Bouquin lu par erreur. Tromperie sur la marchandise? Je m'attendais à une réflexion ancrée dans notre monde qui donne l'impression de s'effondrer, à un questionnement sur la place de la culture aujourd'hui et à des solutions afin d'enrayer la chute ou au moins de vivre avec. Je trouve en partie cela, mais bien vite, je m'aperçois que l'essentiel, dans ce livre, est ailleurs, plus haut, hors du monde, qu'il s'agit en fait d'un ouvrage qui s'adresse à des chrétiens surpris de constater que le monde leur résiste. Or, je suis le contraire; je suis un mondain qui s'étonne qui la pensée religieuse résiste à l'évidence de son néant.
Fabrice Hadjadj met le doigt avec justesse sur la sécheresse de la pensée d'aujourd'hui, sur les ravages du technicisme, du fanatisme et de ce qu'il appelle (là, je suis déjà plus sceptique, tant la peinture qu'il en fait semble caricaturale) l'écologisme; il montre la crise morale provoquée par l'histoire si terriblement inhumaine du vingtième siècle; il craint l'avènement d'un post-humanisme où nous serions anéantis par les robots qui nous remplaceront; bref, il ouvre des débats passionnants sur l'avenir de l'humanité. Puis soudain, à brûle-pourpoint, surgissent le catholicisme, le Christ, l'Evangile, Dei ex machina qui viennent sauver les hommes égarés. Soudain, je n'y comprends plus rien, c'est bourré de métaphores et de citations, je suis largué, parce qu'un saut logique a été fait, parce qu'un lien secret m'est invisible, parce qu'un sens caché m'est interdit. Ce doit être ce qu'ils appellent la foi.