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No home commence par un arbre généalogique inversé, celui de Maame, une jeune Ashantie du XVIIIè siècle. Tout comme leurs ennemis héréditaires les Fantis, les Ashantis sont une ethnie de ce qui s'appelait à l'époque la côte-de-l'or et s'appelle aujourd'hui le Ghana.

Maame a donc eu 2 filles, Effia et Esi, qui ne se sont jamais connues et ont eu des destins très différents. Effia a été mariée au capitaine anglais qui supervisait le trafic des esclaves, tandis qu'Esi est devenue une esclave. Cela signifie-t-il qu'Effia a eu une vie et une descendance heureuses ? Et Esi une vie et une descendance tragiques ?

Non et oui. Car l'esclavage a fait des ravages partout. Chez les esclaves eux-mêmes, bien sûr, traités comme du bétail sur les bateaux comme aux Etats-Unis. Chez leurs descendants aussi, qui gardent en mémoire tous les sévices atroces racontés de générations en générations, et qui peinent souvent à trouver leur place dans l'Amérique du XXIè siècle.

Mais les tribus africaines qui vendaient des esclaves n'ont pas été épargnées non plus. Là aussi, il y a eu des traumatismes, de la honte, des guerres, des violences, des haines. Et les générations d'après n'ont pas eu la vie douce et tranquille que leurs parents leur souhaitaient.

C'est cette effroyable histoire de l'esclavage que retrace No home sur 8 générations, 250 ans et 2 continents. Un livre puissant, terrible et passionnant écrit par une ghanéenne de seulement 27 ans.
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Deux soeurs, deux destins déchirés. Elles sont noires, la vie les sépare sans même qu'elles se connaissent et chacune doit endurer les affronts d'être née noire. Un destin subi, une même peine, une même souffrance, qu'elles transmettront sans le savoir à leur descendance. Leur destinées parallèles finiront malgré tout par bifurquer et les coïncidences (ou pas?) de la vie les feront se croiser à nouveau grâce à la rencontre de Marjorie et Marcus.
Se peut-il qu'il subsiste en chaque Noir aujourd'hui les traces des souffrances d'hier auxquelles s'ajoutent, trop souvent malheureusement, les souffrances d'aujourd'hui ? Je le crois oui, je crois ressentir cette souffrance, ces siècles de violences empilées comme des cicatrices sur les vies d'aujourd'hui. Mais comme le dit le personnage de Marcus à propos du travail forcé des Noirs emprisonnés sans raisons, "C'était une chose de faire des recherches sur un sujet, une autre, ô combien différente, de l'avoir vécu. de l'avoir éprouvé."
J'entends souvent des Blancs dire que l'esclavage est loin, que les Noirs pourraient tourner la page, que le racisme n'est pas partout. Je comprends ce point de vue mais il me paraît trop simpliste car ce serait oublier que chacun d'entre nous porte le poids de l'héritage ancestral car, consciemment ou inconsciemment, cet héritage influe sur nos vies. Yaa Gyasi le démontre brillamment dans ce livre à travers neuf générations marquées de façon indélébile par l'esclavage. le récit de ces vies, parfois brisées toujours abîmées, est parfaitement maîtrisé et, qui plus est pour un premier roman, je suis baba d'admiration.
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L'écrivaine, 27 ans, a mis quatre ans à faire ce roman basé principalement sur l'esclavage. Il en ressort un travail de qualité pour le respect du lecteur qui lui retourne bien. Fresque de deux familles sur trois siècles. C'est par une nuit d'incendie qu'une femme noire doit abandonner son bébé. Elle aura une autre fille dans un autre village. Les deux soeurs ne se connaîtront jamais. On va suivre leurs descendances sur une trentaine de pages pour chacun. Mon chapitre préféré est celui du mineur. Je me pose la question est-ce un courant nouveau que le lecteur sache les liens entres les personnages sans qu'ils le sachent eux-mêmes ? Deuxième livre (générations de Paula McGrath) presque de suite que je lis avec ce même procédé. Lu grâce aux critiques de ceux qui se reconnaîtront.
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Pour arriver au couple que forment aujourd'hui Marcus et Marjorie, deux afro-américains, il faut remonter le temps pour comprendre comment leur rencontre a pu avoir lieu. Il faut revisiter l'histoire. Les histoires de deux pays et de deux peuples. Il faut se tourner vers le Ghana d'abord à l'heure où les premiers hommes noirs ont été arrachés à leur terre natale pour servir de main d'oeuvre, ou plutôt de bêtes de somme, aux propriétaires de grandes exploitations de coton américaines. Il faut retrouver l'histoire de la traite négrière au coeur du XVIIIe siècle. Mais d'abord, Il faut découvrir l'histoire d'Effia et d'Esi, deux soeurs nées de la même mère mais aux destins bien différents quoique bien marqués chacun par les évènements.

