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EAN : 9782877066242
163 pages
Editions de Fallois (22/02/2007)
4.62/5   4 notes
Résumé :

«En un mot, Monsieur, tâchez de faire mentir ceux qui disent que les Français commencent tout et n'achèvent rien.»
VAUBAN À LOUVOIS

Pour le troisième centenaire de sa mort, la France honore la mémoire du maréchal de Vauban.

Remarqué par le cardinal Mazarin à l'âge de vingt ans, il participe à quatorze sièges. Il est blessé plusieurs fois. C'est lui qui a fait le siège en 1667 des villes de Tournai, Douai, et Lille, prise... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
J'ai plein de choses à dire, car le livre est "riche" d'informations !
Tout le monde a vu les fortins bas et étoilés de Vauban, qui émaillent la France.
Bas, pour que les boulets ennemis ne détruisent pas les murs ;
étoilés pour ne laisser aucun angle mort.
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Quel phénomène, ce Vauban ! J'aurais aimé avoir un patron pareil !
Ingénieur (de « génie »), savant, humain, courtois mais impétueux, organisateur, empathique, qui a son franc-parler, recruteur, « père » de tous les soldats, « protecteur » de la France, soldat, habile, terrassier, qui observe et connaît son terrain et l'hydraulique, généreux, avec un jugement sûr, courageux, serviteur fidèle du roi et de Louvois, constructeur de cent fortins, maître terrassier des sièges de quarante villes, et enfin Maréchal, etc...
. Il aurait dû être le ministre principal de Louis XIV, mais extrait de petite noblesse du Morvan, il est barré par « les Grands », dont la majorité sont des incapables.
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De 1660 à 1700, il a fortifié, sécurisé les frontières de la France, donné des conseils judicieux à Louis, par l'intermédiaire de son ministre Louvois ; Louis trop téméraire, trop plein de gloriole mal placée, qui dépense des fortunes à construire Versailles et à refaire la guerre à l'Espagne des Pays Bas parce qu'elle n'a pas payé la dot de la reine Marie-Thérèse ! Personne n'ose prendre la responsabilité de lui faire remarquer, mais, dans son domaine, les constructions, Vauban a son franc-parler, d'abord avec Louvois, puis directement avec le roi à la mort de Louvois en 1691.
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J'ai aimé cette biographie, car l'auteur, Daniel Halévy a, lui aussi, un style direct, riche en informations, il y a beaucoup de témoignages et des passages entiers de lettres sont communiqués, nous apprenant l'esprit de l'époque. Vauban s'appelle Sébastien Leprestre, né en 1633, et c'est un homme de terrain.
Il est très bien cerné par l'auteur, et l'on peut facilement imaginer ce diable d'homme, qui aurait fait beaucoup mieux pour la France que ce qui a été fait, en particulier...
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1 ) quand le roi veut venger la promesse non tenue de l'Espagne, la guerre de dévolution, et la deuxième guerre contre Guillaume d'Orange : bilan : un million de morts qui auraient pu travailler en paix et enrichir la France, alors qu'à la suite de ça, elle est exsangue. Vauban, humaniste, économisa toujours la vie des hommes, et pas orgueilleux, n'aurait pas gaspillé un million de vies à gagner quoi ? Une petite bande frontalière, l'accès au Rhin et la Comté ? Une victoire à la Pyrrhus !
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2 ) Pour accéder au Paradis, conditionné par les jésuites ( il faut lire « Les Provinciales » ), Louis pense se racheter en révoquant l'Édit de Nantes ( 1675 ) du bon roi Henri IV ! Par plusieurs extraits, l'auteur montre que Vauban, diplomatiquement, est opposé à cette mesure, d'abord parce qu'il perd de précieux hommes de son équipe, mais aussi en montrant au ministre qu'avec la façon inhumaine dont sont traités les protestants des campagnes, cent mille d'entre eux émigrent, ce qui fait une perte considérable pour le royaume.
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Je n'aime pas Louis XIV, j'adore Vauban, qui, tel un fidèle adorateur de son roi, lui donne sans arrêt de précieux conseils, sous forme de mémoires, pour l'attaque de villes proches de la frontière ( « N'allez pas voler le papillon ! » lui dit-il sans cesse, tenez le pré carré ).Cet homme a bétonné les frontières de la France, sans arrêt sillonnant les routes du pays, donnant des directives à ses équipes. Humain, il a vu, en 40 ans, les conditions de vie des paysans se dégrader à cause de la hausse des impôts dus au financements des guerres incessantes de son roi, qui sacrifia un million d'hommes en quarante ans pour quelques territoires gagnés  ( Artois, Alsace, Comté ) : le « jeu » en valait-il la chandelle ?
Le dernier combat, à plus de 70 ans, de Vauban, ( Sébastien Leprestre, seigneur de Vauban, et enfin maréchal de France, fut pour le petit peuple qu'il aimait tant, et c'est dramatique, mais pas étonnant : le roi, cette fois, ne l'écouta pas, Vauban en est mort.
L'objet du délit est un gros mémoire, un essai : «  La dîme du Roi ».
V'latypas que Monsieur de Vauban se permet, pour la première fois, de sortir de son domaine, « le génie », pour s'attaquer aux impôts ! La dîme du roi, impôt unique proportionné aux revenus, et collecté directement par les gens du roi, sans magouilles des nombreux intermédiaires, serait la solution pour rassurer le petit peuple, celui qui est la force vive, productrice du pays, celui sans qui le roi n'est rien. Et il s'attaque aux financiers, usuriers, intermédiaires, qui sont la source de la pauvreté. Quel tabou a-t-il soulevé ! Ne sait-il pas que déjà, à cette époque, ceux-ci ont une puissance redoutable, qui payent les gens pour qu'ils se taisent ? le mémoire fait grand bruit, le roi, pour une fois, ne répond pas.
« Mon Roi m'a abandonné ! »
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En lisant Hannah Arendt, je constate que Vauban et Robespierre se rejoignent, à presque un siècle de distance. Ce dernier, comme Vauban, était préoccupé par la pauvreté :
« La république ? La monarchie ? Je ne connais que la question sociale" .
Louis XIV eût été plus ferme, eût approuvé Vauban, nous aurions peut-être fait l'économie de cette révolution française, et surtout de ses morts :
« Deux millions de morts : tel semble être, aux seuls dépens de la France, le coût des guerres de la Révolution et de l'Empire. »  (démocratie-royale ).
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1708 : maintenant que Vauban n'est plus là, de jeunes maréchaux prétentieux commandent les armées n'importe comment. Ils perdent une guerre contre les Anglais, Louis peut garder la Comté et Lille, à condition de leur donner Dunkerque, après avoir détruit toute sa défense : c'était le chef d'oeuvre de Vauban !
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Bon, c'est décidé, après Mazarin, décédé en 1661, ma reine Louise XIV (qui ne s'appelle plus Amélie ) va prendre Vauban comme premier ministre, quitte à faire un scandale auprès des Grands, qui peuvent émigrer, ce ne sera pas une grosse perte !
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« Vauban » est un livre riche de détails, et passionnant !
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Remarqué dès ses vingt ans par l'un des plus grands cardinal de l'histoire de France, les villes et les sièges se succéderont.

