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EAN : 9782070263592
226 pages
Gallimard (15/09/1981)
4.2/5   53 notes
Résumé :
Qui est donc le grand vizir de la nuit ? Est-ce Djafar al-Barmaki, célèbre par sa beauté, sa puissance, l'amour qu'il inspira aussi bien au plus connu des califes de la dynastie abbasside, Harun al-Rachid, qu'à la sœur de celui-ci, la jeune princesse Abassa dont il causa la perte avant d'aller au bout de son propre destin vers une mort aussi violente que les passions qu'il suscita ? Est-ce Ahmed, le vieux conteur qui, assis au pied d'un mur de Bagdad, évoque au cour... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Le grand vizir de la nuit offre dix soirées à écouter Ahmed conter la vie de Djafar Al-Barmali, mignon du Calife Harun al Rachid, et de sa soeur, la princesse Abassa. Triangle amoureux en route vers sa destruction dans une orgie de violences qui nous plonge dans les secrets de Damas au IX siècle.

Inspirée par les Contes des Mille et Une Nuits, Catherine Hermary-Vieille nous enchante par une plume musicale, poétique et épicée qui nous mène vers l'Orient et ses mystères et révèle les dissensions entre l'Arabie et la Perse.

Mais cet ouvrage tire une partie de son inspiration, me semble-t-il, d'Alfred de Vigny et de son célèbre Cinq Mars, mignon de Louis XIII, exécuté avec le Chevalier de Thou, sur ordre de Richelieu, car la romancière nous offre une pléiade de chefs d'oeuvres dont La Marquise des Ombres et Un amour fou qui rappellent que notre occident n'a rien à envier à l'orient sur le plan de la débauche ou de la cruauté …

Prix Fémina en 1981, le grand vizir de la nuit fait partie de ces oeuvres qui traversent les siècles sans prendre une ride pour le plus grand bonheur de ses lecteurs.
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Mais qui est donc Le Grand Vizir de la nuit ?
Voici un superbe roman historique réédité pour notre plus grand plaisir.

Au soir de sa vie, Ahmed , vieillard solitaire et étrange, vieux mendiant , homme de rien du tout... se souvient , dans la poussière rouge et ocre d'une fin d'été ..
«  J'ai vécu , dit Ahmed, , au temps de vos maîtres , les Barmakides » ...

Après tant d'années , comme si sa mémoire porteuse d'une drogue puissante lui insufflait encore une force et une lucidité extraordinaires il conte l'histoire de son maître, le grand Vizir Djafar al- Barmaki, , favori ô combien, du calife Haroun- al-:Rachid ..

Ces deux - là s'aimaient : amour et haine intimement mêlés , entre douceur violence, attirance et répulsion...

Avant de mourir Ahmed, le vieux serviteur désire que chacun sache ce qui est arrivé à son maître en dix chapitres parfaitement construits.

Il ressuscite le passé de Bagdad, la ville d'or, ramassée sur elle-même comme un oiseau frileux , une Bagdad féerique digne des mille et une nuits ....
Nous sommes transportés par la magie de l'écriture en 801 de l'ère chrétienne , milieu du IX ° siècle ...

Dix soirs de suite Ahmed racontera , au péril de sa vie l'histoire de l'ascension d'une famille , d'un homme, l'enfance de Djafar, l'amour entre le Vizir et son épouse , la passion brûlante , extraordinaire, entre le calife et son vizir, le pouvoir que lui procurera sa position de favori, l'offense qu'il fit à Haroun en consommant son mariage avec la princesse Abassa lui qui avait connu des hommes légendaires dont il ne restait rien, puis sa déchéance , ses souffrances ....et ...


L'écriture, magnifique , au vocabulaire si riche, nous transporte avec bonheur , ( il faut savourer sans retenue) dans l'ambiance de la ville de Bagdad au IX ° siècle, les hommes en manteaux de laine, les mots des prières venus du fond des âges, les fontaines ,les braseros, les jongleurs et les magiciens, le cavalier d'or, hiératique, les odeurs d'épices, de viande grillée, de mouton, des ragoûts aux amandes et au miel, , des boissons fermentées, des pâtisseries à la semoule et à la fleur d'oranger, des grands repas,les timbales d'argent et d'or, le verbe arabe, imagé , précis et poétique, les remparts du palais , les parfums, les souks, la grande mosquée des Omeyyades , les fauconniers, la poussière et les mouches harcelantes.