Voilà un roman palpitant, admirable, ambitieux, de haute valeur historique et humaine. Voilà les traces laissées par les déracinés qui retrouvent grâce à la plume de Yaa Gyasi une consistance, une vie, une aura. Qui retrouvent une place, leur place dans l'Histoire. Un beau, un très beau roman.


Lien : http://mespetitesboites.net
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Premier roman d'une très jeune femme, qui a grandi aux États Unis, No home commence à la fin du XVlll siècle, au Ghana, et couvre 2 siècles à travers deux histoires parallèles, dont nous apprendrons qu elles sont liées : deux demi soeurs, qui ne se connaîtront jamais, et deux destins.
L'une maltraitée par sa mère, a grandi dans le pays Fanti , près de la mer et se marie au gouverneur anglais du fort de Cape Coast, l' autre, fille d'un chef Ashanti , dans l'intérieur des terres, est capturée et mise en esclavage comme bien d'autres et aboutit dans les caves de ce même fort, puis doit passer la « porte de non retour », sinistre porte.
Nous sommes en Afrique, là où les guerres entre deux branches d'un même peuple, les Akans, se font la guerre , prennent des prisonniers, les vendent aux Anglais ou aux Hollandais, selon le bénéfice apporté.
Puis en Amérique, où l'esclavage réel a été remplacé par une autre persécution, le Fugitive Slave Act de 1850.
L'important est ailleurs cependant .
Yaa Gyasi arrive , à travers l' histoire , la généalogie de ces deux familles, (facilitée par un arbre auquel on se réfère sans cesse, puisque chaque chapitre porte un prénom )ainsi que de leurs liens que nous seuls lecteurs connaissons, à nous faire vivre dans ces villages africains, leur parler basé sur la nature, leur humanité et leur responsabilité vis à vis de l'esclavage. Et ensuite dans cette Amérique raciste, qui évolue cependant.
C'est un roman magique, chaque personnage est décrit d une façon inoubliable, chaque époque dans les deux continents est typée, ceci sans grand effet de phrases élaborées. Une vraie écriture, une voix, pas de mélodrame ni de poésie ni d ‘intervention de l ‘auteur.

A t elle écouté ses ancêtres lui raconter l ‘histoire de sa famille? On se croirait en effet autour d'un feu écoutant les anciens, ne voulant plus faire qu ‘écouter, ravis et émerveillés, redoutant la fin de l'histoire, en regardant le feu.
Le feu qui a une importance primordiale, car celui qui embrase la forêt à la première page hantera toute la lignée. Feu et eau, symboles de l amour physique « mon mari me regardais comme si j'étais de l'eau et lui du feu, et chaque soir il fallait éteindre l'incendie. »
Feu et eau, qui se retrouvent aussi dans les dernières pages.
Chef d'oeuvre , absolu chef d'oeuvre.
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Écrit par une toute jeune auteure américaine née au Ghana, No home collectionne récompenses et succès de librairie aux États-Unis. En première approche, le livre se présente comme un ensemble d'histoires courtes, une suite de tranches de vie de personnages d'origine africaine, captées au fil de l'Histoire de l'Afrique de l'Ouest et de l'Amérique du Nord. C'est en fait une vaste oeuvre romanesque, une fresque historique et sociale sur deux cent cinquante ans, une saga familiale aux pages tantôt émouvantes tantôt révoltantes.

Il me paraît souhaitable de connaître le sens et la cohérence du livre avant d'en engager la lecture.

