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EAN : 9782752910363
384 pages
Phébus (05/02/2015)
3.75/5   12 notes
Résumé :
Au gré de leurs pérégrinations dans Berlin, Liam et Úna se retrouvent. Úna est atteinte d'un cancer. Ce sera son dernier voyage.Chacun fait don à l'autre de sa propre histoire et de ses secrets avec pudeur, franchise, humour et tendresse. Úna rêve d'assister à une représentation du Don Carlos de Verdi, dont le personnage principal lui rappelle son frère aujourd'hui disparu. Liam, quant à lui, est obnubilé par le mariage de sa fille auquel, par égoïsme, il s'oppose.<... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Un livre sorti il y a un mois et dont personne ne parle en France : pas un article dans la presse "traditionnelle", pas une interview. Silence total. Ca me choque parce que Hugo Hamilton n'est pas un inconnu, ni ici, ni en Irlande où il est l'un des plus grands auteurs de son pays. Et puis, comme le dit la quatrième de couverture, on ne peut pas ne pas penser à Nuala O'Faolain qui se cache derrière les traits de Una et ce n'est pas une inconnue non plus en Irlande Nuala !! C'est "juste" une journaliste connue, qui, un jour, a décidé de prendre sa plume pour raconter son enfance, sa vie personnelle et intime, à la première personne, dans laquelle beaucoup d'Irlandaises se sont reconnues. Si vous n'avez jamais lu On s'est déjà vu quelque part - journal d'une femme de Dublin et J'y suis presque, je ne peux que vous inciter à le faire.

Le narrateur ici, c'est Liam qui accepte d'accompagner Una à Berlin, une ville qu'elle veut absolument découvrir avant de mourir du cancer qui la ronge. Vêtue de Converse rouges et d'une casquette qui la fait ressembler à Steven Spielberg, Una se laisse pousser par Liam, dans son fauteuil roulant à travers Berlin, sous l'oeil professionnel et bienveillant d'un chauffeur, que tous les deux ont décidé de surnommer Manfred. Una ne se sépare jamais d'un sac à main un peu particulier qui se résume à un grand sachet en plastique transparent fermé par une glissière, où elle fourre toutes ses affaires et ses médicaments.

Pourtant ne vous attendez pas à faire une visite touristique de la capitale allemande en compagnie de ce couple détonnant. En effet, nos deux Irlandais n'ont pas vraiment la tête à Berlin mais bien ailleurs. Una précise que ses "poumons sont en Roumanie [sa] tête à New York, [ses] pieds à Berlin et le reste à Dublin". A chaque fois qu'Una fixe son regard sur un monument ou un tableau, le texte rebondit, s'échappe ailleurs, se joue de la géographie et du temps pour permettre aux personnages d'évoquer leurs blessures intimes.
Una est obsédée par son frère mort, persuadée jusqu'à la fin de ses jours qu'il a été tué par son père et sa mère. Elle raconte son enfance difficile, entre une mère alcoolique et un père journaliste violent. Elle raconte comment ils ont fait d'elle, malgré eux, ce qu'elle est : une femme libre (au caractère sacrément bien trempé et jusqueboutiste), une femme qui "voulait voir les femmes gagner la liberté d'être elle-même, sans avoir à porter des bébés si elles ne le désiraient pas, de devenir artistes, écrivains ou musiciennes au lieu de sacrifier leur existence entière à élever des enfants, ainsi que l'avait fait sa mère".
Liam raconte son père très sévère : pas de fish & chips parce que le fish & chips n'est pas fait à la maison mais cuisiné ailleurs, alors hors de question ! Un oncle jésuite qui a "fauté". Une enfance douloureuse qui faisait qu'il se sentait étranger en Irlande. On devine forcément un trait autobiographique de l'écrivain car Hugo Hamilton est de père irlandais (ultra-nationaliste) et de mère allemande. Ce qui lui a valu bien des déboires en Irlande quand il était enfant (il faut lire Sang mêlé et le marin de Dublin). Liam est aussi obsédé par Maeve, sa fille, du moins l'a-t-il cru pendant longtemps, parce qu'il dira à Una quelque chose que personne ne sait, mais qui a fait basculer sa vie d'adulte.

Si vous vous attendez à un roman sur la maladie, ce n'en est pas un. Ce n'est pas non plus une histoire de couple. C'est avant tout une histoire d'amitié sincère et fidèle jusqu'à la mort :
"Nous n'étions pas liés l'un à l'autre, ni ne vivions sous le même toit, tels des amoureux, nous n'étions pas mariés ni apparentés d'une quelconque manière, comme avec sa famille. Nous étions bon amis, c'est tout. Nous nous sommes rencontrés à un moment où notre vie était un peu en vrac. Elle était mon aînée en livres, en tout." "Nous nous sommes trouvés des atomes crochus simplement en échangeant, en riant ensemble, je suppose."