C'est un récit tragique , infiniment touchant, merveilleusement écrit , dépaysant à souhait.
Un récit pour les adeptes de l'histoire, rêveurs , poètes : avides de Contes des Mille et une Nuits , afin de nourrir la mémoire , aux amoureux des MOTS ...
«  Si le ministre vient à égaler le roi en richesses, en prestige et en autorité , il faut que le roi le renverse , sinon, qu'il sache bien que c'est lui qui sera renversé . » IBN QUTAYBA .
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Lisez ma chronique jusqu'au bout, svp, car le sentiment de départ n'est pas le même à la fin.


Pendant dix jours, la foule vient écouter un vieillard, conter l'histoire de Djafar. Dès le début, nous savons qu'elle s'est terminée de façon tragique. Ahmed, l'ancien serviteur du vizir, sentant qu'il est proche de la mort, s'attache à rendre hommage à son maître et à révéler les évènements qui ont précédé le drame. Nous sommes au IXeme siècle de l'ère chrétienne.


Ce livre est superbement écrit. Il est poétique et l'auteure créé véritablement une atmosphère propre aux contes des mille et une nuits. le vocabulaire est si riche, les images si présentes, que nous sentons les odeurs, voyons les paysages, les palais, etc. Catherine Hermary-Vieille a une plume sublime.


Au début, j'ai été perdue au niveau des personnages, je relisais certains passages, afin de m'y retrouver. Mais ensuite, cela a été plus limpide pour moi.


J'ai failli abandonner ma lecture et j'avais conscience que le problème venait de moi. Je me rendais compte que je n'avais pas assez d'ouverture d'esprit. Je lisais ce livre en tant que femme occidentale du XXième siècle. Certains passages me dérangeaient car je ne m'étais pas projetée dans le contexte du Moyen-Orient au XIeme siècle. Par respect pour les Éditions de L'Archipel qui m'avait offert ce service presse, j'ai continué à lire, surtout que l'écriture est superbe.


Et à un moment, le déclic s'est fait. C'est lorsque le vieil homme relate l'histoire d'amour impossible de Djafar. J'ai été subjuguée par les passions amoureuses, la jalousie, les trahisons, le dévouement d'Ahmed, mais surtout par un plan machiavélique monté par le Calife. Je n'ai jamais lu Shakespeare et pourtant, j'ai pensé à lui. Une fois que je suis entrée dans l'histoire, j'ai vibré pour les personnages principaux. J'ai été très émue par la princesse Abassa. Je me suis aperçue que j'aimais beaucoup ce livre et que cela aurait été dommage de ne pas le finir. Même si je savais que l'histoire se terminerait mal, j'ai espéré que ce ne soit pas le cas.


J'ai trouvé certains passages magnifiques et extrêmement émouvants. Lorsqu'Ahmed racontait les derniers jours avant le drame, mes yeux se sont embués. C'est dit d'une manière qui fait monter l'émotion.


La fin, que je n'imaginais pas ainsi, est tragique, à l'image de la deuxième partie du roman. Je l'avais imaginée differemment, ce qui apporte de la puissance à l'histoire.


Les relations politiques entre l'Irak et la Syrie et les exactions commises au nom d'un Dieu, à cette époque, m'ont beaucoup perturbée. J'ai pensé à ce qu'il se passe, à l'heure actuelle, dans cette partie du monde.


Conclusion


Bien que ce livre soit magnifique, il m'a fallu un peu de temps pour l'apprécier. Il m'a apprivoisée. Une fois que je suis entrée dans l'histoire, sans mes barrières de femme occidentale de 2018, je l'ai énormément aimé et j'ai savouré l'écriture sublime de Catherine Hermary-Vieille.


Le grand Vizir de la Nuit a obtenu le prix Femina, en 1981.
Lien : http://www.valmyvoyoulit.com
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Les éditions l'Archipel redonnent ses lettres de noblesses au Prix Fémina de 1981, en rééditant ce titre. Et je dois dire que l'écriture poétique et l'atmosphère des milles et une nuit est un vrai plaisir.

