AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,15

sur 1420 notes
5
157 avis
4
100 avis
3
41 avis
2
5 avis
1
0 avis
Quand j'ai ouvert ce roman, je m'attendais à lire une saga emportée par un souffle puissant. Or, ce n'est pas du tout cela. Certes, on suit sur trois siècles les deux branches d'une famille africaine dont l'une est déportée en Amérique tandis que l'autre reste au Ghana, sur la côte de l'or. Mais c'est un voyage que j'ai d'abord trouvé peu inspiré, avec ses chapitres courts, sagement alternés et banalement chronologiques, chaque génération ayant droit au récit d'un épisode symptomatique de sa vie. Et puis j'ai fini par retrouver la voix d'un genre qui me passionnait enfant et j'ai compris que Yaa Gyasi avait écrit une cosmogonie, un de ces récits de création du monde, généralement flanqués de l'arbre généalogique des dieux y ayant contribué. L'univers tente de surgir du chaos, jouet de forces antagonistes dont peu à peu il se défait pour trouver un équilibre. le feu des combats entre les Ashantis et les Fantis pour contrôler le commerce des esclaves, l'eau du voyage vers l'infamie et le mépris composent la double malédiction de l'homme noir, descendant à la fois de l'esclave et du trafiquant d'esclaves.
« Comment parler de l'histoire de son arrière-grand-père H sans parler aussi de celle de grand'ma Willie et des millions d'autres Noirs qui avaient émigré au Nord, fuyant les lois Jim Crow ? Et s'il mentionnait la Grande Migration, il lui faudrait parler de ces villes qui absorbèrent ce flot d'hommes et de femmes. Il lui faudrait parler de Harlem. Et comment parler de Harlem sans mentionner l'addiction de son père à l'héroïne – les séjours en prison, le casier judiciaire. Et s'il abordait le sujet de l'héroïne à Harlem dans les années 1960, ne faudrait-il pas aussi parler de la prolifération du crack dans les années 1980 ? »
Yaa Gyasi ne se contente pas d'identifier cette double malédiction, elle imagine in fine la réconciliation du feu et de l'eau. Il faut dire que ce roman est sorti aux USA en 2016 pendant qu'un très charismatique métis présidait à leur destinée. La version française a réfuté le titre originel de « Homegoing » et l'a remplacé par « No home ». Il est vrai que cette version est sortie en 2017 et ce nouveau titre semble prendre acte du désespoir amené par le nouveau locataire de la Maison Blanche...
Commenter  J’apprécie          282
Titre : No home
Auteur : Yaa Gyasi
Editeur : Calmann Levy
Année : 2018
Résumé : Au XVIII ème siècle, le commerce triangulaire bat son plein en Afrique de l'ouest. Au Ghana, la belle Effia épouse un anglais et mène une existence confortable au fort de Cape Coast. Dans une geôle de cette caserne, Esi tente de survivre aux conditions inhumaines d'internement. Les deux femmes ne se connaissent pas, ignorent leur existence respective alors qu'elles sont en réalité demi-soeurs. L'une sera expédiée aux Etats-unis où ses descendants connaitront l'esclavage et la violence alors que le lignage de l'autre devra vivre dans l'infamie d'avoir participé à ce trafic barbare.
Mon humble avis : L'esclavage : thème récurrent de la littérature mondiale. de la case de l'oncle Tom de Harriet Beecher-Stowe au récent Underground Railroad de Colson Whitehead, en passant par le marquant Racine d'Alex Haley ou encore La couleur pourpre d'Alice Walker, nombres de magnifiques romans ont traité de ce sujet grave et marquant. No home, le texte dont nous parlerons aujourd'hui, était présenté comme un phénomène, un texte fort narrant l'évolution de deux familles africaines sur trois cent ans d'histoire. Deux familles au destin opposé, l'une sera traînée à fond de cale aux Etats-unis pour y devenir esclave tandis que l'autre restera sur ses terres, maudite d'avoir participé au monstrueux commerce triangulaire. Evidemment le sujet me paraissait passionnant, évidemment personne ne peut rester insensible au destin de ces peuples asservis, pourtant je dois avouer que la lecture de ce bouquin fut une grande déception et je vais tenter de vous en expliquer les raisons. L'écriture de Gyasi est simple, agréable à lire mais c'est la construction du roman qui m'a posé problème. No home est constitué de paragraphes courts, chacun narrant le destin de l'un des membres des deux familles à travers les siècles. le lien qui les relie est ténu - un bijou en l'occurrence -, et chaque histoire peut se lire comme une nouvelle, avec assez peu d'interaction entre les personnages et les époques. Dans ces conditions il est difficile de s'attacher aux personnages, difficile de s'y retrouver, difficile de se sentir concerné par ces destins disparates. Au début du roman, l'auteur nous livre un arbre généalogique, outil fastidieux mais indispensable pour tenter de suivre les pérégrinations des protagonistes de ce texte. Je m'y suis référé, je me suis accroché et même si certains chapitres sont superbes, même si le sujet est édifiant, j'ai fini le roman en roue libre, avec l'envie furieuse de passer à autre chose. A priori beaucoup ont adoré ce roman qui devient au fil du temps un phénomène d'édition mondiale, tant mieux pour l'auteur et pour l'éditeur. Pour moi, malheureusement, la forme l'a emporté sur le fond.
J'achète ? : Non, pour toutes les raisons évoquées plus haut. Les grands sujets ne font pas obligatoirement de grands romans, c'est regrettable mais No home est , à mon humble avis, un roman mineur sur un sujet majeur.
Lien : https://francksbooks.wordpre..
Commenter  J’apprécie          274
Sublime !
Un voyage entre deux continents avec un dénominateur : l'esclavage. La lignée d'une famille de la naissance de l'esclavage à nos jours : percutant !

