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EAN : 9782348079276
416 pages
La Découverte (17/05/2023)
4.14/5   7 notes
Résumé :
Les Étrusques, un peuple d’Italie disparu au Ier siècle av. J.-C. dans sa confrontation avec Rome, restent pour une grande part mal connus. Leur mode de vie comme leur système politique suscitent des interrogations et on comprend toujours mal leur langue même s’ils ont adopté l’alphabet grec. Pourtant, les vestiges archéologiques abondent dans toute l’Italie centrale. On est toujours émerveillé par les célèbres fresques des tombes de Tarquinia qui mettent en scène l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Si vous aimez l'Italie, l'art, l'archéologie et l'histoire cette immersion au sein d'une civilisation disparue est parfaite. Géographie, économie rurale et agricole, artisanale et industrielle, Arts, religion, langue et écriture, structure familiale, organisation sociale et politique, relations avec leurs voisins romains proches et plus lointains gaulois, grecs, phéniciens, syracusains : tout ce que vous désirez savoir sur les Etrusques est là ! Une mine de connaissances qui pourrait vous mener sur place les yeux bandés. Concernant leur origine discutée depuis l'Antiquité nombre de théories ont circulé souvent instrumentalisées. le monde méditerranéen antique aime se construire des parentés mythiques où le récit migratoire est souvent sollicité rappelle utilement Marie-Laurence Haack… Qu'ils aient été nommés Lydiens, Pélasges, ou autochtones, plus tard Rhètes, en dit plus long sur le regard de ceux qui ont élaboré les thèses que sur les Etrusques eux-mêmes... Qui seraient un peu de tout cela à la fois et rien de tout cela en même temps (pour le dire hâtivement et de façon sommaire). Et ce ne sont pas les diverses études en paléo-génétique (non exemptes de biais) qui risquent de trancher l'affaire si on suit les commentaires éclairants de l'auteure (chapitre 6) ! Ce qui est établi c'est une continuité archéologique entre des villages de culture villanovienne (de Villanova, nom d'un site fouillé près de Bologne) et de premiers foyers étrusques installés à leur suite et que cette civilisation s'est épanouie, enrichie au contact de ses voisins et de migrations successives, entre Arno et Tibre sur un territoire englobant peu ou prou l'actuelle Toscane jusqu'au nord du Latium avec une partie de l'Ombrie, du neuvième au premier siècle av JC…

Cette « Etrurie heureuse » prospère et fertile décrite par les Anciens qui a offert une dynastie de Tarquins à Rome et dont l'acculturation progressive aux moeurs romaines, entre jeux d'alliances et d'hostilités, est aussi racontée en filigrane deviendra la septième province de l'Empire. Était-elle l'organisation fédérale regroupant douze villes suggérée par certains dont Volsinii (Orvietto) aurait pu être la capitale et les Etrusques représentaient-ils une entité politique et culturelle unique ? On apprend ici par curiosités successives en avançant de cités en cités à travers un itinéraire passionnant semé de quelques embûches franchissables (vocabulaire expert), avec beaucoup de questionnements et par allers-retours entre passé et présent où représentations et vérités d'hier voisinent avec des savoirs acquis aujourd'hui. Dix chapitres/étapes, de Cerveteri à Véies, présentent les principales villes formant l'ancienne ligue étrusque en décrivant leur patrimoine archéologique et artistique et en décryptant les traces pas toujours éloquentes d'une mémoire inlassablement explorée par l'Etruscologie et en partie retrouvée donnant lieu chaque fois au développement par l'auteure d'un thème additionnel plus général propre à la civilisation étrusque.

