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Alain Delahaye (Traducteur)
EAN : 9782253058601
249 pages
Le Livre de Poche (01/11/1991)
3.52/5   25 notes
Résumé :
Comment la passion de la pêche peut-elle conduire un homme à tuer ? Comment la nature peut-elle se venger des hommes qui l'ont violée ? Au confluent de la psychologie et du fantastique, chacun des dix récits qui composent ce volume nous mène implacablement du quotidien au drame.
Mondialement connue pour ses romans psychologico-policiers - Eaux profondes, Ce mal étrange, L'Empreinte du faux, et la célèbre série des Ripley -, Patricia Highsmith confirme ici ave... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Nous voici spectateurs de dix nouvelles ou mises en scène. Car il s'agit ici de vraies mises en scène présentées par Patricia HIGHSMITH dans ce genre littéraire insolite qu'est la nouvelle.
Dans ce registre d'écriture, P. HIGHSMITH nous confronte à ces courts récits, à l'écriture alerte, où tout est dit en allant à l'essentiel, sans fioritures, pour aboutir à une brusque chute, une conclusion parfois sidérante.
1 - Pour résumer sans divulgâcher le premier excellent texte, L'ÉPOUVANTAIL : la vengeance d'un gentleman farmer qui, pour ne pas vouloir céder une parcelle de terre à son cher voisin, tisse un plan macabre en exposant sa victime à tous les vents et en plein champs.
2 - LÉGITIME DÉFENSE : un bien curieux récit, trouble ou maladroitement traduit, particulièrement à la fin de la nouvelle pas très réussie, ou bien je n'ai rien compris. Cette sorte de flou permet de proposer l'interprétation suivante, peut-être inédite dans les révélations de Babelio : en l'absence de son mari Stan et de son fils Freddie, Gennie tue involontairement un cambrioleur qui pénètre et vole l'argenterie dans la maison familiale. Gennie et Stan forment un couple d'écrivains en mal d'inspiration et semblent diriger et mettre en scène à l'infini les répétitions successives d'un cambriolage factice au domicile pour nourrir leur imaginaire et pour parfaire l'écrit, en quelque sorte : améliorer, progresser dans leur art, en savourant les différents vécus provoqués successivement. Mais ce cambriolage truqué s'est mal déroulé par (l'erreur ?) d'un assassinat involontaire. Ou bien est-ce là une énième version d'un cambriolage à l'issue volontairement accidentelle ? de l'humour à haut degré pour une histoire biscornue. Auto-dérision pour sa propre écriture, P. HIGHSMITH se moque en fait de cette nouvelle et s'identifie à Gennie qui en est rendue, je cite la conclusion page 71 : « …au milieu de son histoire. Au moins elle la racontait avec une certaine brièveté, et s'arrangeait même pour rire à un ou deux endroits ». Quoi de plus normal que la ‘'brièveté'' pour une nouvelle ! Cette légèreté dans la conclusion de l'auteur est stupéfiante et je pense qu'il ne s'agit nullement de raconter un ‘'simple'' assassinat et ses conséquences psychologiques sur la vie d'un couple.
3 - UN CURIEUX SUICIDE : un détournement de culpabilité aux conséquences tragiques.
4 – CES AFFREUX PETITS MATINS est un texte d'une brutalité, d'une rare violence exercée sur les enfants et d'une horreur inouïe pour dépeindre un couple misérable à l'extrême, incapable d'assumer l'éducation de leur progéniture.
5 - Suit LE RÉSEAU, sans grand intérêt, si ce n'est que de définir par une écriture très alerte, d'un caractère très positif ce qu'est la communication, rien de plus que de la communication à saturation, les réseaux sociaux avant l'heure et les bienfaits qu'exercent ces réseaux sur la société, pour le meilleur d'un monde.
6 - L'expression de folie pathologique, de la délinquance dans un monde en mal de reconnaissance d'identité. LA CRAVATE DE WOODROW WILSON est une excellente nouvelle.
