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EAN : 9782882508409
Noir sur blanc (13/04/2023)
4/5   2 notes
Résumé :
Plongeant les lecteurs dans la Rome des années 1920-1930, à l'époque où Mussolini remodelait la capitale italienne à son image, Le Maître des Airs raconte l'histoire d'un héros improbable : Lauro de Bosis, fils d'un aristocrate italien et d'une beauté de la Nouvelle-Angleterre, qui s'est transformé en un Icare des temps modernes, prenant seul les commandes d'un petit avion pour démontrer que la prétendue maîtrise du ciel par le Duce n'était qu'un bluff.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
“Le romancier n'est ni historien ni prophète : il est explorateur de l'existence.” écrivait Milan Kundera.
Cette citation convient très bien à cet ouvrage de Taras Grescoe, qui met en lumière un de ses personnages invisibles de l'Histoire.


En effet, «Si l'Histoire n'a retenu que les exploits du chasseur, c'est parce que le lion n'a pas d'historiens», écrit Jean-Yves le Naour
À côté des grandes figures de proue, des êtres ordinaires ont eux aussi «fait» l'Histoire. 
Et c'est sous la plume enlevée mais aussi très documentée de cet auteur que renaît Lauro de Bosis, que les Italiens surnomment le "poète volant".
Du destin des oubliés à l'oubli des destins....

Et pour cause : 
Il naît dans une famille dont le père traduira les oeuvres de Shelley, et lui même traduira les tragédies de sophocle et Eschyle, comme une prémonition ? 
Il va assister à la catabase de son pays, dans les limbes du fascisme naissant. 
Il participera aux Jeux Olympiques de 1928, dans la catégorie Littérature, et y remportera la médaille d'argent grace à son ouvrage Icaro (une allégorie anti-fasciste à travers le récit du mythe grec). Comme un prédestination ? 
Il s'opposera très vite au régime fasciste de Mussolini, au moment de l'assassinat de Giacomo Matteotti, homme politique italien, en 1924. 

D'ailleurs, cet assassinat sera pour beaucoup considéré comme un tournant majeur du régime mussolinien. 

Un électrochoc pour certains, pour qui le pouvoir à franchi le Rubicon... 
Une manière pour Mussolini d'asseoir son pouvoir et d'assumer pleinement, il dira lors de son discours à la Chambre des Députés : 
« Je déclare ici, en présence de cette Assemblée et en présence de tout le peuple italien, que j'assume, moi seul, la responsabilité politique, morale, historique de ce qui s'est produit. Si les phrases plus ou moins déformées suffisent à pendre un homme, sortez le gibet et sortez la corde ! Si le fascisme n'a été que huile de ricin et bastonnade et non en fait une passion superbe de la meilleure jeunesse italienne, la faute m'en revient ! Si le fascisme a été une association de criminels, je suis le chef de cette association de criminels ! » 
La suite ne sera qu'une succession de dérivés, sur tous les fronts de la société.

Devant son pays, qui s'enfonce lui décidera de s'élever. 

Au sens propre du terme en créant L'Alleanza nazionale per la Libertà, association antifasciste clandestine : 
"En temps normal, s'approcher d'une boîte à lettres, glisser quelques enveloppes dans la fente puis faire demi-tour pour retourner à ses affaires aurait été le geste le plus anodin du monde. Mais les temps n'étaient pas normaux. [...] , poster une lettre était lourd de dangers. La dizaine d'enveloppes ambrées qu'il portait dans une poche intérieure contenait des copies ronéotées du onzième bulletin de l'Alliance nationale, avec un nouvel appel passionné de Lauro au rejet de Mussolini et du fascisme. Il savait qu'à Vérone quatre personnes avaient été jetées en prison simplement pour avoir posté des exemplaires dactylographiés d'un précédent bulletin." 

Mais aussi au sens figuré 
" La tendance du régime fasciste à transformer les acrobaties aériennes en succès de propagande était particulièrement irritante pour Lauro. Dans sa pièce Icaro, il avait présenté le vol le symbole de la liberté et du triomphe de la science et de la raison sur la tyrannie. Et voilà qu'un tyran et ses hommes de main revendiquaient le ciel, comme ils avaient revendiqué la terre en transformant les trésors archéologiques de Rome en expressions de la gloire de la romanità. Alors que Balbo enjambait les continents, les heures de vol de Lauro se limitaient à quelques sauts de puce au-dessus de la Manche et à une excursion à Athènes et Istanbul.
Lauro n'ignorait pas que le ciel dont Mussolini revendiquait la maîtrise était également son point faible. Avant l'invention du radar, il n'était que trop aisé de pénétrer dans l'espace aérien italien, comme l'avait illustré l'exploit d'un aviateur isolé dans le courant de l'été précédent. le 11 juillet 1930, un petit avion piloté par Giovanni Bassanesi, un jeune catholique de gauche, avait surgi dans le ciel au-dessus de Milan juste après midi et avait fait le tour du centre-ville, lâchant des tracts qui invitaient les habitants à ne pas payer leurs impôts et à résister activement au régime."

