AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,44

sur 87 notes
5
2 avis
4
16 avis
3
5 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je sors bouleversée par ce texte magnifique dans lequel Simonetta Greggio mêle ses souvenirs d'enfance et de jeunesse à l'histoire de l'Italie, son pays natal, en proie à la violence.
En courts chapitres nous découvrons une histoire personnelle douloureuse, plombée par la violence du père, la résignation de la mère qui fait semblant de ne pas voir.
Simonetta Greggio règle ses comptes avec la corruption, les politiques véreuses, la mafia qui s'infiltre jusque dans les foyers de ceux qui flirtent avec elle.
J'ai eu la chance de rencontrer Simonetta Greggio, nous avons bavardé et peu à peu, je me suis confiée à elle.
« Si tu es malheureuse, écrit, met des mots sur ce que tu ressens ». Cette phrase encourageante de l'auteure à mon égard ne m'a pas quittée tout au long de cette lecture.
Je n'ose imaginer la souffrance qui fut la sienne pour rédiger ce roman, qui n'en est pas un.
L'écriture est sèche, brutale, sans se départir de l'élégance qui la caractérise.
Merci Simonetta, d'être toi-même, belle, souriante et courageuse.
Ton sourire m'a fait du bien. Ainsi que les mots que tu m'as adressés et qui sont devenus mon mantra : Force, courage et amour.
Commenter  J’apprécie          350
Simonetta Greggio ne se contente pas de retracer les points forts de son enfance. Elle les confronte à l'Histoire de son pays, l'Italie. Et elle remonte même jusqu'à l'enfance de ses grands parents adoptifs et à l'histoire de ses parents biologiques, au début du siècle. Mais très vite, on sent bien que c'est l'association de la période fasciste avec la violence de son père qu'elle veut mettre en évidence. Mais pas seulement non plus. Car dès l'après-guerre, les deux grands partis de l'époque, la démocratie chrétienne et le parti communiste se rendront coupables de méfaits, de meurtres, de tueries par Brigades rouges interposées. Les groupuscules d'extrême gauche et d'extrême droite se livreront une guerre sans merci mettant à mal la démocratie, et ce dès les années 60. Les années de plomb, la stratégie, de la tension peuvent commencer. Mais là où l'auteure excelle, c'est de connecter cette histoire à la sienne, surtout à travers la maltraitance du père. Son père, pour qui elle éprouve des sentiments très ambivalents d'amour/haine. Les malversations paternelles, en lien avec la grande histoire, au cours des années 70, précipiteront la famille dans l'abîme. C'est quelques années après, en 81, qu'elle choisira de s'exiler en France. Pour autant, elle ne cessera de revenir en Italie dans de multiples aller-retours. Ce pays qu'elle ne cessera d'aimer malgré son impossibilité d'y vivre au vu des malversations politiques en lien avec les accointances mafieuses. Mais elle y reviendra aussi pour ne pas rompre le lien familial malgré tout. Son père, sa mère qu'elle accompagnera jusqu'à leur mort.
Son style est assez journalistique avec des phrases parfois très courtes, qui rendent d'autant plus abrupts ses propos.
L'Italie est un de ces pays qui ne peuvent laisser indifférents. Un pays d'une richesse culturelle incommensurable, mais aux prises avec une démocratie parfois à la limite du totalitarisme. C'est un pays qui, au fil de son histoire, à su faire preuve de résilience à plusieurs reprises, comme le phénix, se relevant à chaque fois de ses cendres. C'est cette histoire là que, à travers son histoire personnelle, nous conte avec brio et tendresse, mais sans concession, Simonetta Greggio.
Commenter  J’apprécie          210
Un livre que j'ai lu pour son thème. le fascisme dans toute son horreur. Celui qui fait rêver certains français en la personne de Marine le Pen. Ah non je me trompe, elle n'est pas fasciste.
Simonetta Greggio raconte son enfance dans ce roman qui est plus un récit, dans des chapitres un peu embrouillés et on a du mal à s'y retrouver.
L'histoire de sa mère, enfant juive, protégée car adoptée par un couple aux tendances fascistes, mais plutôt sympathiques et qui adule cette petite fille qui est la leur maintenant.
L'auteure évoque une agression sexuelle à 8 ans . L'homme prédateur qui lui a volé son enfance, un homme sans visage. Puis un père aimé qui bascule dans la violence, terrorisant sa fille. Lui est totalement fasciste. Comment a-t-il pu devenir cet homme? "Il me cognait plusieurs fois par semaine. Pour des broutilles. (...) Elle a besoin de la Scuria. En dialecte, de la cravache".
C'est l'Italie qui a inventé le fascisme, l'auteure nous le dit. Elle va droit au but. Elle dit ce pays qui fait peur par ses anciens démons. Et pourtant on y retrouve le bonheur d'être italien, de la famille, de cette atmosphère entre légèreté et terreur.
J'aime bien la plume de Simonetta Greggio. J'ai aimé sa liberté de parole, les évocations d'une époque qui n'est pas tout à fait morte et découvrir son histoire. Celle de ses parents et grands parents. un livre qu'on ne lâche pas. Utile, forcément utile. Vu l'actualité.

