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EAN : 9782358878029
160 pages
La manufacture de livres (04/11/2021)
4.1/5   20 notes
Résumé :
Un homme traqué cherche à comprendre pourquoi il est devenu une cible.
Ancré dans l'histoire du XXe siècle, ce récit d'une chute, des secrets enfin révélés et des comptes à rendre, évoque la guerre d'Espagne, le franquisme et l'exode vers les Etats-Unis.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Sarasqueta publié par La manufacture de livres m'a complètement subjugué.

Vous n'y trouverez pas des rebondissements à toutes les pages ni des descriptions détaillées, ni beaucoup de personnages. Mais vous y trouverez une plume magnifique, poétique qui agrémente une fuite perpétuelle vers la fin... La fuite d'un homme qui cherche à échapper à son traqueur, qu'il ne connaît pas et dont il ne comprend pas les motivations.

La mort aux trousses, c'est l'occasion d'une remise en question, l'occasion de se retourner sur ses choix de vie, en nous plongeant dans l'esprit de cet homme, ses questionnements, ses doutes et ses peurs, l'auteur fait du lecteur, l'observateur privilégié d'une fuite physique mais surtout de soi. C'est l'occasion, aussi, pour le lecteur de faire le même cheminement psychologique, avec plus de douceur.

Sarasqueta c'est un fusil de chasse qui vient percuter le gibier, pour le faucher, sauf qu'ici le gibier c'est le chasseur, dont la vie s'écoule inexorablement entre songes et réalités, jusqu'au ce que la lumière soit...

Une plume magnifique, avec le choix d'une belle parabole pour dérouler le fil de l'intrigue.

