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EAN : 9791097438012
149 pages
Editions Altitude (01/04/2017)
4.25/5   20 notes
Résumé :
Au delà d’un témoignage sur le quotidien d’une vieille dame perdue dans la solitude et l’indigence, ce journal est aussi le récit bouleversant de la vie tourmentée d’une femme – amante éphémère, nièce fidèle et mère trop peu de temps – qui a vécu peut-être plus que toute autre, les épreuves et les dérèglements de son époque.
Au fil des pages, la diariste raconte l’histoire inédite et terrible d’une nation qui s’enfonce dans les abîmes plus vite qu’une générat... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Ce récit, dont la structure rappelle de loin en loin les romans du XVIIIe siècle – je pense notamment à l'Abbé Prévost recueillant le témoignage du chevalier des Grieux, lequel constitue l'intrigue de Manon Lescaut – , est d'abord touchant par sa sincère tristesse…celle provoquée par un monde d'autrefois qui s'en est allé entre les mains impuissantes d'Anne-France, dont le destin a d'abord été sacrifié sur l'autel de l'Histoire puis de ce que certains appellent péremptoirement la fin de l'Histoire.
Après lecture du destin contraire de cette femme française, précipitée dans la laideur d'une société exclusivement économique et déracinée, et en guise d'avertissement au lecteur, une phrase me vient soudain à l'esprit : « Nous allons parler de fort vilaines choses, et que, pour plus d'une raison, nous voudrions taire » (Stendhal, La Chartreuse de Parme).
Car il est vilain de ne vivre que dans la jouissance immédiate, au mépris de son prochain, de briser les repères de chacun pour leur substituer une fange informe, laquelle me condamne, moi aussi, à porter le poids d'une « âme glacée par le désoeuvrement » que, contrairement à l'auteur, la lecture du Journal d'Anne-France n'a pas allégé.
Anne-France, belle jeune femme de jadis devenue une vieille oubliée dans sa mansarde et qui finira comme Gervaise – dans l'Assommoir, d'Émile Zola –, après avoir rempli d'elle-même les pages d'un journal intime. Comme une bouteille jetée à la mer pour dire au monde devenu indifférent qu'elle a été avant de n'être rien qu'une ruine ; même si « les ruines…ça ne se visite plus », dit le texte.
Le roman de Romain Guérin raconte aussi la descente aux enfers consuméristes de notre France. Des enfers qui abandonnent avec cynisme ceux qui ne suivent pas le chemin tracé, particulièrement quand ils sont attachés à des valeurs honnies par une idéologie volontairement amnésique.
D'accord, « toutes les sociétés, à toutes les époques, ont connu cette violence légitime du pauvre. Mais ce qui a changé dans la violence que l'on connaît aujourd'hui, c'est qu'à cette brutalité de la misère se sont amalgamées la vulgarité de la société de consommation et la sauvagerie du tribalisme. »
Accablée d'humiliations – maltraitée parce que soupçonnée, à tort, et par des résistants de la dernière heure, d'avoir couché avec un « boche » – et de drames – la mort de son amour unique, puis de son fils, lui aussi unique, en Algérie ; enfin de sa Tantine devenue folle de chagrin –, Anne-France, sans descendance possible, n'a rien à léguer à la postérité sinon son cri de douleur écrit.
Combien d'Anne-France, en réalité, meurent dans le silence d'une société obsédée par le présent, sans souci d'hier et de demain ? Qu'a-t-elle à faire de ces survivants improductifs cette même société souverainement égoïste ? C'est précisément cela que nous renvoie Romain Guérin, dans un style qui conserve la candeur de l'enfance tout en égrenant une plainte d'adulte blessé.
Comme pour contrebalancer le matérialisme de notre époque, la poésie – alcôve éternelle des âmes rêveuses et tourmentées – occupe une place prépondérante dans le texte, tel un fil d'Ariane reliant les destins. Quelques vers surgissent alors, qui ont « l'inflexion des voix chères qui se sont tues » (Verlaine) ; vers qui disent l'amour bien plus que la consommation des corps :
« Mêlée au nord des cieux, cette fille fascine
En l'ignorant mes yeux, qui dans ses longs cheveux
Ondulés et soyeux, séditieux se confinent,
Là-bas, mon rêve, enfin, est conforme à mes voeux. »