Lors d'un séjour d'été dans son pays natal, Yaa Gyasi avait visité le Fort de Cape Coast, lieu de mémoire de la traite négrière, pratiquée pendant plusieurs siècles dans les pays d'Afrique de la façade Atlantique. Au Ghana, ce trafic, aussi lucratif qu'ignoble, s'était mis en place presque naturellement, lorsque le peuple Ashanti, victorieux de guerres tribales, capturait trop de prisonniers au regard de ses besoins propres en esclaves. Les surplus étaient vendus aux Anglais, puissance coloniale établie, qui entassaient les malheureux dans les cachots de forts côtiers comme celui de Cape Coast, avant de les embarquer pour un voyage de cauchemar vers les Amériques, où les survivants rejoignaient les contingents d'esclaves dans les plantations de coton, de tabac ou de canne à sucre.

L'idée d'un roman avait dès lors point dans l'esprit de la jeune femme, qui se destinait à la littérature. Fille d'un professeur de lettres, Yaa Gyasi aura travaillé à son livre pendant quatre ans dans le cadre d'un atelier d'écriture, au sein d'une université américaine.

Tout commence au dix-huitième siècle, au Ghana, alors appelé la Côte-de-l'Or. Deux jeunes filles, demi-soeurs sans le savoir car nées dans des villages ennemis, se trouvent inopinément au même moment, sans le savoir non plus, au Fort de Cape Coast. L'une, Effia, mariée d'autorité au gouverneur anglais de la région, vient de s'y installer dans un appartement luxueux. L'autre, Esi, enlevée dans son village, y est enfermée dans un cachot en sous-sol, en attendant d'être déportée outre-Atlantique.

No Home est l'histoire des descendants d'Effia et d'Esi, génération après génération, les uns au Ghana, les autres aux États-Unis. Dans chaque lignée, les personnalités sont façonnées par les transmissions familiales et par des phobies remontant aux racines. Leurs expériences marqueront à leur tour leur descendance.

Dans la lignée africaine, le métissage culturel et une éducation en Angleterre ouvriront les consciences, et conduiront au rejet d'un mode de vie ancestral dans l'élite du royaume Ashanti, agrémenté par les immenses profits provenant d'un commerce indigne. Rupture, drame, retour aux sources, émancipation, émergence d'une identité propre dans une Afrique qui cherche sa voie dans la modernité, avec au final, un départ librement choisi pour l'Amérique.

Dans l'autre lignée, les parcours sont désespérants. Malgré sa portée symbolique majeure, la grande abolition plonge les anciens esclaves dans la misère et l'exclusion. En butte aux vindictes des populations blanches, condamnés aux travaux forcés à la moindre suspicion de faux-pas, ils constituent une main d'oeuvre corvéable à bas prix. le rêve d'un Nord bienveillant restera une illusion. La ségrégation conduira les descendants d'Esi à Harlem, où ils ne trouveront que pauvreté, surpopulation, insalubrité et insécurité. Les plus fragiles se réfugieront dans les drogues dures et la délinquance. Mais il arrive qu'une individualité émerge, comme Marcus, un étudiant sérieux, qui voudra comprendre les racines de la colère transmise par son père.

Marcus rencontrera Marjorie, véritable double de l'auteure, dont le père instituteur au Ghana, avait choisi de s'installer aux Etats-Unis. Tout les rapprochera : un lointain cousinage de sang qu'ils ignorent, une fraternité de destin qu'ils assument, une attirance mutuelle qu'ils découvrent, et qui leur apportera, à l'un comme à l'autre, la pièce manquante dans l'élaboration de leur identité. Pour construire leur vie, sans oublier d'où ils viennent.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Yaa Gyasi signe avec No home (titre original : Homegoing... pourquoi ne pas l'avoir gardé pour la parution française si c'était pour remettre un titre en anglais?) son premier roman. Et quel roman! Sept ans de travail et de recherches lui ont été nécessaires pour aboutir à une chronique familiale courant sur deux siècles et demi. le résultat en est un récit abouti, maîtrisé et, surtout, vibrant de véracité et d'émotions.

