J'avais emprunté, il y a déjà un certain temps, ce bel album pour mon cadet. Un peu trop jeune pour en comprendre toutes les subtilités à ce moment-là, je l'ai retenté cette semaine en lecture du soir, mais c'est encore bien trop tôt pour qu'il en comprenne le message véhiculé.
Plume et Timy appartiennent à deux clans différents, l'un dirigé par le Roi Bleu, l'autre par le Roi Blanc. Plume et Timy sont amis depuis toujours. Inséparables, ils partagent tout leur temps libre ensemble. Un jour, le Roi Bleu et le Roi Blanc, pourtant très complices jusque-là, se disputent un territoire. Ne voulant plus entendre parler l'un de l'autre, ils font ériger un mur séparant les deux peuples. Et il n'y aura pas que pour Plume et Timy que la séparation sera très dure et douloureuse, il en va pour chaque habitant des deux villages, exceptés les deux rois. Mais l'un d'eux tombe malade, et le seul remède se trouve dans le village ennemi. Têtu comme une bourrique, ce dernier préfère mourir que de solliciter l'aide de son ancien comparse. Il est temps pour les villageois des Blancs comme des Bleus de mettre fin à cette mascarade.
Il me faut d'abord parler des superbes dessins de
Stéphanie Augusseau, à la fois doux et sombres. Sans trop d'éléments, très aérés, ils évoquent à merveille les évènements-clés de l'histoire. Tout en nuances de marron, agrémentées de quelques touches de blanc et de bleu ici et là, on perçoit sur chaque double page les diverses émotions que
Nancy Guilbert tente de nous transmettre. Je souligne la très belle et dernière double page, qui se démarque des autres par le grand ciel bleu, signe d'une fin heureuse, où l'on peut observer Plume et Timy sur le lopin de terre responsable du conflit entre les deux rois.
L'histoire, quant à elle, est bien triste. Résonne en nous, les grands,
L Histoire avec un grand H. On ne peut que faire le rapprochement avec le Mur de Berlin, ou plus globalement avec toutes ces frontières entre les pays, avec tous les murs, symboliques et invisibles, érigés entre chaque communauté. On ne peut que penser à tous ces conflits actuels, pour un territoire, pour des croyances divergentes.
Cet album est conseillé à partir de 4 ans, mais je suis très sceptique là-dessus. Pour moi, il faut être bien plus grand pour vraiment comprendre toute l'histoire. D'autant plus qu'elle est dans son ensemble assez morose, et donc très peu adaptée et attirante pour un trop jeune public.
Mais pour les plus grands, il est en revanche très beau et très intéressant, tout en sensibilité. Porteur d'une belle leçon de vie sur la tolérance et le respect de chacun, il véhicule un message plein d'espoir sur la nature humaine...