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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La nuit où naquit Effia, le feu ravage les ignames de son père.
Abandonnée par sa mère, maltraitée par la femme de son père, la petite fille est mariée à un soldat anglais et mène une existence confortable dans le fort de Cape Coast.

L'histoire se poursuit dans le feu des armes et la colère des hommes ; on est au temps de la colonisation de l'Afrique, des guerres tribales, du commerce d'êtres
humains.

Cette histoire-là est celle d'Esi, la demi-soeur qu'Effia ne connaîtra jamais, enfermée dans les cachots du fort de Cape Coast en attendant son départ pour les plantations des Amériques.

Chaque chapitre invite ensuite le lecteur dans la vie d'un fils, d'une arrière-petite-fille, d'un arrière-arrière-arrière-petit enfant d'une de ces deux femmes aux destinées contrariées.

De Quey, fils métisse d'Effia, impliqué à la suite de son père dans le commerce d'esclaves; à Marcus qui, à la fin du XXème siècle, entame une thèse de doctorat à l'université; cette multitude de récits aborde les sujets universels de la famille, de l'héritage et de la filiation, mais aussi les thèmes plus graves de l'esclavage, du racisme et de la violence sociale.

Dans une langue émotive, puissante, pleine d'images colorées comme la terre d'Afrique, dans ces échanges incessants entre les personnages et les époques, Yaa Gyasi dessine avec finesse des sociétés qui entrent peu à peu dans la modernité.

Cette belle mosaïque, où chaque chapitre est un roman en soi, est un livre comme je les aime: de ceux qui nous font découvrir de nouveaux horizons et de nouvelles perspectives sur le monde.

Une très belle lecture.
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L'écrivaine, 27 ans, a mis quatre ans à faire ce roman basé principalement sur l'esclavage. Il en ressort un travail de qualité pour le respect du lecteur qui lui retourne bien. Fresque de deux familles sur trois siècles. C'est par une nuit d'incendie qu'une femme noire doit abandonner son bébé. Elle aura une autre fille dans un autre village. Les deux soeurs ne se connaîtront jamais. On va suivre leurs descendances sur une trentaine de pages pour chacun. Mon chapitre préféré est celui du mineur. Je me pose la question est-ce un courant nouveau que le lecteur sache les liens entres les personnages sans qu'ils le sachent eux-mêmes ? Deuxième livre (générations de Paula McGrath) presque de suite que je lis avec ce même procédé. Lu grâce aux critiques de ceux qui se reconnaîtront.
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Pour arriver au couple que forment aujourd'hui Marcus et Marjorie, deux afro-américains, il faut remonter le temps pour comprendre comment leur rencontre a pu avoir lieu. Il faut revisiter l'histoire. Les histoires de deux pays et de deux peuples. Il faut se tourner vers le Ghana d'abord à l'heure où les premiers hommes noirs ont été arrachés à leur terre natale pour servir de main d'oeuvre, ou plutôt de bêtes de somme, aux propriétaires de grandes exploitations de coton américaines. Il faut retrouver l'histoire de la traite négrière au coeur du XVIIIe siècle. Mais d'abord, Il faut découvrir l'histoire d'Effia et d'Esi, deux soeurs nées de la même mère mais aux destins bien différents quoique bien marqués chacun par les évènements.

Voilà un roman palpitant, admirable, ambitieux, de haute valeur historique et humaine. Voilà les traces laissées par les déracinés qui retrouvent grâce à la plume de Yaa Gyasi une consistance, une vie, une aura. Qui retrouvent une place, leur place dans l'Histoire. Un beau, un très beau roman.