Commenter  J’apprécie          191
Après « La Dolce Vita » et « Les Nouveaux monstres », Simonetta Greggio nous propose « Bellissima », un récit plus intime.

Toujours évoquée l'Italie dans la complexité des années 60/70 et plus : attentat de Milan, assassinat d'Aldo Moro, les Brigades rouges, la loge P2 (et 3 et 4),etc…, un monde de violences, de mafia, de règlement de comptes, de corruption, d'anti-communisme…
La ville de Padoue subit, comme d'autres lieux, cette ambiance nauséabonde et dangereuse.

Et dans cette Italie qui se remet difficilement du facisme de Mussolini (la description de l'attitude de la foule après sa mort est d'une rare violence), des femmes méprisées, de l'antisémitisme… naît en 1961 une petite fille, l'auteure.

Un milieu familial bousculé par la violence d'un père, homme de paille d'un puissant du moment (un chapitre développe les turpitudes et conséquences tragiques immobilières dues à la corruption des règles), une mère silencieuse, des frères aimés, des grands-parents adoptifs aimants, bref une enfance et adolescence malmenée qui croise la vilenie et plus tard la bassesse d' avances sexuelles dans un hôtel puis à Venise.

La solution, la seule fut la fuite pour, comme elle l'écrivit au mur de sa chambre : « Io sono mia » (je suis à moi).

Et pour être, il fallut partir et puis écrire.

Un père maintenant mort, jamais retrouvé. Des frères à qui l'auteure adresse des messages émouvants et sages. Une mère qui enfin se raconte et tend une main.

Une fin un peu mystérieuse qui n'en dit pas assez mais qu'on espère salvatrice.

Il y a des moments où l'écoeurement nous pénètre et où l'on se dit comment l'homme peut-il agir de cette façon? (Épisode raconté par un témoin : dans un camp, un enfant massacré par un Allemand devant sa maman qui en tombe morte sur le coup - image qui me poursuit…).


Commenter  J’apprécie          160
Simonetta Greggio - Bellissima

Récit de vie, autobiographie, souvenirs d'enfance, thérapie ? C'est un peu tout ça que nous livre ici Simonetta Greggio .. Elle pourrait écrire : Italie, à la vie, à la mort ! Ou encore Famille, je vous hais…La violence de l'Italie trouve ici un écho dans la violence de son enfance ! Et même si ses souvenirs sont empreints de mélancolie, si le regard de l'adulte qu'elle est, se pose avec empathie sur l'enfant qu'elle était, la douleur, la souffrance, le vécu sont omniprésents et touchent le lecteur avec acuité comme une lame tranchante pourrait le faire. A la fois auteur et poète, Simonetta Greggio se sert des mots comme une défense. Elle déverse ses souvenirs et ses rancoeurs et rend hommage à sa mère avec obstination. Des phrases courtes, percutantes qui touchent le lecteur en plein coeur ! A découvrir ! merci a NetGalley pour le prêt de ce livre
Commenter  J’apprécie          140
Voilà une "autobiographie de l'Italie", comme le dit l'auteure : elle raconte l'histoire de sa famille et sa jeunesse marquée par une double violence, celle d'un père "malade d'amour" pour sa fille, possessif et violent, et celle d'un pays en proie aux années de plomb et aux relents d'un fascisme mal éteint.
C'est écrit avec simplicité, le style est direct et précis, sans fioriture inutile, la sensibilité d'une l'enfance blessée est là bien présente tout comme la critique acerbe d'un pays bien aimé, l'Italie.
Commenter  J’apprécie          120
Un roman à la première personne tiré d'une histoire vraie, celle de l'enfance et l'adolescence de son auteur Simonetta Greggio, des années 60 à 80, au sein d'une famille aimante et aimée qui a vécu auparavant les années de guerre et de fascisme, et qui va ensuite connaître d'autres périodes de violence politique : celles des Brigades rouges , des années de plomb, la corruption, l'intimidation, les assassinats dont celui d'Aldo Moro .

