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Philippe Giraudon (Traducteur)
EAN : 9782378561505
576 pages
Verdier (15/09/2022)
3.75/5   10 notes
Résumé :
Stern 111 nous raconte deux destins, deux trajectoires tout à fait différentes, il croise deux histoires d'accomplissement personnel qui commencent au lendemain de la chute du Mur. D'un côté, celle des parents dont Carl comprend peu à peu qu'ils sont partis réaliser le rêve de leur vie sans qu'il sache lequel.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un gros pavé 570 pages que j'ai dévoré en 3 jours. Seuls reproches à ce livre : son format et son poids. Bien trop gros pour lire dans le métro. Passé 500 pages, l'éditeur devrait vraiment songer à une édition électronique que Verdier snobe .
Lutz Seiler nous embarque dans les derniers jours de la RDA dans une petite ville de Thuringe où la famille Bischoff a vécu une existence ordinaire jusqu'à la Chute du Mur. Carl, 25 ans, se voit confier la garde de la maison et de la voiture, une Shiguli (Lada) tandis que Inge et Walter, les parents,  cinquantenaires quittent le foyer munis de sacs à dos, de chaussures de randonnées et d'un accordéon. Ils partent vers l'Ouest . Première surprise : dans la vie ordinaire, ce sont les enfants qui quittent le logis parental à l'aventure.

Carl restera le temps de manger les provision qu'Inge lui a laissé. Au volant de la Shiguli, il gagne Berlin, fait le taxi clandestin, et atterrit dans le repaire de squatters dans des immeubles désertés de Berlin. Ayant travaillé comme maçon, emportant les outils de son père, il est adopté par la communauté qui s'installe dans des caves une sorte de café le Cloporte. Animés par une idée confuse A-Guerilla, A pour anarchistes, alternatifs, le Cloporte se dispose à accueillir des travailleurs. Les travailleurs ne s'y bousculent pas, plutôt les marginaux, les russes qui occupent encore la RDA, les prostituées, des artistes et toutes sortes de personnages pittoresques comme le Berger et sa chèvre Dodo, le Bon Peintre... Carl est adopté d'abord comme maçon, puis comme serveur. Il a une autre occupation : il est poète et compte bien être publié. le Cloporte est aussi une galerie d'art. Carl y retrouve Effy,  une ancienne camarade d'école, peintre graveuse, performeuse. Stern 111 est aussi un roman d'amour. 

Entre temps, le couple des parents vit des aventures à l'Ouest. Accueillis d'abord comme réfugiés dans des camps, ils trouvent d'abord dans des emplois précaires correspondant plus ou moins à leurs qualifications. Inge,  très courageuse, ne dédaigne aucune occasion, femme de ménage, garde malade, rien ne la rebute. Walter surprend les employeurs par ses connaissances en informatique, on lui confie des missions d'enseignement sans le payer à sa juste valeur. Je me suis attachée à ce couple courageux et original. La fin de leur périple est tout à fait extraordinaire, mais je ne révèlerai rien. A vous de découvrir. 

Finalement l'anticonformisme ne se rencontre pas forcément dans les taudis de Berlin qui va progressivement s'embourgeoiser. 