Tout débute au milieu du XVIIIème siècle dans une région d'Afrique nommée la Côte de l'Or, qui deviendra deux siècles plus tard le Ghana. Y vivent plusieurs tribus dont les Fantis sur le littoral et les Ashantis plus à l'intérieur des terres. En donnant le jour à deux enfants de pères - et tribus -différents, Maame fonde deux branches généalogiques au destin divisé. La première de ses filles, Effia la Belle, grandit dans un village fanti associé aux Anglais du fort Cape Coast dans le commerce d'esclaves.
Quant à sa demi-soeur, Esi, née et élevée chez les Ashantis, une razzia sur sa communauté l'envoya dans les cachots infects du fort. Sa branche de l'arbre généalogique arrachée à la terre d'Afrique, elle resta enfermée avec des dizaines et des dizaines d'autres femmes dans une pièce petite et sans ouverture autre que la porte verrouillée. Sale, piétinant jusqu'aux chevilles dans une pestilencielle masse de terre nue, d'urine et d'excréments, en proie aux angoisses et aux assauts des gardes britanniques, des semaines en enfer, avant d'être envoyée, marchandise humaine, enchaînée dans les cales d'un navire, dans une plantation du Sud des États-Unis. Tomber de Charybde en Scylla...

Si le récit suit une progression chronologique, il n'est pas à proprement parler linéaire. Chaque doublon de chapitres concerne une nouvelle génération issue des deux demi-soeurs qui jamais ne se rencontrèrent. Les évolutions et aléas de l'Histoire se révèlent à travers les histoires des descendants de Maame. Une partie en Afrique, entre vie tribale et occupation croissante des Blancs. Lautre aux États-Unis, entre esclavagisme, ségrégation raciale et vie entre l'Alabama et Harlem.

Les nombreuses recherches de l'auteure permettent une véritable plongée dans ces vies tourmentées. J'y ai découvert beaucoup de choses, à commencer par les structures sociales et les modes de vie des Akans, terme générique rassemblant Ashantis et Fantis.
Mais les propos didactique ne sont pas, loin de là, les seuls atouts de No home. le roman est servi par une belle narration qui fait la part belle aux émotions et sentiments qui agitent les divers membres de cette vaste famille. C'est avec peine que j'ai laissé la dernière génération en refermant l'ultime page du livre. Yaa Gyasi, née au Ghana avant de partir vivre aux États-Unis avec ses parents à l'âge de deux ans, n'a pas seulement mis ses connaissances au service du récit; on sent que celui-ci est rédigé aussi avec les tripes.

