Après avoir revisionné (non sans un certain plaisir) le film éponyme de Matthieu Kassowitz, somme toute un bon thriller français -non sans quelques faiblesses dans son ensemble- nottament grâce à l'interprétation du commissaire Niemans par
Jean Reno et un travail d'ambiance remarquable, la curiosité m'a piqué de tenter également le bouquin possédant lui aussi une assez bonne réputation.
Premières pages et premières erreurs : l'auteur y fait mention d'une finale de coupe des coupes au Parc des Princes... en Octobre. Pour tout lecteur un tant soit peu informé sur les usages footbalistiques celles-ci se déroulent sauf accident en mai, en aucun cas en Automne.
Et Arsenal/Saragosse c'est 95 pas 96.
Bref, ça m'a légèrement refroidi dès le départ mais l'important est plus qu'il réussisse la suite à défaut d'un démarrage qui peut rester de l'ordre d'un imaginaire dont le football n'occupe pas une place si important après tout.
Il s'agit de personnages principaux portés sur l'action d'abord et la déduction ensuite et dont les pensées fusent a défaut d'avoir grand monde à qui se confier ce qui peut être coton à aborder mais que l'auteur réussit très bien.
En effet il parvient à rendre l'enquête vivante, écorchée vive même sans en dégoûter le lecteur.
Ne vous attendez donc pas à de grandes évolutions pour les deux flics principaux, ceux-ci seront plus affairés à résoudre une enquête qui tourne à l'obsession qu'à user de catharsis pour solutionner leurs propres soucis. Enfin il me semble tout du moins.
On pourra regretter à l'inverse du film un trop peu de personnages secondaires charismatiques et pertinents même pour quelques lignes, ici tout le monde est soi dépassé soit de mèche en penchant vers le martyr.
La grande force à mon sens chez Grangé après avoir terminé ce roman consiste en sa capacité à décrire lieux, états émotionnels et personnages comme un tout assez homogène, ici même les cadavres semblent plus vrais que nature et communiquants.
A ajouter un certain sens du dialogue, eux aussi loin de l'exercice de style pompeux et allant à l'essentiel sans passer par l'indigestion.
Mais quid de l'enquête ?? Eh bien c'est ici aussi un pari tenu et vainqueur. On pourra se plaindre d'une intrigue qui met un temps certain à se dévoiler (et
les rivières pourpres se desépaissir) mais cela sert et récit et personnages.
Une lecture que je ne regrette donc pas et qui gagne probablement à être lue avant de visionner le film par souci de non comparaison constante et servir l'effet de découverte.
Je ne pense pas relir de livres écrits par l'auteur mais il faut reconnaître son talent sur celui-ci.
Je mets la note de 3,5 sur 5 à défaut de pouvoir choisir 3,75 qui serait plus juste.
Manque donc un approfondissement et une épaisseur chez les personnages (excepté celui de Karim la vraie réussite de l'oeuvre) pour atteindre les 4.