Un roman magnifique dont les phrases, la poésie, la chaleur, la peur, ne peuvent que marquer les esprits, jusqu'à la toute dernière phrase, jusqu'au point final.
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Une rumeur d'immortelles
Envahit les cartouchières »
Federico Garcia Lorca
« Romance de la Guardia Civil espagñola »
Romancero Giatano, 1928.
Espagne, été 1936.
« L'insoutenable et si familier soleil déclinait. »
La beauté douloureuse, aride, soulève la poussière brûlante. L'ambiance sauvage de ce récit rude et poétique. Dès l'incipit, la trame est captivante, rebelle et virile.
Alfonso Gutiérrez Carrosco s'éloigne dans l'austère solitude d'un lieu abandonné.
« L'entêtant chant des cigales l'accompagnait. Sonorité diurne qui à la nuit tombée serait remplacée, comme pour une relève de la garde, par la fraternité des grillons. »
Détonation, « Nando acheva sa vie dans un émouvant glapissement. »
Alfonso est armé d'un Sarasqueta. Il pressent un piège oppressant et irrévocable. L'homme en noir, ombre sur le rocher, tire, tire encore. Alfonso se replie, cherche un abri matrice. L'ambiance est d'adrénaline, de fureur et d'inquiétude. Pourquoi cet homme en noir veut-il le tuer ?
Alfonso devine le drame. le passé resurgit dans cette écriture belle à couper le souffle. L'homme en noir et son salut. Vengeance et adresse, maîtrise et certitude. Alfonso, blessé, se terre dans les replis de sa mémoire. Vaincu et cherchant dans le creuset de ses blessures les raisons de ce combat à la vie à la mort.
« La renonciation contrebalançait la frayeur, et toutes deux s'alliant de traîtresse façon avec un sentiment nouveau et peu soutenable : la culpabilité. »
L'homme en noir, transmutation de la conscience d'Alfonso dans un degré tel que les insistances laissent les vérités advenir immanquablement : parabole.
« Alfonso Gutiérrez Carrasco assistait à la naissance du monde dans sa répétition originelle. »
Traqué, arme contre arme, un sourire froid, maléfique inonde ses pensées. Résiste dans ce texte de forte amplitude, les rappels pavloviens de ses actes passés, « dans le petit jadis personnel. »
« Dans sa somnolence, il perçut une autre présence, celle de la déesse de l'amnésie qui ébréchait la raison. »
Litanie, l'homme vêtu de noir le saluait. Les repentirs écorchés vifs sur les rochers sanglants. L'Espagne relève les conséquences, corbeaux noirs en plein ciel, les repentirs croassent et rôde l'agonie tumultueuse. Ce roman sombre et beau, écrit d'une main de maître par Chaïm Helka, est digne d'un génie évident. L'adage de Prosper Mérimée : « Apprendre à toujours se méfier ». Publié par les majeures Éditions La Manufacture de livres.
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On va poser les choses tout de suite et de façon claire.
La Manufacture de livres, je les suis depuis très longtemps. Ça date de l'époque où Cyril Herry les a rejoints, juste après qu'ils aient intégré « Écorce » au sein de la Manufacture.
Donc, pour faire simple, ils ont découvert des écrivains qui sont tous, pour la plupart, dans mon panthéon personnel. Si tu tombes, par hasard, chez un vrai libraire, sur Séverine Chevalier, Laurence Biberfeld, Anne Bourrel, ou Patrick K. Dewdney, n'hésite pas. Je te fais grâce des titres, tu trouveras.
Et puis Franck Bouysse, bien sûr, dont tu as forcément entendu parler…
Qui est donc Chaïm Helka, me suis-je demandé, quand j'ai vu cette couverture plutôt orangée.
C'est un type qui dit que Céline et Bukowski font partie de ses influences littéraires. Tu n'as pas besoin d'en savoir plus, et du coup, moi non plus. Il a déjà publié un roman qui s'appelle « Nous sommes un orage sous le crâne d'un sourd » également à La manufacture de livres.
Je vais bien évidemment me le procurer comme disent les internetifs qui respectent leur cerveau en achetant des vrais livres.
Sur la quatrième de couverture, puisque je t'ai dit que je les lisais maintenant, il est écrit :
« 1936. Ce devait être pour l'homme quelques heures de solitude au coeur de paysages rudes et escarpés, une parenthèse de fin de journée. Une partie de chasse sous le soleil écrasant d'Espagne. Mais l'inconnu en noir apparut au loin, mystérieux et implacable, son fusil à la main. Et l'homme comprit que la cible, c'était lui. Commença alors une curieuse traque, de celles auxquelles on ne peut se soustraire, une poursuite sans issue. Restait à l'homme à comprendre pourquoi, et si un jour, il n'avait pas lui-même, sans le savoir, ouvert cette porte qui menait aux enfers. »
On va pas se mentir, quand je tombe sur des mots comme ceux-là, je n'hésite pas plus de quelques secondes à glisser le roman dans mon sac de commissions, juste au-dessus des poireaux que j'ai prévus de faire fondre à midi.
Alors d'abord, le Sarasqueta, le titre donc, c'est un fusil de chasse. Et c'est un joli nom pour un truc qui sert à tuer des animaux ou des gens, en fonction de la période. Je veux dire qu'aujourd'hui, tu n'as pas le droit de tirer sur ton voisin, même si tu ne supportes plus le fait qu'il tape sa compagne et ses gosses à coup de battoir et que ça provoque des cris très pénibles pendant que tu regardes ta série préférée sur le net du flix.
C'est interdit.
En revanche, tu peux aller dégommer des trucs vivants dans la forêt.
C'est autorisé.
Je sais, la vie est bizarre.
Un des personnages de ce roman, c'est Alfonso Gutiérrez Carrasco. Il se balade avec sa mule et son chien sur les collines et il fait une chaleur à crever.
Il se balade, et il pense être seul, jusqu'au moment où un type, habillé de noir, lui fait un salut amical de la main, juste après avoir dégommé sa mule et son chien.
Tu n'as, là-encore, pas besoin d'en savoir plus.
L'écriture du garçon m'a réellement hypnotisé.
Dès le début du roman.
Et puis je suis tombé sur ça, au milieu de la page 21 :
« Habitude des hommes, d'ici et d'ailleurs, que de considérer la possession d'un fusil comme l'accomplissement de leur virilité, l'ostentatoire symbole que ce qui pendait entre leurs jambes était toute puissance quand ce n'était qu'arrogance létale. »
Soyons clairs, encore une fois. Il est rare que je tombe sur une phrase qui me percute de cette façon.
La suite, sur le blog :
Lien : https://leslivresdelie.net/s..
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Dans l'Espagne des années trente, un pauvre paysan se trouve traqué par un homme mystérieux.