C'est une découverte exceptionnelle qui fait apparaître Cortone autrement (chapitre 8 sans doute le plus ardu à lire). Sept morceaux gravés recto/verso sur bronze « trouvés » dans une décharge dans des conditions un peu obscures (soit le plus long texte étrusque connu à ce jour : deux cent-six mots et quarante lignes) qui, avec trois lamelles d'or gravées en étrusque et phénicien venant de Pyrgi, font ressortir l'inconnu d'une langue dont on dit que le Toscan parlé aujourd'hui conserve certains particularismes et l'histoire labyrinthique du déchiffrement incomplet de son écriture malgré treize mille autres inscriptions connues (mais trop courtes car pour la plupart votives) répertoriées de par le monde. Ce sont parfois les voies insolites empruntées par la Recherche pour perpétuer ses travaux qui mettent une ville en exergue : un jeu télévisé récompensé d'un petit pécule donne en 2015 de la visibilité à la chercheuse italienne Simonetta Stopponi dont les fouilles ont permis la mise au jour de quatre grands temples d'un même sanctuaire à Volsinii (Orvietto) et permettent à Marie-laurence Haack d'introduire aux mystères d'une religion réputée pour son art de la divination dont les textes majeurs (sur des livres de lin) n'ont pu être conservés (Chapitre 3).

« Les étrusques ont vécu eux-aussi ». La petite phrase de Gianina à son père devant les tombes de cerveteri fait songer à l'émouvant prologue du roman de G. Bassani (le Jardin des Finzi-Contini, 1957) cité par Marie-Laurence Haack pour figurer parmi les nombreuses oeuvres littéraires et cinématographiques où les Etrusques ont laissé des traces inspirantes (chapitre 5). En prélude au parcours qu'elle invite à faire ici c'est à une autre référence que l'auteure fait appel pour présenter Cerveteri (le récit du voyage en Toscane en 1927 de D. H. Lawrence qui vient d'achever L'Amant de Lady Chatterley), et mettre en perspective le regard et l'interprétation toute personnelle de l'écrivain anglais sur les vestiges et les rituels funéraires étrusques, avec ce que l'archéologie a révélé depuis. Voyage d'un écrivain en Etrurie inscrit dans une tradition littéraire lointaine qui depuis la cité des morts fait se mouvoir vers celui des vivants à Pyrgi (zone portuaire proche de Cerveteri mise au jour en 1950 que Lawrence n'a pu connaître) où deux importants sanctuaires racontent en parallèle l'histoire des échanges économiques et culturels des Étrusques avec leurs voisins méditerranéens – le chapitre se prolongeant d'un apport de l'universitaire sur le couple et la cellule familiale où quelques poncifs sur la femme étrusque sont mis en échec (chapitre 1).

En l'absence de toute littérature étrusque ce sont des sources historiographiques grecques et romaines (avec le regard univoque du vainqueur), redécouvertes et réemployées depuis la Renaissance qui ont stimulé la curiosité alors que beaucoup d'oeuvres sortaient de terre (comme la chimère d'Arezzo en 1553) et le développement d'études ultérieures jusqu'aux débuts de l'archéologie moderne et la naissance de l'étruscologie. Histoire longue qui n'occulte ni les premiers errements archéologiques, ni les fouilles sauvages et les pillages éhontés du couple Bonaparte – Lucien/Alexandrine de Bleschamps – « s'illustrant » sur leur domaine de Canino à Vulci, ni les vols et trafics d'oeuvres ayant nourri le marché des antiquités, ou les stratégies de faussaires de tous ordres et l'aveuglement des plus grands musées du monde (chapitre 6/7). Beaucoup d'idées reçues via les textes antiques sont réajustées. « Peuple dépravé », réputé pour son goût d'un luxe ostentatoire ? Si le souvenir de la folie architecturale du roi-tyran Porsenna (dont les richesses inouïes de la tombe spectaculaire sont décrites par Pline l'Ancien) perdure à Chiusi c'est aussi la ville où l'auteure choisit d'élargir la focale sur ce que l'on sait du régime monarchique et de l'organisation politique et sociale plutôt inégalitaire de la société étrusque (chapitre 4).