Un roman où l'humour est loin d'être absent, superbement écrit, fidèle à l'image que l'on garde de Nuala O'Faolain, qui transpire à travers les traits de Una pour chaque lecteur qui a lu ses livres et ses articles (réunis dans Ce regard en arrière) . le roman d'une grande lectrice, "qui avait la faculté de lire comme si rien ni personne n'existait au monde, en dehors de son livre", d'une journaliste à l'oeil aguerri sur son époque et finalement d'un grand écrivain.

Un magnifique hommage par le très discret Hugo Hamilton qui écrit ici un roman à la fois très intimiste et très pudique. Un livre dont on savoure Every Single Minute (titre original).
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Un auteur irlandais que je n'ai pas encore lu, une jolie couverture, une allusion à Nuala O'Faolain, voilà de quoi me faire faire des infidélités à mes penchants littéraires du moment !
Bien plus qu'une allusion, le livre raconte, sous l'appellation de roman toutefois, le voyage à Berlin d'un narrateur qui ressemble fort à Hugo Hamilton, avec Una, une amie très proche qui a tout de Nuala. Malade, elle et son entourage savent qu'il ne lui reste que quelques mois à vivre, et elle souhaite visiter Berlin avec Liam qui connaît très bien la ville. Ils s'installent dans un de ces hôtels au charme un peu désuet, louent les services de Manfred, un chauffeur qui va leur devenir indispensable, réservent des places pour le Don Carlos de Verdi. Mais surtout, au travers de leurs confidences, ils réaffirment à l'heure de la fin, l'importance de leur amitié.
Hugo Hamilton a vraiment le sens de la formule, de la phrase qui en quelques mots, sans lieu commun, paraît pourtant décrire de manière concise un trait de personnalité de Una.
Ce portrait est celui d'une femme écrivain exceptionnelle, c'est un superbe et émouvant hommage à sa fantaisie, à ses doutes et ses errances. J'ai vraiment aimé la découvrir plus encore que dans ses récits déjà très autobiographiques, et j'ai noté des quantités d'extraits !
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Durant ce court séjour à Berlin, Liam le narrateur et son amie Una vont se confier l'un à l'autre les moments les plus noirs de leurs existences. Ce voyage est en effet propice aux confidences car Una est condamnée à très court terme. C'est un ouvrage sur les souvenirs : ceux qu'on traîne comme des boulets, ceux dont on a honte, ceux dont on ne sait que faire… Bien que le contexte puisse sembler anxiogène, ce livre est plein d'ironie et on constate que jusqu'au bout on est parasité par la trivialité du quotidien.
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le romancier irlandais Hugo Hamilton, sous le nom de Liam visite Berlin, en compagnie d'un célèbre écrivain , atteinte d 'un cancer, en phase terminale.
ce personnage évoque au lecteur , la grande dame des lettres irlandaises Nuala O ' Faolain décédée en 2008.
ce périple berlinois sera son ultime échappée .
ce merveilleux livre ne reflète ni la tristesse ni la mort mais l'émotion, la tendresse et de furtifs instants de bonheur.
ce voyage est un hymne à la vie, à l 'amour. Un régal de lecture.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Elle avait une façon très maternelle de s’immiscer dans votre vie et de vous asséner des commentaires détaillés sur tout, de vous dire si ce que vous faisiez était bien ou mal, alors même que vous étiez en train de le faire. Telle une mère, elle vous mettait sur la sellette, vous tenant le bras tout en scrutant ce que vous aviez à l’intérieur de la tête pour ensuite révéler à voix haute toutes vos pensées. Elle était capable de deviner ce à quoi vous pensiez. Pas étonnant que tout le monde la prît pour ma mère. Elle se comportait comme une mère avec chacun. Indifféremment. Même avec Manfred, le chauffeur, à qui elle tint le bras alors qu’il l’aidait à monter dans l’auto jusqu’à ce qu’il lui révélât qu’il était à moitié turc par sa mère, qu’il était marié et avait trois enfants de moins de dix ans.
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Nous n'étions pas liés l'un à l'autre, ni ne vivions sous le même toit, tels des amoureux, nous n'étions pas mariés ni apparentés d'une quelconque manière, comme avec sa famille. Nous étions bons amis, c'est tout. Nous nous sommes rencontrés à un moment où notre vie était un peu en vrac. Elle était mon aînée, en livres, en tout.
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Elle adorait les erreurs. Elle adorait les gens qui ne cherchaient pas à dissimuler leurs erreurs. Elle adorait tout ce que les gens faisaient et disaient par accident.
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Elle n’était pas douée pour inventer de toutes pièces un univers. Elle préférait la réalité. Elle préférait être elle-même au cœur de cette réalité. C’est ainsi qu’elle écrivait ses livres, en consignant une liste de situations vécues de première main.
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Elle avait la faculté de lire comme si rien ni personne n'existait au monde, en dehors de son livre.
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