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Bertrand Degott (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782232122392
156 pages
Editions Seghers (22/01/2004)
4.14/5   7 notes
Résumé :

Terre à bonheur rassemble deux petits recueils de poèmes de Guillevic publiés pour la première fois par Pierre Seghers au début des années 1950 : Envie de vivre (1951) et Terre à bonheur (1952). Selon le poète, les textes qui composent ces recueils furent écrits « dans une période de basses eaux poétiques, de créativité difficile », dominée par le contexte très particulie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« L'idée de départ de ces poèmes, c'est que la terre est faite pour que les hommes y vivent heureux; elle est faite pour le bonheur. Or, le premier ennemi du bonheur, c'était, pour nous, le capitalisme »
Terre à bonheur est donc un «livre de combat». À cette époque, après la Seconde Guerre mondiale, le militantisme, «la lutte pour la paix, pour de meilleures conditions de vie» sont aux yeux de Guillevic plus essentiels que la poésie. Rétrospectivement, il considère que cette poésie engagée n'est pas une réussite, qu'il n'a pas su éviter «la tombée dans le discours»:
«L'ellipse m'est consubstantielle, je l'avais trahie.»
Et c'est vrai que ce n'est pas toujours le meilleur Guillevic. C'est inégal, mais il y a de très beaux textes, et ça ne peut pas faire de mal de rappeler que notre planète devrait être une «terre à bonheur».

« Douceur.
Je dis : douceur.

Je dis : douceur des mots
Quand tu rentres le soir du travail harassant
Et que des mots t'accueillent
Qui te donnent du temps.
 
Car on tue dans le monde
Et tout massacre nous vieillit.
 
Je dis : douceur,
Pensant aussi
À des feuilles en voie de sortir du bourgeon,
À des cieux, à de l'eau dans les journées d'été,
À des poignées de main.
 
Je dis : douceur, pensant aux heures d'amitié,
À des moments qui disent
Le temps de la douceur venant pour tout de bon,
 
Cet air tout neuf,
Qui pour durer s'installera. »
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Poèmes du temps de la Guerre froide… à relire avec espoir en ce temps où, en Europe même, la guerre est de retour ; parce que ces poèmes nous disent l'angoisse, nous disent la frayeur, nous parlent de la mort du monde, de la mort atomique :
"Je pourrais vous dire :
Comme si, d'un coup,
Toutes les feuilles
Tombaient des arbres,
De tous, à la fois."
Parce que c'est une poésie politique, engagée (Guillevic a supprimé de ce recueil le poème "Au camarade Staline"… ouf)
"Ce sont les pierres et les femmes, ce sont les hommes et le vent,
Ce sont les choses de la terre et les peuples debout sur terre
Qui désignent les assassins."

Mais une poésie qui dit aussi que "la terre est faite pour que les hommes y vivent heureux ; qu'elle est faite pour le bonheur".
Pour le bonheur de la journée qui commence :
"Que je regarde avec envie
L'abeille en grand travail
Et que je la comprenne,

Que déjà je me lève et voie le buis
Qui probablement travaille autant que l'abeille,
Et que j'en sois content,

Que je me sois levé au-devant de la lumière
Et que je sache : la journée est à ouvrir,

Déjà, c'est victoire."

Et aussi que la terre est faite pour que les hommes y vivent en paix...
"Enfant qui dors,
C'est tout cela

Et c'est bien plus
Que tu verras,

Car nous aurons
Tant et tant fait

Que tu verras
Grandir la paix."
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
La terre est mon bonheur…

La terre
Est mon bonheur.

Je remercie tous ceux qui luttent sur la terre
À l’exemple des morts très grands,
Tous ceux sans qui la guerre égrainerait la terre
Et les maisons, les hommes,
En des millions de feux ou dans peut-être un seul
Et laisserait bientôt sous le ciel revenu
De la grisaille solitaire
Avec par-ci, par-là, des lueurs fauves qui s’éteignent.

Je remercie tous ceux à qui je dois de vivre
Et de pouvoir aller dans ce jour prometteur
De jours plus vrais encore, la joie pour tous
Qui recommence à chaque instant,
La fête sur les jours et sur les nuits des hommes
Avec le bon travail qu’ils font à leur désir,

Avec ce travail là qui, d’année en année,
Sait encore monter le degré de la fête.

Je remercie tous ceux qui luttent par le monde
À l’exemple de ceux qui ont aimé la vie
Assez pour nous l’offrir pleine déjà de jours pareils
À celui où j’avance en caressant les buis.