Autres vers qui résument si exactement le personnage d'Anne-France :
« Cette élégance anachronique
Chez une mendiante surtout,
Prouve combien est ironique,
Ce siècle de fats et de fous. »

Ici, la foi, parce qu'elle est humaine et sans le filtre des apparences qu'affichent certains faux croyants, se montre authentique, malmenée aussi par les épreuves qui accusent autant qu'elles supplient Dieu. Et puisque « le temps arrondit les pointes des douleurs les plus vives », Dieu retrouve toujours sa place. On ne parle dès lors plus de religion au sens dogmatique mais bel et bien de rapport intime à Dieu ; un rapport sinueux contenu dans cette phrase exceptionnelle de bon sens spirituel : « La rencontre avec le vide ou Satan rapproche de Dieu alors que la malice bigote opère cet anti-miracle, si je puis dire, celui de rendre détestable le Christ aux âmes les plus nobles. »
Enfin, pour confondre ces individualités égoïstes – et on moins égotistes ! –avides d'apparences et de lumières artificielles, je conseille à chacun de méditer cette phrase du Journal d'Anne-France : « Il faut toujours accepter le présent du pauvre, aussi nu soit-il, au risque de lui faire la pire injure qu'une âme puisse souffrir. » le pauvre comme miroir de nos failles…
Ce récit est donc confondant non pour lui-même mais pour note société du vide cruel. Hélas, il s'en trouvera toujours pour fustiger certaines prises de position qu'il recèle, notamment sur l'avortement. Il est d'ailleurs étrange de constater l'intolérance des chantres de la tolérance, ces mêmes chantres qui attaquent – comme j'en ai été récemment témoin à Paris – des librairies au nom de la liberté…!
Une liberté souvent pleine des bulles de Coca-Cola et qui fait s'interroger Anne-France : « Je me demande juste si on a bien fait de massacrer des indigènes à plumes pour mettre à la place un peuple d'obèses amoureux de leur télévision et qui semblent ignorer parfaitement que leur pays fait la guerre au monde entier. » On pourrait dire de même de l'Europe !
Lecture hors des sentiers balisés mais lecture salutaire que ce journal…

(Sincères remerciements aux éditions Altitude pour cette remarquable découverte.)

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Le titre annonce, d'entrée de jeu, l'ensemble de "l'oeuvre". L'auteur s'amuse visiblement à parodier le Journal d'Anne Frank sur un ton potache que l'on peut à juste titre trouver malaisant. L'introduction morbide (relatant comment ce journal aurait été retrouvé) vous met dans l'ambiance d'un opuscule qui se veut désinvolte mais qui reste moralement discutable et artistiquement nul.

Car, la forme n'est guère meilleure que le fond. Elle révèle, à mon sens, le manque total de personnalité chez l'auteur, lequel s'adonne involontairement à un pâle pastiche des figures de la littérature française comme Théophile Gautier ou Léon Bloy… Butinant tantôt à la fleur du romantisme, tantôt à celle du réalisme, puis du symbolisme ou du surréalisme, l'auteur montre par là son incapacité à avoir un style propre et révèle l'inanité d'une plume seulement capable – et encore, avec peine – de pasticher les plus grands. Ses sorties lyriques (souvent dénuées de sens) alternant avec l'utilisation de mots familiers voire argotiques créent en outre un total décalage chez le lecteur qui ne sait plus où il se situe : rappelons que le narrateur est censé être une vieille femme solitaire, nostalgique du passé – or, celle-ci s'avère parfaitement au point en ce qui concerne les nouvelles technologies et utilise parfois un vocabulaire d'adolescents. Ce n'est là qu'une des nombreuses coquilles qui rendent la lecture de ce "roman" indigeste.

