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Yves Malartic (Traducteur)
EAN : 9782070367184
384 pages
Gallimard (13/01/1976)
3.79/5   41 notes
Résumé :
« J’estime que la culture américaine a produit deux variétés de l’espèce humaine qui n’ont jamais existé auparavant sur terre : 1° le mâle nègre ; 2° la femelle blanche. » Chester Himes.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Années 50, New York lors d'un chaud, alcoolisé et long week-end. Une femme blanche qui, parce qu'on ne la respecte pas, ne se respecte plus. Un homme noir, écrivain qui peine à faire publier son troisième roman et dont les deux premiers ne lui ont pas ouvert la reconnaissance attendue de la profession.
Voilà en gros (très très gros) pour la règle des trois unités. Parce que si ce n'est pas à proprement parler une pièce de théâtre qu'a écrit Chester Himes avec La Fin d'un primitif, ça y ressemble tout de même furieusement.

Pour ce livre et comme à son habitude, il s'attache à nous dépeindre la misérable existence de ceux qui, dans une société dogmatique et formatée, ont beau y aller à coups de bélier, jamais ils n'y seront invités, acceptés ni même tolérés et Himes choisit pour nous démontrer cette règle immuable deux protagonistes qu'au départ tout semble séparer : un africain-américain qui subit la ségrégation de plein fouet (quelques petites scènes bien senties viennent illustrer le propos) et une femme caucasienne, presque la quarantaine, quasi alcoolique, pas mariée et qui (non mais on croit rêver) couche avec des Noirs ! le combo gagnant pour la mettre elle aussi et sans égard à sa couleur de peau au ban d'une collectivité qui préfèrerait avaler un bol de glaires tièdes tous les matins plutôt que d'accepter une telle déviante dans ses rangs.
Une fois ces deux laissés pour compte présentés, il ne restait plus pour Chester Himes que de les faire se rapprocher, le temps d'un week-end crucial dans la vie de ces deux parias.

Authentique ouvrage tragi-comique dont, quand il ne nous narre pas les délirantes histoires de Cercueil et Fossoyeur, Chester Himes s'est fait une spécialité, à l'instar de la Troisième Génération, La Croisade de Lee Gordon et autre S'il braille, lâche-le... La Fin d'un Primitif est une admirable peinture sociologique et historique exécutée par ce génial écrivain dont la plume trempée dans l'encre Noire et corrosive n'en finit plus de me le faire admirer.

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"Drôle d'existence que d'être mariée à un homosexuel. . . on est jamais femme." Chronique d'une hypocrisie conjugale dirait-on ! C'est pourtant l'axe privilégié par Chester Himes à travers la fin d'un primitif.