Il se décidera de défier le pouvoir en place en larguant des milliers de de tracts de six centimètres sur onze, narguant le Duce et ses ministres, imprimés sur un papier aussi fin que du papier à cigarette, sur lesquels seront imprimés 4 textes différents : 

" le premier, adressé à « Sa Majesté » le roi d'Italie, le supplie de déclarer une fois pour toutes s'il est du côté de la liberté ou de celui des oppresseurs qu ont transformé le peuple italien en un « troupeau servile», le deuxième est adressé aux membres de la milice et de la balilla, le mouvement des jeunes fascistes, et exhorte les mères d'Italie : « Ne laissez pas vos fils vous être arrachés l'âge de huit ans pour être transformés en chair à canon. » Les deux derniers tracts invitent les Italiens à imiter les Espagnols qui ont récemment rejeté leurs oppresseurs en déclarant la République, et à appliquer un programme de résistance au régime en dix points."


D'une lucidité à la fois remarquable et effroyable, la veille de son décollage 
" Tard dans la nuit, il travaille à la version finale de ”L'histoire de ma mort", qui sera postée à Ferrare le lendemain matin. Tel Ie jeune Icare à la veille de son évasion de Crète, il la gloire de l'action à venir.
”Pégase c'est le nom de mon avion -- a la croupe rousse et les ailes blanches ; bien qu'il soit fort comme quatre-vingts chevaux, il est svelte comme une hirondelle. Il s'enivre d'essence et bondit dans les cieux comme son frère de jadis, mais s'il veut, dans la nuit, il sait glisser dans l'air comme un fantôme [...] son ancien maître va me le porter sur la côte de la Tyrrhénienne, croyant en bonne foi qu'il servira aux loisirs d'un jeune Anglais oisif. Mon mauvais accent n'a pas réveillé ses soupçons : qu'il me pardonne ma ruse ! »
Tel Icare écrasant le tyran Minos de son mépris, il condamne Mussolini et son régime :
« On ne peut pas admirer le Fascisme et déplorer ses excès.Il peut exister seulement au moyen de ses excès. Ses excès sont sa logique. Pour le Fascisme, c'est la logique de son existence que d'exalter le sicaire et de souffleter Toscanini. On a dit que le meurtre de Matteotti a été une erreur : de son point de vue, ç'a été un coup de génie, On dit que le Fascisme a tort d'employer la torture pour extorquer des confessions de ses prisonniers ; mais, s'il veut vivre, il ne peut pas faire autrement La presse étrangère devrait comprendre ça. On ne peut pas souhaiter que le Fascisme devienne paisible et humain, sans souhaiter sa liquidation tout entière"
Et, toujours tel Icare mis en garde par son père de ne pas voler trop près du soleil, Lauro n'ignore rien risques qu'il prend."


Ce livre permet également de comprendre comment cette idéologie à pu s'ancrer dans la société italienne au sortir de la première guerre mondiale, les bouleversements qu'elle provoquera jusque dans la chair de la Ville Éternelle elle-même...
Taras Grescoe arrive à nous mettre dans ce rôle de spectateurs impuissants face à ce péril imminent, à cette chute irrémédiable et aux incertitudes des milieux artistiques, culturels, intellectuels....

L'essentiel de sa documentation vient d'Outre Atlantique, ce qui permet également de donner un autre vision de cette époque noire de l'histoire Italienne, car les imprécations qui ont existé entre le régime italien et les banques américaines ne sont pas forcément connues.... 