Avant de mourir, Ahmed, veut raconter l'histoire du Vizir Djafar, afin que son souvenir perdure malgré le temps qui passe et surtout pour que le monde sache ce qui lui est arrivé. Dix soirs de suite, au péril de sa vie, il va raconter la vie de son maitre, l'homme qu'il était, ses amours, ses passions.

Avec un vocabulaire soutenu et une magnifique plume l'auteur nous entraine dans les dédales de son intrigue à travers des odeurs, des paysages que le lecteur sent et visualise pour son plus grand plaisir.

Il faut une certaine ouverture d'esprit pour appréhender cette lecture et surtout se détacher du XXIème siècle, pour se transposer et partir à l'aventure du Moyen-orient du XIème siècle.

Il faut se laisser bercer par la voix de cet homme qui raconte cette magnifique histoire d'amour. Une histoire d'amour torturée, impossible et certainement pas la romance à deux sous que je n'apprécie pas du tout.

Même si au départ la lecture peut sembler fastidieuse, on se laisse emporter par l'histoire de Djafar, condamné à la mort et à l'oubli, par les manipulations et le machiavélisme du Calife…

Une lecture émouvante qui nous transporte avec émotion aux côtés des protagonistes pour les faire vibrer.
Un livre qui se déguste et qui nous fait prendre le temps pour apprécier cette poésie du Moyen-Orient.

Je remercie les éditions l'Archipel pour cette magnifique lecture et particulièrement Mylène pour sa confiance.
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Avant de vous parler du contenu, je voudrais évoquer l'objet. La sur-couverture de ce livre est superbe, autant par l'illustration qui nous transporte immédiatement dans la nuit du désert que par son toucher velouté. Un plaisir à tenir en main ! Merci beaucoup à Mylène des éditions l'Archipel pour cet envoi.

Venons-en maintenant à l'histoire. le livre s'ouvre avec Ahmed, qui est au crépuscule de sa vie. Avant de mourir, il veut raconter l'histoire de son maître, le vizir Djafar pour que le souvenir de ce dernier se perpétue, et pour que le monde sache enfin ce qui lui est arrivé. Alors, sur une place de Bagdad, dix soirs durant, au péril de sa vie, le vieillard va conter aux passants la vie de Djafar,  ses amours,  ses passions, l'homme beau et bon qu'il était jusqu'à sa mort. Parce que dès le début, on sait que cette histoire finira mal.

Durant, les premières pages de ma lecture, j'ai été un peu perdue. Les noms des personnages ne m'étaient pas familiers, je les confondais les uns avec les autres. Mais dans le même temps les descriptions commençaient déjà à me fasciner. Chaque mot me parlait. Je sentais les odeurs de l'Orient, je voyais les belles couleurs, les beaux palais, les jardins. Je glissais sans m'en rendre compte dans l'univers de ce conte tragique.

"Sur cette place même, le soir, la foule était si dense que les étoiles du ciel semblaient éparpillées, partout cuisaient les gâteaux, rôtissaient les moutons, se réduisaient en poudre épices et herbes aromatiques. [...] Au palais, tous se préparaient. Ma bouche saura-t-elle exprimer ce que virent mes yeux ? Saurez-vous, vous-même, assembler dans votre imagination l'or, la pourpre, la garance, le noir et le blanc, les bijoux et les broderies, les musiques, les parfums, le sucré et l'amer, les Bédouins devenus émirs pour quelques heures avant de repartir au vent de leurs rêves, et notre imam, Haroun [...]"

Car au fil des lignes, Ahmed, m'a emmenée avec lui dans le palais du vizir aux côtés de ce maître qu'il aimait tant. Plus j'avançais dans ma lecture, plus j'étais envoûtée par les paroles d'Ahmed, comme plongée entièrement dans cette ambiance mille et une nuits,  assise moi-aussi sur la place, dans l'auditoire du vieillard, à m'abreuver de ses paroles sans prendre le temps de respirer.

