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EAN : 9782752913166
273 pages
Phébus (18/01/2024)
3.71/5   7 notes
Résumé :
C’est un roman, survivant des flammes des bûchers nazis, La Rébellion de Joseph Roth, qui raconte l’histoire de son auteur Juif autrichien, écrivain en fuite. Mais aussi une multitude d’autres destins dont celui d’une jeune Américaine d’origine allemande qui découvre une carte dessinée à la main sur une page blanche à la fin du livre. Un mystère palpitant qui la conduira à Berlin, lieu de naissance de La Rébellion.

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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ce qui aurait pu être kitsch se révèle ici intéressant, le narrateur de ce livre est Un Livre, « La Rébellion » de Joseph Roth. Il échappe en 1933 à la nuit d'autodafé en grande pompe funèbre sur la place de Berlin, près de l'opéra, instigué par Goebbels et ses acolytes. Son propriétaire, un professeur prévoyant le confie à un jeune étudiant qui n'est autre que le grand-père de Lena notre protagoniste , qui émigrera aux États Unis, et La Rébellion survivra , étant la seule chose qu'il ait gardée le reliant comme un souvenir irrésolu à sa terre natale. Transmis d'une génération à l'autre on le rencontre en début de notre histoire dans le sac à main de sa petite fille Léna à l'aéroport JFK de NewYork, en partance pour Berlin.
Notre livre narrateur écrit par un juif en 1924 sera classé comme littérature de l'asphalte, la nouvelle écriture des grandes villes multiculturelles, considérée comme réactionnaire donc symbol de danger pour le national socialisme. À part cet attribut le petit livre porte aussi sur sa dernière page un mystérieux petit plan dessiné à la main , une des raisons pour laquelle Léna se rend à Berlin . Un plan qui faisant surface de temps en temps tout au long du récit animera notre curiosité . Hamilton croise habilement les deux histoires de « Rébellion » et celle de la vie de son écrivain, qui se passe aussi majoritairement à Berlin, non moins intéressant, mais peut reluisant quand à son image ; s'y ajoutent d'autres histoires de vie, brèves mais passionnantes , qui vont étonnement converger vers une fin surprise.

Recueillant des histoires au fur et à mesure qu'il voyage de propriétaire en propriétaire et d'étagère en étagère - observant les gens, conversant avec d'autres textes, notre survivant incarne joliment la capacité de la Littérature à nous lier et à nous rendre compréhensibles les uns aux autres à travers les décennies, les océans, les langues et les frontières. Ici précisément elle reconstruit l'histoire d'un livre et celle de plusieurs personnes les rassemblant comme un puzzle dans leur cheminement de par le monde.

Hugo Hamilton est un auteur irlandais dont j'ai déjà lu deux livres autobiographiques et beaucoup appréciés. Celui-ci basé sur une vraie histoire me reconfirme qu'il est un excellent écrivain. L'ayant reçu des éditions Phébus en français et l'ayant aussi déjà en anglais, j'ai fait l'expérience de les lire l'un à la suite de l'autre 😊.


“– là où on brûle des livres, on finit par brûler des hommes.– là où l'on sauve un livre des flammes, on finit par sauver des hommes.”

Un grand merci aux éditions Phébus et NetGalleyFrance pour l'envoie de ce livre.
#LesPages#NetGalleyFrance
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Objets inanimés, avez-vous donc une âme? La première édition de la Rébellion de Joseph Roth en possède une, comme tous les ouvrages. « Nous autres, -les livres, avons tendance à nous tenir à l'écart des situations vécues. Nous parlons entre nous la nuit dans les bibliothèques. On s'imagine souvent que les bibliothèques publiques sont des lieux calmes. Vous devriez entendre le brouhaha, les débats, le simple volume d'opinions échangées d'une étagère à l'autre jusqu'à l'aurore. Tout le monde parle en même temps. C'est comme un immense pugilat d'idées. »

Cet exemplaire écorné, rescapé par miracle des autodafés nous livre son histoire depuis le sac de sa propriétaire, Lena Knacht, une artiste américaine de père allemand. Hérité du grand-père, jadis élève de David Gluckstein, un professeur d'université juif qui voulut lui épargner les buchers de 1933 en le lui confiant, le livre raconte Roth, raconte l'Allemagne de la grande Guerre, de la République de Weimar, de la montée du nazisme, il dit le destin de ceux qui le lirent ou le possédèrent. Il contient sur l'une de ses pages un mystérieux croquis esquissé par Gluckstein qui doit livrer son secret. Et il est enfin de retour à Berlin, sa ville natale, là où tout a commencé.

