No Home est le récit d'une saga familiale qui va faire le grand écart puisque la descendance d'Effia restera au Ghana, tandis que toute la branche d'Esi, sa demi-soeur, vivront aux États-Unis, suite à la déportation d'Esi sur un navire négrier.
L'originalité de ce roman, c'est que chaque chapitre nous offre un protagoniste différent, alternant les descendants des deux demi-soeurs et remontant le fil du temps, de 1760 à nos jours.
C'est ainsi que chaque génération vivra une vie différente de la précédente. Au Ghana, les descendants d'Effia sont des esclavagistes et vivront, en partie, de la traite négrière.
En Amérique, sur la lignée d'Esi, nous explorerons l'esclavage, la ségrégation raciale, l'exploitation des Noirs, l'iniquité des lois des Blancs, puisqu'un Blanc sera condamné à 9 ans de prison (et de travaux forcés dans les mines) pour un meurtre et qu'un Noir sera condamné à la même peine pour avoir regardé une Blanche (qu'il n'avait même pas regardé en plus).
Le récit ne faiblit jamais, sauf avec les deux derniers protagonistes, où j'ai trouvé qu'il y avait moins à dire. Malgré tout, leur récit était intéressant puisqu'il clôturait cette saga sur une note positive.
Chaque chapitre aurait pu être un roman à part entière et il était frustrant de quitter un personnage, auquel on s'était attaché, avant que l'on ne soit subjuguée, à nouveau, par le suivant et son histoire personnelle.
Effectivement, j'aurais préféré passer plus de temps avec certains personnages, tant leur histoire était riche (et malheureusement terrible), tant j'aurais aimé en apprendre plus sur eux, sur ce qu'il s'était passé, durant les ellipses et ne pas me contenter de quelques phrases.
C'est un roman palpitant, passionnant, ambitieux et qui n'a rien à voir avec ceux que j'ai déjà lus, notamment grâce à sa construction bien pensée, mais aussi à la plume de l'autrice, qui était simple, sans être simpliste et si agréable à suivre.
L'autrice ne sombre jamais dans le pathos, d'ailleurs, elle aurait pu aller encore plus loin, mais elle a préféré ne pas s'appesantir sur certaines choses, comme l'horreur et l'inhumanité des voyages des négriers, de l'esclavage, de la ségrégation…
Avec peu de mots, quelques phrases bien senties, l'autrice en dit assez pour que même le plus ignare des lecteurs comprenne bien toute l'ignominie d'un pareil trafic, toute la brutalité de l'esclavage et l'iniquité de la ségrégation.
Un roman puissant, une belle lecture. Un voyage sans concession dans le pays de la Côte de l'Or, devenu le Ghana ensuite, et dans les États-Unis des années sombres.
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