Yaa Gyasi a réussi grâce à un travail rigoureux et une écriture précise à entraîner le lecteur à adhérer à l'histoire de chacun de ses personnages. La précision du style d'écriture et l'organisation du déroulé de l'histoire de cette famille entraîne un profond respect du lecteur envers l'auteure et de fait le récit qu'elle en fait. En effet, ce livre relève plus d'un témoignage que d'un roman. le lecteur se retrouve témoin et s'intègre à l'histoire. Il l'a vit, voit les images, ressent les sentiments de chacun et éprouve un profond respect à la lecture de chacune des pages.

Pour ma part, un livre d'une excellente qualité. Chaque instant est lu et découvert avec intérêt. La traduction est parfaite. Il s'agit de littérature, pas d'un simple livre. A ne pas manquer. Bravo aux éditions Calman Levy d'avoir cru en ce premier roman, ce qui pour ma part m'a fait découvrir une grande auteure.



Commenter  J’apprécie          271
La clé de ce roman nous est livrée avant même qu'il ne commence, par l'arbre généalogique imprimé en ouverture du livre et auquel on pourra toujours se référer si, de chapitre en chapitre, on perd le fil du récit. Maame, esclave Ashanti, donnera naissance à deux demi-soeurs Effia et Esi. Deux soeurs qui ne se connaîtront jamais et qui formeront chacune une lignée de cet arbre, l'une ghanéenne et l'autre américaine.
Nous sommes au milieu du XVIIIe siècle, au moment où la traite des esclaves n'est plus seulement l'affaire des colonisateurs britanniques, mais participe aussi du jeu de pouvoir entre les tribus qui peuplent La Côte de l'Or (qui deviendra le Ghana). Les Ashanti étendent leur domination et font payer leur expansion territoriale en esclaves. Car ils ont compris, après les Fanti, que de cette façon ils s'attireront les bonnes grâces des Anglais. Voilà le premier choc de ce roman qui va balayer plus de deux siècles d'Histoire : les Noirs ont activement participé à la traite de leurs semblables et n'avaient rien à envier aux colonisateurs quant à la cruauté de leurs pratiques. Esi va pouvoir le constater après sa capture, durant son séjour dans les geôles de Cape Coast, au bord du Golfe de Guinée, et la traversée vers le Sud des Etats-Unis.
Sa demi-soeur Effia aurait pu la croiser, puisqu'elle demeure dans la même ville. Remarquée par James Collins, le nouveau gouverneur britannique, elle est achetée pour 30 livres et amenée dans son hôtel particulier à Cape Coast.
Les chapitres vont alors alterner, suivant tour à tour le parcours de l'une et de l'autre, le mariage d'Effia avec un Anglais et la naissance de leurs enfants d'une part, la vie dans le sud de l'Amérique d'autre part. le chapitre intitulé Kojo retrace la peur des esclaves qui avaient réussi à fuir. En vertu de la loi statuant sur les modalités de leur capture et leur renvoi à leur propriétaire, le fils d'Esi – qui comme nombre de ses congénères s'appelle désormais Freeman – ne vit que dans la hantise d'être capturé. Une épée de Damoclès qui est aussi accrochée au-dessus de tous les membres de sa famille. Il se verra aussi confronté aux lois de ségrégation qui ont officiellement pris la suite de l'esclavage. Rappelons que les lois dites Jim Crow, nouveau choc, resteront en vigueur jusqu'en 1964 !
Génération après génération, jusqu'au «pèlerinage» au Ghana de la narratrice, on va découvrir que les enfants d'Effia n'auront pas une vie plus enviable que ceux d'Esi. Car les métisses sont rejetés par les Blancs autant que par les Noirs. C'est le cas du fils d'Effia qui ne pourra revendiquer ni la blancheur de son père, ni la noirceur de sa mère. Ni l'Angleterre ni la Côte d'or. Ajoutons que son homosexualité ne va pas arranger les choses.