Personnifier un livre, exercice périlleux s'il en est, est parfaitement maîtrisé par Hugo Hamilton, romancier germano-irlandais (les traductions de Roth dans la version anglaise sont les siennes), qui a déjà raconté son double héritage linguistique et culturel dans Sang impur et le Marin de Dublin. Les Pages, c'est le pouvoir des mots, des idées, de l'écho qu'elle trouvent dans la population. Les Pages, c'est le destin de Roth, et celui de son épouse, Frieda, qui fut l'une des victimes du programme d'euthanasie des Nazis en 1940. Les Pages, c'est la montée des nationalismes, et des tragédies qui se répètent, avec les personnages de deux tchétchènes, Amin et sa soeur Madina. C'est un dénouement inattendu qui en fait une Fable ingénieuse et étrange sur le pouvoir de l'Art et le passé dont on ne parvient jamais à tirer des leçons de vie.
Je remercie Babelio et les Editions Phébus pour l'envoi de ce roman reçu dans le cadre d'une Opération Masse Critique.
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Années 1930 en Allemagne. Un roman de Joseph Roth est sauvé des autodafés par un homme "ordinaire". Cet homme, le grand-père de Lena, personnage qu'on retrouve de nos jours aux États-Unis et qui décide d'aller en Europe avec ce livre sauvé des flammes.
Ce voyage est semé de multiples rebondissements, avec des chapitres qui alternent les époques, le fil conducteur est le roman qui est aussi le narrateur de l'histoire.

Avoir fait de cet objet le narrateur de l'histoire tient pour une grande part dans l'originalité de ce roman qui a demandé un travail conséquent à son auteur. C'est un récit érudit et documenté avec une réflexion intéressante sur la société et ses modèles qui ont mené à des rapports de force, de domination et de violence. Si le livre traverse les époques et que les codes ont évolué, la violence reste une constante. le romancier aborde bien sûr de nombreuses formes que la violence peut prendre (genre, minorités, conséquence de frustration, sentiment d'aliénation ou d'inadéquation des individus qui en usent,...).

Avec ce roman j'ai découvert Hugo Hamilton autant que Joseph Roth. Pourtant le premier a été lauréat du prix Femina avec son autobiographie, mais jusqu'à maintenant je n'y avais pas prêté d'attention.
Le personnage/la personne de Joseph Roth, si on le découvre en artiste visionnaire avec des propos d'une justesse étonnante, n'en demeure pas moins un homme particulièrement antipathique. Mais ce qui a freiné ma lecture ce sont principalement les longueurs qui prennent beaucoup de place à mon goût dans ce récit. Il m'a semblé qu'Hugo Hamilton cherchait à être bien trop exhaustif dans son oeuvre, alors que le but de celle-ci n'est pas d'être une étude sociologique. Néanmoins certains passages, notamment les passages historiques qui concernent l'une des femmes de Joseph Roth m'ont glacées le sang (à cause de cette fameuse violence de certains individus sur d'autres).

Cela n'en reste pas moins une ode à la littérature et à son pouvoir de relier les gens par quelque chose d'impalpable mais de présent - au même titre que la foi ou l'amour. Hugo Hamilton nous montre aussi comment la littérature relie les individus à travers les époques, à travers les cultures ou les continents les plus éloignés et transcende ces différences "apprises" grâce à la transcription de ce qui nous réunit : l'expérience humaine et ce qu'est être un humain, à titre individuel et dans une communauté.