***
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L’ENTONNOIR

Quand l’entonnoir de la solitude
Pour de bon t'a pris,
Tu n'as pas dit non,

Car après tout,
Ça descendait.

Et tu croyais
Descendre et descendre
Et tu croyais que tu finirais

Par aboutir là
Où l'on voit des choses.

Et qu'as-tu vu,
Car la fin
Est vite venue ?

Tu as vu les parois de l'entonnoir,
Des parois que tu connaissais.

C'était bien ça, pourtant, la solitude :
Un entonnoir où tu étais.

Peut-être, après tout,
Es-tu descendu
Plus que tu ne sais,

Mais c’était encore
Et toujours pareil,

Cet entonnoir qui ne va pas
Vers les choses qui sont à voir.
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EXPOSÉ


VIII
La terre
est mon bonheur.

Je remercie tous ceux qui luttent sur la terre
À l'exemple des morts très grands,
Tous ceux sans qui la guerre égrainerait la terre
Et les maisons, les hommes,
En des millions de feux ou dans peut-être un seul
Et laisserai bientôt sous le ciel revenu
De la grisaille solitaire
Avec par-ci, par-là, des lueurs fauves qui s'étei-
 gnent.

Je remercie tous ceux à qui je dois de vivre
Et de pouvoir aller dans ce jour prometteur
De jours plus vrais encore, la joie pour tous
Qui recommence à chaque instant,
La fête sur nos jours et sur les nuits des hommes
Avec le bon travail qu'ils font à leur désir,

Avec ce travail-là qui, d'année en année,
Sait encore monter le degré de la fête.

Je remercie tous ceux qui luttent par le monde
À l'exemple de ceux qui ont aimé le vie
Assez pour nous l'offrir pleine déjà de jours
 pareils
À celui où j'avance en caressant les buis.

p.19-20
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EXPOSÉ


XXI
Ce que tu vois, ce que tu touches,
Ce qui t'arrive par l'oreille,
C'est le réel.

Ce que tu ne vois pas, mais que tu sens,
Cette angoisse du merle
Et tant de noces dans l'espace,
Ce que veulent les papillons,
Ce qu'éprouvait le menuisier,
C'est le réel.

Ce que tu ne vois pas et ne sens pas non plus,
Mais qui est confirmé par d'autres, plus savants,
L'infrarouge, tous ces rayons qui percent l'air,
Les occultes géométries que l'on calcule,
L'univers de l'atome où la force prend forme,
C'est le réel.

Tout ce qui est réel
Mérite d'être vu.
Tout ce qui est réel
Mérite qu'on l'approche.

Nous aurons la main
Sur tout le réel.
Nous le tiendrons à notre guise
Un jour qui se profile.

Nous emploierons les choses
En montant avec elles
Leur ligne de beauté.

Nous ferons de la terre
Avec tout ce qu'elle a
Et porte dans l'espace,

Nous ferons de la terre
Et de l'espace aussi
Une corolle immense,

Balbutiant la rosée
Au soleil qui lui vient.

p.36-37

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L'ACCORD

Si tu crois qu'un sourire est moins fort que le buis,
Regarde-la qui t'aime et tremble plus que toi.

Debout dans le matin, sous les poignards du jour,
Heureux, nos yeux, et quel défi pour ces poignards.

Jusqu'à l'eau, jusqu'à l'eau sans pardon de l'étang
Que nous avons pu voir sans craindre l'un de l'autre.

Nous avons ri du vent, nous avons ri de nous.
Où était la limite entre nous et le vent ?
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Vidéo de Eugène Guillevic
VICTOR POUCHET - LA GRANDE AVENTURE - 18 questions sur la vie et la poésie
« le fil c'est peut-être une histoire très simple : tragi-comédie en cinq actes et deux personnages. L'un régulièrement menace de partir. L'autre se contente d'écrire des poèmes, dans l'espoir absurde de l'en empêcher. » Dans le roman-poème La Grande aventure, Victor Pouchet déroule une histoire à la fois bouleversante et légère en vers : une rencontre, des micro-aventures qui prennent des proportions de l'univers, des angoisses cosmiques, chansons tristes et verres de vin. Cette conférence-performance est l'occasion de traverser le livre et l'aventure de son écriture à travers une série de questionnements poétiques (ou presque) qui concerneront entre autres choses l'hypnose, Georges Perros, les récits épiques, Eugène Guillevic, les imprimantes laser avec option wifi, le doute et les chips au vinaigre.
À lire – Victor Pouchet, La grande aventure, Grasset, 2021.
+ Lire la suite
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