J'ai vibré avec Djafar, j'ai eu peur pour lui, j'ai aimé avec lui. J'ai ressenti les mêmes sensations que lui lors des dîners, des parties de chasse... L'auteure a su me transporter dans le Moyen-Orient d'antan. Un endroit et une époque si différente de la nôtre, avec ses traditions, ses croyances. Et ses histoires d'amour impossible. Puisque la tragédie surviendra de ces amours ; Djafar est l'adoré du Calife mais en même temps amoureux passionné de la soeur de ce dernier. La jalousie, la passion et la possession les conduiront au drame.

"Leurs mains se frôlèrent, leurs yeux se rencontrèrent ; même quand ils burent, le regard de Djafar ne quitta pas celui du calife. Ces deux hommes dépendaient l'un de l'autre comme deux aveugles qui se tiennent pour marcher, si l'un tombe, l'autre croit qu'il ne pourra tenir debout, et grand est son étonnement lorsqu'il s'aperçoit qu'il peut avancer seul."

J'aurai voulu faire durer ce livre, le lire en dix soirées, à l'instar des dix soirs de présence d'Ahmed sur la grand-place, mais je n'ai pas su m'arrêter. Catherine Hermary-Vieille et Ahmed m'ont ensorcelée ! Je me suis attachée aux personnages, et notamment à ceux de Djafar et Abassa, j'ai pleuré avec et pour eux... le style de l'auteure, ses mots, font de ce livre une merveille, les émotions et le voyage dans l'espace et dans le temps ajoutent à cette sensation agréable d'envoûtement.  

"Les autres conteurs eux-même avaient suspendu leurs charmes et leur pouvoir entre les lèvres du vieillard, tous étaient là et il semblait que la grand-place de Bagdad dansait sous le vent autour d'Ahmed qui se taisait."

En bref, le Grand Vizir de la Nuit est un livre que je recommande, mais à lire doucement, au calme, avec du temps devant soi si l'on a de la volonté, pour faire durer... Un conte des mille et une nuits à savourer, pour bien se délecter de chaque mot, s'imprégner de chaque ambiance. 
Lien : https://ellemlireblog.wordpr..
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
«  Le verbe arabe, imagé, précis, poétique et cru donnait à la grand - place de Bagdad , l’espace de chaque soir, une vie nouvelle où tout pouvait survenir.
Le vent et les pluies avaient usé les remparts et usé le palais, l’argile se fissurait , laissant passer les vents de l’est et de l’ouest ; et du Palais d’OR d’Haroun, ne restaient que de grands murs de marbre blanc enserrant le silence et l’oubli.... »
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«  Je voudrais tant savoir qui elle était ....
Et comment était venue la nuit.?
ELLE , qui étais - ce, la face du Soleil ou de la
Lune?
Était- ce une impulsion d’intelligence , dénoncée
Par son activité même ....
Ou une vision de l’esprit révélée en moi par la
Pensée?
Ou une image formée dans mon âme de ma propre
Espérance et que ma vue croyait percevoir ?
Ou bien encore n’étais - ce rien de tout cela?
Mais au contraire quelque interstice envoyé par le destin
Pour provoquer ma mort? » .....
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Alors il se passa quelque chose d'extraordinaire, le regard d'Haroun au contact du corps de Djafar changea du tout au tout en un instant, ses yeux sévères devinrent troubles, implorants presque, Djafar releva la tête et ils s'observèrent longtemps. Mon maître était calme, distant, les coins de la bouche du calife, ses mains, se mirent à trembler. Je devinais l'emprise que mon maître avait sur lui et je sortais.

p. 46
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«  Le ciel de Bagdad déployait ses étoiles autour de la lune et la lune elle -même venait contempler le cavalier d’or, immuable, hiératique, luminescent , sur le bleu marine du ciel. »
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L’oubli effaçait le présent sitôt formé dans sa mémoire comme le vent gomme les dunes dans le désert, les déplace, les gonfle et les aplanit.
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Vidéo de Catherine Hermary-Vieille
Extrait du livre audio "Les Exilés de Byzance" de Catherine Hermary-Vieille lu par Rafaèle Moutier. Parution CD et numérique le 6 juillet 2022.
https://www.audiolib.fr/livre/les-exiles-de-byzance-9791035407674/
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