AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070725779
372 pages
Gallimard (03/03/1992)
4.25/5   2 notes
Résumé :
L'assassinat de Louis, duc d'Orléans, frère unique du roi de France, par Jean sans Peur, duc de Bourgogne, cousin germain de l'un et de l'autre, est un événement d'importance. Ce fut une affaire de famille et une affaire d'Éat qui plongea les Français d'alors dans les malheurs d'une guerre civile où s'opposèrent les Armagnacs et les Bourguignons, puis de la guerre étrangère, contre les Anglais. D'autre part, rien ne peut mieux révéler ce que fut la société politique... >Voir plus
Que lire après Un meurtre, une société : L'Assassinat du duc d'Orléans, 23 novembre 1407Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce livre a marqué. C'est celui qui a compté dans la production de Bernard Guénée. J'aime ce livre : Un meurtre, une société. L'assassinat du duc d'Orléans. 23 novembre 1407, et cependant je ne peux en faire une critique positive, même si l'argumentaire paraît convaincant.
L'événement est particulièrement bien choisi, il a eu son importance. le meurtre de Louis d'Orléans, peu après sa sortie de l'Hôtel Barbette, dans le quartier du Marais, où il venait de rendre visite à sa belle-soeur, la reine, Isabeau de Bavière, épouse de Charles VI, fut organisé par le cousin germain de Louis, Jean Sans Peur, duc de Bourgogne.
Ce dernier ne craignit pas d'assister aux obsèques de sa victime, mais bientôt tout Paris le désigna comme celui qui avait armé le bras des auteurs de ce crime. Il quitta la capitale en toute hâte et ne revint dans Paris qu'avec la force armée en 1408 pour faire justifier par un maître en théologie, Jean Petit, cet acte sanglant sous prétexte que Louis d'Orléans en aurait voulu à la personne du roi, son frère. Celui-ci aurait accepté cette explication.
Mais le parti orléaniste aurait relevé la tête, et aurait poussé le chancelier de l'université, Jean Gerson, à contredire Jean Petit à la fin de 1413 ou au début de 1414. Et cinq ans plus tard, en 1419, devant un Dauphin, dont on ne sait trop s'il fut innocent ou impliqué dans l'affaire, le meurtre de Louis d'Orléans aurait été vengé et Jean Sans Peur tué sur le pont de Montereau par Tanguy ou Tanneguy du Chatel.
Chacun sait en effet que l'acte commis par le duc de Bourgogne et son absence de remords ont choqué une partie de l'opinion et divisé celle-ci en deux camps opposés, celui des Armagnacs d'un côté - Bernard d'Armagnac ayant relevé le gant au nom de la famille d'Orléans et défendu le bon droit du fils encore mineur de la victime ainsi que celui de l'épouse du duc d'Orléans, Valentine Visconti, qui aurait pu pourtant se plaindre des frasques de son défunt mari et lui en vouloir pour la rumeur qui courait tout Paris, un bruit selon lequel il aurait entretenu une liaison avec la reine - et celui des Bourguignons, bien évidemment.

Il est facile - et c'est un reproche que l'on peut adresser à Bernard Guénée - de ne suivre que ce qui s'est passé du côté des Armagnacs et des partisans de la famille d'Orléans, et du coup d'épouser leur cause, sans s'intéresser à ce qui pourrait expliquer - sinon justifier - la position de Jean Sans Peur et l'acte "irréparable" commis sur ses directives.
C'est une prise de parti pour un camp face à l'autre.

En effet, le propos de Bernard Guénée consiste à dire en finale que le duc de Bourgogne est mort aussi bien d'avoir fait tuer Louis d'Orléans que d'avoir trouvé toutes les bonnes raisons pour faire reconnaître la valeur de cet acte, tout sanglant et criminel qu'il fût. Jean Sans Peur n'aurait pas volé en quelque sorte la vengeance exercée sur sa personne par les Armagnacs.

Très bien, c'est ce qu'ont pu penser ceux qui penchaient du côté de la famille d'Orléans, mais c'est aussi oublier que le roi Charles VI fut pris en tenaille et en otage tantôt par un camp et tantôt par l'autre, et tiraillé entre les deux partis, et qu'il y perdit la raison.

Et il me semble ici que les Armagnacs et la famille d'Orléans n'ont pas moins de torts que le clan des Bourguignons.
Pire encore, même si cela ne justifie pas son élimination physique, Louis d'Orléans donna bien des motifs d'inquiétude à son frère Charles VI, qui avait bien des raisons de se méfier de cet ambitieux personnage qui ne craignit pas de faire construire ou de renforcer non loin de Paris d'orgueilleuses forteresses, comme Pierrefonds, la Ferté-Milon et Coucy, ce qui était l'indice d'une volonté de toute-puissance qui ne pouvait s'exercer qu'au détriment du roi. On sait aussi que le comportement de Louis d'Orléans lors du fameux Bal des Ardents, au cours duquel il s'approcha avec une torche enflammée du groupe où se trouvait Charles VI, qui avait revêtu un habit de danse enduit de poix, prête à interrogation. de même que l'on peut penser qu'il n'y eut pas de fumée sans feu dans l'accusation d'adultère porté contre le duc d'Orléans et la reine Isabeau dont la proximité laissait pour le moins songeur et conduisait le clergé parisien à désigner d'un doigt accusateur ces deux-là.
Beaucoup pensent que tout cela scandalisait à bon droit Jean Sans Peur, qui avait certes son intérêt à dénoncer son cousin germain et qui ne fut pas qu'un simple redresseur de torts en faisant occire le duc d'Orléans.
Mais de là à accuser le duc de Bourgogne d'être entièrement coupable, il y a là quelque chose d'exagéré. Et je pense que cela mérite d'être dit dans la critique que l'on peut faire du livre de Bernard Guénée, dont l'intérêt est de mettre l'accent sur le désordre profond que créa l'assassinat de Louis d'Orléans. Car il est bien vrai que cet acte violent fut un facteur de trouble dans la société, et c'est bien là, dans l'analyse du phénomène en soi, que Bernard Guénée redresse ce que son ouvrage peut avoir par ailleurs de "partisan".
Je suis donc partagé quant aux thèses défendues par l'auteur, mais je reconnais à ce dernier qu'il a fait un travail de fond, pour beaucoup incontournable quand on veut traiter le sujet, mais néanmoins critiquable dans la condamnation qu'il donne l'impression de faire de l'acte définitif posé par Jean Sans Peur, un acte qui, et Bernard Guénée a raison de le souligner, ne pouvait avoir que des conséquences désastreuses.

François Sarindar, auteur de : Jeanne d'Arc, une mission inachevée (2010)
Commenter  J’apprécie          627


Les plus populaires : Non-fiction Voir plus
Livres les plus populaires de la semaine Voir plus


Lecteurs (5) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3179 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}