Le coeur de ce roman c'est la figure récurrente de « l'homme sans visage », d'un homme, un prédateur, qui a poursuivi l'auteure en 1969 alors qu'elle n'avait que 8 ans et auquel elle a réussi à échapper . Ce souvenir qui revient régulièrement la hanter, qui a jeté une « ombre infinie » sur sa vie depuis son enfance semble préfigurer les violences physiques dont elle sera plus tard la victime, de la part d'un père nourri de fascisme quand il était enfant et dont le comportement domestique reproduit l'idéologie et le mode d'action, lorsqu'il il se rend compte qu'à l'adolescence sa fille commence à échapper à son emprise et s'émanciper. Un monstre qui la roue de coups devant une mère et des frères impuissants à la secourir .
La seule issue pour elle, à vingt ans, sera de s'enfuir pour lui échapper, de quitter l'Italie pour vivre en France .

J'ai lu le roman d'un trait, en un après-midi, comme en apnée, happée par cette narration à la première personne, comme directement sortie des entrailles de la narratrice, et par l'écriture, tout en phrases-cris, brutes, courtes, sèches, simplement juxtaposées et qui claquent comme des coups de fouet.
C'est un roman à la structure éclatée,fait de multiples chapitre courts, qui se succèdent sans continuité  chronologique, revenant sur ce qu'ont connu ses parents, ses grands parents, sans continuité thématique, les chapitres d'histoire politique venant s'intercaler entre ceux de l'histoire familiale . S'y mêlent aussi de nombreuses allusions à des artistes italiens, qui se sont élevés contre les politiques mises en place, tels que Pasolini, Moravia, Ornella Fallaci , Fellini .

Au final, un roman tourbillon, très riche, sous tendu par la colère mais aussi par l'amour pour un pays et pour un père qui, l'un comme l'autre n'ont pas su dompter leurs démons. Je m'y suis sentie parfois un peu perdue, sonnée, mais ce qui me reste c'est le souvenir d'un roman humainement et politiquement riche et surtout qui sonne juste, qui sonne vrai .
Commenter  J’apprécie          110
J'ai ressenti combien l'autrice a usé de courage pour confier ce témoignage en écrivant ses confidences.
« Autobiographie de l'Italie » j'ignorais, commençant ma lecture qu'il s'agissait d'un troisième volet (après « Dolce Vita » et « Les Nouveaux Monstres »).

« Nous connaissons si peu ceux que nous aimons.
Nous connaissons si peu notre propre coeur.
Savons-nous de quoi nous sommes réellement capables, en bien comme en mal ? »

Bellissima m'a semblé le roman de deux violences qui cheminent en parallèle, car les violences familiales racontées sont intimement liées à la violence qui imprègne ce pays qu'est l'Italie durant la période racontée ici.

Portrait autobiographique, c'est une histoire personnelle et intime pleine de secrets lourds et tragiques, mêlée à l'histoire politique et sociale d'un pays durant les années de plomb et de la stratégie de la tension.
Sa ville, Padoue, comme son pays, coupée en deux. Rouge et noir.

Par fragments de souvenirs, l'autrice confie ce qui l'a amené à s'éloigner de ses proches et de son pays natal.
Elle raconte la violence à laquelle elle a été confrontée, celle d'un pays, et celle, familiale. J'ai trouvé très intime ces révélations sur sa souffrance personnelle, que j'ai sentie vécue avec une certaine fatalité, et sans jamais se plaindre.
Politique, mafia, fascisme, pouvoir occulte, sur fond de secrets de famille et secrets d'état.
L'ambiance est à la fois sombre, marquée par le sang, et c'est aussi un hymne à la vie, au courage.