7 – UN PASSAGER POUR LES ÎLES : dans cette nouvelle à l'apparence d'un conte, P. HIGHSMITH semble raconter un rêve. À l'image du DÉSERT DES TARTARES de Dino BUZZATI, la similitude du récit onirique est frappante : quête d'un idéal, survenue d'un événement improbable. le lecteur est en attente d'un événement qui ne surviendra probablement pas. Mais le ‘'sait-on jamais ?'' pousse à poursuivre la lecture. Est-ce à nouveau la folie qui caractérise cette histoire ou tout ceci tient-il d'un raisonnement philosophique ? Tels des naufragés (de la vie qui passe, représentée par le bateau qui suit une trajectoire descendante), les passagers espèrent à ‘'la terre'', en un continent, quelque chose de raisonné, de concret, de solide. Ils espèrent en une délivrance, le Salut en débarquant. Il s'agit ici d'une nouvelle sur la désillusion, la déception mais en même temps de l'espoir en un au-delà. Désillusion à propos de ce qui était probable dans la vie (ou à bord du bateau, au cours de cette croisière) : une relation qui peut se nouer entre les personnes d'une petite communauté, peut-être même jusqu'à espérer une liaison amoureuse… Déception !
Désillusion sur le voyage et l'existence elle-même : « Il n'y a pas de mer, déclara le sous-officier. Mais il n'y a sûrement pas de terre non plus. » (p. 193). Sans consistance, devenu esprit errant, le personnage semble se déplacer par la pensée en flottant. Maintenant mort, il n'y a pas de marche arrière possible, plus aucun retour à la vie terrestre n'est possible. Si le personnage flotte, le bateau, lui, ne flotte plus, il coule interminablement pour ce naufrage de l'âme, pour disparaitre et devenir insignifiant, comme l'était cette existence.
Dans cette croisière et son proche aboutissement, il faut délaisser ses souvenirs et ne plus s'embarrasser du fardeau de la vie, (p. 194) : « Dans l'escalier où un jour il avait failli tomber, Dan fit demi-tour impatiemment et remonta les marches. Il n'avait pas besoin de sa valise, après tout. Il ne voulait rien emporter avec lui. » (Curieusement, on retrouve la scène finale de l'escalier du JOURNAL D'EDITH).
Un beau texte, éthéré et poétique qui dégage une atmosphère insaisissable et étrange. À mon avis, c'est un des meilleurs récits.
8 – LA PETITE CUILLER : lorsque la disparition d'une petite cuiller en argent bouleverse l'équilibre de la vie d'un couple et de ses relations (on retrouve cette idée maîtresse dans le cambriolage de l'argenterie de LÉGITIME DÉFENSE). Où la communication entre deux personnages et particulièrement l'incompréhension qui en résulte peut avoir une issue fatale.
9 et 10 – Par châtiment et « acte de vengeance délibérée » (p. 271) envers l'humanité, Dame Nature (et P. HIGHSMITH aussi !) se déchaîne dans les 2 dernières nouvelles, dévastatrices à l'extrême.
LA MARE serait de dimensions supérieures comparée à cet insignifiant, mais repoussant trou d'eau qui prend invraisemblablement vie et impose sa volonté destructrice sur les habitants du lieu. Cette mare ‘'gore'' dévoreuse, digne du meilleur des ‘'creepshow*'' est en (cruelle) concurrence avec la nouvelle de science-fiction NE TIREZ PAS SUR LES ARBRES, mettant en scène les grands végétaux tueurs-mitrailleurs dans des temps futurs, parfait complément de LA MARE, où la nature à l'agonie et sa révolte en forment le point commun. La guerre et le nucléaire évoqués ne sont pas si lointains et il ne faut jamais dénigrer la pérennité des écrits visionnaires, prémonitoires.
Ces dix nouvelles forment en tout cas dans l'ensemble un très bon divertissement et constituent une intéressante alternative au JOURNAL D' ÉDITH, lu précédemment et également très apprécié.