Lien : http://mespetitesboites.net
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Quand j'ai ouvert ce roman, je m'attendais à lire une saga emportée par un souffle puissant. Or, ce n'est pas du tout cela. Certes, on suit sur trois siècles les deux branches d'une famille africaine dont l'une est déportée en Amérique tandis que l'autre reste au Ghana, sur la côte de l'or. Mais c'est un voyage que j'ai d'abord trouvé peu inspiré, avec ses chapitres courts, sagement alternés et banalement chronologiques, chaque génération ayant droit au récit d'un épisode symptomatique de sa vie. Et puis j'ai fini par retrouver la voix d'un genre qui me passionnait enfant et j'ai compris que Yaa Gyasi avait écrit une cosmogonie, un de ces récits de création du monde, généralement flanqués de l'arbre généalogique des dieux y ayant contribué. L'univers tente de surgir du chaos, jouet de forces antagonistes dont peu à peu il se défait pour trouver un équilibre. le feu des combats entre les Ashantis et les Fantis pour contrôler le commerce des esclaves, l'eau du voyage vers l'infamie et le mépris composent la double malédiction de l'homme noir, descendant à la fois de l'esclave et du trafiquant d'esclaves.
« Comment parler de l'histoire de son arrière-grand-père H sans parler aussi de celle de grand'ma Willie et des millions d'autres Noirs qui avaient émigré au Nord, fuyant les lois Jim Crow ? Et s'il mentionnait la Grande Migration, il lui faudrait parler de ces villes qui absorbèrent ce flot d'hommes et de femmes. Il lui faudrait parler de Harlem. Et comment parler de Harlem sans mentionner l'addiction de son père à l'héroïne – les séjours en prison, le casier judiciaire. Et s'il abordait le sujet de l'héroïne à Harlem dans les années 1960, ne faudrait-il pas aussi parler de la prolifération du crack dans les années 1980 ? »
Yaa Gyasi ne se contente pas d'identifier cette double malédiction, elle imagine in fine la réconciliation du feu et de l'eau. Il faut dire que ce roman est sorti aux USA en 2016 pendant qu'un très charismatique métis présidait à leur destinée. La version française a réfuté le titre originel de « Homegoing » et l'a remplacé par « No home ». Il est vrai que cette version est sortie en 2017 et ce nouveau titre semble prendre acte du désespoir amené par le nouveau locataire de la Maison Blanche...
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La clé de ce roman nous est livrée avant même qu'il ne commence, par l'arbre généalogique imprimé en ouverture du livre et auquel on pourra toujours se référer si, de chapitre en chapitre, on perd le fil du récit. Maame, esclave Ashanti, donnera naissance à deux demi-soeurs Effia et Esi. Deux soeurs qui ne se connaîtront jamais et qui formeront chacune une lignée de cet arbre, l'une ghanéenne et l'autre américaine.
Nous sommes au milieu du XVIIIe siècle, au moment où la traite des esclaves n'est plus seulement l'affaire des colonisateurs britanniques, mais participe aussi du jeu de pouvoir entre les tribus qui peuplent La Côte de l'Or (qui deviendra le Ghana). Les Ashanti étendent leur domination et font payer leur expansion territoriale en esclaves. Car ils ont compris, après les Fanti, que de cette façon ils s'attireront les bonnes grâces des Anglais. Voilà le premier choc de ce roman qui va balayer plus de deux siècles d'Histoire : les Noirs ont activement participé à la traite de leurs semblables et n'avaient rien à envier aux colonisateurs quant à la cruauté de leurs pratiques. Esi va pouvoir le constater après sa capture, durant son séjour dans les geôles de Cape Coast, au bord du Golfe de Guinée, et la traversée vers le Sud des Etats-Unis.
Sa demi-soeur Effia aurait pu la croiser, puisqu'elle demeure dans la même ville. Remarquée par James Collins, le nouveau gouverneur britannique, elle est achetée pour 30 livres et amenée dans son hôtel particulier à Cape Coast.
Les chapitres vont alors alterner, suivant tour à tour le parcours de l'une et de l'autre, le mariage d'Effia avec un Anglais et la naissance de leurs enfants d'une part, la vie dans le sud de l'Amérique d'autre part. le chapitre intitulé Kojo retrace la peur des esclaves qui avaient réussi à fuir. En vertu de la loi statuant sur les modalités de leur capture et leur renvoi à leur propriétaire, le fils d'Esi – qui comme nombre de ses congénères s'appelle désormais Freeman – ne vit que dans la hantise d'être capturé. Une épée de Damoclès qui est aussi accrochée au-dessus de tous les membres de sa famille. Il se verra aussi confronté aux lois de ségrégation qui ont officiellement pris la suite de l'esclavage. Rappelons que les lois dites Jim Crow, nouveau choc, resteront en vigueur jusqu'en 1964 !
Génération après génération, jusqu'au «pèlerinage» au Ghana de la narratrice, on va découvrir que les enfants d'Effia n'auront pas une vie plus enviable que ceux d'Esi. Car les métisses sont rejetés par les Blancs autant que par les Noirs. C'est le cas du fils d'Effia qui ne pourra revendiquer ni la blancheur de son père, ni la noirceur de sa mère. Ni l'Angleterre ni la Côte d'or. Ajoutons que son homosexualité ne va pas arranger les choses.
Côté américain les enfants de ces Noirs qui ont émigré par milliers pour fuir les lois Jim Crow, se retrouvent dans des ghettos, comme ce quartier de Harlem à New York.
No Home s'inscrit dans la lignée de Racines d'Alex Haley, d'Amistad, le film de Steven Spielberg ou encore de Beloved de Toni Morrison en y ajoutant le rôle joué par les Africains eux-mêmes dans l'asservissement de leurs compatriotes. le fruit de recherches menées à la fois au Ghana et dans son pays permet en effet à Yaa Gyasi (qui a immigré aux États-Unis avec sa famille à l'âge de 2 ans) de briser bien des tabous et de rebattre les cartes du bien et du mal. Oui, il y avait des Anglais et des Américains progressistes, oui, il y avait des Noirs qui ont su, avec cynisme et sans aucune morale, profiter d'un trafic qui malheureusement perdure sous une autre forme aujourd'hui. Mais, comme en d'autres temps, la question de l'allégeance aux troupes occupantes reste posée. Face aux fusils et à la puissance, y compris du point de vue technologique, le choix de la résistance valait sans doute à un suicide.
On saluera donc la performance de Yaa Gyasi qui, a 26 ans, réussit le tour de force de construire un roman formidablement bien documenté sans jamais tomber dans le jugement de valeur et à nous proposer une galerie de personnages que nous ne sommes pas prêts d'oublier !
Lien : https://collectiondelivres.w..
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Ce récit nous plonge dans l'ancien Ghana où le commerce triangulaire fait rage.
Les peuples africains, en luttes intestines, livrent leurs prisonniers aux colons anglais qui les envoient en esclavage aux Etats-Unis.
Effia et Esi, demi-soeurs qui s'ignorent, donnent chacune naissance à une lignée de personnages au destin douloureux bien que différent.
La première, en épousant un colon anglais, se fait complice malgré elle de la traite des noirs qui envoit sa demi-soeur outre-Atlantique.
Les générations qui vont se succéder d'un continent à l'autre seront confrontées, l'une à la ségrégation et au racisme, l'autre au sentiment de culpabilité d'avoir participé à un traffic honteux.