« Je suis née de la fureur d'un garçon timide et du rire d'une princesse au petit pois. Ç'aurait pu être pire. Est-ce que ç'aurait pu être mieux ? »

C'est un récit plein d'intensité et d'abnégation, fulgurant de noirceur.
Mais j'ai ressenti l'évocation par bribes assez surprenante, me laissant un sentiment de décousu ; et j'ai perçu les liens de l'autrice avec ses parents, chargés de complexité et d'antagonisme.

« Les destinées humaines sont des écheveaux emmêlés. Parfois, on tire sur un fil qui se brise net, et c'est fini.
Parfois, patiemment, le fil se déroule, et l'écheveau se débobine, se lisse, s'allonge.
Se déploie. S'amplifie ».
Commenter  J’apprécie          80
Ce livre, écrit en 2021 n'est pas une autobiographie; c'est un roman "d'après une histoire vraie". Cette histoire est celle de la jeunesse de Simonetta Greggio, née en 1961 dans une petite ville du nord de l'Italie à proximité de Padoue, et celle de sa famille, une famille aisée presqu'ordinaire.
Il y a nécessairement, dans un tel récit, une part de fiction due à l'éloignement dans l'espace et dans le temps des années évoquées, ainsi qu'au recul évident pris par la narratrice, âgée de 60 ans, par rapport aux faits racontés.
Simonetta Greggio a 8 ans lorsque les 1ers attentats des années dites "de plomb" frappent l'Italie. Elle a 17 ans lorsque le Président du Conseil italien Aldo Moro est assassiné à Rome par les Brigades Rouges. L'année 1978 marque alors à la fois l'apogée et le début du déclin de ce mouvement. Mais, pour autant, l'Italie n'en a pas fini avec la violence, car il y a celle beaucoup plus sournoise qu'est la corruption au plus haut niveau.
A cette violence qui gangrène le pays résonne concomitamment celle d'une famille rongée par les brutalités du père, dont l'auteure, la seule fille de la fratrie, est la principale victime. La jeune fille trouve alors dans la fuite une réponse possible, mais jamais définitive.
Une écriture "coup de poing" qui veut régler ses comptes, mais qui est aussi, paradoxalement peut-être, empreinte de beaucoup de tendresse vis à vis de son pays, à l'égard des siens, et notamment de sa mère, sa "Bellissima".
Commenter  J’apprécie          80
Roman d'après une histoire vraie indique la page de garde, celle en effet de l'autrice et de l'Italie, l'une et l'autre marquée par la violence.
Le premier chapitre -Milan 1945 - montre le peuple qui s'acharne sur le cadavre de Mussolini et celui de sa compagne, le deuxième, la fuite de la petite fille de 8 ans poursuivi par "l'homme sans visage".
Le roman se poursuit en fonction des souvenirs de l'autrice, ravivés par des photos et les questions posées à sa mère Amanda. Celle-ci a échappé à la mort quand, petite juive de 5 ans, elle a été adoptée par Gino et Ida et c'est auprès de ces grands-parents maternels que l'autrice a passé les meilleurs moments de son enfance. Les photos montrent ses parents, un fort beau couple, et les jolis "bouilles" de ses frères. Sur l'une d'elle, reproduite à la page 192, la fillette enlace son père tant aimé, celui-là même qui se transformera en bourreau. Sang, coups, violence, difficile pour l'adolescente d'échapper à ses coups.
Parallèlement, le lecteur voit défiler l'histoire de l'Italie : le fascisme et la chasse aux communistes, la fuite des cerveaux aux Etats-Unis, les brigades rouges et les attentats et enfin l'ère Berlusconi. Corruption et mafia gangrènent le pays.
Roman difficile à suivre parfois car la mémoire - et l'écriture- procède par tâtonnements, la vérité se dévoile peu à peu. Mais une histoire émouvante, une Histoire à re-découvrir et une leçon : on ne connaît pas toujours ceux qu'on aime le plus.

Commenter  J’apprécie          60




Lecteurs (237) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1726 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}