En contrepoint des fouilles de la cité de Populonia premier grand pôle sidérurgique sur le sol européen révélant l'importance industrielle capitale de cette activité côtière associant l'Ile d'Elbe et la Corse (chapitre 2) on reçoit les échos harmonieux de la même société banquetant, chantant et dansant à Tarquinia. Mais « Tarquinia et son territoire offrent bien plus qu'un divertissement à un ennui d'été » (p. 299), est-il précisé à l'évocation du roman de Marguerite Duras et des fresques peintes représentant les fameux petits chevaux (nécropole de Monterozzi). Si Tarquinia met en scène le paysage de la vie quotidienne étrusque avec ses représentations animalières et végétales aux couleurs extraordinaires l'art funéraire n'est pas le seul qui apparaisse documenté à cet endroit : sculpture et travail du bronze, des métaux précieux (bijoux et autres artefacts), art de la céramique et statuaire de pierre et terre cuite ont rivalisé avec l'art grec (L'Apollon acrotère de Véies). L'art étrusque décline dans sa beauté singulière "la koine" qui unit sans doute tous les peuples, cités ou colonies ayant essaimé et vécu autour du pourtour méditerranéen entre le premier millénaire av JC et le deuxième siècle après JC (chapitre 9).

Une lecture que je recommande vivement !



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Un livre très intéressant et une énorme somme de travail sur la civilisation étrusque. Malheureusement pas un livre grand public. Il s'adresse à des lecteurs éclairés et disposant de connaissances plus que basiques sur l'archéologie. Je ne doute pas un instant de la qualité de cet ouvrage, mais j'avoue avoir été complètement perdue et noyée sous les détails, à tel point que je n'ai finalement pas appris grand chose, j'avais décroché au bout de trois pages et j'ai eu l'impression d'être emportée par un tsunami.

Il s'agit de plus que d'un livre de vulgarisation et il faut le réserver à un public assez érudit et passionné par l'Antiquité. Je suis passée complètement à côté et ce n'est pas de la faute de l'auteure, mais pour moi une lecture trop difficile, trop technique et finalement pas accessible. Je n'ai vraiment pas aimé, mais ça ne signifie pas que ce livre est mauvais, bien loin de là, mais je ne correspond pas au public visé. Je n'ai pas du tout les compétences requises pour émettre un avis de lecture et je laisse à des lecteurs plus savants le soin de la faire.

Merci à Netgalley et aux Editions La Découverte pour cette lecture qui m'est passée malheureusement bien au-dessus de la tête.

#ÀladécouvertedesÉtrusques #NetGalleyFrance !