* ''Creepshow ou « Histoires à mourir debout » au Québec est un film à sketches horrifique américain réalisé par George A. Romero et sorti en 1982.''
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Très bon recueil de nouvelles de Patricia Highsmith, auteure, notamment, du célèbre roman "L'inconnu du Nord-Express".

Ce recueil permet d'appréhender les multiples facettes de son talent car elle aborde aussi bien le thriller, genre qui lui est familier, que la SF et l'horreur.

Mes nouvelles préférées sont :

- "L'épouvantail" : un homme tue son voisin car il ne peut pas acheter une partie d'un terrain proche de l'eau pour aller pêcher. Il cache le cadavre dans un épouvantail de son champ. La fin est un petit bijou d'humour noir.

- "Ces affreux petits matins" : le quotidien d'un couple débordé par leurs enfants. Un enfant mourra par imprudence. On partage le quotidien infernal de la femme à la fois bourreau et victime. Cette nouvelle est un très bon moyen de contraception...

- "La cravate de Woodrow Wilson" : un jeune vole une cravate d'un personnage d'un musée des horreurs puis monte en puissance en assassinant le personnel du musée. Il remplace les personnages de cire par les cadavres. La fin, là aussi, est géniale.

- "La mare" : une veuve s'installe dans une maison avec son fils. Il y a une mare à la végétation tenace dans le jardin... Terrifiant.

Les autres nouvelles sont bonnes sans plus : "Ne tirez pas sur les arbres" (où dans un futur lointain les arbres se révoltent), "Légitime défense" (traumatisme suite à l'agression d'une femme à son domicile), "Un curieux suicide" (les remords d'un meurtrier), "La petite cuillère" (la disparition d'un objet futile déclenche un passage à l'acte).

Deux nouvelles ne m'ont pas intéressé : "Le réseau" et "Un passager pour les îles" (je n'ai rien compris).

Mais les nouvelles citées plus haut justifient à elles seules la lecture de ce livre.
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Patricia Highsmith, jusque-là, c'était un nom que je voyais un peu partout et trop souvent à mon goût ; je ne me souciais pas de la mélanger un peu avec Coleen McCullough, Mary Higgins Clark ou Barbara Cartland, sans trop me demander qui faisait quoi au juste, parce que tout ça ne me disait rien qui vaille. Mais en réalité c'est très bon ! Certes, j'ai trouvé la première nouvelle, qui donne son titre au recueil, assez quelconque, mais dès la deuxième histoire ça s'est grandement arrangé, les profondeurs psychologiques se creusent et se ramifient, l'étrangeté gagne du terrain. La deuxième moitié du recueil, à partir de "Un passager pour les îles", amène des moments de fantastique auxquels j'étais loin de m'attendre.
"Le réseau", et, dans une moindre mesure, "La mare", explorent avec bonheur ce que les communautés, au sens états-unien du terme, peuvent avoir de sourdement inquiétant, et le style clair, faussement léger de l'autrice passe avec la même efficacité par le drame psychologique '"La petite cuiller", "Légitime défense") ou social ("Ces affreux petits matins", "Verre brisé porte malheur"), ou encore l'anticipation ("Ne tirez pas sur les arbres", à mettre dans toutes les anthologies).
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Jusqu'à maintenant, je n'avais lu que Carol de Patricia Highsmith. L'Epouvantail est le nom d'une nouvelle qui donne son titre au recueil qui réunit des textes parus dans les années 70. Skip a divorcé de sa femme. Sur les conseils d'un ami, il achète un domaine à la campagne pour mener une vie de gentleman-farmer et s'éloigner de son poste de conseiller en gestion d'entreprise. Il voudrait bien acquérir une partir du terrain du voisin pour avoir accès à la rivière mais le vieux Frosby ne veut rien entendre, même pas lui louer. Skip commence à se venger sur ses animaux : il vise, de sa fenêtre, le chien, puis le chat. Malheureusement, sa fille chérie vient lui rendre visite et s'éprend du fils de Frosby avec qui elle s'enfuit pour se marier en cachette. Skip décide de se venger.
Un des points communs des nouvelles est la folie humaine (folie très ancrée dans le quotidien et qui paraît si familière). On croise un jeune homme fasciné par la petite boutique des horreurs, dont le rêve est de passer une nuit enfermé dans le musée jusqu'à ce que, pour rire (d'un rire de psychopathe!), il assassine trois des gardiens. Un couple passe son temps à martyriser ses quatre enfants en bas-âge (et on n'est pas dans le politiquement correct!); une jeune veuve emménage avec son fils à la campagne et elle est terrifiée par la mare dans le jardin ; un couple qui désirait se mettre au vert se fait cambrioler dès le premier soir alors que le mari est absent et que la femme doit affronter le malfaiteur. Dans "Ne tirez pas sur les arbres", on assiste à la vengeance de la végétation en 2049. L'originalité de ces nouvelles est que la narration nous place du côté du fou, sans pour autant adopter le pronom "je". le point faible est souvent la chute. Une seule nouvelle ne m'a pas du tout intéressée : "Le réseau", mais les autres se lisent bien et permettent de découvrir l'univers de cette romancière réputée.
Lien : http://edencash.forumactif.o..
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Dommage que cet auteure américaine soit un peu oubliée aujourd'hui ! Ce recueil de nouvelles, plus ou moins noires, toujours très originales, montre tout son talent pour la mise en place d'un "climat" à partir de banals éléments du quotidien, qui bon gré mal gré nous entrainent vers le cauchemar. Une heureuse découverte.
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