tableau, le tableau ; essayer donc de reconstituer mentalement votre trajet, bordel ; il ne s'agit pas de littérature, merde, ce que nous voulons, c'est du concret, pas des histoires. «
Prisonnier de ses délires et de ses hallucinations, Aimoré avoue sans remords la violence de ses assassinats et de ses relations aux femmes.
p. 79 : » Vous vous sentez comme un assassin, Aimoré ?
Assassin de tableaux ou d'écrivains ?
Non, un assassin de personnes, tout simplement. «
Chaque piste explorée est une nouvelle occasion pour le narrateur de mener ses auditeurs et son lecteur dans les méandres de son imagination.
p. 107 : » Vous n'arrêtez pas de me changer d'endroit: vous me trimbalez à Rio, puis de Rio à Florianopolis, de Florianopolis à Lajes, comme une marionnette kidnappée ; alors, forcément, mes références s'effacent, le passé et le présent se confondent, les lieux se brouillent dans ma tête. «
J'insiste sur le fait que la préface de François Sirot a été capitale quant à ma compréhension de ce roman, en posant les bases. Cet auteur m'était alors inconnu jusqu'à la lecture de ce livre.Cette préface m'a donc préparée/conditionnée à cette lecture qui aurait été confuse en son absence. Comme l'explique son éditeur, »
L'Enfant caché « est avant tout un contexte, celui d'un Brésil magique mais prisonnier de ses démons. Si j'ai rencontré des difficultés pour rentrer dans l'histoire très confuse d'Aimoré, mon intérêt à été croissant au fur et à mesure de la lecture, sans toutefois être un coup de coeur.
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