En parcourant les critiques publiées sur ce livre, je m'aperçois que beaucoup en regrettent la construction généalogique qui les a empêchés de s'attacher aux personnages.
Personnellement, je n'ai pas éprouvé ce besoin d'attachement car chaque caractère incarne une phase de l'évolution de la situation du peuple noir aux cours des siècles.
Chaque destin est aux prises avec les difficultés d'intégration de l'époque et les souffrances qu'elles génèrent.
Les femmes y tiennent un rôle prépondérant dans lequel elles incarnent l'âme de leurs ancêtres et la force de leur foyer.

Yaa Gyasi a eu à coeur de nous conter l'histoire de son pays meurtri et j'y ai été très sensible.
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No Home est le récit d'une saga familiale qui va faire le grand écart puisque la descendance d'Effia restera au Ghana, tandis que toute la branche d'Esi, sa demi-soeur, vivront aux États-Unis, suite à la déportation d'Esi sur un navire négrier.

L'originalité de ce roman, c'est que chaque chapitre nous offre un protagoniste différent, alternant les descendants des deux demi-soeurs et remontant le fil du temps, de 1760 à nos jours.

C'est ainsi que chaque génération vivra une vie différente de la précédente. Au Ghana, les descendants d'Effia sont des esclavagistes et vivront, en partie, de la traite négrière.

En Amérique, sur la lignée d'Esi, nous explorerons l'esclavage, la ségrégation raciale, l'exploitation des Noirs, l'iniquité des lois des Blancs, puisqu'un Blanc sera condamné à 9 ans de prison (et de travaux forcés dans les mines) pour un meurtre et qu'un Noir sera condamné à la même peine pour avoir regardé une Blanche (qu'il n'avait même pas regardé en plus).

Le récit ne faiblit jamais, sauf avec les deux derniers protagonistes, où j'ai trouvé qu'il y avait moins à dire. Malgré tout, leur récit était intéressant puisqu'il clôturait cette saga sur une note positive.

Chaque chapitre aurait pu être un roman à part entière et il était frustrant de quitter un personnage, auquel on s'était attaché, avant que l'on ne soit subjuguée, à nouveau, par le suivant et son histoire personnelle.

Effectivement, j'aurais préféré passer plus de temps avec certains personnages, tant leur histoire était riche (et malheureusement terrible), tant j'aurais aimé en apprendre plus sur eux, sur ce qu'il s'était passé, durant les ellipses et ne pas me contenter de quelques phrases.