Je remercie donc les éditions Phébus et Babelio pour cette expérience de lecture.
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Gros coup de coeur pour ce livre, très original et qui est un très bel hommage à la littérature.
Le héros de ce livre, c'est un livre justement, et pas n'importe lequel, Un livre qui a échappé à un autodafé sous l'Allemagne Nazie. Il s'agit de la Rebéllion, de Joseph Roth. Ce livre a été sauvé grâce au grand-père de Lena. Deux générations plus tard, Lena, qui est américaine, revient en Allemagne pour comprendre ce que signifie la carte à la fin du livre. Alors, c'est l'intrigue du livre, l'histoire du livre objet et le présent qui se lient entre eux. Ce qui a été écrit, ce qui s'est passé et ce qui se passe ne seraient-ils qu'une répétition permanente ?
J'ai vraiment adoré ce livre, de par sa construction générale, de par ses personnages, de par l'amour qu'il transmet de la littérature. J'ai trouvé cette lecture puissante, renversante.
Merci à Phébus et Netgalley pour cette magnifique découverte.
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C'est avec bonheur aussi que j'ai retrouvé Hugo Hamilton après des années d'absence de la scène littéraire (ben alors ?) : Les pages est le seul roman que je connaisse qui est une histoire racontée du point de vu d'un livre, dont le livre est le héros. C'est un peu difficile à résumer car c'est une cavalcade à travers le temps et l'espace, une invitation à résister à l'obscurantisme, la censure (assez d'actualité, non ?), ainsi qu'une déclaration d'amour à la littérature. En bon Irlandais, Hugo Hamilton n'a pas non plus perdu son sens de l'humour.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
L’écrasante masculinité des deux barbus mêlée à la voix grave du coiffeur et à l’odeur d’après-rasage donne à Armin l’impression d’être androgyne. Il racontera plus tard cette histoire intime. Un souvenir d’enfance où il a été changé en fille à l’école. Arraché à son pupitre, pour une broutille. Le maître a décidé de l’envoyer dans la section de l’établissement réservée aux filles, où on lui a mis un voile sur la tête avant de l’envoyer s’asseoir au fond d’une salle de classe. Elles n’arrêtaient pas de se retourner pour le regarder en ricanant comme si le genre féminin avait quelque chose de drôle. Il a passé une journée entière assis là avec son voile, dans la vie d’une fillette, attendant de pouvoir fuir et retrouver son corps de petit garçon. Il essaie d’oublier le souvenir de la fois où être une femme a été une forme de punition.
V.O.
The overwhelming masculinity of the two bearded men, along with the barber’s deep voice and the scent of aftershave, makes Armin feel androgynous. He will tell this story about himself later. A memory of childhood in which he was once turned into a girl at school. For a minor misdemeanour, he was dragged out from his desk. The master decided to bring him over to the girls’ section of the school, where he was dressed up with a veil over his head and made to sit at the back of a classroom full of girls. They kept turning around to giggle at him as if there were something funny about being female. He sat there wearing his veil for a full day, inside the life of a young girl, waiting to escape back into his own body as a young boy. He tries to forget that memory of the time when being a woman was a form of punishment.
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Chaque femme sur laquelle j’écris est une version de toi, dit-il. Chaque description vise à me rapprocher de toi.
Ha, raille-t-elle. Comme c’est commode. Se cacher derrière l’omniscience. Faire semblant que tu étais dans la chambre pour que le lecteur pense que c’est vrai, puis me dire que tu as tout inventé.
Le livre est écrit ainsi à dessein, dit-il, pour aider le lecteur à se départir de l’idée que ça ait pu être inventé. C’est une imitation de la vérité. Tu ne peux pas la tenir pour vraie. Tu ne peux pas être jalouse de personnages de fiction, Friedl. C’est comme crier contre l’écran au cinéma. C’est ce que fait Staline.
V.O.
Every woman I write about is a version of you, he says. Each description is an attempt to get closer to you.
Ha, she scoffs. That’s so convenient. Hiding behind author omniscience. Trying one minute to pretend you were there in the bedroom to make the reader think it’s real, then telling me you imagined it.
The book is deliberately written that way, he says, to throw the reader off the idea that it might be invented. It’s mimicking the truth. You can’t take it for real. You can’t be jealous of characters in fiction, Friedl. That’s like shouting at the screen in a movie. That’s what Stalin does. He even calls for actors in a film to be arrested.
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L’école de psychiatrie semble lente à comprendre que les malades mentaux sont comme les gens normaux, qu’ils ressentent des douleurs émotionnelles, qu’ils peuvent se mettre en colère, s’agacer, être tristes.
V.O.
The school of psychiatry seems slow to understand that mental patients are like normal people, they suffer emotional pain, they can be made angry, and irritated, and sad.
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The world is full of confusion and people need stories more than ever before.
Le monde est saturé de confusion et les gens ont plus que jamais besoin de récits.
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C'est généralement son téléphone qu'elle saisit. Comment un livre peut-il rivaliser avec un appareil aussi intelligent ? Il contient toute sa vie. Toutes ses informations personnelles, ses photos, ses mots de passe, ses messages intimes. Il connaît son esprit et façonne ses décisions. Il fait tout ce qu'un livre faisait. Il se comporte comme un roman inachevé, en constant devenir, anticipant ses pires frayeurs et ses rêves les plus fous.
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