"En rejoignant les fuorusciti, la communauté d'exilés de l'Italie mussolinienne, Lauro de Bosis fut renvoyé dans des limbes horripilants. A Rome, il avait travaillé côte à côte avec les gerarchi fascistes qu'il considérait au mieux comme des intelligences inférieures, pire comme des brutes, et dont la Marche sur Rome avait été un immense coup de bluff rendu possible par un roi faible et indécis. Sa collaboration avec Thomas Lamont à l'Italy America Society lui avait appris que le miracle économique italien n'était qu'un mirage éphémère, permis par des prêts américains. Et il savait que seuls le contrôle de Mussolini sur les médias italiens et la manipulation des journalistes étrangers empêchaient le monde de découvrir le vrai visage de la vie sous la dictature.
Lauro n'ignorait pas non plus que plusieurs milliers de citoyens italiens parmi les plus brillants et les plus courageux avaient été torturés, incarcérés et condamnés à l'exil intérieur, et il était convaincu que le Duce conduisait le pays, et le monde, vers une nouvelle guerre. 
Quand l'année 1931 commença, les autres pays se faisaient une image fort différente de l'Italie. Tandis que les économies mondiales s'enfonçaient dans la crise à la suite de l'effondrement du marché boursier américain, l'Italie fasciste semblait Incarner l'assurance, le progrès et le triomphe."

Nationalisme, alarmisme, populisme, xénophobie… des parallèles avec certaines tendances actuelles planent à la lecture de cet ouvrage. 
Mais Grescoe, porte un regard lucide, comme la vision de l'historien Gaetano Salvemini du fascisme comme "une maladie des démocraties malades ou en échec, dont le peuple a consenti à abandonner des libertés durement acquises en échange de la promesse d'unité nationale, de pureté et de force". – et de dire effectivement faites-en ce que vous voulez....

L'attaque de Lauro de Bosis contre Rome était un acte volontaire, personne ne lui a ordonné, ou ne l'a recruté pour entreprendre ce vol [ ...] ce poète italien a sa place dans les rangs des héros suprêmes parce que, entre autres choses, il a été un agent entièrement libre de ce qu'il a fait.

Ovide dans ses Métamorphoses a écrit "Minos peut tout tenir, il ne tient pas les airs" 
On peut y voir comme une métaphore inversée, 
Icare à cause de son orgueil s'est approché trop près du soleil, et s'en est brûlé les ailes
Lauro de Bosis grace à son courage s'est approché trop près des ténèbres et s'en est brûlé les ailes 

Un grand merci aux Éditions Noir sur Blanc et à Babelio pour la découverte de cet ouvrage lors de la Masse Critique non fiction 

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Comment décrire ce livre ? Il semble impossible à classer. Bien sûr il s'offre d'abord à nous sous l'apparence d'un roman historique qui retrace l'Italie sous le fascisme et ses évolutions. Mais très vite on s'interroge, oeuvre historique, roman épique ou ode à la liberté ? le livre narre en réalité la lutte entre le fascisme et l'un de ses opposants, Lauro de Bosis. On ne peut que féliciter le travail d'investigation de Taras Grescoe qui réalise une oeuvre aussi riche que déroutante. À partir d'une action méconnue, presque une anecdote de la dictature italienne si elle ne nous apparaissait pas tant exceptionnelle, il parvient à construire un récit puissant qui malgré son indéniable aspect historique semble toujours d'actualité aujourd'hui. La lecture du Maître des airs est enrichissante, tant par ses précisions historiques que par les valeurs qu'elle défend car ce livre n'est pas qu'une oeuvre historique, c'est un livre de combats et un magnifique hommage à l'acte de Lauro de Bosis. Une lecture que je recommande.
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Ce livre qui oscille entre roman historique et biographie nous conte la montée en puissance du fascisme dans l'Italie de l'après 1ère guerre mondiale. En nous narrant l'histoire totalement inconnue pour moi et je pense un grand nombre de Lauro de Bosis opposant au régime dictatorial on plonge la tête la première dans ce qui sera une horreur programmée. Taras Grescoe a fait un remarquable travail de recherches. J'ai beaucoup apprécié cette lecture et je la recommande
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Lilian Mowrer les vit pour la première fois au début de l'année 1921 sous les fenêtres de son appartement de la via della Scrofa. Des jeunes gens vêtus de chemises noires moulantes et brodées, au niveau du cœur, d'un crâne blanc aux orbites creuses. Leurs cheveux longs, souvent laborieusement permanentés au fer à friser, et leur façon d'arpenter les rues en scandant « Eia, eia, eia ! Alalà ! » en faisant porter l'accent sur la dernière syllabe, comme des athlètes universitaires rentrant d'une soirée de beuverie, lui donnèrent envie de pouffer.
Mais l'effet qu'ils produisaient sur ses voisins n'avait rien de drôle.