C'est un roman palpitant, passionnant, ambitieux et qui n'a rien à voir avec ceux que j'ai déjà lus, notamment grâce à sa construction bien pensée, mais aussi à la plume de l'autrice, qui était simple, sans être simpliste et si agréable à suivre.

L'autrice ne sombre jamais dans le pathos, d'ailleurs, elle aurait pu aller encore plus loin, mais elle a préféré ne pas s'appesantir sur certaines choses, comme l'horreur et l'inhumanité des voyages des négriers, de l'esclavage, de la ségrégation…

Avec peu de mots, quelques phrases bien senties, l'autrice en dit assez pour que même le plus ignare des lecteurs comprenne bien toute l'ignominie d'un pareil trafic, toute la brutalité de l'esclavage et l'iniquité de la ségrégation.

Un roman puissant, une belle lecture. Un voyage sans concession dans le pays de la Côte de l'Or, devenu le Ghana ensuite, et dans les États-Unis des années sombres.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Après autant de critiques et de lecteurs que raconter de ce roman. Peu de chose pour laisser le plaisir de découvrir cette saga familiale qui se déroule sur 3 siècles, deux continents, l'Afrique et les États Unis.
L'histoire d'une lignée de deux soeurs séparée et des sept générations suivantes.
Un roman puissant, utile, dans un style clair, franc et sincère, des personnages nombreux et forts.
Tout pour faire un bon roman et pour passionner son lecteur.
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Construction diablement efficace que celle de « No home » : deux filles nées d'une même mère dans la malédiction d'un feu, engendrant deux fois sept générations, l'une condamnée à l'esclavage aux Etats-Unis, l'autre à l'isolement intérieur au Ghana, dont les histoires sont racontées en miroir l'une de l'autre à travers une plongée dans une tranche de vie de deux fois sept descendants.
Le petit miracle de récit, c'est de parvenir à reproduire dans ces instantanés de vie et l'histoire du Ghana et celle des esclaves noirs américains du milieu du 18ème siècle à nos jours, avec une puissance d'évocation étonnante pour une si jeune plume.
Voilà un roman qui mérite tous les louanges qu'on lui a fait !
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Il y a certains romans qui, dès leur parution, et quoiqu'on vous en dise, vous attirent et No Home en fait partie et je ne suis pas déçue même si l'attente m'a paru longue.... Je n'étais pas la seule à vouloir le lire dans ma bibliothèque ! Et son succès est justifié.

C'est un magnifique premier roman sur le parcours de deux lignées d'une même famille (à la base deux demi-soeurs) : une au Ghana, l'autre en Amérique, séparées par des trafiquants d'esclaves.  L'une a participé à la vente d'esclaves dont la deuxième a été la victime sans que l'une ou l'autre ne le sache.

Une  aïeule commune, Maame, et ensuite une succession de destinées parallèles toutes imbibées  des racines africaines et ayant pour seule mémoire, leurs parents, parfois grand-parents mais sur des continents différents et en fin de compte si peu différentes. Une douleur profonde , un racisme provenant des blancs mais aussi au sein de la communauté noire (en fonction de la teinte de la peau), une quête de reconnaissance et de justice pour certains.

Avec cette fresque on s'aperçoit que malgré les siècles, les luttes etc.... , que ce soit en Afrique ou en Amérique, rien ne change vraiment, tous doivent supporter le regard des autres et leur propre regard sur leurs origines : métissage, exclusion, ségrégation,violence, misère, exploitation, différence et indifférence voir mépris des autres.

L'auteure, à chaque chapitre, retrace parallèlement l'histoire des deux branches familiales (je conseille fortement l'arbre généalogique du début du livre à garder sous la main car cela peut être une difficulté surtout au début de la lecture). Que se soit hommes ou femmes, chacun a du lutter pour exister, pour vivre, pour s'accomplir. Et puis ils sont tellement forts (dans tous les sens du terme) tous les membres de cette famille disloquée,  laissant leurs empreintes dans notre esprit après la fermeture du livre.

L'on ne peut être que profondément ému par ces destins broyés, anéantis. Certains passages sont bouleversants. La nature et ses éléments (eau, feu) sont des composants importants du destin des personnages, une empreinte indélébile ainsi que la magie et les symboles. L'on est pas ce que l'on est sans nos racines, sans nos ancêtres et la transmission.

C'est une lecture qui laisse des traces, qui ne peut laisser indifférent, roman historique sur plus de trois siècles,  très structuré de cette auteure à l'écriture forte et qui évite les longueurs et la facilité (même pour le dénouement).
Lien : http://mumudanslebocage.word..
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