Côté américain les enfants de ces Noirs qui ont émigré par milliers pour fuir les lois Jim Crow, se retrouvent dans des ghettos, comme ce quartier de Harlem à New York.
No Home s'inscrit dans la lignée de Racines d'Alex Haley, d'Amistad, le film de Steven Spielberg ou encore de Beloved de Toni Morrison en y ajoutant le rôle joué par les Africains eux-mêmes dans l'asservissement de leurs compatriotes. le fruit de recherches menées à la fois au Ghana et dans son pays permet en effet à Yaa Gyasi (qui a immigré aux États-Unis avec sa famille à l'âge de 2 ans) de briser bien des tabous et de rebattre les cartes du bien et du mal. Oui, il y avait des Anglais et des Américains progressistes, oui, il y avait des Noirs qui ont su, avec cynisme et sans aucune morale, profiter d'un trafic qui malheureusement perdure sous une autre forme aujourd'hui. Mais, comme en d'autres temps, la question de l'allégeance aux troupes occupantes reste posée. Face aux fusils et à la puissance, y compris du point de vue technologique, le choix de la résistance valait sans doute à un suicide.
On saluera donc la performance de Yaa Gyasi qui, a 26 ans, réussit le tour de force de construire un roman formidablement bien documenté sans jamais tomber dans le jugement de valeur et à nous proposer une galerie de personnages que nous ne sommes pas prêts d'oublier !
Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          270

En entrant dans le roman de Yaa Gyasi, je ne m'attendais pas à parcourir une telle fresque historique. Quel roman ! Un vrai coup de coeur pour moi.

Sur un peu plus de deux siècles, nous accompagnons les différents membres d'une lignée qui prend sa source au Ghana.
La construction du roman est vraiment intéressante. Chaque chapitre est consacrée à un membre d'une famille, que l'on peut situer grâce à un arbre généalogique placé en début d'édition. En alternant les deux branches de l'arbre, on passe de descendant en descendant. Chaque chapitre se termine "en cours de vie", jamais sur une conclusion, jamais sur une fin d'époque ou de cycle. Et on reprend le récit, deux chapitres plus loin, avec le descendant direct du personnage précédent; parfois plusieurs décennies plus tard. Et c'est au cours de l'histoire de ce descendant, qu'on en apprend un peu plus, sans s'étaler, sur ce qu'il s'est passé depuis qu'on a quitté son parent.
C'est vraiment astucieux car ce procédé permet de déployer une saga de grande envergure, sur un peu moins de 500 pages tout en ne laissant pas de goût de trop peu.
Bien entendu, si l'histoire des protagonistes est intéressante, c'est surtout l'enchaînement de faits historiques et sociologiques, vus bien souvent par le petit bout de la lorgnette, qui est le sujet principal du roman.

Et en quelques heures, on passera du Ghana pré-colonial à celui du début du 21e siècle et on embarquera vers l'Amérique avec ceux qu'on a vendu comme esclaves pour se retrouver dans le Manhattan d'aujourd'hui. En Afrique, on assistera aux marchandages avec les anglais, on verra que parfois ce sont les africains eux-mêmes qui fournissaient les esclaves, on assistera à l'évolution, pas toujours heureuse, des moeurs tribales. de l'autre côté de l'océan, on vivra au Sud, dans les champs de coton, on passera au nord après la guerre de Sécession, mais toujours on aura ce "black lives matters" en tête.

