Lucile aime...son Romain, les pois chiches, être dans le ciel, et son poste de manager dans la publicité.
Seulement, une de ces choses écrase toutes les autres. Prend de la place, toute la place, dans la vie de Lucile.
Elle absorde son énergie, prend tout son temps, provoque sa fierté, aiguise son ambition, dévore sa passion et peu à peu sa dignité. Un poids lourd qu'elle traîne, inconsciente. Sourire aux lèvres. Sauver les apparences. Ne pas décevoir. Mais le monde du travail est impitoyable et les requins, nombreux, affluent autour de Lucile, attendant que la proie s'affaiblisse, et soit à terre, pour attaquer. Quand l'esprit ne suit plus, que le corps ne dort plus, l'étau se resserre autour d'elle, la pression rôde comme un vautour, l'enserre et la vide du peu de puissance qu'il lui restait. On assiste, à la lente chute d'une personne aux prises avec le genre d'ambition, de fierté, et d'aveuglement, qui conduisent au désespoir, et à la solitude. Une chute qui ne fait pas de bruit mais qui cause pas mal de dégâts. On compatit, mal à l'aise, pour Lucile. Parce que Lucile est en chacun de nous. Une part de nous se fait malmener et l'autre part pense qu'elle se fait des idées. Que ce n'est « pas si grave ». Que les larmes qui coulent ne sont que le stress. Que l'estomac qui se sert n'est que le repas du midi. Que la boule au ventre n'est que passagère. C'est faux. C'est un signal, un appel au secours, une balise de détresse qui se déclenche, que l'on jette parfois par mégarde, en culpabilisant, en regrettant, en maudissant notre faiblesse à cet instant, parce que ce n'était sûrement « pas si grave ». Et en désirant pourtant très fort que quelqu'un nous voit, nous relève, et nous porte secours. Lucile est une sorte de miroir désagréable qui pointe nos faiblesses, nos défauts, notre manque de courage.
Elle est celle qui a trouvé quelqu'un ou quelque chose pour se remettre debout, et changer ce qui ne nous convient plus. Elle est cette pensée déculpabilisante, qui nous porte plutôt que de nous pousser, qui nous éloigne plutôt que de nous faire tomber, qui nous guide plutôt que de nous diriger. Un message fort, lourd de sens, porté par une écriture riche, travaillée. L'histoire en elle-même est fluide mais manque cependant de naturel parfois, trop de dialogues font penser à des morales ou des leçons de vie, et entachent quelque peu le récit. Cependant, le thème abordé est important, et permet de nous faire prendre du recul sur notre propre situation : c'est un appel à la réflexion, et une mise en garde nécessaire.
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La vie peut paraître parfaite : un boulot qui plaît, un amour serein... mais cela ne peut être qu'apparence, ou tout du moins réalité qui s'étiole au fil du temps.
Cette descente insidieuse, je l'ai connue. Pas facile de tout remettre en question, quand on pense avoir pris le bon chemin dans sa vie.
Dans ce livre, Lucile s'accroche à son travail, à l'image parfaite qu'elle veut donner d'elle-même... mais à quel prix ?
C'est une histoire qui se lit vite, qui traite du burn-out dans un style léger, fluide, au sein d'un univers particulier : la publicité.
C'est un livre qui reste léger, malgré le sujet, mais cela n'est pas forcément un défaut. Il pourra être lu et être offert plus facilement. Et, le plus important, il pourra faire écho chez certain(e)s grâce à des questionnements, des vérités, qu'il est parfois bon d'entendre... ou de lire...
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Lucile, surnommée pois chiche en raison de son addiction à ce petit légume, est une véritable working girl parisienne. Comblée par son travail dans le monde rêvé de la publicité, elle trouve aussi le bonheur dans les bras de Romain, son amour de toujours. La jeune femme n'a qu'un seul credo, être au top chaque jour !
Mais les apparences sont parfois trompeuses et derrière le sourire, l'angoisse guette. Lorsqu'un bouleversement professionnel vient perturber ses ambitions, la jeune femme s'enferme peu à peu dans une pression permanente. La peur de tout perdre l'empêche de prendre le dessus, même avec le soutien de ses proches.
La jeune femme parviendra-t-elle à se libérer de sa propre emprise ? Et si la solution se trouvait au plus profond d'elle-même ?
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Déplaçant son fou sur l'échiquier, elle demande à Lucas, qui n'a que 9 ans, ce qu'il veut faire plus tard:
Un silence
-On verra bien, répond-il sans lever la tête prêtant toute son attention à la partie en cours. Elle comprend que, fort d'un caractère bien trempé, son neveu décidera de son futur sans dictat, sans contrainte. Ce sera son choix.
A cet instant, elle l'envie. Elle voudrait avoir le même aplomb, la même capacité à s'écouter
On est plusieurs à vouloir t'aider, mais tu es la seule qui peut le faire. Tu cherches une perfection qui n'existe qu'en théorie.
Elle a souvent entendu Manuel citer Mario Andretti, ce pilote automobile italien des années 70. " Si tu es maître de ton véhicule, c'est que tu ne roules pas assez vite". Dans cette industrie, tout file à mille à l'heure. Il faut être et prendre du speed. Être rock'n'roll. Frôler sans cesse le mur de la démesure. On lui demande d'être brillante, elle se sent inconsistante. Engagement. Performance. Résistance. Le poing levé, et les budgets serrés.
On est plusieurs à vouloir t'aider, mais tu es la seule qui peut le faire. Tu cherches une perfection qui n'existe qu'en théorie. (...) Tu dois te mettre en tête qu'il existe d'autres schémas, dont le plus réparateur est de ne pas chercher à plaire à tout prix pour avoir l'adoubement. Mais à t'écouter toi, et ce que tu veux intimement.
Ils sont très proches mais chacun a son univers, son monde. Ils le respectent naturellement puisqu'ils ne le comprennent pas. Elle aime Romain. Avec lui, Lucile se sent dans un jeu à somme nulle. Aucun perdant, aucun dominant, la parité est leur crédo. Dix ans de vie presque commune qu'ils entretiennent à coup de fous rires, de surprises, d'émoi et de compréhension, d'amour inconditionnel.