Roman touffu, surprenant, parfois érudit, passionnant! Surtout très dépaysant  : il vous fera voir les aspects de la RDA que nous ne soupçonnons pas,  des objets singuliers comme Stern 111, le transistor qui apportait un peu de musique occidentale à l'Est ou la Shiguli, voiture rustique que n'importe quel bricoleur pouvait entretenir lui-même dans son garage. 
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Entre l'est et l'ouest, les frontieres s' ouvrent à Berlin.
Carl doit constituer " l'arrière garde" pendant que ses parents vont tenter une nouvelle vie à l'ouest. Débute donc pour ce jeune ouvrier une période initiatique ou il va fréquenter et s'integrer au milieu alternatif. Conquérir un logement, s'imposer professionnellement comme maçon et serveur dans un bar communautaire , lui le poète en devenir . Et découvrir l'amour ?
La prose est loin d'être fluide, malgré un style certain, ce qui nous fait évoluer lentement dans ce parcours de quatre années... comme Dodo, la chevre mascotte de la Communauté... qui comprend un berger et sa chèvre , des cerveaux de plus ou moins bons conseils, des égéries, un officier russe en garnison et fidèle de ce lieu communautaire.
La situation est trouble et la notion de propriété non encore bien acquise. Chacun tente de s'adapter. Les parents tribulent, exploités, mais décidés à atteindre le but de leur vie.
Les jeunes berlinois font taxi clandestin ou vendent _ quasi industriellement _ les restes du mur.
Est-ce une biographie ? ou pour le moins, un témoignage de cette période de restructuration-reunification _ce mot n'est pas prononcé.
Donc 4/5 pour cette perception d'un fragment de notre histoire. Malgré ce style... compliqué ?
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A mon grand bonheur, les éditions Verdier ont eu l'heureuse idée de publier le roman Stern 111 qui est sorti en Allemagne en 2020. Son auteur, Lutz Seiler, est un écrivain allemand bien connu dans son pays natal, suite à la publication de son premier roman Kruso en 2014, qui a d'ailleurs recu le Prix du Livre allemand.
Le roman débute avec Carl Bischoff qui rejoint ses parents à Gera – ces derniers veulent profiter de l'ouverture inattendue des frontières et, comme la situation politique reste imprévisible, ils prennent une décision rapide : partir à l'ouest et laisser la garde de la maison à leur fils Carl. Maman a pensé à tout, les enveloppes avec de l'argent et même les bocaux sont prêts et Carl n'aura donc aucun souci à se faire.
Carl, alors âgé de 26 ans, n'ayant aucune nouvelle de ses parents, s'impatiente et quitte finalement son poste de gardien pour partir à Berlin. Par un jeu de circonstances, ses pas l'amèneront dans des groupes qui occupaient (ou habitaient comme ils disaient) des appartements ou immeubles entiers inhabités.
Avec Carl, on parcourt Berlin dans sa shiguli, on adhère à un mouvement qui rêvait d'un nouvel ordre… Ces immeubles squattés dans le centre de Berlin donnent l'impression d'être une zone extraterrestre, hors la loi, au milieu d'un pays qui cesse d'être partagé en deux. Une situation unique et passionnante. L'endroit, où Carl (alias Seiler comme je l'explique plus loin) travaillait comme serveur est le fameux Cloporte (die Assel en allemand; vous pouvez d'ailleurs visionner des photos des lieux et de certains personnages du livre sur Internet) qui attirait diffèrents individus – des artistes de toutes sortes, des existences perdues, des voyous… Les détails m'étaient inconnus (la naissance du Cloporte, la scène berlinoise ou alors comment choisir un appartement apte à être squatté ?), j'étais donc ravie d'en apprendre plus. Carl, en tant que maçon, est apprécié (on avait besoin d'outils et de savoir-faire), mais il rêve aussi de devenir poète, il écrit, réécrit, philosophe. de temps à autre, il reçoit des nouvelles de ses parents que j'ai littéralement pris en affection. J'avoue avoir à chaque fois vérifié combien de pages il me restait encore à lire avec Carl avant d'enfin retrouver Inge et Walter. L'auteur a su dresser un portrait très touchant et tendre de ses parents. La volonté de saisir la (peut-être) dernière opportunité à l'âge de 50 ans, le passage de la frontière, les premières rencontres avec ceux de l'autre côté, le séjour dans un camp pour les réfugiés, la recherche du travail… tout ça pourrait donner un livre à part entière.
Une fois le livre refermé, je suis comme d'habitude allée voir la biographie de l'auteur. Son parcours, tel qu'il est décrit sur Wikipedia, laisse entrevoir que Stern 111 est largement autobiographique – l'auteur ayant beaucoup de points communs avec le personnage principal, Carl. J'admets aussi que j'ai un petit faible pour les romans qui traitent de la RDA, du Mur de Berlin… il n'est donc pas étonnant que j'ai savouré ce roman qui, malgré le nombre de pages, n'est pas difficile à avaler.

Très intéréssant du point de vue linguistique, on devine derrière de nombreux passages l'autre facette de l'auteur qui écrit également de la poésie. Lutz Seiler ne s'attarde pas forcément sur la politique, elle n'est mentionnée qu'à travers certaines mesures (par exemple la réforme monétaire). Il saisit parfaitement l'ambiance, nous rapproche du milieu de cette gauche révolutionnaire avec ses discours idéalistes dans des maisons délabrées tout en contraste avec des développeurs immobiliers qui rôdent déjà autour, sentant une opportunité unique. Avec Inge et Walter, on redescend sur terre et on revit le tatonnement hésitant entre deux pays qui se découvrent pour former finalement un tout… A lire !
Lien : https://etsionbouquinait.com..
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Rarement j'ai corné autant de pages d'un livre ! Celui-ci contient de si belles phrases, fortes, incroyablement poétiques.

