Le grand vol de la banque de Taos

Tout le monde a sommeil à Zuni le second jour de Shalako. Les danses ont duré toute la nuit et la plupart des gens présents ici aujourd’hui n’ont pas vu de lit depuis trente-six heures. Nous sommes au début de l’après-midi : c’est une journée de décembre froide et tranquille. Le soleil filtre dans la stratosphère à travers une gaze de cristaux de glace. Sur les falaises de Corn Mountain, les ombres sont bleues. Loin vers l’est, la fumée des feux de bois s’élève devant la crête Zuni sans qu’il y ait assez de vent pour la disperser. J’ai le dos appuyé contre le poteau d’angle de l’un des enclos à moutons qui bordent la rive nord de la rivière Zuni. Mes jambes sont allongées devant moi, le dessus chauffé par le soleil, le dessous froid et moite à cause de la terre glacée. La rivière ne charrie que son filet d’eau hivernal. Au-delà s’étend la Terre Sacrée, clôturée sur trois côtés par les habitations zuni, là où les clans zuni ont installé le dernier campement au cours de leur quête mythique du Centre du Monde. Pour l’instant, dans cet espace libre, les six Shalako dansent leur adieu annuel à leur peuple