« Ils étaient armés de carabines ou de revolvers, écrivit Lilian, et marchaient en roulant des mécaniques ; ce n'était pas la simple arrogance donjuanesque du mâle italien moyen sorti faire un tour, mais une arrogance provocatrice, efficace, qui incitait les gens à s'écarter pour les laisser passer. Ils se donnaient le nom de fascisti --- fascistes . »

Beaucoup étaient d'anciens Arditi, membres des unités d'élite de l'armée italienne pendant la Première Guerre mondiale, unités calquées sur le modèle des Sturmtruppen, les troupes d'assaut allemandes. Mieux payés et mieux nourris que les soldats ordinaires, ils avaient appris à voyager léger, sans paquetage, à prendre les tranchées d'assaut avec pour tout équipement des poignards et des grenades, et à se battre au corps-à-corps contre l'ennemi sans craindre pour leur vie. Ayant pour devise Me ne frego («Je m'en fiche »), ils avaient affiché au combat un culte de la mort désinvolte, assorti d'une esthétique tout à fait particulière. Leurs mèches longues et leurs séduisants uniformes noirs brodés de flammes leur donnaient l'air de pirates modernes. Après la guerre, désœuvrés et à la dérive, ils avaient semé la terreur à travers les villes d'Italie, dans les cafés desquelles ils se retrouvaient pour s'enivrer jusqu'à l'hébétude. Défilant sur le corso de Rome, ils obligeaient les passants à s'effacer et frappaient tous les hommes qui négligeaient de se découvrir avec leur arme de prédilection, le Santo Manganello — la « sainte Matraque » plombée.

(INCIPIT)
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Un des rares hommes à tenir tête aux rangs de chemises noires était le nouveau secrétaire général du Parti socialiste unitaire, un jeune avocat de la vallée du Pô nommé Giacomo Matteotti. Bravant les gardes fascistes qui faisaient étinceler poignards et armes à feu aux portes de la Chambre, il prononça un discours de deux heures dans lequel il accusa le nouveau gouvernement d'utiliser une milice armée au service du parti « pour précipiter le pays vers le passé, vers l'absolutisme ».
Matteotti cita des passages d'un livre qu'il venait de publier dans lequel il évoquait en détail deux mille agressions commises par les chemises noires.
Les députés fascistes cherchèrent à le réduire au silence en hurlant : « Vendu ! Traître ! Démagogue ! »
Quand il eut fini de parler, Matteotti se tourna vers un ami et lui dit : « Tu peux maintenant préparer mon oraison funèbre. »
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Je n'arrête pas d'aller à la fenêtre, écrivit-il. Dehors, dans la merveilleuse Rome, il bruine. Des calèches et des trams passent. Non loin, le pape et quarante cardinaux dorment, le Colisée et le Forum sont humides, silencieux et fermés, mais avec au moins une lumière qui brûle : la chapelle Sixtine scintille, tandis que plus loin, à la lueur vacillante des étoiles, vos tombes, John Keats et Percy Shelley, réussissent à démontrer mieux que quiconque qu'il est préférable d'être étendu glorieusement dans une colline mouillée que de vivre stupidement dans un hôtel chic.
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Nous ne cessâmes de grimper, écrivit Charles Dickens quand il s'y rendit un demi-siècle plus tôt, sur une suite ininterrompue de monceaux, de tas, de monticules de ruines. Des tombeaux et des temples, renversés et effondrés ; de petits fragments de colonnes, de frises, de frontons ; de gros blocs de granit et de marbre ; des arcs tombant en ruine, envahis par les herbes et délabrés.[...] Au loin, des aqueducs en ruine cheminaient de leurs pas de géants le long de la plaine ; et chaque souffle de vent qui venait jusqu'à nous agitait des fleurs précoces et des herbes qui poussaient spontanément, sur les milles de ruines.
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Mussolini avait beau avoir donné un nom au nouveau type de populisme de droite qui s'imposait en Europe, aux premiers jours du fascisme, il ne fut, au mieux, qu'un apprenti sorcier. Le mouvement tirait son énergie de la colère suscitée par l'issue de la Première Guerre mondiale et du désir de rendre sa grandeur à l'Italie — celle qu'elle avait connue du temps de la Renaissance ou à l'apogée de l'Empire romain.
S'il avait fallu citer un responsable de l'esprit militariste du fascisme - et d'une grande partie de ses attributs extérieurs -, ce n'est pas le nom de Mussolini qu'il aurait fallu donner, mais celui d'un petit homme chauve aux jambes arquées, un poète que ses adorateurs appelaient depuis longtemps Il Duce.
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