Une lecture passionnante, enrichissante, dépaysante... Une lecture coup de coeur, à recommander à ceux qui veulent avoir une vue d'ensemble de ce qui a façonné la "civilisation noire" à travers le monde et qui veulent comprendre, à défaut de pouvoir les ressentir, les tensions qui animent parfois certaines communautés.
Commenter  J’apprécie          260


Ce récit nous plonge dans l'ancien Ghana où le commerce triangulaire fait rage.
Les peuples africains, en luttes intestines, livrent leurs prisonniers aux colons anglais qui les envoient en esclavage aux Etats-Unis.
Effia et Esi, demi-soeurs qui s'ignorent, donnent chacune naissance à une lignée de personnages au destin douloureux bien que différent.
La première, en épousant un colon anglais, se fait complice malgré elle de la traite des noirs qui envoit sa demi-soeur outre-Atlantique.
Les générations qui vont se succéder d'un continent à l'autre seront confrontées, l'une à la ségrégation et au racisme, l'autre au sentiment de culpabilité d'avoir participé à un traffic honteux.

En parcourant les critiques publiées sur ce livre, je m'aperçois que beaucoup en regrettent la construction généalogique qui les a empêchés de s'attacher aux personnages.
Personnellement, je n'ai pas éprouvé ce besoin d'attachement car chaque caractère incarne une phase de l'évolution de la situation du peuple noir aux cours des siècles.
Chaque destin est aux prises avec les difficultés d'intégration de l'époque et les souffrances qu'elles génèrent.
Les femmes y tiennent un rôle prépondérant dans lequel elles incarnent l'âme de leurs ancêtres et la force de leur foyer.

Yaa Gyasi a eu à coeur de nous conter l'histoire de son pays meurtri et j'y ai été très sensible.
Commenter  J’apprécie          260
No Home est le récit d'une saga familiale qui va faire le grand écart puisque la descendance d'Effia restera au Ghana, tandis que toute la branche d'Esi, sa demi-soeur, vivront aux États-Unis, suite à la déportation d'Esi sur un navire négrier.

L'originalité de ce roman, c'est que chaque chapitre nous offre un protagoniste différent, alternant les descendants des deux demi-soeurs et remontant le fil du temps, de 1760 à nos jours.

C'est ainsi que chaque génération vivra une vie différente de la précédente. Au Ghana, les descendants d'Effia sont des esclavagistes et vivront, en partie, de la traite négrière.

En Amérique, sur la lignée d'Esi, nous explorerons l'esclavage, la ségrégation raciale, l'exploitation des Noirs, l'iniquité des lois des Blancs, puisqu'un Blanc sera condamné à 9 ans de prison (et de travaux forcés dans les mines) pour un meurtre et qu'un Noir sera condamné à la même peine pour avoir regardé une Blanche (qu'il n'avait même pas regardé en plus).

Le récit ne faiblit jamais, sauf avec les deux derniers protagonistes, où j'ai trouvé qu'il y avait moins à dire. Malgré tout, leur récit était intéressant puisqu'il clôturait cette saga sur une note positive.

Chaque chapitre aurait pu être un roman à part entière et il était frustrant de quitter un personnage, auquel on s'était attaché, avant que l'on ne soit subjuguée, à nouveau, par le suivant et son histoire personnelle.

Effectivement, j'aurais préféré passer plus de temps avec certains personnages, tant leur histoire était riche (et malheureusement terrible), tant j'aurais aimé en apprendre plus sur eux, sur ce qu'il s'était passé, durant les ellipses et ne pas me contenter de quelques phrases.

C'est un roman palpitant, passionnant, ambitieux et qui n'a rien à voir avec ceux que j'ai déjà lus, notamment grâce à sa construction bien pensée, mais aussi à la plume de l'autrice, qui était simple, sans être simpliste et si agréable à suivre.

L'autrice ne sombre jamais dans le pathos, d'ailleurs, elle aurait pu aller encore plus loin, mais elle a préféré ne pas s'appesantir sur certaines choses, comme l'horreur et l'inhumanité des voyages des négriers, de l'esclavage, de la ségrégation…

Avec peu de mots, quelques phrases bien senties, l'autrice en dit assez pour que même le plus ignare des lecteurs comprenne bien toute l'ignominie d'un pareil trafic, toute la brutalité de l'esclavage et l'iniquité de la ségrégation.