A l'image d'écrivains comme Toni Morrison ou Alex Haley, Yaa Gyasi s'inscrit avec ce premier roman dans un courant littéraire explorant les conditions de la population noire en Amérique. Et elle joue d'emblée, à mon avis, dans la cour des grands.
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Voici un livre qui m'a été conseillé de lire par la communauté Babelio l'année passée et encore une fois je ne peux que 'être reconnaissant .Grace a cela j'ai découvert un roman incroyablement puissant et qui risque bien de devenir un classique du genre.
Ce livre nous fait voyager entre l'Afrique et l'Amérique au fil des chapitres qui sont en quelques sortes les branches d'un arbre généalogique géant et qui s'étale sur plusieurs générations.
Nous commençons par nous retrouver en Afrique noire, en pleine période de traites des esclaves.
L'auteur alterne subtilement le destin de 2 familles tribales au destin fort différent. le deux connaitront l'esclavagisme mais de points de vue différents.
Deux destins qui se croisent, s'éloigne avant de se retrouver à nouveau.
Un livre puissant ou l'on avance au fil des pages et donc au fils des années avec énormément de plaisir.
Un vrai coup de coeur, une magnifique voyage dans le temps alliant histoire de l'esclavage, souffrance et une grande dose d'humanisme.
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Ghana, États-Unis, deux lignées familiales du 18ème siècle à nos jours.
Et un roman bouleversant.
(Je vais être longue à en parler, désolée, mais c'est comme ça avec les livres bouleversants.)
Il commence par un arbre généalogique. Yaa Gyasi ne s'y embarrasse pas de familles nombreuses, non, de chaque côté elle suit avec obstination une branche, une seule ; la ligne ténue de la mémoire familiale.
Dans chaque chapitre on suit un des descendants lors d'un moment important de sa vie, mais avec assez de passé pour lui donner chair et émotion, et assez d'Histoire pour embrasser deux siècles et demi sur deux continents.
Au début il y a Maame, Maame dont on saura peu de chose sinon que, lorsqu'elle apparaît dans le roman, elle vient de mettre au monde une petite fille puis s'est aussitôt enfuie seule, "dans le feu". C'est la lignée d'Effia, la Fanti du Ghana côtier.
Ensuite, dans un autre village au Nord, Maame a un autre époux, une autre enfant : c'est la lignée d'Esi, l'Ashanti de l'intérieur des terres.
Ces deux demi-soeurs ne se rencontreront jamais, et pourtant vont se côtoyer sans le savoir pendant quelques mois, dans le fort de Cape Coast : Effia comme l'épouse d'un soldat anglais, Esi comme captive destinée au navire négrier vers l'Amérique.
Les chapitres de ce roman alternent donc l'histoire de la lignée ghanéenne, l'histoire de la lignée américaine.
Chacune des deux branches va être poursuivie par sa propre malédiction.
"Il est comme le pêcheur qui jette son filet dans l'eau. Il ne garde qu'un ou deux poissons dont il a besoin pour se nourrir et rejette les autres à l'eau, pensant que leur vie redeviendra normale. Personne n'oublie qu'il a été autrefois prisonnier, même s'il est à présent libre."
Du côté africain, la mémoire du feu se transmet au travers de mariages d'amour et de traditions qui résistent à l'évangélisation, à l'occupation, aux guerres.
Du côté américain, une ligne maintes fois brisée : pas de transmission, des destins chaotiques. Là c'est l'horreur de l'esclavage, du racisme, de la ségrégation.
"En Amérique, le pire qui pouvait vous arriver était d'être noir. Pire que mort, vous étiez un mort qui marche."
C'est une oeuvre d'une ambition étourdissante, et pourtant d'une écriture intimiste, émouvante, superbe.

Traduction d'Anne Damour.

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Que dire ? Yaa Gyasi a un bel avenir d'écrivain devant elle !
No Home est une mise en abyme époustouflante de l'histoire de l'esclavage noir, un long cheminement du 18ème siècle à nos jours. Maame, la mère originelle, mit Effia au monde avant de s'enfuir en mettant le feu dans le village de son maître. Libre, quelques années plus tard, elle accoucha d'une deuxième fille, Esi. C'est ainsi que deux branches issues de Maame vont suivre leur route, l'une vers l'Amérique et l'esclavage, l'autre en pays Ashanti au centre des guerres tribales, l'une née du feu, l'autre de l'eau.
Yaa Gyasi nous fait voyager sans cesse d'une branche à l'autre à travers les descendants qui se succèdent. 400 pages : 3 siècles de domination blanche qui décidera du sort des enfants de Maame. Et une pierre noire qui se transmettra de parent à enfant.
Chaque nouveau personnage, rencontré auparavant encore enfant, ouvre un nouveau roman que j'aurais voulu lire, qui aurait pu exister : James, qui renie sa famille de chefs et vivra dans la misère quand, de l'autre côté de l'océan, Ness cherchera vainement à retrouver le visage de sa mère à laquelle elle a été arrachée enfant. H, qui n'aura que cette lettre comme prénom et ne connaîtra rien de l'existence de ses frères et soeurs car sa mère, pourtant née affranchie, sera enlevée alors qu'elle était enceinte pour être revendue comme esclave. Et Yaw, l'homme brûlé, né de la Femme Folle et de l'Homme Estropié.
Les deux branches nées de Maame sont représentées au début du roman, ce qui permet de se plonger régulièrement dans le vertige du temps et des destins. Yaa Gyasi réussit en évoquant des vies singulières à retracer une Histoire universelle, tout semble y être. J'ai retrouvé des petites traces de livres lus récemment sur le peuple noir américain, Toni Morrison ou Ann Petry, on sent l'influence d'autres grands auteurs dont elle se revendique d'ailleurs.
C'est en tout cas un grand beau roman que je regrette d'avoir terminé. Mon coup de coeur des quatre derniers mois.
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