Une exploration des moeurs sociales et surtout des rapports entre les Noirs et les Blancs dans une Amérique "ségrégée" sur bien de plans. Ainsi, le primitif est juste bon pour les corvées ; mais en devenant, oh ! paradoxe, un objet de désir pour la Blanche délaissée, il entame alors sa route vers l'humanité.
Document âpre mais instructif.
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La Comédie Humaine de Chester Himes ne comprend que deux personnages : l'homme noir, couramment appelé nègre dans ses romans, c'est=à=dire lui, Chester Himes, et la femme blanche, ou plutôt la femme blanche des fantasmes, rêves et cauchemars du nègre, c'est-à-dire de Chester Himes, donc lui à nouveau : il n'y a donc au final qu'un seul personnages : Chester Himes, ses angoisses, ses fantasmes, son alcoolisme forcené et suicidaire, etc qui sont le reflet de tout nègre américain de l'époque et le résultat d'un siècle de sortie de l'esclavage et de maintien d'une ségrégation larvée ou beaucoup plus concrète (dans la plupart des états du Sud, le lynchage est pratiqué couramment jusque dans les années 50).
La fin d'un primitif est l'aboutissement de cette logique et de ce thème dans les écrits de la période américaine de Chester Himes, depuis « S'il braille, lache-le » en 1945. On y retrouve tout ce qui fait l'intérêt profond et unique des récits de Himes, également tout ce qui pourra horripiler voire horrifier certains : le manichéisme total de Chester Himes, son refus de faire un minimum la « part des choses » et de se situer dans une description un tant soit peu équilibrée des rapports de couleur de peau, la violence permanente des rapports homme-homme, homme-femme, et blanc-noir, tout cela fait de la lecture de la fin d'un primitif un moment à la fois éprouvant et littéralement purgatif (vomissements alcooliques et diarrhées sont au rendez-vous). Les échanges sont en permanence tiraillés entre attirance sexuelle, agressivité liée à cette attirance et culpabilité de ne pas pouvoir vivre cette attirance autrement que liée à l'histoire du noir aux Etats-Unis et de l'esclavage.
Bon, je ne suis pas sociologue et j'imagine que des études plus argumentées que ces quelques lignes permettent de mieux comprendre tout ce que contiennent les ouvrages de la période américaine de Chester Himes. Pour ma part, je me contenterai de dire que j'ai lu les 5 romans de cette période, que tous m'ont paru digne d'un grand intérêt et même souvent étourdissants. La fin d'un primitif est pour moi un véritable bouquet final et le final lui-même du roman est extraordinaire dans sa façon de lier le meurtre presque rituel (spoiler sur la jaquette éditeur) au mode de vie américain qui est le vrai coupable désigné ici.
A lire absolument après « S'il braille », « La croisade » et « La 3ème génération » (« Hier te fera pleurer » est à mon avis à part car très spécifique du milieu carcéral)
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Dans un hôtel, un bonhomme applique son oreille à la porte de la chambre où se sont enfermés des jeunes mariés au soir de leurs noces. Ces jeunes mariés sont en train de s'acharner à fermer une valise trop bourrée. "Non, pas comme ça, dit-il alors qu'elle presse avec ses mains. Je vais la poser par terre et tu monteras dessus." Les oreilles de l'indiscret s'allongent de l'autre côté de la porte. La valise ne se ferme toujours pas. "Zut ! ça ne marche pas. Mets-toi par-dessus", dit la femme. Les oreilles de l'indiscret s'agitent frénétiquement. Alors l'homme dit : "Mettons-nous dessus tous les deux." L'indiscret enfonce la porte en hurlant : Ça ! il faut que je voie comment vous faites."
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A cet instant précis l'écran s'éclaira, un visage masculin apparut en gros plan, radieux, avec un sourire aussi large que celui d'un crâne blanchi au soleil. Ce sourire qui contient toute la terrible gaieté matutine de l'âge atomique et publicitaire inciterait les partisans du bon vieux temps, affligés d'une bonne vieille gueule de bois, à se précipiter vers la cuisine pour s'y trancher la gorge.
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Et ces salauds de blancs avaient encore l'effronterie de parler de leur honneur, l'honneur de la race, au nom duquel la blanche qui couche avec un noir commet un crime, mais qui permet aux Blancs de coucher avec la négresse, par jeu.
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Le sentiment de sa solitude la terrifiait surtout quand il se présentait à sa conscience comme première réalisation de la journée. Ce n'était pas seulement l'impression d'être toute seule, car on peut se sentir esseulée dans les bras d'un amant, auprès d'un époux, au milieu de la foule.
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Kriss redoutait la solitude plus que tout et l'avait toujours redoutée ainsi, plus encore que de sombrer dans l'alcool ou la prostitution; ces deux dernières craintes ne surgissaient d'ailleurs dans son esprit que lorsqu'elle souffrait intensément de sa solitude.
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Quel écrivain américain, ancien taulard, a su capter l'âme du petit peuple de Harlem tout en alertant sur la ségrégation dans un polar où l'on retrouve une reine et une pomme ?
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