De Lille à Tournai en passant par Maastricht, Mons, Namur la France se murera derrière les compétences d'un homme hors du commun.

Forteresses et remparts sauveront encore des vies au cours de la première guerre mondiale.

Courage, humanité et simplicité feront de Vauban un des plus grands représentants de son siècle.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Que de mérites, d'héroïsmes obscurs, de génies tranchés dans leur fleur ! Voilà sur quoi se fonde la grandeur, la sécurité d'un peuple. Beaucoup l'ignorent ou, l'ayant su, l'oublient ; Vauban le sait et n'oublie pas.
"Ce sont les hommes faits comme cela, écrit-il à Louvois, qui sauvent les Etats."
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Le gouvernement était-il libre d'agir contre ces financiers ?


NDL : Dans "La dîme du Roi", son dernier mémoire/essai, Vauban accuse les financiers/usuriers d'appauvrir les petites gens.
Ouuuuuuuuuuuuh que j'aimerais vivre dans un monde sans "financiers" !
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Louvois a lu le mémoire de Vauban avec attention. Il connait le problème ( 1 ), mais Louvois craignait le roi ; le roi mettait son honneur à tenir ferme.


( 1 ) : NDL problème des conséquences de la révocation de l'édit de Nantes, en 1687.
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[ NDL : Louvois à Vauban, pour ce qui est d'amener les eaux de l'Eure à Versailles :]

" Il est inutile que vous pensiez à un aqueduc rampant dont le Roi ne veut pas entendre parler ; si le mémoire ci-joint n'est pas suffisant pour vous en faire comprendre la raison, la volonté du maître doit vous empêcher de plus parler."

[ NDL : Vauban craint l'instabilité de la zone marécageuse à traverser, mais le roi veut un vrai aqueduc, grandiose, spectaculaire !]
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Voici que pour un simple soldat déserteur, Vauban sollicite auprès de Louvois même ; il supplie très humblement qu'il soit permis de l'excuser :
"C'est un misérable, qui a cinq ou six petits enfants qui meurent de faim, et qui me fait compassion."
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