Le public auquel s'adresse cet opuscule est manifestement un public partageant les valeurs et les références politico-culturelles de l'auteur (ce qui explique qu'il ne se soit vendu qu'à 300 exemplaires). L'auteur ne s'en cache d'ailleurs pas, lui qui est – en plus de ses activités plumitives – un vidéaste nationaliste. Beaucoup de gens ne le savent pas mais son pseudonyme complet est "Romain Jules Guérin", soit une allusion directe au journaliste antidreyfusard Jules Guérin (1860-1911) qui avait été le fondateur d'un journal d'extrême-droite nommé /L'Antijuif/. Cela vous donne une idée du personnage et des références qui sont les siennes. Je n'ai aucun mal à lire Céline ou Knut Hamsun, car je pense que chez un auteur, le talent prévaut sur ses opinions, si funestes soient-elles. le malheur de ce Guérin vient de ce que la noirceur de ses idées le dispute à la médiocrité de sa plume. Non, monsieur, votre absence de succès ne signifie pas que vous êtes un "poète maudit" ou que d'obscures puissances complotent contre vous, c'est seulement le signe que vous manquez cruellement de talent.
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Un livre magnifique ! Contrairement à ce qu'affirme un peu plus haut @NicolasKirkitadze, ce roman n'a rien de parodique et n'a aucun lien direct avec 'Le Journal d'Anne Franck'. M. Kirkitadze n'a pas lu le livre, c'est impossible... Il s'est arrêté au titre (culotté, voire provocateur, certes) et s'est inventé son propre 'Journal d'Anne-France' à partir de celui-ci... Ce « chef d'oeuvre » (pour reprendre les mots de Jean Raspail) raconte en fait l'histoire d'une très vieille dame, Anne-France Razaveth (une personnification de la France du XXe siècle, en quelque sorte) qui décide de se laisser mourir de fatigue en écrivant ses mémoires. Sa vie, bouleversante, défile alors devant nos yeux !
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Ce roman contemporain du XXIe siècle plonge profondément dans la psyché , offrant une exploration intimiste et immersive de son monde intérieur. L'auteur dépeint avec une profondeur et une authenticité saisissantes ses scènes, permettant aux lecteurs de se connecter et de s'identifier à ses luttes, ses espoirs et ses peurs. À travers une prose vive et percutante, l'auteur navigue habilement à travers les pensées et les émotions, offrant un portrait nuancé et captivant de son parcours de vie. Ce roman offre ainsi une plongée profonde dans l'âme humaine, invitant les lecteurs à réfléchir sur les questions universelles de l'identité, de la solitude et de la quête de sens dans un monde en perpétuel changement.
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Très bon livre. Ce roman est boulversant, je l'ai lu d'une traite.
J'apprécie beaucoup Romain Guérin, j'ai lu à peu près tous ces livres et pour moi celui-ci est le meilleur.
Je le conseille aux amoureux de la France, aux lecteurs du dimanche et aux passionés de littérature. C'est belle découverte, vous vous en souviendez.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Ces vraies beautés sont comme les merveilles de l'archéologie qu'on découvre avec un petit pinceau. Mon pinceau à moi, il est fait avec les cils de mes paupières. Paupières qui à force de battements continuels, ont fait voir à mes yeux éblouis à quel point tu étais belle. Être vraiment belle, c'est avoir plusieurs beautés en soi. (...) toi, à chaque fois que tu arranges tes cheveux, de façon un peu différente, je vois surgir toujours avec la même surprise une nouvelle beauté. Quand par exemple tes longs cheveux ondulés sont plaqués en hauteur derrière ta tête grâce à un chignon style empire, (...) tu révèles tes trésors comme un océan qui se retire : ta nuque, tes oreilles, ton cou et tes épaules.
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Bande-annonce du recueil de poésie « Bisous Noirs ».
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