Au théâtre, il avait cru avoir chassé tout ça de son esprit, mais ce n’était pas si facile. Il avait tué deux hommes, tout de même. Comment en était-il arrivé là ? Il
repensa tout à coup à ce qui s’était passé quatre ans plus tôt – aux événements qui lui avaient permis de quitter l’armée.
Les mensonges, les faux semblants, les tromperies commençaient alors à lui poser de plus en plus de difficultés. Il était deux personnes à lafois : l’homme que sa femme et sa sœur croyaient connaître, et le marchand hde mort et desecrets. En plus de cela, une nouvelle dimension apparaissait peu à peu dans sa vie professionnelle, une nouvelle sorte de terreur, juste au moment où les choses semblaient aller sur la bonne voie en Irlande du Nord.
Les oligarques, les nouveaux milliardaires, ces Russes qui délaissaient Moscou pour profiter des délices de Londres, envoyaient leurs enfants dans les
écoles privées anglaises et achetaient des hôtels particuliers dans le quartier de Mayfair – ils n’en avaient pas moins des comptes à rendre à la patrie !
Jadis, le KGB avait veillé à garder la population russe, toutes catégories confondues, dans le droit chemin. Aujourd’hui c’était le FSB, l’ancien service de Poutine, qui assurait cette mission. Et Poutine était immensément populaireen tant que président… Ce qui signifiait que lui, Ivan Volkov, n’avait pas
besoin d’être populaire. Il lui suffisait d’être craint.
Poutine veut le chaos, l’anarchie, la fin de l’ordre social,en particulier dans les pays associés à l’Amérique. En chargeant ses espions d’entretenir de bonnes relations avec les musulmans, et même de les soutenir, il conduit en réalité les musulmans à faire le sale boulot à sa place. L’arme de prédilection des terroristes islamistes, c’est aussi la bombe. Cela signifie des victimesciviles très nombreuses, ce quicontribue à exacerber les sentiments négatifs de nos populations envers le monde musulman. Nous les haïssons, ils nous haïssent, Poutine jette de l’huile sur le feu… et c’est le chaos.
J’ai une philosophie personnelle. Une espèce de truc existentiel. Il faut vivre sa vie à fond. Si vous avez une envie, vivez-la. C’est
assez simple. Chacun peut créer ses propres valeurs.
La situation en Irak est difficile, bien sûr, et l’Afghanistan pose d’énormes
problèmes. Là-bas, les combats sont d’une violence inouïe. Nous n’avions pas vu
ça depuis les affrontements au corps à corps contre les Chinois, à la bataille
du Hook, pendant la guerre de Corée. Et puis, la plupart de nos fantassins et
de nos paras n’ont qu’une vingtaine d’années. Des gamins, quand on y songe. Ils
remportent des batailles, mais peut-être sont-ils en train de perdre la guerre.
Luciano - Jack Higgins - LTL # 173