L'écriture de Chaim Helka est vraiment magnifique. Une très belle plume, avec de belles phrases, des pensées profondes, un vocabulaire très riche, des images à foison… Trop parfois, lorsque l'on doit relire deux fois la phrase pour comprendre la signification de la parabole...

Malheureusement, l'histoire manque de scenario. Des scènes qui se répètent, des attentes qui tournent un peu en rond, à l'image de son héros. La beauté des phrases et des réflexions permet de continuer la lecture, mais un peu plus de « gnaque » aurait été bienvenue.

La fin – la révélation du mystère – aurait pu redonner de l'épaisseur à l'histoire, une signification, révéler un puzzle que l'on n'aurait pas vu, mais celle-ci m'a déçu. J'ai trouvé que la pirouette était un peu facile.

En conclusion, c'est dommage. Vraiment beaucoup de talent, il ne manque plus qu'une bonne histoire pour lui donner sa raison d'être.
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Espagne, été 1936, fin d'après-midi... Alfonso, paysan pauvre et chasseur, s'accorde quelques heures de solitude dans la montagne avec son mulet et son lévrier galgo. Au loin apparaît une silhouette, un homme en noir qui fait feu dans sa direction. Très vite, Alfonso comprend qu'il ne s'agit pas d'une erreur et qu'il est bien là pour lui, pour le pourchasser, le tuer. La traque va durer 4 longs jours. Quatre jours de souffrances, de fièvre, d'angoisse, d'incompréhension. Pourquoi ? Pourquoi cette traque, alors qu'une décharge bien ajustée (l'homme en noir vise particulièrement bien) règlerait le problème... Pourquoi cet homme reste-t-il à distance, silencieux et le saluant du bras ? Il faudra à Alfonso un long moment pour comprendre et faire face.

Un étonnant et très court roman, ou une longue nouvelle (comme on voudra) qui m'a séduit très rapidement par sa langue soutenue et poétique, lyrique parfois, qui nécessite une lecture attentive (surtout les premières pages) le temps de s'habituer au rythme lent et au vocabulaire. La fin est surprenante bien qu'assez classique. Et les réponses attendues : qui ? pourquoi ?... je vous laisse le plaisir de les découvrir par vous-même. Quel est le rapport avec Jacinta son épouse et Quico son fils "différent" ? Quel rapport avec le passé de celui qui a "fait l'Amérique" ? Et surtout qui est cet homme en noir sans visage et sans voix ?
Lien : https://mgbooks33.blogspot.com
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Il se contorsionna pour se retourner : l'homme en noir le saluait. Alfonso se releva à l'aide de son fusil. Plus que jamais, il ressemblait à un anachorète repu de prière et de saleté, un ascète bouffi de maigreur dont seuls les yeux gardaient un tant soit peu de vie. A son tour il salua le soldat de plomb et, comme s'il fût à quelques pas de lui, lui dit :"Je vais marcher ... "
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Il aimait se rendre à ces représentations avec son épouse et son fils Francisco surnommé Quico, « le petit Francisco », qui, en dépit de sa « différence », ne semblait nullement rester aux portes de ce monde, s'y promenant même familièrement. Quico riait bruyamment quand les comédiens singeaient et touchaient au grandiloquent. Les éclats de voix et les gestuelles outrancières, les maquillages sans finesse et les costumes colorés l'incitaient à applaudir plus fort et plus longtemps que le reste de l'assemblée. Les yeux arrondis de gourmandise, il tremblait de bonheur sous l'œil des autres villageois très occupés à juger son apparence.
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