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Marie-Laurence Haack, professeure d'histoire ancienne à l'université Jules Verne de Picardie, nous introduit, dans cet ouvrage pédagogique, au peuple trop peu connu des Étrusques. Ces derniers sont une population qui a vécu en Italie à partir du VIIIe siècle av. J.-C. et disparu au Ier siècle av. J.-C. suite à la conquête de leurs territoires par les Romains.
Ils sont à l'origine de nombreuses innovations et infrastructures comme le mur d'enceinte à Rome, le Circus Maximus ou encore l'ancêtre de nos égouts. Il est également peu connu que l'étrusque jouait le rôle de l'anglais aujourd'hui, c'était la langue du commerce et de la culture dominante, même aux premiers temps des Romains.
En alternant entre description et explication, entre présent et passé, Marie-Laurence Haack nous renseigne sur la famille, le couple, la place des femmes chez les Étrusques ainsi que sur leurs rituels religieux et funéraires dont nous pouvons voir les tombes emblématiques. Elle nous informe aussi sur leur art, leur alphabet et ce qu'on a pu retrouver de leur littérature. L'historienne donne ainsi une explication aux vestiges archéologiques qui abondent dans toute l'Italie centrale, notamment aux fresques des tombes de Tarquinia. Elle nous livre également l'histoire des tentatives faites au fil des siècles pour comprendre les Étrusques jusqu'à leur fabriquer des mythes.
À la découverte des Étrusques est un ouvrage riche mais simple à lire. Avec pédagogie et un brin d'humour, Marie-Laurence Haack nous fait découvrir un peuple qui a tant transmis aux Romains mais dont pourtant on ne connaît que peu de choses.
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critiques presse (2)
LeMonde
26 juin 2023
Marie-Laurence Haack intègre à son propos la réception et la mémoire comme parts intégrantes de l’étude de ce peuple oublié.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeMonde
01 septembre 2021
L’historienne signe une superbe synthèse des connaissances sur cet antique peuple d’Italie assimilé par Rome, et sur la attraction qu’il exerce depuis.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Faut-il vraiment chercher à attribuer des origines aux Etrusques ? Un savant italien, Massimo Pallotino, a mis en garde contre la façon dont la question a été posée. Dans un livre publié en 1946, L'Origine degli Etruschi, il a souligné la place démesurée qu'a occupée le problème des origines dans l'étude ce ce peuple et, pour montrer les proportions exagérées prises par cette question, il a pris l'exemple des Français. Il est impossible de donner aux Français une origine : ce ne sont ni des Gaulois, ni des Germains, ni des Romains. Que le français soit une langue latine ne fait pas d'eux un peuple d'origine romaine et si le royaume de France se met en place à partir du royaume des Francs, cela ne veut pas dire que les Français sont d'origine franque, donc germanique. Ils sont le produit d'une histoire, de vagues de migrations, de courants culturels et de rapports sociaux. La question des origines n'est jamais posée non plus pour les Grecs ou pour les Romains. On sait bien que les Grecs n'ont pas une seule origine, mais qu'ils sont le résultat de multiples influences culturelles et de multiples apports humains et qu'il n'existe pas d'essence de la "grécité". Un Grec du VIe siècle av. J.-C. n'est pas un Grec du 1er siècle apr. J.-C. et un Athénien n'est pas un Spartiate. Chercher une origine à un peuple entraîne forcément un échec. Le problème des origines étrusques se présente dans les mêmes termes que pour les Français, les Grecs ou les Romains. Les Etrusques ne sont ni des Lydiens, ni des Pélasges, mais un mélange de populations indigènes et de migrations d'époques et de régions différentes à comprendre dans le cadre de l'Italie du 1er millénaire av. J.-C., plus précisément entre l'âge du bronze et l'âge du fer. Ce que nous appelons "étrusque" est une combinaison, à un moment donné, d'éléments indigènes et hétérogènes. La recherche d'une origine est vaine.

Le mystère des origines, p. 213-214
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Autant les tombes de Cerveteri séduisent par leur simplicité, autant celles de Tarquinia émerveillent par leur sensualité. A Cerveteri, seuls l'architecture et le mobilier peuvent nous donner une image de la vie des Etrusques ; à Tarquinia, le visiteur a face à lui les Etrusques banquetant, jouant, dansant, dans une impression d'harmonie.
Ludi, le personnage de Duras, manifeste pourtant peu d'empressement à aller les voir : "Je n'ai pas trop envie de voyager en ce moment, dit-il, c'est dommage pour ces petits chevaux là, j'aurais bien aimé de vous les montrer. Quelquefois, les guides ils ne les montrent pas parce que la tombe elle est loin de la ville." Il insiste un peu plus loin : "Parce que les guides, ils sont paresseux, et ils ne vous montreront pas les petits chevaux. Si vous ne devez pas les voir, alors ce n'est pas la peine d'y aller."
Même s'ils se trouvent un peu à l'écart de la ville, il faut aller voir ces petits chevaux. Marguerite Duras ne les décrit pas ; elle clôt le livre par l'idée de cette autre vie, allègre et sensuelle, symbolisée par les petits chevaux. Ce sont ceux de la Tombe du Baron, qui fait partie avec près de six mille autres, de la Nécropole des Monterozzi, inscrite depuis 2004 sur la liste du patrimoine mondial de l'humanité établie par l'Unesco.

Chapitre 9 - Les petits chevaux de Tarquinia, p. 281-282
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Video de Marie-Laurence Haack (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marie-Laurence Haack
Marie-Laurence Haack vous présente son ouvrage "À la découverte des Étrusques" aux éditions La Découverte.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2544313/marie-laurence-haack-a-la-decouverte-des-etrusques
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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