Un roman puissant, une belle lecture. Un voyage sans concession dans le pays de la Côte de l'Or, devenu le Ghana ensuite, et dans les États-Unis des années sombres.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
Commenter  J’apprécie          250
Après autant de critiques et de lecteurs que raconter de ce roman. Peu de chose pour laisser le plaisir de découvrir cette saga familiale qui se déroule sur 3 siècles, deux continents, l'Afrique et les États Unis.
L'histoire d'une lignée de deux soeurs séparée et des sept générations suivantes.
Un roman puissant, utile, dans un style clair, franc et sincère, des personnages nombreux et forts.
Tout pour faire un bon roman et pour passionner son lecteur.
Commenter  J’apprécie          250
Saga familiale qui se déroule sur trois siècles.

Commence au XVIIIè siècle.

Villages rivaux au Ghana qui font commerce d'esclaves avec les Anglais.

Navigant entre l'Afrique et l'Amérique, la destinée d'une famille brisée par la cruauté des hommes.

Chaque chapitre nous retrace la vie des ces hommes et ces femmes.

C'est un long puzzle rempli d'une galerie de personnages , pour certains attachants, et leurs conditions de vie qui ne différent guère au fil du temps ; une histoire de transmission aussi des coutumes et des croyances.

Ai décroché avant la toute fin, ceci explique le nombre d'étoiles accordées.


Commenter  J’apprécie          246
Prix des Lecteurs
Ce roman retrace l'histoire de l'esclavage de 1770 à nos jours, à travers sept générations d'une même famille noire et deux lignées séparées par l'histoire. Une lignée restera en Afrique, l'autre se perpétuera en Amérique.

C'est la visite du fort de Cape Coast qui a donné envie à l'auteur, alors étudiante, d'en savoir plus. Elle apprend en effet qu'au XVIIIe siècle, des jeunes femmes noires de la Côte-de-l'Or (ainsi appelait-on le Ghana) étaient contraintes d'épouser des marchands d'esclaves anglais, alors éloignés de leur famille, pour sceller les accords entre esclavagistes.
Là, sous leurs pieds, dans le fort où elles vivaient avec leurs maris blancs, et où elles élevaient leurs enfants métis, leurs époux entassaient leurs frères et soeurs noirs, en attendant de les embarquer sur leurs navires pour travailler dans les champs de coton, de tabac ou de cannes à sucre.

L'histoire est à la fois terrible et toute simple...
Effia et Esi ne se connaissent pas... Elles sont nées pourtant de la même mère, dans deux villages rivaux du Ghana. Effia, grâce à sa beauté, va épouser un blanc, le capitaine du fort, tandis que Esi, dans le cachot attend de partir définitivement pour l'Amérique.
La lignée d'Effia perpétuera le commerce triangulaire...mais devra faire face à la guerre contre les anglais et à la colonisation.
Celle d'Esi travaillera dans les champs et n'aura de cesse que de tenter de conquérir sa liberté. Elle connaîtra le travail forcé, la ségrégation raciale, la pauvreté et la violence.
Le roman se présente sous forme de courts chapitres qui alternent entre les lieux, Amérique et Afrique et les générations. le lecteur saute donc d'une génération à l'autre, et d'une ambiance à une autre... et il faut parfois quelques lignes pour se retrouver dans l'espace et le temps.

Heureusement, l'auteur a pensé à placer un arbre généalogique des deux lignées en début d'ouvrage. Et ce qui est rare chez moi, j'ai été obligé de m'y référer plusieurs fois.
L'histoire de l'esclavage est ainsi raconté à travers les deux branches de la famille.
C'est passionnant, édifiant, instructif...et terriblement émouvant.
Les stigmates laissés par les ancêtres passent de génération en génération, et chaque individu porte le poids du passé familial... mais heureusement la fin se termine sur une note d'espoir en l'humanité.
Les jeunes vont réussir à s'accepter et à construire leur vie sans occulter ni le passé, ni leurs origines.

Mon seul regret
J'aurais aimé parfois, rester davantage en compagnie de l'un ou l'autre des personnages, car chaque génération nous offre un roman à part entière, chaque tranche de vie pourrait en effet être lue séparément, mais appartient à un tout, que nous avons la chance de connaître, nous lecteurs, alors que les protagonistes jusqu'à la fin n'en sauront rien.
Un roman à découvrir...
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
Commenter  J’apprécie          245



Autres livres de Yaa Gyasi (1) Voir plus

Lecteurs (3218) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1821 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..