C'est un univers un peu étrange que ce Berlin d'après-guerre, que Carl rejoint depuis sa Thuringe natale au lendemain de la chute du Mur. La vie reprend, et quelle vie ! Il se dégage de cet « underground café », de ces immeubles squattés, une énergie incroyable, une tranquille foi en l'avenir et en l'amitié, la certitude de pouvoir réaliser une utopie commune.

Il y a une puissante poésie dans ce récit, quelque chose de musical, comme de l'eau claire qui coule doucement sur les cailloux. Pour moi, cette phrase résume la substance du roman : « Dans le cratère de la bombe, les bouleaux commençaient à bourgeonner, peu leur importait d'être à moitié enfouis sous des gravats ». Les ruines refleurissent, tout reprend vie dans une espèce de joyeux brouhaha. le langage de Lutz Seiler ajoute une profondeur, une dimension artistique à la confusion du quotidien berlinois.

En revanche, l'« initiation amoureuse et politique » vantée par l'éditeur au dos de l'ouvrage m'a semblée plutôt secondaire par rapport à l'élan de créativité et de renouveau qui traverse le récit.

La trajectoire des parents de Carl m'a moins émue, mais est néanmoins intéressante : sous la discipline de leur quotidien couvait toujours une ardeur que la chute du Mur a subitement réanimée au point de leur faire abandonner l'appartement familial pour un long voyage.

Roman découvert grâce à une excellente critique parue dans le quotidien suisse le Temps (5 Novembre 2022 – merci Isabelle Rüf).
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Difficile réunification par la quête obstinée d'un passage, d'un langage, d'un lien avec ses parents et son passé. La poésie et la politique, le rapport à la langue, la construction, au seuil de l'imposture, d'un poète. À travers une belle spéculation, un récit hanté par les miroirs et l'image de soi, Lutz Seiler raconte la réunification allemande, les territoires nouveaux sauvages ouverts ainsi à une clandestine occupation, à l'invention d'une utopie, une a-guérilla peu à peu rattrapé par le profit, insensiblement récupérée sous la dénomination de scène berlinoise. Stern 111 se révèle une évocation d'une sensible précision de la vie de ceux qui fuient, la vie de Carl et de celle de ses parents dont il a curieusement la charge, mais ce grand roman est surtout une incarnation de nos territoires perdus, une lucide approche de l'enchantement poétique, de l'aveuglement amoureux.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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critiques presse (1)
LeMonde
16 septembre 2022
A Berlin, entre la chute du mur et la réunification, un jeune Est-Allemand se trouve. Un poignant roman, largement autobiographique.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Souvent, Carl préférait ensuite commencer par écrire l'adresse, car c'était ce qui paraissait le plus simple, mais il devait constater alors qu'il n'arrivait plus à s'en souvenir. Il se rappelait certes le nom, mais le numéro dans la rue et le code postal lui échappaient malgré tous ses efforts. Manifestement, il avait déjà oublié où était en fait son foyer - et était-il encore cet enfant, alors que sa mémoire le trahissait ? Il y avait quelque chose d'étrangement séduisant et aussi de presque rebelle à oublier ainsi sa propre identité, à la fin des vacances. D'un autre côté, on s'exposait alors à une détresse imprévisible, comme si l'on était désormais absolument étranger et seul au monde.
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Quand les lampes s’allumaient dans les salles (avant qu’on tire les rideaux et qu’on baisse les stores), Walter pouvait voir les silhouettes des villageois, leurs gestes du soir, pleins d’assurance, C’est ainsi qu’avait commencé à grandir en lui, secrètement, jour après jour, ce sentiment paralysant d’être inférieur, faible et sans valeur.
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Carl détestait le poème anecdotique, la petite histoire prévisible, la suffisance qu'ils révélaient, cette astuce fade et facile de gendre ideal. Un bon poème devait être comme une cascade, un flot étincelant dans cette lumière magique qu'il ne cessait de créer lui-meme.
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.... Nous devons nous montrer prudents, murmura le berger. Surtout maintenant. Comme vous le savez, la loi a changé. La propriété privée est le nouveau tabou.
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Le poème vient ou ne vient pas, avait dit un poète du passé (Carl avait oublié son nom). Cela paraissait sage, mais ce n'était pas rassurant.
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